Je voulais débuter l'année par une critique de de magnifique livre trouvé en Italie.
Les gravures de
Gustave Doré pour
la Divine Comédie sont célèbres au point d'imprimer les royaumes de l'au-delà dans l'imaginaire de plusieurs générations.
D'autres se sont "risqués" à illustrer
la Divine Comédie :
Peut-être seul
Michel-Ange, dans ses illustrations perdues pour la Comédie, avait-il su rendre avec une énergie comparable la plasticité tourmentée des corps des damnés ? ;
Peut-être seul Botticelli a-t-il su rendre la grâce et la légèreté angélique des bienheureux, réalisée à la pointe de métal sur parchemin, repris à l'encre et partiellement mis en couleurs, permettant de partager la fascination de l'artiste florentin pour ce chef-d'ouvre de poésie de d'humanisme ? ;
Peut-être seul le poète et artiste romantique
William Blake qui produisit 102 illustrations à l'état de croquis au crayon ou d'aquarelles achevées a-t-il sur transcrire le passage des souffrances infernales à la lumière céleste, de l'humain horriblement défiguré à la forme physique la plus parfaite ?.
Mais revenons à Doré
Sa capacité à créer des paysages sans précédent reste inégalée, des cavernes infernales monstrueuses jamais touchées par le soleil à la luminosité raréfiée de la montée du Purgatoire vers la blancheur du Paradis.
Les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de
Dante - ce qui explique aussi l'amincissement progressif des gravures entre le Purgatoire et le Paradis
Autre point, les quantités d'illustrations entre les différents chants (respectivement soixante-quinze, quarante-deux et dix-huit gravures) sont à elles seules révélatrices de la manière dont Doré a abordé le texte de
Dante : son but n'était pas d'illustrer fidèlement et de manière exhaustive le poème, mais de choisir les épisodes qui enflamment le plus l'imagination, la sienne comme celle des lecteurs, se laissant guider essentiellement par leur propre inspiration. Et c'est réussi....
Ce volume reproduit intégralement les cent trente-cinq planches en les associant à des légendes narratives qui permettent de retracer le parcours de
Dante en « lisant » les images : un hommage au génie de Doré et en même temps une invitation à explorer la « forêt » de l'oeuvre de
Dante.
Si les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de
Dante dans la vaste gamme de sujets et de genres figuratifs abordés :
- les scènes romantiques ;
- les scènes sombres où se perdent les figures humaines
- l'horreur subtile de la forêt des suicidés ;
- la plasticité des figures de Charon ou de Minos ;
- les corps décharnés inquiétants des errants du Purgatoire ;
- la luminosité abstraite et vertigineuse des scènes paradisiaques ;
- et le classicisme des figures mythologiques permet de saisir l'extraordinaire variété de la Commedia mais aussi humaine de
Dante
Dans cette édition les textes originaux sont placées dans l'index final, car les illustrations sont accompagnés de courtes notes qui visent à encadrer le dessin du poème de
Dante, afin d'aider à lire et à comprendre l'image, mais aussi d'inviter le lecteur à reprendre le texte original.
Ce livre peut en effet être vu à la fois comme un hommage au génie de Doré et comme un guide pour faire les premiers pas dans la forêt de
la Divine Comédie..
Et quoi de mieux pour finir de se repérer que 3 "cartes" de l'Enfer, du "Purgatoire" et du "Paradis".
Tout est fait pour nous rendre cette oeuvre encore plus accessible.