Gesselig:
- Nous avons dans notre langue, me dit-il, un mot sans équivalent dans la vôtre; c'est le mot "gesellig". Votre terme "intime" n'a pas tout à fait le même sens, gesellig ce serait plutôt, -moins une nuance encore intraduite, - le confortable dans l'intimité et l'intimité dans le confortable. En hiver, par exemple, le soir pendant que je travaille, ma femme, auprès de moi, fait de la dentelle; la lampe sous l'abat-jour répand une lumière chaude; une jeune fille, quelqu'un va au piano, joue un morceau, puis revient à sa place; la théière chante; pas d'autre bruit; tout est tranquille, tout est en sécurité: "gesellig", et si le vent soufle au dhors, si la pluie frappe sur les vitres,c'est encore plus "gesellig".
p.15-16,
Ce pays rappellerait assez la nature de ces êtres sensibles, dont la plus légère impression se trahit sur les visages; ici aussi, le plus insignifiant changement dans le ciel, le plus infime déclin de lumière, se répercute sur le sol; et dans ce phénomène lui-même on pourrait établir des gradations de sensibilité.
Certaines ombres ne font que frôler l'épiderme; elles sont pâles, rapides, impondérables. D'autres affectent des régions plus profondes, plus intérieures, et il paraît bien alors que les dunes répondent par un frisson de tristesse au nuage qui passe dans le ciel.
Ce matin, j'y rencontrai une "blackvishje", vêtue de blanc. Ses longs cheveux blonds, baignaient dans la lumière éteinte et verdâtre, et se déployaient dans l'atmosphère des dunes comme des feux follets de plein jour."p.32