C'est un rendez-vous que je ne manquerai pas.... Chaque trimestre me voici plongée dans l'Amérique d'hier pour mieux découvrir celle d'aujourd'hui.
Le thème de la Race et l'image de James Baldwin qui nous regarde avec le reflet dans ses lunettes des multiples races qui constituent l'Amérique.... et comme à chaque lecture de ce magazine j'ai découvert, appris et tenté de comprendre ce qu'était l'Amérique d'aujourd'hui.
J'ai trouvé l'édito de François Busnel particulièrement fort et juste, annonciateur d'articles éclairants.
Puis Richard Ford prend le relais pour nous faire le constat de la politique sous T. mais aussi sur la société américaine et ce qui m'a particulièrement intéressée sur la société de consommation.
Comme toujours le poisson rouge devient fou dans son bocal et laisse ensuite la parole Russel Banks. Ce que j'aime dans ce magazine c'est qu'il me permet de découvrir les prises de position, les vies d'auteurs que je connais de nom mais que je n'ose pas toujours lire (pour moi presque des monstres sacrés...... mais je me soigne). Ce fut le cas pour John Ford et Russel Banks.
Ce dernier fait le constat du peu d'influence qu'ont les écrivains désormais sur les idées. Il n'est question, selon lui, que d'adaptations cinématographiques plus que de romans. le pouvoir est entre les mains des médias alors qu'auparavant les romans possédaient une certaine influence. le rêve américain ? Quel rêve américain !. Les nouvelles technologies prennent le pas sur la littérature (voir l'article dans Lire du mois de Janvier page 14 qui évoque la baisse des droits d'auteur des écrivains américains et dont une majorité vit en-dessous du seuil de pauvreté.....).
Il y a également Une histoire de l'esclavage par Thomas Srégaroff ainsi que La dernière traversée par Zora Neale Hurstor qui revient sur le traffic d'esclaves, récits que chacun de nous a déjà lu mais il est bon de revenir dessus, ne pas oublier et surtout parce que l'esclavage n'a pas disparu. Ce dernier récit avec le parcours de Cudjo Lewis, né Kossula au Dahomey embarqué sur le Clothilde, dernier bateau négrier à avoir débarqué en toute illégalité aux Etats-Unis, en 1860 est particulièrement édifiant.
Il y a également un texte inédit de James Baldwin qui évoque le Blues, ses différentes formes, ceux et celles qui l'ont interprété, vécu et comment il a raisonné aux oreilles des de tous.
John Edgar Wideman avec La ligne de démarcation évoque la visite à son frère en prison avec une introduction une phrase longue, très longue comme un cri poussé et Jesmyn Ward évoque les différentes nuances du noir, du plus pâle au plus foncé, la connaissance de ses origines, la perception que l'on peut en avoir et du choix de les accepter ou pas.
Pour une lectrice comme moi, j'ai particulièrement aimé La question raciale en 10 grandes oeuvres, le jour où je suis devenue noire de Chimamanda Ngozi Adichie, Les nouvelles couleurs de l'Amérique avec des interviews d'auteurs américains aux origines très diverses, Carson Mc Cullers avec l'histoire d'un grand livre : le coeur est un chasseur solitaire (roman que j'ai beaucoup aimé ainsi que Frankie Addams)
Il y a également, comme dans chaque numéro, la découverte d'une des grandes villes américaines et cette fois-ci il est question de Boston et si on dit Boston on dit Urgences, la mythique série médicale.
America est une source d'informations, d'interrogations, de regards sur ce pays que l'on dit grand, qui interroge, inquiète, le rêve américain ne devient-il pas un cauchemar. Avec sa lecture je ne peux pas dire que je le comprends mieux mais au moins je tente de découvrir tout ce qui le compose, le construit à travers principalement par ceux qui en sont les voix mais aussi ce que ce pays devient derrière le mythe.
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Il y a quelques semaines j'assistais à la rencontre publique qu'Emil Ferris a donné à Angoulême; elle racontait son Chicago, ses Etats Unis, parfois loin de ce que le Vieux Continent imagine.
America c'est lire les voix des principaux intéressés: un très bon travail de recherche, des articles et des essais passionnants, des découvertes aussi.
J'ai particulièrement apprécié les 2 documents traduits ET en langue originale, l'occasion pour moi de vérifier mon niveau, et de saisir la subtilité des phrases "dans leur jus". On y croise même quelques stars en blouse blanche, ah...George...
Ce que je craignais en feuilletant la 8ème revue America est avéré: je vais devoir rattraper mon retard et lire les 7 premières parutions...Comme si ça ne suffisait pas, il y a quelques titres en plus sur mon pense-bête, d'auteurs qui m'étaient absolument inconnus.
Cette revue est indispensable à la construction de ma culture (ou contre culture?) générale américaine qui m'apparaît bien insignifiante.
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