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Monsieur Ingres et son époque

Beaucoup d'amusement à relire ce « Monsieur Ingres... ». « Patron » parmi les innombrables chefs (de files) que compte la peinture au XIXe siècle. « Son époque » est en vérité très bien rendue, entre bourrasques révolutionnaires et restaurations successives, par Pierre Angrand dont le ton élégant un tantinet ironique un peu classieux parfois divertit de tant d'écritures nettement moins rigolotes et prétendant au renouveau du style ou de l'expression. Le titre ne trompe pas. Il ne s'agit pas là d'un essai sur la peinture mais bien d'évoquer le peintre en son temps, dans ses rapports avec des gouvernants qui furent aussi ses commanditaires. Une lecture de 1967 tout à fait agréable même si l'exercice a ses limites. L'être social prend le pas ici sur l'artiste d'une manière souvent trop appuyée. Si « aisance, culture et entregent » ont pu initialement manquer à l'épanouissement artistique du jeune Jean-Auguste-Dominique, Montalbanais de naissance et tôt formé chez David, comme aime à le souligner l'auteur, ce déficit fut largement comblé par le peintre au fil d'une carrière guidée par la passion du « beau » et des « nobles contours » autant que par la recherche des distinctions et des honneurs. Tel que représenté ici Ingres, qui a passé dix-huit ans de sa vie en Italie tour à tour pensionnaire puis directeur de la Villa Medicis, a traversé son époque rêvant essentiellement de décorations et d'un fauteuil à l'Académie qu'il désirait par-dessus tout et obtiendra enfin à la mort de Vivant Denon, en 1825. Pierre Angrand s'appesantit probablement un peu trop sur le côté « carriériste » du peintre, qu'il y a lieu de nuancer aujourd'hui. Cherchant une clientèle fortunée ou royale quand il fallait (les Murat à Naples, puis les Bourbons et les Orléans à son retour en France sans oublier de nombreux autres puissants et riches soutiens), Ingres apparaît trop uniformément opportuniste à qui ne le connaîtrait pas suffisamment.

Pas de contre-indications cependant à poursuivre la lecture qui montre le peintre, s'offensant de l'indifférence d'un roi pour le plafond qu'il vient de réaliser au Louvre, boudant le Salon – quatre fois au moins – essuyant maintes déconvenues personnelles ou copieusement éreinté par la critique (Lire aussi « Ingres, La grande odalisque », Dimitri Salmon, RMN), s'opposant aux romantiques et à son adversaire préféré Delacroix dans cette époque de grands débats esthétiques. « Le Voeu de Louis XIII » totalement rétrograde présenté au Salon de 1824 (quand Delacroix montre « Les Massacres de Scio »), sorte de catéchisme monarchique offert à Charles X, à son premier retour d'Italie, le rend célèbre. Le portrait du duc d'Orléans en 1844 confirme cette notoriété acquise auprès des Grands ... Sa technique est loin des agitations et des désordres causés par ce qu'il estime être la manière négligée et qu'il réprouve, lui le maître de la ligne dessinée. Son côté ronchon et paradoxal le rendrait attrayant dans ce livre, ferait oublier les vanités périphériques. Après quoi court donc « Le plus doué et le moins imaginatif » de sa génération ? Si l'ambition sociale le tiraillait à ce point pourquoi n'a-t-il pas participé, comme Delacroix, à la décoration des salles des gloires nationales de Versailles voulues plus tard par Louis-Philippe ? Parce qu'Ingres est ailleurs. Et pas complètement dans ce livre qui ignore son "orient fantasmé" sédentaire ; Ingres vénère la Renaissance, Raphaël et Poussin, ne peint pas le sang. Il déteste aussi faire des portraits alors que ses plus beaux tableaux en sont : celui de «  Madame de Senonnes », ceux de la famille Rivière, « La belle Zélie », ou encore « Monsieur Bertin ». Ingres, au grand désarroi de ceux qui apprécient son talent, se veut champion d'une grande Histoire sans batailles, chantre d'une Antiquité revisitée à sa façon (« Oedipe et le Sphynx » ; « Jupiter et Thétis ») et des apothéoses d'Homère à Napoléon !

Les séjours italiens sont illustrés par des échanges de correspondance intéressants à découvrir. Ingres, Directeur à la Villa Medicis fait face bravement et à plusieurs reprises à des épidémies de malaria qui placent Rome en quarantaine. Ses demandes de subsides auprès de l'administration du Ministère de l'Intérieur sont toujours honorées, on lui fait confiance. Il défend ses jeunes pensionnaires (Baltard en l'occurence) qui ne respectent pas la règle de l'internat et obtient le maintien de leur allocation malgré les statuts, laisse deviner des relations assez épiques avec le majordome du Vatican qu'il faut soudoyer pour que les travaux de copies qu'il désire effectuer puissent être menés à bien. Enseignant aux Beaux-arts à Paris ensuite il participe et contribue avec les « ingristes » dans les années 1840 (anciens disciples de son atelier, élèves de l'école et suiveurs contemporains) à la nouvelle donne artistique de la politique d'encouragement aux arts voulue par la Monarchie de Juillet. Grande époque des tableaux de sainteté réalisés partout en France, grâce aux commande d'État, pour garnir les églises néo-classiques nouvellement construites ! Pierre Angrand se livre même à l'exercice de transparence plutôt amusant qui consiste à relever à la fin du livre toutes les sommes perçues par Ingres pendant la durée du régime. L'arrivée de Louis-Napoléon aidant, le lecteur ne sera plus surpris d'apprendre que le peintre devient sénateur d'empire, en 1862, à quatre-vingt-deux ans !

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Monographie érudite de Ingres : elle contient entre autres : une biographie, l'élection de Ingres à l'Académie, un portrait du duc d'Orléans,un chapitre sur l"'apothéose de Napoléon 1er ", l'exposition universelle de 1855. Attendez-vous à un ouvrage d'historien.
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