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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré "sans elle", beaucoup plus dramatique et poignant que "avec elle", moins machiavélique.

J'ai ressenti la même compassion et peine pour Coline alors qu'elle vit deux vies tellement différentes.

J'ai vraiment adoré ce concept de lire deux romans avec le même point de départ mais un évènement qui chamboule tout et voir comment les personnages et les situations évoluent et comme d'autres choses sont les mêmes, invariablement, peut-être ce que l'on appelle le destin.
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Ce livre fait partie d'un projet très atypique, deux auteurs Amélie Antoine et Solène Bakowski ont écrit deux romans dans lesquels elles ont imaginé deux histoires qui commencent pareil avec la même famille et deux jumelles inséparables mais qui partent chacune sur une voie différente à cause d'un seul détail. "Comment un seul détail suffit à tout changer".

Ces deux romans peuvent se lire séparément ou dans n'importe quel ordre, j'ai commencé par celui d'Amélie Antoine dont j'avais beaucoup apprécié le précédent roman "Quand on n'a que l'humour".

Coline et Jessica sont deux soeurs jumelles de 6 ans, elles sont tellement inséparables qu'elles n'ont jamais passé un moment l'une sans l'autre. Physiquement semblables elles diffèrent par leur caractère, Coline est l'ombre alors que Jessica est la lumière dans le couple fusionnel qu'elles forment, c'est un couple classique de jumelles où l'une domine l'autre.

Le soir du 14 juillet leur mère Patricia amène seulement Jessica admirer le feu d'artifice tiré sur un étang tout près de chez eux à le Quesnoy, une ville paisible du nord de la France car Coline a fait une bêtise et est punie. Patricia refait le lacet de Jessica qui veut aller chercher seule un collier fluorescent publicitaire distribué par un vendeur à quelques mètres. Quelques minutes d'inattention de la part de Patricia et Jessica disparait, volatilisée en pleine foule... La vie de cette famille bascule alors dans l'horreur car malgré les recherches engagées Jessica reste introuvable.

Amélie Antoine décortique finement les différentes étapes par lesquelles passent le couple et Coline dans les mois et années qui suivent cette disparition. La culpabilité qui assaille Patricia, la suspicion de la police qu'elle ressent douloureusement, les soupçons inévitables mais insupportables envers elle qui est toujours stressée à la limite du burn out...

Patricia et Thierry, au fil du temps qui passe, n'auront pas la même vision de la façon de poursuivre leur vie, tourner ou non la page..., renoncer ou non..., leurs réactions seront diamétralement opposées.
Quant à Coline, elle réalise brutalement à six ans que les adultes ne sont pas tout puissants comme elle l'imaginait, elle continue à faire comme si sa soeur était là, lui met son couvert à table, ressent l'absence de sa soeur puis un terrible manque, elle a le sentiment d'être incomplète et ne passe pas une journée sans penser à sa soeur jumelle.
Chacun reste enfermé dans sa souffrance, le couple est fragilisé par les reproches que Thierry fait à sa femme qu'il juge responsable de la disparition de Jessica et Coline va trainer, à partir de ce funeste jour, un terrible mal être, elle va vivre une vie sans aucune légèreté, sans amies, une vie bien différente des autres jeunes. Pour Patricia va aussi se poser une terrible question comment aimer celle qui reste ? D'autant plus que celle qui a disparue a toujours été sa préférée…

Amélie Antoine dissèque la question de la gémellité et questionne sur la façon de se construire avec l'absence de celle qui était son reflet. Tous les sentiments des différents membres de la famille sont analysés avec une extrême finesse dans ce roman dont les pages se tournent toutes seules et qui se termine par un final qui m'a complètement scotchée.

Les deux auteurs ont parfaitement réussi à mener leur projet en parallèle,
leurs personnages ont le mêmes traits de caractère et les situations se rejoignent.
Elles ont développé des thèmes communs :
* L'importance du fait fondateur, du moment où tout bascule (disparition de Jessica pour Amélie Antoine) qui sont pour Coline, dans les deux cas, à l'origine d'une cassure dans sa vie qui après ses 6 ans ne sera plus jamais la même qu'avant ses 6 ans.
* La souffrance des enfants puis adolescents (les deux dans « Avec elle »,
seulement Coline dans « Sans elle ») qui subissent le manque d'attention de leurs parents englués dans leurs problèmes d'adultes, qui sont livrées à elles-mêmes et vont devenir le soutien de leur mère à la dérive.
* Leur isolement sans pouvoir compter sur aucune aide extérieure.
* La solitude d'une Coline au destin bouleversant qu'elle vive avec ou sans sa soeur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Six ans pour toujours

C'est l'histoire de jumelles que des lacets refaits vont séparer irréversiblement. Dans la version d'Amélie Antoine, Jessica disparaît, a « six ans pour toujours » et sa soeur Coline reste seule. La famille heureuse bascule dans le fait divers : enquête policière, recherches incessantes, espoir de retrouver Jessica qui peu à peu s'amenuise jusqu'à disparaître. L'absence de Jessica la rend plus présente que jamais, Coline se trouve non seulement amputée de sa jumelle mais à nouveau dévorée par elle.


Une fois de plus, les liens familiaux s'étiolent, se délitent. La mère est omniprésente, dans son obsession de Jessica. le père fuit. L'issue devrait être différente, mais il semblerait que rien ne puisse sauver cette famille, sur laquelle plane une fatalité sinistre. Une sorte de malédiction, idée très romantique.


La plume d'Amélie Antoine est intelligente, subtile, profonde. L'empathie, la description des sentiments de chacun domine l'ensemble, qui se lit à toute hâte.
Lien : https://loliartesia.com/2017..
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Magnifique roman ou comment Après une disparition une famille se disloque petit a petit.
Comment surmonter une pareille épreuve ensemble,à l epreuve des regards des autres.
Touchant et dur a la fois,un roman qui laisse des traces.
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Ah ben non alors !! Je suis dégoûtée...
Je viens de terminer ce livre extraordinaire, mais je ne m'attendais pas à une telle fin !
Rassurez vous, je ne vais rien dévoiler comme à mon habitude, mais je suis limite choquée.
Sujet pas drôle, la disparition d'une enfant un 14 juillet.
L'accent n'est pas mis sur l'enquête, mais sur toutes les répercussions qui découlent de ce fait divers.
Et notamment sur la mère et la soeur jumelle qui reste.
On suit durant tout le livre toutes les étapes du deuil, ou du non-deuil, impossible à faire car trop douloureux.
Retrouvera-t-on la petite fille ? Mystère.
Mais que dire alors de cette fin sans trop en dévoiler...
Je précise juste que cette fin est abjecte, ça ne se termine pas bien, mais alors pas bien du tout. Un vrai choc. Mais surtout une réelle surprise. Et j'aime tant être surprise ! Les romans convenus m'ennuient au plus haut point.
Avec celui-la, j'ai été gâtée. ..
Je suis donc partagée.
Vivement le 2e livre (Avec elle), j'ai hâte de le commencer. Car dans "Sans elle", la petite fille se perd, mais dans "Avec elle", elle ne se perd pas et tout va donc changer dans leurs vies.
Très intéressants en tout cas ces romans écrit à deux mains.
A ne pas louper si vous aimez les surprises..
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Je me suis laissée tenter par le duo de romans « Avec elle »/ »Sans elle » de Solène Bakowski et Amélie Antoine : deux romans avec le même début mais où un élément différent fait basculer l'histoire dans deux directions différentes. J'avoue que ça m'a intrigué et je n'ai pas pu résister à l'envie de les lire.
Les deux romans s'ouvrent donc sur une même scène : une femme blonde aux yeux bleus, blessée, probablement en train de mourir. Puis retour en 2004, plus précisément le soir du 14 juillet. Patricia et sa fille de six ans Jessica partent regarder le feu d'artifices pendant que Coline, la jumelle de Jessica, punie, est restée à la maison avec son père.

Dans « Sans elle », Jessica disparaît mystérieusement sans laisser de trace ce soir-là et Amélie Antoine nous décrit l'horreur qui s'insinue dans cette famille : les doutes, les soupçons, les faux espoirs, les questions sans réponses. Nous suivons sur plus de dix ans la descente aux enfers de cette famille rongée par le chagrin, gangrénée par les rancoeurs et la culpabilité, qui plonge inexorablement vers cette fin terrible, glaçante.

Dans « Avec elle », Jessica ne disparaît pas et nous la voyons donc grandir aux côtés de sa soeur Coline. Leurs caractères s'affirment en même temps que leurs différences : Jessica, la dominante, solaire, toujours dans la lumière, et Coline, plus soumise, effacée, dans son ombre.
Solène Bakowski dissèque et analyse leur relation complexe, faite de hauts et de bas, de « je t'aime moi non plus », d'amour indéfectible et de haine profonde.

J'avoue que je n'ai pas du tout aimé le personnage de la mère, dans les deux versions d'ailleurs : son auto-apitoiement et sa façon de se complaire dans son malheur m'ont agacée. J'ai en revanche beaucoup compati à la situation de la petite Coline, qu'elle soit « celle qui reste » quand sa soeur a disparu, ou « celle qui est dans l'ombre » quand sa soeur est présente.

Au final, j'ai adoré ces deux romans, qui m'ont tous les deux totalement pris aux tripes : on est totalement immergé dans les sentiments et la psychologie des personnages, on souffre avec eux, on tremble pour eux, on s'énerve pour eux ou avec eux. Cette double écriture est une réussite, ainsi que ce jeu du « que ce serait-il passé si … », même si finalement, il n'y a jamais d'issue heureuse, et les deux versions de l'histoire comportent leur lot de noirceur, de drames et de traumatismes.
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Quand j'ai vu le projet d'Amélie et Solène j'ai eu hâte de découvrir ce qu'elles nous avaient concocté! Surtout que ce sont deux auteurs que j'affectionne en particulier Amélie (Elle saura pourquoi ;-)).

J'ai donc naturellement commencé par Sans elle. Une histoire qui commence banalement. Une famille, des jumelles (j'adore les romans avec des jumeaux!), une grosse bêtise qui se termine par une punition : Coline n'ira pas au feu d'artifice avec sa jumelle Jessica. Elle devra rester à la maison avec son père et attendre en vain le retour de sa jumelle qu'elle n'a jamais quitté plus de 10 minutes. Car malgré la rancune qu'elle ressent envers sa soeur elle n'aime pas être seule et a hâte que Jessica lui raconte sa soirée.

Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu. Jessica voulant aller récupérer un collier lumineux offert gratuitement, échappe à la vigilance de sa mère et disparaît sans laisser de trace.
La descente aux enfers ne fait que commencer pour cette famille qui jusque là vivait sans problème. Et moi j'ai été directement plongé dans cette histoire et j'ai eu du mal à stopper ma lecture tant j'ai voulu savoir ce qui allait se passer.

Je pense que la plus grande peur d'une maman est de perdre son enfant. Moi-même étant maman et mon fils m'ayant déjà fait une frayeur je peux vous dire que la description des sentiments suite à la disparition de Jessica sont formidablement décrits.
La boule dans le ventre qui grandit et nous empêche de respirer, les images horribles qui nous viennent à l'esprit car forcément on pense toujours au pire dans ces cas là. La culpabilité, la peur, le doute, tous ces sentiments qui nous plongent dans l'angoisse absolu. Les "si" qu'on ne peut s'empêcher de penser. Si j'avais été avec elle chercher le collier, si je n'avais pas puni sa soeur, si on y était tous allé en famille rien ne serait jamais arrivé. le jugement des autres qui culpabilise encore plus.

Mais en plus des sentiments de Patricia, Amélie décrit particulièrement bien ce que peux ressentir Coline, la jumelle restante. Car contrairement à une fratrie ordinaire, il y a un lien particulier entre des jumeaux. Et la perte de l'autre peut avoir des conséquences qu'on imagine même pas.

Nous allons donc suivre le quotidien de cette famille pendant plus de 10 ans en ayant nous-même l'espoir de revoir Jessica. de connaître la vérité, de savoir ce qu'il s'est passé cette fameuse nuit du 14 juillet 2004.

Comment survivre à la perte d'un enfant? Surtout en ne sachant pas ce qui lui est arrivé. Comment ne pas sombrer dans la folie et devoir continuer à vivre pour l'enfant qui reste? Coline va se retrouver démuni face à cette perte, face à sa mère qui va la délaisser petit à petit, face à la destruction de ses parents.
Amélie est vraiment excellente pour décrire le psychologique des personnages. Elle a su brillamment nous faire vivre l'enfer au travers des différents protagonistes de l'histoire. Comment chacun a vécu le doute, l'angoisse, l'attente tout au long de ses années de recherche. Comment certains ont mis leurs vies entre parenthèses (Coline et Patricia) et comment d'autre ont préféré fuir pour se reconstruire et éviter de sombrer (Thierry).

Un roman bouleversant où un simple petit incident peut avoir des conséquences qu'on ne peut imaginer. Ce livre m'a fait passer par tout un tas d'émotions au point de me bouleverser plusieurs fois. Je me suis sentie démunie face à la disparition de cette enfant, je me suis mise à la place de la mère a essayer d'imaginer comment j'aurai réagi face à ce drame horrible. Et la fin est totalement inimaginable! Il n'y a qu'Amélie pour nous scotché jusqu'à la dernière ligne.
Un livre qui restera longtemps gravé dans ma mémoire. Encore un pari réussi pour Amélie, et en ce qui me concerne c'est encore une fois un coup de coeur.
Je m'empresse de commencer celui de Solène car je suis curieuse de voir comment l'histoire ce serait déroulée sans la disparition de Jessica.
Lien : http://livresaddictblog.blog..
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J'avais beaucoup aimé
Quand on n'a que l'humour... par Amélie Antoine
j'étais donc très curieuse de découvrir son nouveau projet.

Et c'est en fait à une double découverte que nous sommes invités : deux auteures, deux romans, qui commencent tous deux de la même façon, avant qu'un grain de sable fasse déraper chacun dans une direction diamétralement opposée.
L'idée est originale, deux plumes pour un projet d'écriture séduisant!

J'ai commencé la lecture par Sans elle , à l'histoire très prenante. Une atmosphère sombre, autour de ce terrible drame de la disparition d'une enfant. On est plongé au coeur de l'attente et de l'angoisse des parents, et des affres de la soeur jumelle. L'exploration de cette relation entre les deux soeurs est très interessante.
Beaucoup d'émotions!

Et j'ai ouvert ensuite Avec elle, une expérience de lecture particulière, on retrouve les personnages, les lieux, certains paragraphes sont rigoureusement identiques, et puis un mot change, un lacet à faire ou pas, et l'on part sur un autre univers...
Si le début semble cette fois plus léger, cela ne dure pas et l'exploration de la psychologie des personnages nous permet d'adhérer tout autant à cette autre version.

J'avoue avoir préféré le premier lu, mais il faut vraiment lire les deux pour profiter de la richesse de l'idée... et être attentif à ces petits riens qui peuvent faire basculer une vie.

Bref, moi qui ne connaissais pas encore Solène Bakowski, je vais maintenant me pencher sur ces écrits, et continuer à suivre Amélie Antoine!
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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C'est un projet des plus original que j'ai découvert un jour dans ma boite mails. Amélie Antoine et Solène Bakoswki qui se lançaient dans une aventure commune. le principe est simple, un même point de départ, les mêmes personnages, mais deux histoires prenant des directions différentes. Il n'en fallait pas plus pour que je sois intriguée, d'autant plus qu'il s'agissait de deux auteurs que j'apprécie beaucoup.

Sans elle d'Amélie Antoine, c'est l'histoire de Coline et Jessica des jumelles fusionnelles qui forment une famille unie et heureuse avec leurs parents. Jusqu'à ce fameux soir du 14 juillet, ce fameux soir où Jessica disparaît. Dès lors, plus rien ne sera comme avant, Coline n'aura plus sa moitié et la famille se demandera toujours ce qui s'est passé ce jour-là.

Ici avec Sans elle, c'est l'histoire d'une disparition, d'une terrible séparation même pour ces jumelles. L'histoire de quelques minutes qui font basculer un quotidien heureux dans l'horreur, l'histoire de questions qui resteront sans réponse. La disparition de Jessica est une ombre qui planera toujours sur cette famille, mais surtout sur Coline. Coline qui se retrouve être la "survivante", sur qui maintenant tout repose, mais qui ne sait plus tellement où elle en est et qui elle est au fil des années face à la douleur notamment de sa mère. Les reproches, les accusations, la culpabilité marqueront dorénavant la vie de tous.

Amélie Antoine livre aussi un roman sombre, très sombre où la noirceur s'intensifie au fil des chapitres. Son écriture est toujours aussi vive et acérée. L'auteure réussie à entraîner le lecteur dans un véritable tourbillon d'émotions, des émotions terriblement fortes qui nous perturbent presque.

Nous sommes véritablement happés par ce livre, Sans elle ne nous laisse aucun répit et le suspens atteint son paroxysme à la fin de celui-ci. La fin d'ailleurs, cette fin glaçante, qui une nouvelle fois comme pour Fidèle au poste, j'étais loin d'imaginer et qui m'a presque laissé bouche bée.

Un projet original, je disais donc plus haut ? Alors oui, mais aussi et surtout un pari totalement réussi ! Avec elle et Sans elle sont deux romans bien distincts, deux romans qu'on peut lire indépendamment de l'autre, et deux romans aux histoires parfaitement maîtrisées. Chacun de ces livres happe le lecteur dans son intrigue, dans son histoire et par aussi le fait que leurs auteures, Solène Bakowski et Amélie Antoine, savent aussi parfaitement bien malmener le lecteur pendant sa lecture.

N'hésitez pas une seule seconde à découvrir ce projet et surtout à vous plonger dans Sans elle d'Amélie Antoine et Avec elle de Solène Bakowski. Ces deux histoires ne vous laisseront pas de marbre et vous n'en ressortirez pas totalement indemnes, croyez-moi...
Lien : http://ladoryquilit.blogspot..
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Je remercie Solène Bakowski et Amélie Antoine pour leur confiance et la faveur qu'elles m'ont faite en me permettant de découvrir leurs livres avant leur sortie officielle. J'ai tout de suite été emballée par ce projet et son originalité. Un pari osé qui entraine le lecteur dans deux lectures parallèles, deux romans qui débutent de la même manière, mais qu'un événement vient chambouler. La vie d'une famille sera bouleversée, mais surtout la vie de des deux soeurs jumelles, qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau… Mais jusqu'où la ressemblance peut-elle aller
Dans la version d'Amélie Antoine, "Sans elle", par laquelle j'ai commencé, une des jumelles, disparaît le soir du 14 juillet, sa soeur va apprendre à vivre seule « sans elle »
Dans la version de Solène Bakowski, "Avec elle", le fameux soir du 14 juillet, un lacet fera basculer la vie de cette famille, toujours un drame mais les jumelles grandissent ensemble, s'aiment, se détestent tout à la fois…
Deux versions aussi passionnantes l'une que l'autre, qui peuvent parfaitement se lire indépendamment, mais cette lecture simultanée apporte une saveur toute particulière, car les deux récits, même s'ils sont différents sont complémentaires, au point que parfois les plumes de ces deux auteurs se confondent comme pour n'en faire qu'une.
La question qui se posera, obligera le lecteur à une introspection : « Et si j'avais fait ça au lieu de cela ? Si un seul détail de ma vie avait été différent… Est-ce que ma vie aurait été identique ?
La plume de Solène Bakowski me fascine toujours autant. A chaque fois que je plonge dans un de ses livres, je suis Bouleversée par sa vision de l'être humain, pas son analyse de la psychologique face aux drames qui jalonnent les vies de ses personnages. Des personnages qu'elle rend vivants tellement ils nous ressemblent et tellement le lecteur peut transposer leur vécu au notre.
« Avec elle » ne déroge pas à la règle des écrits de qualité et sa plume reste aussi incisive, directe et parfois poétique que dans ses autres écrits.
J'ai eu le plaisir de découvrir la plume d'Amélie Antoine que je trouve plus manipulatrice avec son lecteur avec une écriture plus directe. Elle prend moins de gants pour amener les choses et nous plonger dans l'horreur d'une enquête dans laquelle les parents et leur relation sera disséquée, au point que le doute s'immisce entre eux... le doute le pire ennemie face à une disparition d'enfant... Une mère à bout de force, la nervosité est palpable avec une atmosphère à découper au scalpel tellement elle est lourde et nous prend dans un étau pour nous étouffer..
Le lecteur va suivre cette famille sur une dizaine d'année... Une dizaine d'année qui seront horribles et qui seront l'antre de la chute du couple qui ne pourra résister ... Comment se construire lorsque sa soeur jumelle disparait ... Comment une petite fille se construit lorsqu'elle grandit dans l'ombre de "l'enfant aimé", Tout est disséqué avec brio, au point que l'on ne peut sortir indemne de ce genre de lecture qui touche à l'amour viscéral que l'on porte à son enfant... Comment continuer à vivre ? Survivre... Pour l'enfant qui reste... Qui devient une victime et otage des sentiments de culpabilité, otage du film que l'on se refait en boucle...
La vie ne tient pas à grand-chose… La vie peut basculer le jour où l'on prend le temps de faire un lacet… Un lacet, comme l'image du fil sur lequel s'étire la vie … le fil de la vie est tellement tenu… Tellement mince… Qu'il nous arrive de nous répéter inlassablement : « Et si je n'avais pas fait ça… Et si j'avais fait ça… »
Cette sensation que la vie a pris une tournure différente, que ce moment précis a fait basculer, reste vivace toute une vie au point d'affecter tous nos actes… Avec Solène Bakowski, je suis souvent ramené à mes propres choix… Sa plume me transporte et m'oblige à un retour en arrière. On pourrait penser que cela se fait dans la douleur, mais l'acceptation fait partie du processus de guérison et accepter que la vie puisse basculer en une fraction de seconde, permet de ne pas vivre dans les regrets…
Avec Amélie Antoine, j'ai vécu intimement l'enquête, la chute de cette famille qui ne peut se reconstruire. J'ai par moment eu l'impression de vivre au côté de cette famille et d'être spectatrice ... Un peu comme une petite souris qui voudrait se faire discrète mais qui continue à venir voir ce qui se passe pour ne pas en perdre une miette...
Ici la gémellité prend une place importante, mais surtout la question de la relation fusionnelle qui peut exister entre les deux. Les relations entre jumeaux sont-elles aussi parfaites que ce que le mythe laisse penser. N'y a-t-il pas un jumeau qui prend le dessus ? Un jumeau souffre-douleur de l'autre ? Un jumeau manipulateur ?
J'ai particulièrement apprécié la relation entre ces soeurs jumelles, on sent un réel travail de fait sur les relations gémellaires. le mythe tombe et enfin deux personnalités distinctes sont présentent et les jumelles sont tour à tour, amies, ennemies, dominante dominée. Avec la possibilité de se dissocier complètement et de construire sa propre personnalité... Une personnalité qui ne sera pas dans l'ombre de l'une... Mais cela peut-il se faire en présence des deux ?
Les oppositions entre les soeurs, avec leurs sentiments contradictoires, la violence qui caractérise les relations fraternelles, qui n'est pas réservée à la gémellité. Tout est abordé avec talent et retenue. La haine, l'amour, la violence.
Dans avec elle de Solène Bakowski, La place des parents est assez confuse… le père a une place assez effacée et la mère semble ne pas trouver sa place dans cette relation, au point de parfois les confondre… Oublier qu'elles sont deux… Et ne créer une relation qu'avec une…
Dans cette relation, chaque parent doit trouver sa place pour l'équilibre… du couple gémellaire mais aussi parental…
Alors que le couple parental est assez proche dans "sans elle", même si la relation s'étiole au fil des années, au fil des espoirs ...
Une expérience de lecture qui m'a chamboulé, tant par les intrigues que par la manière que ces auteurs ont abordé des sujets qui m'ont remué les tripes. La perte d'un enfant... La famille qui se disloque... C'est de l'art à l'état pur avec des plumes aussi addictives et talentueuses l'une que l'autre.
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