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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Depuis le temps que je souhaitais lire ce roman (et son double "Avec elle"), je suis contente de m'y être enfin plongée dedans!

J'ai adoré ce roman, tout simplement. Amélie Antoine est une grande auteur, elle arrive à garder un suspense entier du début à la fin, elle sait nous faire languir tout au long des pages, son écriture est fluide et agréable, on tourne les pages sans vraiment s'en rendre compte. Je l'ai connu avec son roman "Au nom de quoi", un vibrant hommage à toutes les victimes directes et indirectes du Bataclan et maintenant, c'est avec un roman familial, un drame qui pourrait arriver à n'importe qui, qu'elle revient nous hanter.

Ce roman est un pari fou entre elle et une autre auteur Solène Bakowski. Elles ont décidé de se réunir pour construire ensemble et séparément, deux romans qui se lient. En effet, avec "Sans elle", Amélie Antoine nous plonge dans l'horreur d'une disparition d'enfant. Deux jumelles de 6 ans, deux merveilles blondes, un couple heureux, une soirée, un 14 juillet, un feu d'artifice... et c'est le drame... L'une des fillettes disparait.

Alors on va suivre l'enquête sur cette disparition, on va essayer de comprendre ce qu'il s'est passé ce fameux soir. Mais on va surtout découvrir ce que cette perte engendre autour d'elle. La maman qui a lâché la main est-elle coupable? La jumelle qui ne sait plus où elle est, qui elle est, retrouvera-t'elle le goût de vivre seule? le père si désemparé doit-il en vouloir à sa femme et continuer à vivre comme avant? Comment serait la vie, plusieurs années après, si Jessica n'avait pas disparu? C'est en lisant "Avec elle" que nous le sauront!

Quand j'ai fini ma lecture de ce premier roman, je me suis demandé ce qu'avait bien pu écrire Solène Bakowski dans le deuxième roman, j'ai eu peur d'avoir commencé par le meilleur, j'ai étais terriblement angoissée de m'ennuyer avec l'autre. Et puis finalement... (Pour le savoir, il va falloir lire ma chronique de "Avec elle" qui paraitra seulement demain! Patience!)

Merci à l'auteur pour ce merveilleux roman, j'ai trouvé les personnages très bien étudiés, leur psychologique très recherché et bien retranscrit dans les lignes. On comprend la douleur de chacun, on ressent dans nos tripes ce que chacun a pu vivre après le drame, et finalement, on les comprend tous. Un merveilleux roman à découvrir!
Lien : http://leslecturesdemaryline..
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Un peu après tout le monde, j'ai cédé à l'engouement autour du duo de romans "Avec elle" et "Sans elle", et je ne regrette pas du tout.

J'ai commencé par "Sans elle", celui qui m'attirait le plus de prime abord, avec la promesse d'une fine analyse psychologique et d'un deuil impossible, et c'est celui qui m'a également le plus convaincue (de peu).

Ce fut une lecture passionnante, l'auteure Amélie Antoine dissèque avec précision et réalisme le quotidien d'une famille rongée par l'absence, celle de la petite Jessica, six ans, jumelle parfaite de Coline.

Nous suivons l'évolution de la famille sur une période assez longue, une dizaine d'années, et jamais on ne s'ennuie tant l'analyse des comportements de chacun est bien vue. Des sentiments variés s'emparent des membres de la famille (inquiétude, angoisse, colère, résignation, apaisement, désespoir), au fil de l'enquête qui s'éternise.

C'est un roman qui ne m'a pas laissée indifférente, avec un attachement réel aux personnages (malgré leurs imperfections), que l'on voit se débattre chacun avec leurs démons et auxquels on peut s'identifier sans peine.

Un petit mot sur le concept du double roman avec deux intrigues différentes sur une base commune, que j'ai trouvée absolument génial, et le résultat est bluffant. Les deux romans sont passionnants et l'on retrouve des détails communs au fil de la lecture, ce qui donne une petite touche de charme bienvenue.

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait, à découvrir...
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C'est l'histoire d'un projet un peu fou : 2 écrivains, Amélie Antoine et Solène Bakowski décident d'écrire chacune un livre en partant d'un même point de départ, l'histoire de jumelles, Coline et Jessica. Toutes deux doivent se rendre au feu d'artifice du 14 juillet mais l'une a fait une bêtise et en sera privée. La mère, Patricia, n'emmènera que Jessica.
Près de l'étang où les festivités ont lieu, Patricia constatera qu'un lacet de chaussure de sa fille est défait.
A partir de là, les histoires changent :
Chez Amélie, le lacet sera refait
Chez Solène, il ne le sera pas
et de ce tout petit détail vont naitre deux histoires radicalement différentes.

"En un claquement de doigts, tout peut chavirer, irréversiblement"


Dans la dernière interview d'Amélie Antoine, elle répondait à cette question posée par Nicolas Elie
Q : Qu'est ce que tu en penses de l'académisme ? Des auteurs qui finissent par écrire le même livre à chaque fois ? Mettre les mots dans une cage ?
R : Je pense qu'on vit dans une société où il faut à tout prix coller des étiquettes aux artistes, pour pouvoir ensuite les ranger bien sagement dans une boîte. Tout est fait pour qu'un artiste fasse toujours la même chose, pour qu'il devienne une marque, quelque chose de sécurisant, de rassurant, tiens je vais acheter le dernier roman d'Untel, parce que je sais à l'avance ce qu'il y aura à l'intérieur.
Tout est fait pour ça.
Je crois qu'il faut tout faire pour lutter contre.(...)
Il faut se battre pour lutter contre, sans se soucier d'entrer dans un moule (...), écrire ce dont on a envie ou besoin et pas ce que d'autres attendent.

J'ai presque envie de dire : tout est dit ! Amélie n'est jamais où on l'attend, c'est à mon sens ce qui fait sa force. Elle ne s'embarrasse pas non plus de savoir si un éditeur va la publier, elle écrit, et elle trouve ensuite une solution pour combler ses lecteurs.
A la lecture de ce livre, j'ai cogité "mais où veut-elle en venir Amélie ? Quand va donc arriver le twist que j'attends (celui auquel je suis habituée, celui qui rentre dans la case "Amélie" ?)".
Et ça m'a justement fait penser à cette réponse qu'elle avait faite à Nicolas :
"Je ne suis pas là où on m'attend "
J'attendais.
Elle n'y était pas.

Et pourtant ! Quel bouquin !!!

Tout d'abord, j'ai été séduite par la profondeur psychologique des personnages principaux :
La mère, Patricia, dure, froide, difficile à attendrir et pourtant terriblement humaine quand le sort s'acharne sur elle.
Le père, Thierry, démissionnaire, silencieux, presque déficient, soumis à l'autorité de sa femme.
Les Jumelles :
Jessica, la meneuse, tenace et énergique, celle qui suscite l'admiration et l'attention.
Coline, la résignée, celle qui trinque, qui subit, qui souffre en silence, qui passe à côté de sa vie en vivant par procuration

Puis, j'ai vraiment aimé la construction du roman.
La première partie évoque la déflagration liée au choc d'un événement qui vous tombe dessus inopinément : basculer, paniquer, comprendre, chercher, s'acharner, soupçonner, ruminer, tenir.
La seconde partie rappelle les grandes étapes du deuil : se souvenir, se détruire, stagner, oublier, jalouser, détester, surmonter, accepter, en finir.

Plusieurs thèmes sont également décortiqués en profondeur, dont certains brillamment: la gémellité bien sûr mais aussi le naufrage du couple, l'éclatement familial, la préférence filiale, la toxicité maternelle.


Je connais très peu d'écrivains capables d'explorer si précisément les émotions humaines et d'en parler avec autant de justesse et ceci en 396 pages !
C'est un exercice périlleux, redoutable, de haute voltige dont peu possèdent la dextérité.
Ce livre est une plongée au royaume des émotions : chaque chapitre provoque un frisson différent et renvoie à des émotions que nous avons tous vécues.
Amélie n'est pas l'écrivain d'un "genre littéraire"
On ne peut pas la mettre dans une case.
Amélie va où son coeur la porte et sa plume nous emmène dans les tréfonds de sa créativité littéraire.
Elle sait tout dire, tout écrire et le fait magistralement.

Lien vers la chronique écrite pour "Avec elle" de Solène Bakowski
https://audebouquine.blogspot.com/2017/11/avec-elle-solene-bakowski.html

Lien : https://audebouquine.blogspo..
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Sonnée, je suis sonnée ! .Sans elle , roman miroir d'Avec elle de Solène Bakowski est un roman qui restera gravé dans ma mémoire.
Le Quesnoy , une petit ville du Nord , un soir de 14 juillet Patricia part seule avec Jessica assister au feu d'artifice .Coline, la jumelle de Jessica , a été punie et est restée à la maison avec Thierry , son père . Un simple moment d'inattention et Jessica s'est évaporée .Commencent alors recherches , battues, interrogatoires . La France entière suit les évènements . Mais rien , aucune piste ! Les jours passent, les semaines, les mois , les années. Chacun essaye à sa façon de survivre:
"Papa n'est pas assez fort pour continuer à chercher Jessica et à croire en son retour.
Maman n'est pas assez forte pour accepter d'avancer et pour essayer d'être heureuse sans Jessica.
Coline n'est pas assez forte pour savoir où se situer entre ses parents aux réactions diamétralement opposées" p 233
Chacun souffre à sa façon de l'absence de Jessica, Coline sans doute encore plus parce qu'elle se mure le plus souvent dans le silence.
Amélie Antoine signe ici un roman magistral. La justesse de ton, d'analyse du couple, de la gémellité donnent à ce thriller psychologique un impact hors norme . Toutes les images des "faits divers" de ces dernières années, gravées dans ma mémoire , ont bien sur accompagné cette lecture lui donnant encore plus de poids.
Un très grand merci aux Editions Bookelis via NetGalley pour ce partage.
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Quand j'ai lu le concept de ces deux livres avec un même point de départ pour deux histoires différentes, j'ai trouvé ça vraiment original et j'avoue que ça a piqué ma curiosité.
Je ne sais pourquoi j'ai commencé par « Sans elle » d'Amélie Antoine. Peut-être avais-je besoin de frayeur et d'un brin d'angoisse et que ce titre m'a paru idéal…Je n'ai pas été déçue du voyage!
Dès le départ, nous faisons connaissance avec une petite famille « normale » : Thierry, le papa, Patricia, la maman et Coline et Jessica les jumelles de 6 ans. L'histoire commence le 14 juillet 2004, Patricia a puni Coline qui a fait une bêtise dans l'après midi. Conséquence ; Ils n'iront pas au feu d'artifice ensemble. Coline restera avec son papa à la maison, privée de la soirée. Et Patricia emmènera Jessica voir le feu d'artifice au bord du lac du village. Mais rien ne se passe comme prévu. Pendant la soirée Patricia perd Jessica dans la foule et ne la retrouve plus. S'enchaine alors la prise de conscience, la panique, l'alerte à la gendarmerie, les recherches, l'enquête, les interrogatoires, l'incidence de ce fait divers sur ce petit village mais surtout, surtout, on s'immisce dans le quotidien de cette famille qui ne sait pas ce qu'est devenu leur enfant. le roman nous permet de suivre cette famille et son délitement jusqu'au 18 ans de Coline.
Comment vit-on la disparition d'un enfant? de son jumeau? Comment gérer le fait de ne pas savoir? de ne pas pouvoir faire son deuil? Comment faire face à la culpabilité? Au vide?
Chacun va réagir à sa manière. S'enfoncer ou essayer de se relever. Ne jamais perdre espoir ou devenir fataliste.
La plume de l'auteure m'a clairement tenu en haleine jusqu'au bout. Je ne me suis pas ennuyée à un seul moment. le rythme est soutenu mais Amélie Antoine prend le temps de décrive de façon juste les émotions. L'auteure m'a clairement transmis la panique de la mère. Tout les ressentis sont si justement retranscrits qu'on en vient à avoir le souffle coupé, le coeur qui bat… Les personnages sont tous assez complexes, ce que j'ai adoré. Entre ce que montre les gens et ce qu'il y a dans leurs têtes, il y a un monde…. Dès le départ, j'ai eu du mal à supporter Patricia, la mère, son exigence et son autorité sur ses filles… mais elle me faisait malgré tout beaucoup de peine. J'ai eu une profonde tendresse pour le père, Thierry. Et beaucoup de tristesse pour Coline, la jumelle rescapée, qui se débat comme elle peut dans toute cette noirceur pour grandir seule.
La fin est un véritable coup de poing. Je ne l'ai sincèrement pas vu arriver… je n'aurais pas pu imaginer une fin aussi noire et en même temps tellement incroyable. Ce n'est pas le dernier livre que je lirais de cette auteure : une vrai découverte et un coup de coeur.
Je remercie Net Galley de m'avoir permis de découvrir ce roman.
Lien : https://lenezdanslesbouquins..
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C'était un jour de fête pour Jessica, en ce 14 juillet, elle piaffait d'impatience, des étincelles plein les yeux, bien avant le début du feu d'artifice.
Au milieu de la foule la fillette échappe à la vigilance de sa mère et disparaît à jamais.
Pour les parents et pour Coline, sa soeur jumelle, restée à la maison suite à une punition commence une longue souffrance, une descente aux enfers où chacun se débrouille comme il peut avec son chagrin.
Suivant cette famille sur une dizaine d'année, l'auteure décortique les différentes étapes qui suivent cette disparition, de l'espoir au deuil, en passant par la culpabilité, les doutes, l'angoisse, les reproches, les soupçons, le mal-être et les fissures qui détruisent progressivement le reste de la famille.

Il me paraît impossible de rester insensible à cette histoire. J'ai eu mal pour cette famille et surtout pour une enfant qui en plus de perdre sa jumelle, ce qu'elle ressent sans savoir mettre les mots sur cette souffrance comme une amputation, doit vivre avec l'éloignement de ses parents qui ne pensent qu'à retrouver Jessica.

Amélie Antoine réussit parfaitement à décortiquer les sentiments de chacun sans jamais tomber dans le piège du larmoyant.




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Il y a de ces livres salement verbeux, atrocement rébarbatifs, impoliment superfétatoires… Ceux que vous n'avez même pas besoin de chasser de votre esprit tellement ils sprintent. Ils s'échappent seuls sans crier gare ! Il y a ceux qui suscitent un engouement éphémère, ceux qui vous procurent un plaisir effervescent, furtif, volatile. Que vous oubliez aussi vite que l'éjaculateur précoce que vous êtes dégainez. Aussitôt lu, aussitôt épongé. Puis il y a ceux qui vous marquent au fer rouge, ceux qui laissent une empreinte indélébile dans votre coeur – si coeur il y a ( y a tellement mieux comme organe) – , dans votre tête, dans votre esprit, dans votre subconscient même. Ceux dont la douce mélodie ou le cri strident résonne encore des heures, des jours, des semaines après lecture. « Sans elle » fait partie de quelle catégorie ? Sherlock mène l'enquête.

J'ai sauté sur l'occasion de faire l'amour avec Amélie Antoine avec ce livre. Puis, apparemment, il y avait Solène Bakowski à la clé. TOUJOURS DIRE OUI À UN PLAN À TROIS, TOUJOURS. Il me tardait de découvrir ces auteures et leur projet commun m'a paru être une bonne occasion. Deux histoires, deux destins, un même point de départ, un seul événement qui cloisonne les deux.

J'ai commencé sans elle pour la retrouver plus tard et jouer au prince charmant, au grand chevalier salvateur. J'arrive chérie, minute. Il s'agit d'une histoire de manque, de deuil, d'amitié, de fraternité et bien plus qui soulève des questions qui pousseront le lecteur à une profonde introspection, mais je vous rassure tout de suite, on est très très loin des conseils du manitou « routinologue » (Niark Niark). On se demandera à quel point un petit detail peut se répercuter infiniment dans le futur. Une petite seconde de distraction, un regard trop appuyé, un lacet défait, un cunilingus mal fait… À quel point un petit événement d'un rien du tout peut tout chambouler.

Ce soir du 14 Juillet, Coline, 6 ans, est punie. Elle doit rester dans sa chambre à compter les moutons pendant que Jessica, sa soeur jumelle, profite du feu d'artifice, s'abreuve des couleurs chatoyantes, de l'excitation de la foule, du spectacle qu'elle imagine grandiose. Elle le sait. Ce qu'elle ignore, c'est que l'espace d'une seconde, Jessica a été séparée de sa mère et qu'elle demeurera portée disparue jusqu'àààààààà… Coline pourrait pourtant s'estimer chanceuse d'être celle qui a été punie ce soir, d'être celle qui est toujours LÀ. Mais à quel prix ?

Sans elle, c'est le combat d'une famille dont l'harmonie a été brisée, dont la beauté a été ternie, dont le charme a été rompu. le combat d'un couple qui s'étiole, se désagrège au rythme des schproums quotidiens. La lutte infernale d'une mère avachie, pusillanime, obnubilée par l'idée de retrouver sa petite fille portée disparue quitte à s'éloigner de celle toujours présente, de celle qui a toujours vécu dans l'ombre de l'autre, de celle qui ne demande qu'à être aimée, REGARDÉE. le questionnement, l'inquiétude et la frustration d'une enfant obligée de grandir plus vite que prévu. Il y a le manque viscéral, la culpabilité, la dépression, le déni, la crainte de sombrer dans l'oubli. S'accrocher aux souvenirs, à des bribes d'espoir, rien que ça.

A-t-on conscience, lorsqu'on vit quelque chose, que ce moment se transformera en un souvenir qu'on chérira de toutes nos forces plus tard ?

Si le projet, en soi, est assez originale, l'idée directrice de ce livre – à savoir la disparition d'une mineur – n'en reste pas moins banale à première vue. le lecteur lambda pourrait facilement zapper. Il va sans dire qu'il commettrait là une erreur monumentale du genre qui nuit à la sécurité nationale.

Amélie Antoine livre, dans ce bouquin, un récit d'une grande qualité. de sa plume incisive et mélodieuse à la limite de l'élégie, elle entraine le lecteur dans les profondeurs d'une famille des truites (oups), le pousse dans ses retranchements. Un récit saisissant, percutant, d'une justesse aiguë qui dénote une maîtrise linguistique remarquable. La syntaxe, les tournures des phrases, les substantifs, que d'éléments parfaitement maîtrisés pour un délicieux cocktail linguistique. Il y a cette sorte de fourberie subtile dans sa façon d'écrire, un genre de manipulation déguisée, un espèce de tripatouillage mesquin qui lui permet de mener le lecteur à la baguette à tel point qu'il ne souhaite aucunement perdre une miette de l'histoire. Si elle n'y va pas par le dos de la cuillère, elle sait néanmoins chatouiller habilement son lecteur, le caresser dans le sens du poil. Désolé, je suis difficile mais pas quand on me caresse. Donc, excusez mon manque d'objectivité. Euh en fait, non, je m'en branle comme de l'an 40.

L'atmosphère est austère et pesante. le questionnement demeure en filigrane tout le long du récit : que s'est-il donc passé ce soir du 14 Juillet 2004 ? Qu'est-il arrivé à cette pauvre fille pleine de vie ? Progressivement, le questionnement laisse place au doute, à la frustration – les pires scénarios sont imaginés -, à l'abdiquation pour certains et j'en passe. L'auteure sait placer le lecteur au coeur de l'action et l'immerger graduellement dans les abysses du cerveau de ses personnages qu'elle a pris le temps d'esquisser, de fignoler pour un résultat plus humain qu'humain. L'humanité des différents protagonistes rajoute une note positive à cette mélodie rythmée et enivrante. le brillant étalage de leurs différents points de vues permet, quant à lui, de dresser le profil psychologique de chacun d'eux. Imagé, est ce récit, à souhait. Je la verrais bien en scénariste (passez à mon bureau, m'dame).

Bon, écoutez, on va couper court. Vous l'aurez compris, ou pas, parce que d'après certaines mauvaises langues, avec mes chroniques, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. Vous y croyez, vous ? Pourquoi tant de haine sur cette planète ! À ce rythme, je vais finir par prendre mon inscription pour Poudlard. Donc voilà, Amélie Antoine nous a pondu un magnifique roman psychologique. Un livre secouant, du genre qui vous met les tripes en vrac. Sortir indemne de cette lecture ? Never. Elle sait y faire. Sautez tout de suite dessus. Je précise, sur le livre, pas sur l'auteure. Laissez la moi. Vous ne serez pas déçu, parole de sex-symbo. Verdict : Excellentissimo ! Et Dieu sait que je n'emploie que très rarement ce mot. Donc, miss Amélia, vous pouvez sortir le champagne.
Lien : https://uncomptantpourriende..
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Coline a bien de la chance d'avoir été privée de feu d'artifice ce 14 juillet. Elle est restée dans sa chambre à jouer aux Playmobil (ou plutôt à les mettre en vrac, de colère) et à écouter son papa lui lire son histoire préférée, Hansel & Gretel.
Pendant ce temps, pour sa jumelle Jessica, c'était la petite ville en fête et en délire. La musique, les cris, les rires ♪♫ éclataient et rebondissaient autour d'elle. Mais elle a échappé quelques secondes à la vigilance de la maman occupée à discuter. Il faisait sombre, et emportée par la foule ♪♫ la fillette de six ans a disparu.
Ses parents et sa soeur ont crié de douleur, de fureur et de rage. Ils ont pleuré, et espéré... La suite ? A vous de la lire.

On pourrait penser que Coline est privilégiée, elle qui est toujours avec papa-maman, qui les a même pour elle toute seule, ses parents et tous les jeux qu'elle veut. Désormais fille unique, elle n'a plus à partager, à souffrir des comparaisons avec sa jumelle si parfaite - et à supporter cette gamine tellement autoritaire.
En fait non, le sort de Coline n'est pas enviable, loin de là. Après un décès ou une disparition d'enfant, les autres membres de la fratrie sont forcément délaissés par les parents - parents recroquevillés autour de la douleur, du vide, accaparés par les recherches s'il reste un espoir.
Par ailleurs, avec son 'sentiment de toute-puissance', l'enfant (plus encore que l'adulte) a tendance à se croire responsable de tous les drames qui surviennent dans son entourage. En outre, les 'survivants' se sentent coupables d'exister ; Hans-Ulrich Treichel le montre très bien dans 'Le disparu'.

Sous la plume d'Amélie Antoine, les personnages sonnent juste - la mère effrayante qui peut nous ramener à notre propre intransigeance et notre manque de patience ; le père si bienveillant, si doux, si protecteur... L'auteur décrit également très bien le naufrage d'un couple et d'une famille, la façon dont la souffrance peut mener à la folie et/ou à des comportements autodestructeurs, la douleur d'une petite fille séparée de sa jumelle - petite fille jugée trop jeune pour avoir droit à des explications, qui doit se contenter de saisir au vol des bribes de conversations entre adultes, et souffrir en silence...

Ce roman subtil et intense est d'autant plus poignant qu'il résonne douloureusement avec un drame médiatisé.

• Un grand merci à Sandrine 😘 pour le prêt, et à la MC Babelio qui m'a fait découvrir une auteur que je vais continuer à lire...
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Dès le début on sait qu'une des jumelles de cette famille va disparaître puisque c'est le sujet de ce roman.

Je n'en reviens pas que l'auteur ait réussi à écrire un livre aussi prenant de presque 400 pages uniquement sur la vie de cette famille après la disparition. C'est très fort !

Cette famille ne sera plus jamais la même, aussi bien les parents que la jumelle qui reste.
Un été sans sa soeur, un CP sans sa soeur, un Noël sans sa soeur, etc etc..... mais Coline veut toujours qu'on laisse une place pour sa soeur au cas où.....
et du côté des parents c'est plutôt et si ....  et si ...., des hypothèses sans fin, c'est vraiment insupportable et cela peut briser une famille. 

C'est le genre de live qui m'énerve, "allez je continue encore un peu", "allez encore un peu" et de fil en aiguille je me couche plus tard que ce que j'avais prévu. L'auteur tient le lecteur en haleine et cela a très bien fonctionné avec moi.

J'ai aimé la façon dont l'auteur explique comment Coline se construit malgré tout, comment les parents partent à la dérive. 

Et la fin ! je ne dirai que ça...

Maintenant j'ai très envie de savoir ce qu'aurait pu être la vie de Coline, celle de ses parents avec elle, Jessica. J'ai donc hâte de lire le deuxième volet écrit par Solène Bakowski.
Lien : https://pagesdelecturedesand..
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Cette histoire raconte sans doute une de mes plus terribles peur de maman. La peur qu'un de mes enfants disparaisse.
C'est peut-être pour cela que ce roman m'a tant touchée. Qu'il m'a bouleversée jusqu'au plus profond de moi. Si bien que je ne pensais qu'à ça pendant ma lecture. Et si ça nous était arrivé ?
C'est ce malheur qui arrive à Patricia, lorsque l'une de ses jumelles, Jessica, disparaît pendant un instant d'inattention alors qu'elles se sont rendues au lac pour admirer le feu d'artifice. Quelques secondes où tout bascule. Or, à la maison, il y a Coline, qui, punie, a été privée de sortie, et n'a donc pas accompagné sa soeur jumelle au spectacle. le roman va scruter ce qui se passe dans la tête et dans le coeur de cette petite fille de six ans, et le lecteur assiste, impuissant, à l'évolution de ses sentiments et de sa culpabilité au fur et à mesure qu'elle grandit. J'ai eu le coeur serré de nombreuses fois... Surtout que l'écriture d'Amélie Antoine, précise et sans fioritures, va à l'essentiel, avec les mots qui sonnent juste et qui font mal.
J'ai vraiment été très touchée par ce roman très fort, dont la fin m'a surprise. Et dont les trois derniers paragraphes, je pense, peuvent être lu de deux façons différentes.
J'ai maintenant très envie de découvrir le roman jumeau ("Avec elle"), car, je le rappelle, ce roman s'inscrit dans une démarche originale : deux romans, deux auteures, qui racontent l'histoire des deux mêmes jumelles, sauf qu'un grain de sable rend chacune des deux histoires unique, et fait tout basculer...
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