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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tara sombre depuis qu'elle a perdu son mari, Emmanuel. Au chagrin et à la solitude ressentis, viennent s'ajouter les souvenirs du passé qui ne demandent qu'à ressurgir. Son histoire qu'elle pensait bien enfouie au plus profond d'elle-même, la hante à nouveau. Alors Tara plonge dans ses souvenirs et nous confie cette petite fille qu'elle a été et qui répondait au doux nom de « Vijaya » qui signifie « Victoire ».
Vijaya connaît une enfance heureuse entourée de parents aimants qui lui enseignent avec une grande ouverture d'esprit, les langues, l'histoire, les mathématiques et aussi la danse et la liberté. Elle vit protégée par les murs d'une belle demeure. Cette enfance insouciante qu'elle croyait éternelle vient se briser avec le décès brutal de ses parents. Vijaya devient alors une enfant enragée qui peut passer des jours sans parler et d'un coup hurler sa colère. Elle découvre la réalité de son pays et la violence d'être une fille. Elle passe de l'allégresse à la transparence et à la soumission. Les années de Vijaya se découlent au fil des pages. On reçoit ses confidences et découvre les secrets de cette vie qu'elle a tenté d'oublier. Vijaya disparaît avec le déferlement du tsunami de 2004. Elle saisit la main tendue et devient Tara.
Natacha Appanah conte la destinée bouleversante de cette enfant puis jeune femme courageuse qui se bat jusqu'au bout pour vivre libre.
L'histoire est racontée avec beaucoup de sensibilité et aborde la question du deuil avec délicatesse et justesse.
Un récit poétique et sensuel marqué par la présence de la nature et le langage des corps et de la danse. On virevolte à travers les pages, on sent les odeurs de manguier et les fleurs de frangipanier, on laisse son corps s'exprimer, on libère son esprit et on part vers d'autres contrées. Une histoire qui joue avec l'eau, les moments d'insouciance et de joie comme une mer limpide et à d'autre moments le déchaînement des vagues qui submergent l'héroïne qui continue à se débattre sans jamais lâcher la branche à laquelle elle s'est accrochée.
Un très beau roman tout en douceur et en poésie qui éveille nos sens.
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COUP DE COeUR

" Rien ne m'appartient, ni ici, ni ailleurs, ni jamais. Mon nom, mon histoire, ma mémoire s'effacent."

Tara est une femme en pleine confusion depuis la mort trois mois plus tôt de son mari Emmanuel. Il y quinze ans Emmanuel avait épousé cette femme beaucoup plus jeune que lui, ramenée d'un pays ravagé. Emmanuel était le seul homme qui la maintenait debout, qui la maintenait entière, " intacte et préservée de sa vie d'avant. "

Mais ce n'est seulement le chagrin causé par la mort d'Emmanuel qui tourmente Tara. Elle est hantée par la petite fille qu'elle était dans une autre vie, dans un autre pays quand elle s'appelait Viyaja, le prénom choisi par son père qui signifiait "victoire".

Elle se souvient des couleurs et des parfums de son enfance, elle se souvient de la rizière, de la joie, de l'innocence, d'une vie douce sans entraves auprès de parents aimants, de son amour pour la danse. Elle se souvient de son père souriant qui se transformait en tuteur sévère pendant quelques heures chaque jour, cet opposant politique refusait en effet que sa fille aille à l'école du village où l'enseignement dispensé était de la pure propagande.

Mais son père pensait des choses qu'on ne pouvait pas dire dans ce pays... Une barbarie mettra brutalement fin à l'enfance de Viyaja qui deviendra une survivante, "une bête en cage, un chien méchant", mais elle découvrira bientôt ce que signifie être une fille dans ce pays." Jamais personne ne m'a jamais expliqué ce que c'est qu'être une fille dans ce pays... Personne ne m'a dit : profite de ce ciel, de cette terre, de cette eau pendant qu'il est encore temps... bientôt ce sera fini, bientôt tu sauras ce que c'est une fille de ce pays."

" Pour l'instant, ce "rien ne t'appartient ici" ne concerne que mon sac et ce qu'il contient. Je ne sais pas encore que ces mots englobent la robe que je porte, ma peau, mon corps, mes pensées, ma sueur, mon passé, mon présent, mon avenir, mes rêves et mon nom."

Gros coup de coeur pour ce roman de Nathacha Appanah, une auteure qui ne m'a jamais déçue. Elle confirme son talent pour trouver les mots pour raconter l'indicible sans descriptions sordides, le tout dans une langue délicieusement poétique. Au début du livre le monologue de Tara qui nous montre à quel point sa raison vacille est époustouflant.

Une construction parfaite, aucune baisse d'intensité, des éléments subtilement dévoilés, une histoire qui se déroule dans un pays d'Asie non dévoilé qui réserve un sort épouvantable aux filles, une héroïne marquante au destin terrible et une écriture sublime, poétique et sensuelle. "Ils disent que je suis une fille gâchée, je ne sais pas ce que c'est." Un roman très fort.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Dans ce roman, l'auteure écrit le choc de la perte, du deuil et la réalité de la reviviscence traumatique. Tara vient de perdre son mari, elle est au fond, tout son être vacille.. plus rien ne tient. La réalité n'est plus tout à fait, elle se confond, s'effiloche, les souvenirs traumatiques et les angoisses effactrent. Alors, le passé devient présent et tout son être s'effondre. Qui est-elle ? L'adulte aimée et aimante, celle qui fait partie d'une famille, emplie de cette amour ? Ou bien cette enfant heureuse, qui ne croit qu'au bonheur de l'instant, à la légèreté des bruits, des odeurs et de la vie ? Une autre peut-être ?

J'aime la douceur de Nathacha Appanah. J'aime aussi cette façon qu'elle a de mettre des couleurs là où règne l'obscurité, des formes où le vide domine ; ses phrases pleines et légères pour dire l'être.

J'avais déjà lu "Tropique de la Violence" et j'avais déjà aimé cette musique des mots, cette amplitude de sensations. Paradoxe ou nécessité pour traiter de sujets aussi graves… Je ne sais pas. Ce dont je suis sûre, par contre, c'est la sensation de mes poils hérissés en fermant le livre. Cette pointe au coeur face à la beauté d'une écriture qui décrit avec finesse ce qui, parfois, ne peut être dit.
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J'ai adoré !!!!

Cette romancière me stupéfait !! Troisième récit que je lis : trois univers distincts, trois styles, mais l'écriture reste de grande qualité.

Fou.

Ici, il s'agit de Tara et de Vijara.

Il s'agit d'une femme désespérée, déboussolée, inconsolable après la mort de son mari rencontré il y a longtemps déjà, à l'autre bout du monde, dans de terribles circonstances.

Une femme qui perd pied, où passé et présent à l'arrêt se mêlent.

D'une femme hantée par certains fantômes qui font resurgir son histoire dont personne ne sait rien, n'a rien su.

C'est beau, terrible, délicat, violent et poétique.
C'est surtout plein d'amour.
Petit roman au grand talent, dévoré dans la journée.

Une lecture comme on les aime, qui vous emmène et vous subjugue.

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Dès le début du livre on sent les **fantômes** derrière Tara, qui délire après le décès il y a quelques mois de son mari,

Le roman est construit sur la vie **gâchée** de cette femme qui a subi de multiples drames depuis son enfance, guerre, assassinats de ses parents, maltraitances diverses, Tsunami surement sur l'île de Ceylan

L'écriture est magnifique, sensuelle, hachée, douloureuse comme le destin de cette femme qui avait cru à la vie & à l amour.








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Qui est Tara, la narratrice de la première partie ? Elle vient de perdre son mari et sombre dans une dépression proche de la folie d'où surgissent des éléments de son passé : le garçon, l'eau , des sensations d'humidité...
La deuxième partie est consacrée à Vijaya, véritable prénom de la jeune femme. L'évocation de rizières, de troubles politiques, d'un tsunami en décembre permet de situer une partie du roman en Thaïlande en 2004.
Après une enfance heureuse, la fillette connaît l'horreur : ses parents assassinés, elle est d'abord recueillie dans la famille de leur jardinier où considérée comme "chien méchant" puis "fille gâchée" elle vit recluse. Elle est envoyée ensuite dans un refuge pour des filles comme elles à qui "rien n'appartient", pas même le prénom. Privée souvent de nourriture, condamnée à un travail de nettoyage, elle subit coups et humiliations jusqu'au tsunami qui mettra fin à cet enfer.
Lecture très émouvante qui oblige le lecteur à combler les silences . La violence des faits est contenue par une écriture sobre, elliptique , centrée sur les sensations. le rôle de la mémoire est au coeur du récit / comment la perdre ? comment la retrouver ?
J'ai beaucoup aimé.











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Sculpter le flou
Emmanuel est mort depuis plus de trois mois et il laisse Tara seule.
Elle a le coeur fracturé, son esprit vacille, elle sait que son beau-fils Eli doit venir, la journée est orageuse, elle a chaud, très chaud et elle se dévêtit. Elle a des visions surnaturelles, celle d'un jeune garçon qui lui sourit en silence. Cela marque de façon indélébile son esprit qui glisse vers un néant que la saleté de son appartement laisse présager, son espace se remplit de déchets, son esprit tend vers une épure.
Car Tara n'a pas seulement perdu l'homme qu'elle aimait, elle a perdu son pilier, son rempart, sa forteresse, celui qui l'a ramené à la vie, lui a donné une seconde vie.
Sans lui les fantômes reviennent en une sarabande déstabilisante.
Elle fût une petite fille choyée, avec des parents lettrés qui lui enseignaient un savoir qui devait lui servir de viatique ver une vie libre et meilleure.
Son père ne répétait-il pas qu'il ne croyait « qu'aux faits et à la science ».
Entourée de ses parents amoureux et aimants, elle s'appelait Vijaya, ce qui signifie Victoire, elle avait une nourrice pour veiller sur elle. Alors Vijaya était emplie de la certitude que la vie était une chose douce.
« C'est une vie sans entraves : je vais nus pieds partout, je saute dans l'étang lorsqu'il est débarrassé des racines de lotus et des grenouilles, je grimpe aux arbres, je marche sur le rebord du puits quand personne ne me surveille, je me suspends aux poutres qui traverse la véranda, je cours dans la boue fraîche de la rizière en évitant les pousses de riz… »
Mais certains dirigeants n'aiment pas les hommes libres qui s'expriment haut et fort, alors ils les font disparaître.
Vijaya sera recueilli par le jardinier et sa femme, mais ils n'ont pas les codes, la petite fille s'éteint, elle devient mutique, et quasi transparente.
Mais voilà qu'un jour elle est traitée de « fille gâchée », elle ne sait pas pourquoi et encore moins ce que cela veut dire.
Le lecteur plonge avec elle dans ce monde flou et sensoriel, il comprend avec cette petite fille que la liberté est concomitante avec la contrainte.
Tout le reste de sa vie remonte à la surface, jusqu'à ce que l'eau envahisse tout, comme une grande lessive, qui l'a laissé pour morte.
C'est là qu'Emmanuel est arrivé et que Tara est née.
Le lecteur retrouve les thèmes chers à l'auteur : la mort, le deuil, la mémoire du corps, les traumatismes dont on accouche un jour où l'autre.
La voix de Tara est devenue celle de Vijaya, elle est ressentie comme celle d'une petite fille pleine de vie que l'on a tué à petits feux, comme une ampoule qui faiblit en lançant quelques éclairs de plus en plus faibles.
Le roman est rythmé, d'une grande musicalité, il a un souffle ample qui se déploie pour dire la vie et ses accrocs qui induisent l'errance.
C'est un bonheur de retrouver cette plume intimiste et épurée qui sait dire en douceur, la force des drames humains, elle met de la lumière dans les âmes meurtries.
Je crois que longtemps après cette lecture, dans notre mémoire Tara / Vijaya :
« Elle ne se contente plus d'habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n'aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C'est elle qui envoie le garçon, c'est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c'est elle qui me fait danser nue. »
Un roman d'une belle maîtrise où les ombres de l'histoire sont en contraste avec une écriture superbement sculptée.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/01/09/rien-ne-tappartient-nathacha-appanah/

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Tara est désespérée , son mari vient de décéder et elle devient folle, les souvenirs affluent et elle ne peut plus vivre avec, elle veut mourir.
Ce magnifique roman nous relate la vie de Tara, son enfance insouciante, la mort de ses parents, son exil caché , l'orphelinat, la descente aux enfers.
Avec beaucoup de douceur elle nous fait prendre conscience que le poids des souvenirs, enfouis, peuvent nous miner et ne jamais être apaiser même après des années.
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C'est le plus pur des hasards qui m'a fait acheter ce livre pour un voyage en train. le titre que je trouvais poétique m'a séduit. Je l'ai commencé une première fois mais le style très travaillé et les propos ne me semblaient pour le moins confus. Je l'ai laissé de côté, puis repris. Là la magie a opéré et j'ai été conquise par ce style. Je n'ai cependant pas accroché tout de suite car les premiers chapîtres me semblaient artificiels et excessifs. Dès lors que l'auteure retrace la vie de l'héroine tout change, et je n'ai pu me défaire de ce livre, touchant et très fort émotionnellement. On retrouve le drame des enfants pris dans la guerre, mais aussi beaucoup d'autres choses. Les thèmes abordés sont graves et la lecture peu distrayante, cependant l'espoir existe et transparait. Un livre marquant.
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Tara est en pleine dépression depuis la mort de son mari Emmanuel.

Au fil des chapitres, nous découvrons son histoire. L'histoire d'une petite fille insouciante qui aime danser, et qui devient une jeune fille avec des responsabilités. Jusqu'à ce lendemain de Noël qui détruit tout.

J'ai suivi avec passion Tara, depuis son appartement français où elle voit le garçon que personne d'autre ne voit jusqu'à son pays de naissance.

J'ai aimé cette petite fille qui aime danser, insouciante ou presque. Son inquiétude face à sa mère un peu sorcière et son père qui ouvre trop sa bouche.

J'ai eu de la peine quand elle a été recueilli et a dû changer de prénom, Vijaya (la victoire, devenant Avril).

J'ai aimé son amitié avec Tara au refuge.

J'ai aimé la voir se rendre tous les matins dans le vieux temple, comme une façon de se ressourcer.

Et toujours cette eau autour, sentie, perçue, omniprésente.

Un roman qui m'a embarqué, telle une vague. Un roman qui raconte comment une phrase (Rien ne t'appartient) peut détruire une vie des années plus tard.

L'image que je retiendrai :

Celle des guirlandes de feuilles de manguier tressés que Tara-Vijaya appose sur la porte d'entrée chaque nouvel an.
Lien : https://alexmotamots.fr/rien..
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