En feuilletant le livre d'Aquin, agrémenté d'une préface fort intéressante d'Olivier Asselin, on découvre un travail rigoureux, épuré, impeccable et surtout doté d'une grande force d'évocation. Un joli travail d'édition pour un reportage de haut calibre, à ranger parmi les plus évocateurs des dernières années à avoir été réalisé en Chine.
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De Pékin à Urumgi, en Chine, le train K43-T69 parcourt les steppes du Nord avant de suivre la légendaire route de la Soie. Le K43-T69 pourrait s’appeler "le train de la désertification". D’est en ouest, il franchit 3343 kilomètres de prairies sablonneuses, de rivières asséchées, de déserts anciens — et nouveaux —, d’oasis en péril. Au rythme des roues métalliques claquant sur les rails, le passager voit défiler deux jours durant un paysage de rêve — l’infini des steppes et des déserts —, qui dévoile cependant un des graves bouleversements écologiques de notre temps : la formation du Dust Bowl chinois, une des plus grandes conversions de terres productives en déserts dans le monde.
Les images d’Aquin sont aussi d’une extraordinaire beauté. Mais elles résistent aux formes convenues de l’esthétique. La composition est discrète, mais d’une grande subtilité. […] Ces images refusent ainsi de stabiliser et d’éterniser leur motif, elles manifestent au contraire l’instabilité de la réalité, sa fugacité. Elles ne cultivent pas pour autant l’instant "décisif", cet autre poncif de la photographie. Ici, chaque instant est unique, mais il reste généralement banal, comme la vie quotidienne qui perdure, même devant les menaces sourdes.