LAMES ET VITRAUX
Remember the ancient light
La voix s'enfonce dans le pays lointain
des démarcations d'oiseaux
atteignent les rivages de la neige
leurs pas laissent des traces
sur le givre encore indécis
C'est comme une langue étrangère
cet étonnement blanc
réappris
après tant de luttes sauvages
de lentes émergences
de continents tombés dans la mer
il y a cet isthme
cette embouchure
cette convergence des silences
cet embrasement des cerisiers
dans l'air vivant du matin.
LAMES ET VITRAUX
Émergence
Fileuses dans l'arène,
elles essaimaient le grain doux
le sable chaud de leur tunique,
précédées d'obscurs mercenaires
qui s'acharnaient encore
sur de pâles taureaux.
Des cohortes de neige
circulent maintenant
par les pores aérés de l'innocence
Demain
un Christ aux yeux de myosotis
donne sur l'Ouvert.
Babyloniens oiseaux du cri !
Montée des horloges pouls des désirs
verticalité des soleils
à l'horizon des franges !
LAMES ET VITRAUX
Fleurs de givre
Un insecte fait vibrer ses élytres
dans les petits matins du givre
parmi la grâce attendue des roses
Il y flotte un parfum subtil
et le Sourire se tient derrière
comme toujours
invisible
à qui n'est pas attentif.
Derrière le jeu factice des apparences
Il dessine la rosace centrale,
dont il est le c(h)œur :
des fleurs de givre
dans l'épure musicale
du silence.
LAMES ET VITRAUX
Ubiquité
À l'aube des mains le Signe
un grand respect muet
parmi le froissement des feuilles
Le vent salé a balayé les miasmes
Des orgies de rossignols signalent
toute absence
nous en profitons
pour semer l'errance
sous les paupières
et dans les grands trains complices
parmi les rires froissés
et les frangipanes bleues de l'Instant.
LAMES ET VITRAUX
Traversée du désert
Un carré magique
renverse les miroirs saisonniers du rire.
On jette l'escarbille - une braise éteinte -
parmi la poudre bleue des mouches
et des élytres.
À quand les soleils revenants
et dansants ?
À quand
la ligne courbe des pins
les souffles liquides de la Mer ?