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EAN : 9781506716848
96 pages
Dark Horse (27/04/2021)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
A premium collection demonstrating the effectiveness of the comics medium for telling the most personal of stories--the autobiography.

Showcasing some of the first published autobiographical stories from living-legend artists, mainstream greats, and young "indie" up-and-comers!

Featuring stories by Will Eisner, William Stout, Gabriel Bá and Fábio Moon, Stan Sakai, Sergio Aragonés, and many more of comics' top talent!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est une anthologie regroupant 14 récits courts autobiographiques en noir & blanc, initialement parues en 2003. le projet a été supervisé par Diana Schutz qui a rédigé une postface d'une page.

Le jour où j'ai rencontré Richard Nixon, par Sergio Aragonés, 8 pages. de passage dans les bureaux de Warner Publishing, Sergio remarque la queue des employés attendant que Nixon signe son livre. le jour où je suis devenu un professionnel, par Will Eisner, 4 pages. le jeune Will vient présenter son portfolio a un responsable éditorial. Des règles de vie, par Jason Lutes, 6 pages. Jason déménage dans une ville inconnue et réfléchit à l'influence qu'un lieu peut avoir sur la personnalité d'un individu. L'immeuble qui n'a pas explosé, par Paul Chadwick, 7 pages. Paul se souvient du groupe d'appartements où il habitait quand il était étudiant, des autres locataires, et de la gérante. Les yeux, par William Stout, 3 pages. Employé à Disneyland, Will réalise des portraits de visiteurs, dont celui d'un enfant à qui il manque un oeil. Ma vie en chauve-souris, par Bill Morrisson, 6 pages. Enfant, Bill était fan de Batman et de la série télévisée et il avait réussi à se faire offrir un beau déguisement de son héros. Mardi soir au club de jazz, écrit par Diana Schutz, dessiné par Arnold Pander, 3 pages. Attablée, Diana regarde Leroy, un contrebassiste, jouer sur scène.

Comic Book Chef, par Matt Wagner, 6 pages. Matt raconte comment préparer du poulet au parmesan. J'ai perdu mon sens de l'humour, par Eddie Campbell, 4 pages. Eddie explique comment il s'est aperçu qu'il avait perdu son sens de l'humour. Qu'est-ce que c'est ?, par Fábio Moon & Gabriel Bá, 8 pages. le 26 avril 1999, Fábio & Gabriel prennent le métro parisien pour rentrer à leur hôtel, mais ils sont pris à parti par un groupe de jeunes et les autres passagers de la rame ne réagissent pas. France, par Stan Sakai, 6 pages. Stan et son épouse séjourne à Angoulême où il a été invité, puis à Paris où ils vont déguster un repas gastronomique dans un grand restaurant. Une histoire de voyageur, par Metaphrog, 6 pages. Richard voyage en bus en France et le conducteur a une drôle d'attitude, avec un humour noir inquiétant. L'arbre, écrit par Richard Drutt, dessiné par Farel Dalrymple, 6 pages. Richard raconte à petite fille une histoire de quand il était jardinier dans un vieux cimetière à côté d'une église, et qu'il avait sympathisé avec une vieille femme qi lui avait demandé un jour de l'aider à planter un arbre. de ça on en est sûr, de Paul Hornschemeier, 8 pages. Paul se lève, accomplit cahin-caha les gestes routiniers du matin, et commence à paniquer. Il s'assoit sur son siège, prend son pinceau et se met à dessiner. Par où commencer ?

Dans la postface, Diana Schutz explique que Will Eisner fixe l'entrée dans l'âge adulte pour les comics avec les premiers récits autobiographiques réalisés dans les années 1960. Elle est d'accord avec ce marqueur temporel car les histoires biographiques permettent d'établir un contact plus étroit entre les auteurs et les lecteurs. Ce contact est rendu encore plus palpable par le noir & blanc qui permet de contempler sans filtre les traits tracés par l'artiste. Pour cette anthologie, elle a demandé à des raconteurs de réaliser un court récit autobiographique, la plupart n'en ayant pas produit dans leur carrière. Au fil de ces récits, le lecteur constate qu'ils ont tous joué le jeu : d'une anecdote qui sort de l'ordinaire (discuter avec Richard Nixon) à des moments essentiellement banals (prendre le métro, réaliser un dessin à Disneyland, se déguiser en Batman, se mettre à sa table de travail). Dans le même temps, aucun récit ne ressemble à un autre, et chaque artiste fait entendre sa voix d'auteur, ou au minimum sa voix personnelle. Chaque histoire se lit rapidement, même celle d'Eddie Campbell à la forme peu séduisante (de petites cases avec des dessins s'apparentant à des esquisses, et un texte copieux avec une graphie irrégulière). La preuve d'un excellent travail de l'éditrice.

Toutes les histoires sont réalisées par un unique créateur, à la fois scénariste et dessinateur, à l'exception de deux, celle de Schutz et celle de Drutt, ce qui assure une cohérence entre la personne qui a vécu l'anecdote, et la manière de la raconter visuellement. S'il est familier d'une partie de ces créateurs, le lecteur retrouve toute la faconde généreuse de Sergio Aragonés créateur de Groo le barbare (avec Mark Evanier) et contributeur du magazine MAD, le naturalisme élégant de Wil Eisner, la minutie précise de Paul Chadwick (Concrete), la force des dessins à l'encrage épais de Matt Wagner (Grendel, Mage), le caractère un peu névrotique des dessins d'Eddie Campbell (From Hell), les dessins gentils et souriants de Stan Sakai (créateur d'Usagi Yojimbo). Au-delà de la banalité de la plupart des anecdotes, chaque artiste la raconte avec une personnalité graphique unique apportant une saveur particulière. La minutie et la propreté de Jason Lutes, le réalisme et l'expressivité de William Stout, les dessins pour enfants de Bill Morrison, l'âpreté des dessins de Jacob Pander, les textures des dessins de Moon et Bá, l'encrage tirant vers l'expressionnisme de Metaphrog, la nostalgie des dessins de Farel Dalrymple, l'étrangeté expressionniste des dessins de Paul Hornschemeier qui a laissé quelques traits de construction. Chaque artiste fait passer une sensibilité propre, différente, personnelle.

Du coup, en fonction du récit, le lecteur ressent une tonalité différente, induisant un état d'esprit particulier : le sourire aux lèvres face à l'entrain de Sergio, l'émotion générée par la comédie humaine d'Eisner, le calme posé et réfléchi de Lutes, la tension dans le visage de Stout, la surcharge cognitive dans la boîte de jazz, la totale assurance de Wagner, etc. En outre, ces artistes l'emmènent dans des lieux très variés : un bureau d'éditeur dans les années 1970, un bureau d'éditeur dans les années 1940, une petite ville aux États-Unis, une banlieue pavillonnaire, une vision de Notre Dame encore intacte en 1999, une table de dédicace lors du festival international de la bande dessinée à Angoulême, une forêt hantée par les spectres des soldats britanniques de la première guerre mondiale, un cimetière, un studio d'artiste avec sa table à dessiner. de même, le lecteur côtoie des personnages d'origines diverses : surtout des artistes par la force des choses, mais aussi un président des États-Unis, des dames dans le métro newyorkais, des parents très protecteurs de leur enfant, l'épouse de Matt Wagner, un conducteur de bus très inquiétant, une vieille grenouille de bénitier. En outre, les thèmes développés par les uns et par les autres conduisent à des cases totalement inattendues : une dédicace sous forme d'Alfred la mascotte du magazine MAD, un polygraphe, un adulte déguisé en Batman pour Halloween, un marteau à viande, l'excentrique John Mytton (1796-1834) à cheval, un décès dans un restaurant huppé, une représentation de l'oreille interne.

Outre l'admiration qu'il peut avoir pour la majeure partie de ces créateurs, le lecteur découvre qu'il peut y avoir une chute dans certaines histoires, ou un développement philosophique inattendu. Il se rappelle rapidement que le propre d'un narrateur est de devoir choisir ce qu'il va raconter et comment il va le faire, intégrant par la force des choses son point de vue, mais aussi un ordonnancement, ce qui induit une forme d'explication ou de sens à l'anecdote, même si la forme narrative n'est pas explicative. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver amusant, ironique ou dramatique certaines situations. Difficile ne pas sourire devant le trublion qui obtient une dédicace de Nixon alors que ceux qui faisaient la queue en ont été privés parce qu'il a passé trop de temps avec Sergio. Il s'interroge sur le concept de synchronicité et de perception primaire (ou biocommunication), pas très sûr du degré de conviction de l'auteur qui les met en scène. Il sourit devant un souvenir d'enfance, tout en pensant à quel point cette période façonne l'individu pour le reste de sa vie. Il constate toute la distance qui sépare le spectateur du musicien expérimenté, faisant l'expérience d'une altérité paradoxale car le musicien et le spectateur vibrent à l'unisson par la musique. Il sourit en suivant la recette racontée sur le ton d'une formidable épopée tout en se disant que la bande dessinée peut tout raconter. Il ressent pleinement l'inquiétude du voyageur ne sachant pas comment se conduire dans une situation qu'il ressent comme étant menaçante, faute de connaître les codes de la société dans laquelle il se retrouve, de pouvoir se dire si c'est normal ou pas. Il prend un recul épatant en envisageant le temps qui s'écoule pour qu'un arbre atteigne une taille adulte. Il fait l'expérience de la perte d'équilibre de manière sensorielle, alors qu'il ne s'agit que de traits et de zones noircies sur une page de papier.

La postface de l'éditrice exprime très bien la richesse de l'expérience que constitue la lecture de cette anthologie. Il s'agit à la fois d'histoire sur des moments banals de la vie, à la fois d'une expérience unique permettant de prendre le point de vue de l'auteur sur cet événement, de le percevoir avec sa personnalité, de l'envisager avec la conscience d'un autre être humain. Ce changement de point de vue s'opère grâce à de simples traits et zones noirs sur du papier, un acte de création et de communication presque magique en opérant ainsi un tel changement dans la personnalité du lecteur, en permettant un tel degré de communication d'un être humain à un autre sans qu'il ne soit besoin qu'ils se rencontrent.
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