La généalogie est devenue en vingt ans un des loisirs favoris des Français. Dans toutes les classes sociales, l'engouement a donné naissance à une nouvelle génération d'historiens formés sur le terrain au fil de leurs besoins. Travaillant sur la vie de leurs ancêtres, ces nouveaux chercheurs écrivent le roman vrai des populations. Dresser son arbre généalogique, c'est explorer la géographie, l'histoire, se pencher sur la langue d'autrefois ou les droits anciens,
sur la démographie, le quotidien des populations d'hier; c'est se pencher aussi sur la génétique, c'est enfin découvrir que l'individu n'existe pas sans une myriade d'autres, qui, se rassemblant, mêlant leur sang, composant de nouvelles alliances, brassent le patrimoine humain et donnent un vrai sens à la notion de peuple de la Terre.
La généalogie prend une dimension particulière quand nous pouvons toucher les pages sur lesquelles nos ancêtres eux-mêmes ont posé la main. Plus qu'une simple lecture de l'acte, le papier devient le vecteur d'une transmission charnelle d'un siècle à l'autre. Ce n'est plus le texte du baptême ou du mariage qui nous intéresse, c'est le message lisible dans le trait hésitant d'une boucle de signature, le pâté d'encre maladroit ou, au contraire, l'élégance des lettres formées avec dextérité. Les yeux du chercheur voient la vie à travers le tracé de la plume. C'est un voyage dans le temps qui prend corps et dépasse la reconstitution intellectuelle de la famille.
Réfléchir sur la vie de ses ancêtres, c'est mieux comprendre la société d'hier et envisager avec sagesse le monde de demain.