Alors que s'affirme le goût pour des formes d'art plus spontanées telles que le dessin et l'esquisse, le pastel connut un engouement sans précédent au cours du XVIIIe siècle auquel Jean-Baptiste Perronneau (vers 1715-1783) donna ses lettres de noblesse. Celui-ci se forma à Paris au sein de l'Académie et fut agréé en 1746 puis reçu en 1753. Il devint l'un des peintres favoris du public au Salon du Louvre de 1746 à 1765, grâce à la légèreté de son rendu révélant une certaine sprezzatura. Rival historique de Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), Perronneau affronta régulièrement ce dernier lors des Salons, particulièrement en 1750. La renommée écrasante de son aîné, son réseau d'amitiés importantes et solides et sa personnalité laissèrent toutefois peu de place à Perronneau, resté à l'écart des commandes prestigieuses. Ce dernier se décida alors à quitter Paris dès 1755 pour parcourir la France d'abord, puis l'Europe à la recherche de commandes. Les grandes villes françaises puis l'Italie et Londres en passant par l'Allemagne rythmèrent ses pérégrinations qui s'achevèrent à Amsterdam où il décéda en 1783.
Dominique d'Arnoult comble une lacune en retraçant toutes les étapes de la carrière de l'artiste et en proposant son catalogue raisonné. Majeur et passionnant, cet ouvrage rend hommage avec talent à un artiste demeuré trop longtemps dans l'ombre.
Par
Milène Cuvillier, critique parue dans L'Objet d'Art 512, mai 2015