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EAN : 9782359062021
190 pages
Coédition Lienart (22/06/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
Artiste phare de l'Europe des Lumières, Jean-Baptiste Perronneau (vers 1715-1783) en a saisi Ies principaux traits au gré de ses voyages, en France et aux Pays-Bas, à Londres, dans les principautés allemandes et au-delà, en quête de modèles qui, aujourd'hui, incarnent bien mieux l'esprit du temps que ceux de ses confrères exécutés dans les cours européennes. Animé d'un insatiable désir de traduire avec véracité l'éclat d'un regard, les multiples nuances d'un visage,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
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« On voit un portrait en pastel, par un jeune homme nommé M. Perronneau qui est plein d'esprit et de vie, et qui est d'une touche si vigoureuse et si hardie qu'on le prendrait pour être d'un Maître consommé dans son Art. Que ne doit-on pas espérer de quelqu'un qui marque tant de talents dans ses premiers ouvrages ? ».

Jean-Baptiste Perronneau, est encore méconnu en 1747, lorsqu'il expose au côté de Maurice Quentin de la Tour qu'il admire.
Afin de remercier son maître Gabriel Huquier qui vient de l'embaucher dans son atelier à Paris, il fixe ses traits au pastel. Ce « Portrait de Gabriel Huquier » traité dans une gamme chromatique presque monochrome est absolument éblouissant dans son exécution. Lorsque l'on regarde le pastel de près on peut remarquer la juxtaposition des tons posés par touches audacieuses qui donnent une belle harmonie à l'ensemble.
Les frères Goncourt dans « L'art du dix-huitième siècle » en 1873 considèreront que Perronneau était un coloriste supérieur à La Tour. Ces gris souris… dans les fonds ils font valoir les couleurs. Il faut reconnaître que, lorsque l'on voit ce superbe portrait de Gabriel Huquier, il est facile d'acquiescer avec les Goncourt car la main de Jean-Baptiste Perronneau est celle d'un virtuose.

Le 18ème siècle est le grand siècle du pastel. Les pastellistes étaient nombreux, surtout depuis la visite à Paris de la vénitienne Rosalba Carriera en 1720. Cette italienne avait révolutionné le petit monde de la peinture parisienne.

Les deux plus grands pastellistes de l'époque sont incontestablement Jean-Baptiste Perronneau et Maurice Quentin de la Tour. Ils resteront rivaux durant de nombreuses années.
Au Salon de 1750, selon Diderot, le pastelliste Maurice Quentin de la Tour aurait commandé son portrait à son jeune rival Perronneau, afin de le comparer avec un autoportrait exposé peint par lui-même, espérant ainsi battre son rival et prouver sa supériorité au public. Diderot critique sévèrement la vanité de la Tour et s'exclame : « Eh ! ami La Tour, n'était-ce pas assez que Perronneau te dît, tu es le plus fort ? ne pouvais-tu être content à moins que le public ne le dît aussi ? » Et pourtant la duperie ne fit résonner qu'avec plus de vigueur les qualités du pastel de Perronneau saisissant superbement l'âme du modèle.

Durant toute sa carrière, Perronneau représente la société du monde des lumières et portraiture les personnalités de l'aristocratie, du monde des arts ou de la bourgeoisie. L'harmonie des couleurs et la vivacité de la touche vont rapidement le distinguer, essentiellement dans la ressemblance et la vie qu'il donne aux personnages.

De son côté, Maurice Quentin de la Tour, de par sa réputation ayant un quasi-monopole sur la représentation de la cour et de la haute-noblesse, ne permet guère à Perronneau de s'exprimer dans ce milieu. Celui-ci va donc, comme beaucoup des grands pastellistes de cette époque : Rosalba Carriera, Elisabeth Vigée-Lebrun, et d'autres, voyager dans toute l'Europe au gré des opportunités. Il finira d'ailleurs sa vie à Amsterdam.

Essentiellement pastelliste, Perronneau peint également à l'huile. Son public a ses exigences : il désire être représenté tel que, sans flatterie, sans ces arrangement avec la vérité dans lesquels sombrent beaucoup de portraitistes de l'époque. Dans cette technique une de ses productions les plus admirables est le « Portrait de Madame de Sorquainville », exposée au Louvre, une oeuvre majeure qui témoigne de sa virtuosité. Je vous la décris :
Etonnant portrait ! Cette dame ressemble à Voltaire… le peintre a parfaitement rendu l'apparence malicieuse, insouciante de cette quadragénaire. Elle n'est pas belle et paraît faite pour le bavardage avec des mains effilées aussi spirituelles que ses yeux noirs et pétillants. Vêtue élégamment dans des bleus juxtaposés aux ocres, gris ardoise du fond, son sourire indéfinissable et ses lèvres nous dévisage ironiquement. On peut parler de chef-d'oeuvre devant la virtuosité d'ensemble du tableau.

Je vais me permettre de faire une recommandation au membre babeliote qui apprécie la peinture et le pastel de savourer le superbe portrait de la fille de Gabriel Huquier peinte deux années après son père « Marie-Anne Huquier tenant un petit chat » :
Il s'agit de l'oeuvre la plus populaire de l'artiste. La délicieuse demoiselle est peinte en train de caresser son chat avec sensibilité et grâce. Je reconnais que la jeune fille est très jolie, mais l'attitude, la fraîcheur du coloris lui confère une beauté qui touche dès le premier regard.
Comment ne pas remarquer la légèreté et la finesse de la touche dans les détails : rehauts de lumière dans l'ombre du cou, sur les lèvres, le nez, les cheveux, intensité des couleurs, agilité des doigts caressant le chat. La liberté de traitement dans les reflets et zigzags verts sur le cou et la joue, la beauté de la chair, le sang circulant sur la joue, sont remarquables de préciosité et de raffinement.
La jeune fille dut apprécier son portrait lorsqu'elle le vit pour la première fois en 1749.
Du grand art.

Les tableaux, magnifiques, peuvent être vus sur mon blog.

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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Traité dans une gamme chromatique presque monochrome, le superbe portrait de « Gabriel Huquier » peint au pastel par Jean-Baptiste Perronneau en 1747, est éblouissant dans son exécution.
On peut noter la liberté et l’adresse avec lesquelles l’artiste joue du reflet du fond beige foncé éclairé de vert sur la partie ombrée du visage, des tons gris, de beige ou de brun et des traits de lumière jaune posée sous le menton, des reflets verts sur les pupilles bleues.

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