Il y a globalement plus de photographies des survivants au moment de leur témoignages et quand ils étaient au camp et quelquefois au moment de leur arrestation et de photos de documents administratifs, que de texte.
N'est pas
Claude Lanzmann qui veut. Sans doute les deux chercheuses n'étaient-elles pas aussi impliquées que Lanzmann ni sa rigueur. C'est bien dommage car en lisant ce livre je m'attendais à travers ces témoignages de survivants, à peut-être comprendre le mécanisme de la machine à broyer de pauvres gens, la démonstration de l'arbitraire de l'appareil communiste pour détruire physiquement et mentalement des frères humains, des familles entières quelquefois amenées dans ces structures encore enfants ou très jeunes adolescents. Mais non, c'est un florilège d'histoires anecdotiques misent bout à bout. Les paroles des détenus et du personnel qui gravitaient dans le camp sont mélangés et comme leurs témoignages sont tous superficiels, cela ne nous apprend pas grand-chose.
A part certains des prisonniers et de gardiens, médecins, infirmières et autres regrettent le bon temps. Les rencontres qu'ils y ont faites quelquefois amoureuses. Quelques-uns, c'est vrai regrettent sans exprimer de colère, le pan de leur vie qu'ils ont perdu. Tous parlent du froid, de la faim, du travail abrutissant, des conditions de vie. Mais peu se plaignent de coups, d'arbitraire, d'injustice, de famine, pourtant des millions de personnes ont disparus dans ces goulags… Les gardiens étaient stricts mais plutôt bienveillants… les jeunes filles arrivaient à s'en sortir plus facilement que les hommes grâce à leurs charmes selon leurs propos. Enfin je suis stupéfaite que les auteures se soient mises à deux durant trois ans pour aboutir à cela.
Ou, il est toujours aussi difficile d'aborder ce sujet dans la Russie actuelle. D'ailleurs les détenus mentionnent tous qu'à leur libération, ils avaient l'obligation de ne rien révéler sur ce qu'ils avaient vécu. Et cela jusqu'en1955. le plus étonnant c'est que les survivants semblent continuer à tenir leur langue. Ou alors, les russes ont des capacités de résilience bien au-dessus de la moyenne des autres peuples.
J'ai traversé en Transsibérien l'URSS entre Vladivostok et Moscou en 1983. Un voyage magnifique et inoubliable bien sûr, et une grande admiration pour ce peuple fort, fier, ouvert, hyper actif pour améliorer l'ordinaire,
Dans de nombreuses gares, nous, les touristes étrangers qui occupions un seul wagon gardé en permanence par deux armoires à glace très souriantes qui avaient les dents recouvertes d'argent comme dans je ne sais plus quel James Bond : nous avions l'interdiction totale de prendre des photos, ni même des panneaux des gares. Particulièrement à Vladivostok et jusqu'à Khabarovsk, car à certains endroits, des miradors longeaient les voies. Nous étions en 1983, les goulags étaient toujours là et je crains qu'ils n'y soient encore…