Ce livre est celui d'une disparition, celle du « Pop ». « Un jour, au début de semaine, il va au travail dans sa Citroën C5 gris métallisé. Seulement là, va savoir pourquoi, il ne rentre pas. » Mais c'est surtout celui d'amitiés ambiguës et d' « amours jeunots qui frôlent la catastrophe », ceux d'une jeune bachelière Alex, de sa copine Bess, de Félix, le frère de Bess, et de Yacob, l'oncle d'Alex.
Entre haine et amour, tortures et caresses, perversité et tendresse, tous les quatre s'enfoncent dans un jeu de plus en plus dangereux, celui du « je t'aime moi non plus ». Et au-dessus de tout ça, le Pop. le grutier « pachydermique », l'observateur inlassable, « le garde de nos corps, le service de nos ordres, notre barrière de sécurité ». Sa silhouette massive plane au-dessus des adolescences d'Alex, Bess et Félix, de plus en plus menaçante, de plus en plus oppressante. Jusqu'au point de non-retour.
Je ne tenterai pas de le résumer davantage. Ce n'est pas un livre que l'on résume, c'est un livre dans lequel on se plonge corps et âme. Mais ce qui ensorcelle dans cet ouvrage, c'est l'écriture d'
Isabel Ascencio. La construction en flash-back nous fait découvrir peu à peu les attirances, les liens qui unissent tous ces personnages déglingués et éclaire les zones d'ombre. Riche, dynamique, imagée, la langue nous tient en haleine et nous entraîne de plus en plus loin avec ses héros, approchant leurs folies les plus insupportables sans tomber dans le glauque.
Jubilatoire. A lire et à relire.