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Sur les traces de Lovecraft tome 2 sur 2
EAN : 9782915653847
408 pages
Nestiveqnen Editions (01/01/2018)
3.9/5   10 notes
Résumé :
[PEUT ÊTRE LU INDÉPENDAMMENT DES TOMES PRÉCÉDENTS]

Deuxième volume de l’anthologie « Sur les traces de Lovecraft », une anthologie hommage au Maître de Providence.

Depuis les rivages d’Innsmouth jusqu’aux sombres ruelles de Providence, en passant par les abysses du Pacifique ou les profondeurs de R’lyeh, voyagez sur les traces de H. P. Lovecraft…

Cette anthologie réunit dix-huit nouvelles inédites d’auteurs qui ont su ren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sur les traces de Lovecraft, T2, Nestiveqnen 2018

Le filon du pastiche est inépuisable

Arkham

Hugo Jalurid, dans Magda, nous entraîne dans une communauté repliée sur elle-même dans la région d'Arkham, au bord de la Miskatonic. Magda vit recluse, enfermée dans sa chambre car rejetée par ses parents car elle n'a pas subi « la transformation » à la fin de sa période de croissance. L'absence de strie sur son cou la font classer dans la catégorie des monstres. Elle n'a comme seul contact que sa mère qui lui fait passer sa nourriture par un passe-plat. Un jour, elle réussit à s'enfuir par la fenêtre, mais sera vite repérée par une voisine. de retour dans sa chambre, elle entendra ses parents en conciliabule avant de se rendre à une réunion du Temple. de retour, sa mère tentera de la poignarder en exécution de la peine de mort prononcée à son encontre par les autorités. Elle parviendra à nouveau à s'échapper et sera récupérée par une brave fermière des environs.

Art fantastique

Jolie fiction que Mouvement d'Ambroise Garel. Un jeune peintre se lie d'amitié avec son voisin, un vieil homme qui possède un duplex luxueux dont les murs sont ornés d'une foultitude de tableaux animaliers, plus vrais que nature. le propriétaire explique que ce sont les oeuvres de son fils, hélas disparu. Il lui offre une des pièces représentant une mésange. L'artiste étudie attentivement la composition et constate qu'elle est le fruit d'un dessein au trait continu. Il s'exerce à cette technique, mais sans vraiment réussir à égaler l'original. Un soir, il pénètre dans l'appartement et monte les escaliers ornés de représentations monstrueuses dont l'humanité n'est plus qu'une étincelle. Il pénètre dans une chambre restée éclairée et découvre une créature abjecte en train de dessiner l'Ultime. Hurlant de terreur, il se jettera par la fenêtre.

Cthulhu

Alain Delbe nous donne, avec La Vérité sur Alexis Chandhor une petite perle dont il a le secret. le narrateur retrouve dans les papiers de son grand père, Floréal Delbe, un dossier sur Alexis Chandhor, talentueux écrivain d'horreur qui a péri en 1921 dans l'incendie de son appartement. Or le dit grand père a vécu longtemps sans le savoir sur le même palier que l'écrivain, Chandhor étant le pseudo du locataire appelé Octave Barillet. Les deux hommes sympathiseront mais l'écrivain ne recevra jamais chez lui son voisin, prétextant qu'il ne fallait pas perturber son « ambiance » d'écriture. Floréal remarquera quelques bizarreries dans son comportement : il écume les poissonneries du quartier pour s'approvisionner quotidiennement, il retrouve dans sa poubelle des messages faisant état de protections occultes…. Profitant de la courte absence de son voisin parti chercher le courrier en laissant sa porte entrouverte, Floréal fera une visite éclair chez Barillet et apercevra dans une chambre une abominable créature marine en train d'écrire avec un tentacule.
On retrouvera, après l'incendie, Cthulhu engoncé dans une large redingote, dans le train pour Dunkerque où il rejoindra la mer. Alain Delbe fait remarquer que la nouvelle de Lovecraft, L'Appel de Cthulhu est postérieure à ces événements (1926) et se demande si l'écrivain de Providence n'a pas lui aussi contraint le Seigneur de R'Lyeh à l'écriture forcée !

Ce qui marche au fond du Pacifique de Béryl Asterell est une nouvelle de facture classique, plutôt bien troussée. Elle nous relate l'expédition d'un navire océanographique dans la région de Fukushima, à la recherche de l'épave d'un navire disparu lors de la catastrophe de 2011. Ce dernier avait été affrété par un riche mécène, Claude Balfour, passionné d'archéologie sous-marine et de monstres marins. On remontera de l'épave un coffret contenant divers papiers dans lesquels il est fait allusion aux Soggoths, à Nodens, à la mission Dyer-Pabodie en Antarctique, au Culte des Goules et au Necronomicon. On devine la suite : une terrible tempête et une créature monstrueuse lançant ses tentacules pour couler le bateau.

Innsmouth

Tout est dans le titre L'Appel des Eaux de la nouvelle de Cancereugène. Après un accident de voiture, un jeune homme se retrouve paralysé des jambes et vit « surcouvé » par une famille inquiète. Sa chambre se transforme la nuit, entre l'heure de son accident et celle de sa reprise de conscience : tout devient vert, humide et malodorant. Il s'enfuira de sa maison de rééducation où il vient d'être placé, constatant que des branchies se développent dans son cou, et ira se jeter dans la rivière pour retrouver l'océan et LES rejoindre.

Frédérique Sevel nous conte, dans La Famille, l'histoire de Walter Sanders, de Kingsport, qui sauve de la noyade l'un de ses condisciples de l'Université de Miskatonic, Arthur Paul Grant. Ce dernier s'est fait agresser par des malfrats qui voulaient s'emparer de son sac. Il montrera à son sauveur le trésor qu'il contient, un exemplaire très rare du de Vermis Misteriis. Il est passionné par la survivance de cultes anciens maritimes et mène ses recherches sous l'autorité du Dr. Armitage. Ils arpentent la région, à la recherche d'indices et visitent la cité désertée d'Innsmouth. Puis, lors d'une exploration hasardeuse, ils tombent dans un trou et se retrouvent dans une grotte semi immergée. D'étranges personnages hommes-batraciens se manifestent et semblent bien connaître Walter. Celui-ci finira par admettre qu'il est de la race des Profonds mais que sa mutation est à peine entamée. Arthur, atteint d'un asthme aigu, succombera lors du retour à la surface. Lors d'une visite chez Arthur pour nettoyer son appartement, il découvrira que son ami collaborait avec la police locale pour éradiquer les derniers Profonds. En sa mémoire, il acceptera de prendre sa suite avec l'aide d'Armitage ;

Livres Maudits

Raf(a)les de Wilfried Renaut nous conte l'histoire d'Avel qui vit en reclus dans son cabinet de curiosités avec pour compagnon un vieux livre que lui a confié son grand-père. Les pages de l'ouvrage sont désespérément blanches et rien ne permet d'y écrire. Pour des raisons mystérieuses, l'appartement d'Alev sera balayé par une tornade alors qu'une voix lui assène : Vénère-moi ou péris dans ton trou ! Il sera sauvé (on suppose) grâce au livre et le tout se terminera par la reprise du poème Azathoth de Lovecraft. Un récit confus.

Le Bal des Ombres d'Alexandre Baron est un récit qui s'inspire fidèlement du « canon ». Jacob Clyne, un jeune chercheur en histoire ancienne de l'université de Providence, se rend à la bibliothèque de Miskatonic dont il a appris qu'elle venait de faire l'acquisition d'un exemplaire du Culte des Goules. Il croit avoir trouvé une explication aux affaires « Dexter Ward » et « Dunwich » et a besoin de consulter certains grimoires afin de conforter son opinion. La Bibliothécaire, Mme Hepstein, se montre d'abord très réticente, mais après un échange approfondi, admet qu'elle aussi fait des recherches sur le sujet et qu'elle bute en ce moment sur la compréhension de l'ouvrage du comte d'Erlette. Les deux chercheurs décident alors de s'associer et avec l'appui du Necronomicon, finissent par « casser le code des Goules » et trouver la voie d'accès à Ceux du Dehors. Mme Hepstein est tellement ravie qu'elle décide d'organiser un grand bal masqué dans son manoir d'Arkham afin de révéler à ses amis le résultat de ses recherches. Et de réunir une foule bizarroïde dont le « dress code » est « créatures du Mythe ». Une violente explosion secouera le bâtiment lorsqu'elle prononcera la formule découverte, entraînant la disparition de tous les participants à l'exception de Jacob qui était resté à l'écart. L'enquête de police piétinera mais fera admettre au rescapé qu'il a profité de la cérémonie pour dérober les livres maudits dont il est un collectionneur compulsif.

L'hôte de Marsden Hall de David Verdier frôle la caricature. Un quidam se rend chez son ami James Wilbur Arnold qui vit dans un manoir isolé. Son attitude est bizarre et il finit par lui avouer qu'il a fait l'acquisition d'une retranscription du fameux Necronomicon. On entendra bien sûr des bruits bizarres la nuit et le visiteur retrouvera son ami transformé en une monstruosité dégoûtante. Bravo l'inspi !

Sutures spatiales de Francis Thievicz est du même tonneau. Un manuscrit envoyé à Nesti qui fait part d'horreurs survenues à la lecture du livre maudit. On apprendra par une note de fin que la maison du lecteur a été détruite !

Lovecraft

Poulpe Apocalypse de Guillaume Maréchal met en parallèle un quidam qui, en 1875, va se frotter à des créatures innommables dans le quartier des Halles et un jeune reporter chargé, de nos jours, par une revue anar de faire une enquête sur un « Collectif HPL » qui organise des raves dans les catacombes. On ne sera pas déçu du voyage, truffé de clins d'oeil au Maître de Providence et qui nous permet de rencontrer un grand lovecraftien devant l'éternel, Roland C. Wagner. La sauterie souterraine se terminera évidemment dans l'horreur et l'on comprend mal l'irruption de HPL himself dans le chaos final.

Maison Maudite

Jeff Gautier nous propose avec La Maison des Damnés un pastiche bien ficelé qui n'es pas sans rappeler les textes d'August Derleth des années 40/50. Un jeune notaire, Charles Lequestac, est chargé de faire l'inventaire de la demeure d'un de ses clients, journaliste, mystérieusement disparu. Faute de descendance, la maison revient à la municipalité qui veut la transformer en établissement pour enfants gravement déficients. Il découvre un bureau envahi de papiers attestant que le propriétaire se livrait à des recherches bizarres sur des cultes anciens. Il possédait de redoutables manuscrits comme les Unaussprechlichen Kulten de von Juntz. le journaliste a fait du reste une visite au bord de la côte et a rencontré un « fou » dont il a brûlé la maison. Il en est revenu passablement dérangé.
Le notaire est pressé de boucler la succession par une Demoiselle Adèle, personne mystérieuse qui prendra la responsabilité du futur établissement. Mais il doit au préalable prendre contact avec le Pr Guttin de l'École des Chartres, ayant retrouvé dans le bureau un paquet qui lui était destiné. le savant sera fort intéressé par l'ensemble de notes qu'il contient et fera une visite « décryptage » de la bâtisse, mettant en évidence de nombreux symboles ésotériques laissant supposer un chemin initiatique qui conduit au passage d'une porte. Il partira avec les manuscrits maudits que lui confie volontiers l'homme de loi.
Plusieurs mois après le notaire fera une visite discrète près du manoir, apercevant les enfants exécuter des danses bizarres autour de la directrice. Adèle contactera son étude, lui demandant de venir suite à une découverte étrange faite dans la maison. On ne reverra jamais Me Lequestac.

La nouvelle de Virginie Buisson-Delandre, Just dont'ask me what is was… sent le déjà lu. Une jeune executive-woman, Marine, est perturbée, dans son appartement par des bruits atroces et des cris d'enfant. Elle croise du reste un petit garçon le bras en écharpe. Elle en perd le sommeil et s'en ouvre à son amie et collègue, Vanessa. Celle-ci accepte de venir s'installer chez elle. Alors que le vacarme reprend pour Marine, Vanessa n'entend rien. On retrouvera la jeune femme hagarde, dans les sous-sols de l'immeuble, tenant dans ses bras le cadavre d'un petit garçon au bras bandé.

Miskatonic

L'Horreur des Bas-Fonds de Tepthida Hay met en scène un dilettante parisien de la fin du XIXème siècle qui part dans les bas-fonds glauques de la banlieue parisienne pour enrichir son cabinet de curiosités. Il dénichera chez une vieille marâtre un bocal contenant un foetus portant la mention « Unidentified Miskatonic specimen » et une jolie montre gousset. Rentré chez lui, ses emplettes se mettront à tout détruire en rendant vie aux créatures conservées sur les étagères du cabinet. Il est vrai qu'à l'intérieur du couvercle de la montre était gravé « Dunwich demon ».

Belle surprise que Tertön de Jonas Lenn. Nous sommes à Providence, dans un futur proche, en compagnie du Lieutenant Llewellyn du FBI et de sa collègue, Samantha Perkins, détective à l'Agence d'Investigation sur le Paranormal. Cette agence est spécialisée dans les enquêtes relatives du Mythe de Cthulhu et possède dans un local sécurisé un Shoggoth, récupéré lors d'une précédente affaire. Il est dans un état de vie suspendue mais peut communiquer « mentalement » avec certains agents ultra-sensibles.
Notre équipe va se mettre en route pour enquêter sur la disparition d'un vieil herboriste tibétain de Providence, R'Lyeh Topo, capturé par des hommes en noir qui voulaient mettre la main sur une relique en sa possession. Les papiers retrouvés dans sa boutique seront examinés par Havana Moon Castro, une ex de Samantha, chercheuse à l'Université de Miskatonic. le déchiffrement des documents amènera l'universitaire à constater qu'ils ont été rédigés dans la même langue que les Sept Livres Cryptiques de Hsan et que la relique contient le foetus du fils du premier roi tibétain. Ce roi légendaire appartenait à la race des Profonds et la relique est supposée avoir des effets bénéfiques sur la longévité. Les papiers font également référence au Texte de R'Lyeh et à un livre inconnu, le Livre des Profondeurs.
L'enquête mènera nos investigateurs sur la piste du Dr Donovan, un familier de la bibliothèque de l'Université et propriétaire d'une île flottante, « Jouvence », sorte de clinique pour clients fortunés cherchant le rajeunissement. L'herboriste tibétain y est retenu prisonnier avec sa relique. L'opération menée par le FBI se terminera par un fiasco, Donovan préférant faire sauter son île plutôt que de se rendre.

Mutations monstrueuses

Guillaume Roos a un talent évident pour instiller de façon lancinante la montée de l'horreur. Dans L'étrange affaire des Miraculés de Ferguson, il nous entraîne dans la clinique Crawford qui vient de recueillir une dizaine de rescapés d'une explosion au gaz dans la ville, manifestement consécutive à des émanations nocives venant des sous-sols. Les dits rescapés sont miraculeusement indemnes, mais vont tour à tour se transformer en une sorte de gangue vivante. Et après chaque « mutation », le directeur recevra un visiteur banal (plombier, électricien, démarcheur) portant le même nom que le transformé et tenant un discours où il est question d'horreurs cosmiques. Il fera appel à un enquêteur de son administration qui se présente sous le même nom que le dernier des mutants. Les coquilles finiront par exploser, libérant des créatures monstrueuses.

Nyarlathotep

Joli clin d'oeil que nous offre Guillaume Dalaudier avec La représentation de Phyrt. Nous sommes à Frichemesnil, petit village perdu de Seine-et-Marne. le brave Aimé rapporte à la maison un tract, faisant état d'une représentation à la salle municipale du grand magicien Anatole Phyrt (on aura compris l'anagramme). Poussé par la curiosité, et malgré l'opposition de sa femme Germaine, il se rend au spectacle. Merveilleux scientifique, visions cosmiques effrayantes, révélations ultimes, Aimé tombe sous le charme de celui qui n'est autre que Nyarlathotep. Sa femme, disciple de Nodens, attend de pied ferme son retour avec un couteau de cuisine.

Shub-Niggurath

Guillaume Biéron nous propose, avec J'étais son Dieu, un texte intéressant, mettant en scène un père divorcé qui a la garde de son fils, Luc, le week end. Et le garnement, lors du pont du 1er mai, fait une fugue. le père fait une investigation poussée sur son ordinateur et découvre que le rejeton fréquente des milieux goths adorant d'odieuses créatures comme Shub-Niggurath. Une rave-party démoniaque est organisée durant le week end et il repère sur l'ordinateur les coordonnées GPS de la manifestation. Il se rend évidemment sur place pour récupérer le fiston. La description de la soirée est grandiose, faite de musique métal et d'invocations des Grands Anciens qui bien sûr ne manqueront pas de signaler leur présence. Il parvient à exfiltrer Luc dont les yeux n'ont plus rien d'humain !

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A chaque opération "masse-critique" c'est la même histoire !
Comme vous, je me rue sur mon PC dès potron-minet, comme vous je m'extasie devant l'abondance des propositions, commme vous j'ai l'oeil qui brille et le clic facile, et comme vous je me demande parfois, après coup, pourquoi j'ai sélectionné tel ou tel ouvrage.

Dans le cas de ce recueil de nouvelles dédié à l'immense Lovecraft, je ne saurais dire ce qui m'a poussé à tenter ma chance. Peut-être une de ces forces occultes et mystérieuses chères au Maître de Providence ?
Depuis des années je n'ai pas lu Lovecraft (que j'associe naïvement à mon adolescence et à mon appétence passée pour le frisson d'horreur, les jeux de rôles et les affreuses bébêtes), je ne suis pas un grand fana des nouvelles littéraires, et j'ai (comme vous aussi ?) un millier d'autres choses à lire.
Aussi quand cette copieuse anthologie est arrivée dans ma boite aux lettres et que j'ai feuilleté distraitement les premières pages, je ne m'y suis pas plongé tout de suite. Je pensais m'y mettre progressivement, faire des pauses après chaque nouvelle pour m'adonner à d'autres lectures ... mais que nenni ! Les cultes oubliés, les créatures amphibies, les monstres des profondeurs, les références multiples au redoutable Cthulhu et aux Grand Anciens, les cabinets de curiosités et leurs étranges reliques ont vite eu raison de ma relative tiédeur initiale !

Ces dix-huit nouvelles, joliment illustrées, se dévorent en un rien de temps, et nous replongent immédiatement dans l'univers délirant de Lovecraft. Sans être un grand spécialiste de celui que beaucoup considérent comme "le plus génial artisan du récit classique d'horreur du vingtième siècle", je crois pouvoir affirmer que ces dix-huit auteurs français (Cocorico !) ne dénaturent en rien l'oeuvre du maître. Ils réssuscitent avec brio certaines de ses plus célèbres créatures et divinités, et avec elles cette atmosphère unique de cauchemar et d'alliénation.
Bien sûr, quelques texte à l'arrière-goût de "déjà lu" m'ont un peu moins enthousiasmé, mais la plupart font leur petit effet ! Je recommande en particulier "L'appel des eaux", "L'étrange affaire des miraculés de Ferguson" et "La vérité sur Alexis Chandhor".

S'il est vrai que Lovecraft avait un grain, alors ce grain a bien germé dans les cerveaux de ces dix-huit nouvellistes étonnants. Encore un grand merci à Babelio et aux éditions Nestiveqnen pour l'envoi de ce recueil démoniaque !

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- H.P Lovecraft : « Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c'est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu'il renferme. »
- Gabb : « Pas mieux. »
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Ce deuxième tome issu d'un financement participatif reprend la même thématique que le premier, à savoir une compilation de pastiches librement inspirés de textes ou de l'univers de Lovecraft par des auteurs français. L'ouvrage a été édité suite à un financement Ulule, il ne devait initialement y avoir qu'un tome mais devant le succès de la campagne l'éditeur a proposé un second tome dans le cadre de cette campagne.

Autant le dire de suite, ce tome m'a moins plu que le premier. Excepté 3 ou 4 textes parmi les 18 (!) que propose ce recueil, je n'ai pas été transporté par ce que proposait le livre. Déjà, au niveau du nombre de textes, 18, c'est légèrement indigeste, avec de nombreux récits qui ne m'ont presque pas laissé de souvenir. Ensuite, bien que souvent bien écrits, les scénarios proposés sont d'un classicisme un peu trop marqué, avec des surprises trop rares, alors que c'est pourtant un des attendus dans ce type d'histoires courtes. J'y ai trouvé moins de fraîcheur que dans la plupart des histoires du premier tome. Je ne vais donc parler que de celles qui m'ont le plus plu :

- l'Horreur des bas-fonds de Tepthida Hay confronte un jeune dandy en mal d'émotions à des entités inconnues en plein Paris. le récit joue sur le caractère du personnage, complètement dépassé et décalé par ce qu'il vit. Frais et assez décalé par rapport aux textes du mythe « classique ».
- le Bal des ombres, écrit par Alexandre Baron. C'est un récit dans la lignée lovecraftienne classique, rappelant le Monstre sur le Seuil par certain aspects au cours d'une enquête sur l'étrange disparition de plusieurs personnes lors d'une soirée.
- L'étrange affaire des miraculés de Ferguson de Guillaume Roos est assez étrange et oppressant, jouant sur la paranoia et les personnalités multiples. Bien mené et original.
- J'étais son dieu de Guillaume Biéron est un récit proche du thriller avec des éléments de mythe. Il m'a beaucoup parlé par la situation familiale qu'il décrit, et par l'empathie que l'on ressent pour le narrateur. L'horreur va croissante dans un récit qui m'a rappelé dans son final le côté inéluctable que l'on retrouve dans de nombreux récits de Lovecraft ou dans le roman Retour à Arkham de Bloch.

Au final, on passe un moment sympathique, mais peu de choses resteront de ce recueil. C'est bien dommage, mais c'est le lot assez fréquent des anthologies. Je garderai un souvenir plus fort du premier tome. En tout cas, le mérite de ces textes aura été de bien témoigner de l'héritage de Lovecraft, influençant de manière bien féconde les auteurs, les marquant dès leur adolescence pour une majorité des participants à cette anthologie.

Au niveau de l'objet livre, l'édition est à la fois très bonne, avec de nombreux tirés à part sous forme A4 ou carte postale dans le cadre du financement participatif. Je suivrai de plus près cet éditeur qui a réalisé quelque chose de très bien dans le cadre de ce financement, tenant ses délais pour une très belle réalisation.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Tu ne seras pas indifférent aux disparitions étranges, à la folie, à la tendance psychédélique de « Poulpe Apocalypse » ; au suspens dans « L'horreur des bas-fonds » ! ; au souffle abouti de « Raf(a)les » qui t'entraîne dans son cyclone inquiétant, servi par une écriture riche ; à l'enlisement qui t'emmèneras plus vite ailleurs si tu bouges pendant ton incruste dans « La maison des damnés » ; au fait d'être hypnotisé par « le bal des ombres » ; à la dépendance suscitée par « L'étrange affaire des miraculés de Ferguson » ; à la maîtrise de l'intrigue dans « La famille » ; à la perfection de mes favorites : « La vérité sur Alexis Chaudhar » intimiste et secrète et le microroman Tertön au mélange de futurisme — en 2039, avec des îles flottantes —, et de croyance antique.


Quand tu regardes un corbeau, tu ne vois que la noirceur de la bête, le regard froid, inexpressif, tu te dis qu'il est néfaste, qu'il est comme le chat noir, qu'il porte malheur, et que bizarrement il n'y a pas un bruit dans les parages ; c'est un mauvais signe, quelque chose va arriver ; et tu pars dans des élucubrations imaginatives exceptionnelles sans penser qu'il pourrait venir te manger dans la main ; tu es dévié de la réalité ; ce corbeau c'est Lovecraft, il te pousse à réfléchir de cette manière ; l'anthologie est aussi ce corbeau amplifié par des illustrations et des textes sinistres — des cachets supplémentaires glauques ; c'est un travail complet agréable pour les amateurs du genre fantastique.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sur les murs, une imagerie macabre se déploie, des affiches de vieux films d'horreur et des posters de groupes de métal aux looks extravagants, saisis dans des postures agressives. Crânes grimaçants et tueurs masqués, goules putréfiées, démons sardoniques, cuir, clous et chaînes. Une guitare électrique repose contre le lit, branchée à un petit ampli enseveli sous une pile de comics aux couvertures outrancières. Son cadeau de Noël d'il y a deux ans. Sa mère avait dénigré l'idée, arguant que Luc n'avait aucun goût pour la musique, que je projetais sur lui mes propres frustrations de musicien déçu. Elle prédisait qu'au bout de trois mois à peine, l'instrument finirait par prendre la poussière dans un placard. Quelle emmerdeuse ! Deux ans plus tard, la guitare trône toujours au pied du lit, prête à hurler des notes tonitruantes.

Guillaume Biéron : J'étais son dieu
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A midi moins le quart, n'attendant rien d'important, j'ai renoncé à descendre prendre mon courrier. A ce moment-là, j'ai entendu Bantillet ouvrir sa porte et descendre. J'étais sûr qu'il allait voir si le facteur était passé et j'ai bien remarqué qu'il n'avait pas refermé sa porte derrière lui ! Ce qui est logique puisqu'il ne s'absentait que le temps de descendre et de remonter les trois étages.
Mon Dieu ! Pourquoi n'a-t-il pas fermé cette satanée porte ? Une irrésistible impulsion me saisit : j'allais profiter de son appartement resté ouvert pour y jeter un coup d’œil ! Maudite curiosité ! Sans réfléchir, je sortis de chez moi, traversai le pallier et m'engouffrai dans l'appartement de Bantillet.

Alain Delbe : la vérité sur Alexis Chandhor
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