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sur 1353 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 1817, disparaissait à l'âge de 41 ans, Jane Austen, une femme écrivain anglaise du 19ème siècle que savourent encore maintenant des lecteurs du monde entier. Très peu d'information fiable nous est parvenu aujourd'hui concernant sa vie. A priori, elle aurait quitté le monde sans enfants et sans histoire d'amour mais, au travers de ses romans, elle renoue cependant avec les histoires romanesques dont ses oeuvres les plus connues, Raison et sentiments et Orgueil et Préjugés peuvent en témoigner.
Deux cent ans après sa disparition, ses ouvrages fascinent toujours autant les lecteurs du monde entier et les femmes en particulier. 2013 est une année riche en « austenerie », une année particulière pour les admirateurs de Jane Austen puisque son roman le plus apprécié et le plus connu, Orgueil et Préjugés, atteint ses deux siècles d'existence. Je me devais de participer à cet évènement en vous parlant d'elle.

Pourquoi toujours autant d'attrait pour ses écrits?Avec un talent inégalé, cette jeune femme regardée comme une des plus grandes romancières anglaises de tous les temps a su traduire remarquablement bien les traits de son époque en transmettant ainsi son regard sur la nature humaine. Lorsque l'on lit Jane Austen, on découvre peu en effet les paysages de l'époque. Elle les peint certes mais par petites touches, ne s'étendant d'aucune façon sur la description. Elle préfère s'attarder sur les échanges de poignées de mains et les regards. Cependant, dévoiler au grand jour des échanges de regard, des paroles avec une certaine retenue, voire une grande froideur, était très audacieux et révélateur du siècle, du pays et du milieu social.

A travers ses six romans achevés sont décrites six histoires d'amour se terminant par six mariages. On pourrait alors me rétorquer que l'originalité de l'auteur se cache ailleurs que dans l'intrigue. Certes, certes... L'amour de deux êtres qui ne s'aimaient pas au départ ou qui au contraire se sont aimés et ne s'aiment plus se retrouve en effet de manière récurrente dans ses livres.
Pourquoi alors, après deux cent ans, Jane Austen est toujours adulée, sujette à tant d'adaptations cinématographiques et inspirant de nouveaux auteurs encore et toujours? Helen Fielding par exemple avoue avoir copié pour Bridget Jones certaines répliques d'Orgueil et Préjugé. Qu'est-ce qui fait alors, qu'après 200 ans, on savoure encore l'oeuvre de Jane Austen? Comment expliquer que l'on lise aujourd'hui ses livres sur des tablettes et des liseuses? Comment expliquer que ses livres ont traversé le temps, un peu comme le montre le film Lost in Austen (traduit par Orgueil et quiprocos)… La référence fait sourire mais les faits sont là. Aujourd'hui, il existe encore de grands admirateurs de Jane Austen et ce malgré l'époque différente dans laquelle nous vivons aujourd'hui en termes social et sociétal. Ces personnes sont si nombreuses et tellement à l'affut de parcourir l'Angleterre pour découvrir les lieux où l'auteur a vécu ou qu'elle a décrit dans ses romans, de décortiquer chacun de ses livres ou le peu de preuves authentifiant sa vie qu'on est même allé jusqu'à leur attribuer le nom de « janéites ».

Selon moi, Jane Austen a une magie qui lui est propre. Elle arrive à captiver l'intérêt du lecteur de bout en bout, intérêt qui va crescendo il va sans dire, en posant son regard acerbe, sensible, dur mais réel sur la société qui l'entoure. A 200 ans d'écart, Jane Austen nous décrit des caractéristiques humaines intemporelles : l'âme humaine. de là peut-être aussi notre appétit pour ses personnages et notre capacité presque inconsciente de nous identifier si facilement à ses personnages. Quand avons-nous succombé, ici ou là ? On ne sait pas bien souvent répondre à la question. le livre se ferme. Notre regard est langoureux. le plaisir que nous avons pris est visible. Sa plume nous a enchanté, ensorcelé presque, en nous dépeignant tant d'innocence, de courage, d'avarice, d'intelligence, de stupidité et de naïveté, ingrédients toujours actuels de la vie. Nous aussi, nous sommes des êtres entachés d'imperfections, à l'image de Mr Darcy au regard ténébreux, d'Emma assez naïve etc. Rappelez-vous par exemple l'adaptation d'Orgueil et Préjugés produit par la BBC en 1995, avec pour Monsieur Darcy le brillantissime Colin Firth, au regard de braise, à la chemise blanche laissant transparaitre un peu de son torse lorsqu'il sort de l'eau…. La folie austinienne s'est alors emparée plus vivement du monde avec ce film. Est-ce un hasard que le même acteur participe également à la cinématographie de Bridget Jones lorsque celui-ci tombe également dans l'eau avec Hugh Grant? Helen Fielding me semblet-il s'être beaucoup inspirée de cette histoire pour écrire Bridget Jones' s Diary.

Cependant, pour moi, Jane Austen représente surtout un repère auquel on peut se référer en toutes circonstances, un peu comme une mère ou une soeur aînée peuvent l'être. Elle a le don de nous réchauffer le coeur avec ses phrases élégamment tournées et ses histoires d'amour comportant toujours une fin heureuse. Toujours ? C'est en effet l'idée que l'on se fait de ses écrits. Or, malheureusement, c'est loin de la vérité. Je profite alors de cet anniversaire pour vous parler d'un livre écrit par Jane Austen qui est peu connu ou qui, s'il l'est, est souvent décrié, j'ai nommé Lady Susan.
Ce roman épistolaire, écrit en 1793/1794 (on ne sait pas exactement) ne fut publié qu'à titre posthume, en 1871, c'est-à-dire 50 ans après sa disparition. Si j'ai choisi de vous présenter ce petit bijou littéraire c'est parce qu'il montre à mon sens toute la richesse dont pouvait faire preuve Jane Austen. Contrairement à ses six autres romans achevés, notre héroïne, Lady Susan, n'est pas douce ou bonne. Elle est une anti-héroïne des oeuvres de Jane Austen.






La quatrième page de couverture de ce petit roman nous dit :
Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage ou juste une coquette qui veut s'amuse ? le jeune Réginald risque de payer cher la réponse à cette question…


Mon avis :
C'est une manipulatrice, une calculatrice, une femme sans coeur qui est prête à tout pour parvenir à ses fins, quitte à faire passer ses propres intérêts avant celle de sa fille. Alors, oui, si vous êtes habituée aux héroïnes de Jane Austen au coeur tendre, tenez-vous bien et cramponnez-vous aux accoudoirs de votre fauteuil. Jane Austen a plus d'un tour dans son sac !

Jane Austen connaît si bien la nature humaine qu'on a parfois l'impression en lisant Lady Susan de ne pas nous trouver dans un de ses romans mais de se retrouver à ses côtés, dans notre salon, en train de l'écouter nous raconter les derniers cancans. Nous buvons une tasse de thé en sa compagnie, vous et moi, dans notre salon et elle nous nous sourit le plus simplement du monde. On a parfois besoin de cligner plusieurs des yeux pour prendre conscience de la réalité qui nous entoure. Nous sommes en train de lire un livre! Nous ne sommes pas en train de boire une tasse de thé avec Jane Austen. Que nenni...

Dans une lettre de Lady Susan à son amie Mme Johnson, elle écrit par exemple :
« Si l'on savait dans le monde quels étaient alors mes desseins, on les trouverait tout à mon honneur. On a dit de moi que j'étais une méchante mère. Pourtant, c'était l'instinct sacré de l'amour maternel, c'était le bien de ma fille qui me poussait à agir de la sorte, et si cette fille n'était pas la plus grande sotte de la terre, j'aurais pu être de mes peines comme je méritais de l'être. »
Les lettres de lady Susan fourmillent de preuves de son caractère exécrable et digne de la manipulatrice qu'elle est, jouant tout le temps sur tous les tableaux. Partout en effet, peuvent se lire les émotions les plus intenses. Lady Susan croit berner tout le monde alors que tel n'est pas le cas. Tout le monde est en revanche à cran, le lecteur y compris devant de tels artifices déployés par notre chère "lady".
Lady Susan est un véritable petit bijou à mon sens tant le ridicule du personnage principal est risiblement attrayant. En rendant le comportement de Lady Susan ridicule, le livre devient rapidement un bonheur tant l'humour y est présent. On passe son temps à se moquer de cette « lady » très conservatrice et autoritaire. On rit, on se tord les boyaux, on s'attend à une fin heureuse parce que c'est tout de même un livre écrit par Jane Austen... Toutefois, comble du malheur ou de la perfidie, Jane Austen joue l'exécrable à son tour en refusant de nous offrir cette joie. Hé oui, Jane Austen a osé!! le livre ne comporte pas de fin heureuse. A vos mouchoirs, mes chers lecteurs....

Pour autant, Jane Austen arrive à nous faire voyager tout autant que dans ses livres plus connus avec cette représentation du mal incarnée par Lady Susan. Nous sommes ici aussi au tréfonds de l'âme humaine et on adore ça. C'est si joliment présenté, si parfaitement malmené....

Alors, est-ce parce que les personnages de Lady Susan sont ici plus tranchés que dans ses autres romans pour expliquer l'attrait moindre qui est souvent fait à Lady Susan , les personnages étant ici presque caricaturaux et non pas comme Emma, Darcy ou Elisabeth (personnages de différents romans de Jane Austen)ayant quelques imperfections dans leurs bagages mais présentés comme enclins à évoluer positivement?Je suis sans doute la moins bien placée pour répondre à cette question. En ce qui me concerne, ce livre est un chef d'oeuvre à part entière que l'on doit de lire à défaut d'apprécier. Il a, à mon sens, pour seul défaut, de souffrir cruellement de la comparaison avec les autres écrits de Jane Austen. But can we compare apples with oranges? Pardon, pouvons-nous comparer les torchons et les serviettes ? Ce livre se doit d'être apprécié à sa juste valeur : c'est un roman épistolaire, outrageusement drôle et qui représente une partie de la société passée et présente en décrivant les machinations cachées dont sont capables les humains à plus ou moins grande échelle.
Lien : http://aupetitbonheurlapage...
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Ce court récit épistolaire écrit par Jane Austen alors âgée de 19 ans n'était, à l'origine, pas destiné à être publié. Cette correspondance raconte l'histoire d'une très belle femme , Lady Susan, veuve depuis peu et qui profite de la bonté des personnes de son entourage proche. Elle montre peu d'affection pour sa fille Federica qu'elle aimerait marier au plus vite contre son gré. Hébergée par son beau-frère Mr Vernon et sa femme, elle en profite pour séduire Mr de Courcy, le frère de cette dernière alors qu'elle ne l'apprécie guère en réalité. Seule Mme Vernon n'est pas dupe des manigances de Lady Susan

Une correspondance savoureuse pleine de sarcasmes et de manipulations ! Lady Susan est détestable et c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce roman. Jane Austen est l'une de mes autrices préférées et j'ai beaucoup aimé découvrir ici sa jeune plume. le côté épistolaire donne beaucoup de rythme à l'histoire et l'on découvre les faits à travers plusieurs personnages.
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ady Susan est un court roman épistolaire, mais il n'y a pas que la forme qui est différente car le personnage principal (qui donne son nom au roman) est le pire jamais crée par Jane Austen. Adieu les bons sentiments ! J'imagine que l'auteure s'est beaucoup amusée en inventant ce personnage ! Quel audace, quel orgueil demesuré chez Lady Susan. Elle méprise la plupart de ses semblables, sauf sa meilleure amie aussi perverse qu'elle. Certains passages sont vraiment drôles quand elle joue (et surjoue) la femme parfaite, la mère aimante. Catherine Vernon qui a cerné la véritable personnalité de Lady Susan écrit :" Les intentions de Lady Susan sont évidemment celles d'une coquetterie sans bornes ou d'un désir d'admiration universelle". Prête à tout, pour arriver à ses fins, elle manipule tout le monde et n'hésite pas à ternir la réputation des autres, envoyer en éclat un mariage, promettre sa fille à quelqu'un elle n'aime pas... Je ne suis pas prête d'oublier ce personnage !
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Très court roman épistolaire, mais où brille déjà l'esprit de Jane Austen.
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J'ai commencé à lire Jane Austen au lycée, mais j'ai pris mon temps en découvrant ses textes, histoire de ne pas tout lire d'un coup et de me retrouver avec l'unique possibilité des relectures ! L'avantage est quand même que j'ai lu quasiment tous ses textes en français seulement, je vais donc pouvoir me faire plaisir en les relisant en anglais. Il ne me restait plus à découvrir que le roman inachevé The Watsons. C'est fait avec cette très chouette édition Penguin Classics que m'a offerte Dawn lors de notre swap sur Jane Austen et qui comprend Lady Susan, The Watsons et Sanditon.


Lady Susan

C'est une relecture qui ne faisait pas de mal, car ma première lecture date du lycée et je n'en gardais que peu de souvenirs, surtout que je n'ai jamais vu d'adaptation de ce court roman épistolaire qui m'aurait permis de garder l'histoire en tête. Lady Susan est constitué d'une quarantaine de lettres et nous permet de suivre les intrigues auxquelles s'adonne la dame du même nom. Veuve depuis quelques mois, elle profite largement de sa liberté retrouvée pour fracasser les coeurs de ces messieurs, au risque d'être connue comme une femme aux moeurs dissolues. Seulement Lady Susan est très maline, et malgré les faits qui l'accablent, elle parvient le plus souvent par une pirouette à se tirer de toutes les situations désagréables qui pourraient lui échoir. Ainsi, lorsque la femme de son amant, Mr Manwaring, découvre que cette soi-disant « amie » qu'elle hébergeait sous son toit à Langford a rendu fou amoureux son époux, Lady Susan met les voiles chez son beau-frère, le temps que la situation se calme un peu, d'autant plus qu'elle a détourné un certain Sir James Martin de la main de Miss Manwaring pour le faire épouser Frederica, sa propre fille, mais le dit sir serait plus enclin à épouser la mère que la fille, laquelle n'est pas motivée pour épouser le promis trouvé par sa mère. C'est dans cette situation que s'ouvre le roman, par la lettre de Lady Susan au frère de son défunt mari, Mr Vernon.

Ça se verra peut-être dans ce (long) résumé, la situation est au départ assez complexe à appréhender. Pas mal de personnages, tous liés plus ou moins étroitement les uns aux autres (par exemple, la « chère amie » de Lady Susan est Mrs Johnson, dont le mari était le tuteur de Mrs Manwaring avant son mariage). L'avantage certain de ce type de narration, c'est la multiplicité des points de vue qui nous permet de voir l'histoire sous différents angles. En plus des lettres qu'échangent Lady Susan et son amie Alicia Johnson, nous avons de nombreuses lettres entre Mrs Vernon (belle-soeur de Lady Susan) et sa mère, Mrs de Courcy. D'autres protagonistes prennent la plume de manière plus anecdotique. Il faut savoir que le genre épistolaire était très en vogue au XVIIIème siècle, lorsque Jane Austen a commencé à écrire. Elle admirait les oeuvres de certains auteurs qui étaient spécialisés dans ce type de littérature. Il est donc tout naturel qu'elle se fût essayé à ce style lors de ses débuts. le personnage de Lady Susan et l'intrigue en général n'est pas sans faire penser au roman français de Choderlos de Laclos Les Liaisons dangereuses. Il est fort possible qu'elle l'ait lu, car sa cousine Eliza de Feuillides a épousé un petit noble français et a vécu en France, et elle peut tout à fait l'avoir rapporté à sa cousine mordue de lecture. Lady Susan est, tout comme la marquise de Merteuil, à la fois détestable et fascinante, mais d'une façon un peu différente. Si la marquise se plaît à détruire la future vie maritale de Cécile de Volanges en voulant punir un ex-amant, Lady Susan fait carrément ses intrigues sur le dos de sa propre fille, qu'elle veut marier à un fat, idiot et borné. Et ici, Lady Susan est seule aux commandes. Son amie Mrs Johnson n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir ses motifs et fourberies par le biais des lettres qu'elle lui envoie depuis Churchill.

Au final, cette femme est le seul personnage véritablement travaillé de l'histoire. Les autres semblent bien pâles à côté, et il les faut tous ou presque pour faire contrepoids à l'influence de Lady Susan. Je dois avouer que je suis un peu déçue de l'absence d'un « héros austenien ». Reginald de Courcy, le seul qui pourrait à la rigueur prétendre à ce titre, est finalement très fade je trouve, plus encore qu'Edmund Bertram dont je garde le souvenir d'un personnage facilement manipulable et peu intéressant. Il se fait avoir comme un bleu et je ressentirais presque du mépris pour lui… Quant à la demoiselle de cette histoire, on ne sait quasiment rien sur elle, hormis qu'elle est timide de nature et terrifiée par sa mère. Il n'y a qu'une seule lettre de sa main et cela suffit à montrer au lecteur son inexpérience et sa jeunesse. Ce texte fait un peu figure d'entraînement pour Jane Austen je trouve. Elle s'est essayé au style épistolaire, très en vogue en son temps, brossé les portraits de quelques personnages qui peuvent préfigurer de grandes figures de ses romans à venir, mais là où l'on voit vraiment déjà son talent, c'est dans la « conclusion », pleine de verve et d'humour. Son écriture est déjà très maîtrisée et c'était un vrai plaisir à lire.


The Watsons

C'était le dernier texte littéraire de Jane Austen que je n'avais encore jamais lu. Sans être le meilleur, il aurait sans doute pu devenir un excellent roman, si l'auteure avait voulu le finir, mais elle ne l'a jamais repris après l'avoir mis de côté, pour des raisons incertaines et assez diverses sur lesquelles je ne m'étendrai pas. Ce roman inachevé s'ouvre sur Emma et Elizabeth Watson, en train de discuter tandis que la deuxième conduit la première chez les Edward pour ensuite aller au bal. Emma vient de revenir dans sa famille après avoir été élevée par une tante plus fortunée, qui vient de se remarier et n'a pas pu emmener la jeune fille avec elle. Leur père est malade et la famille Watson vit dans une grande simplicité.

Ce début, qui n'est même pas organisé en chapitres, est assez étonnant. Je l'ai trouvé affreusement triste, car outre la situation financière très précaire de l'héroïne et de sa famille proche, l'ambiance chez les Watson est polluée par des membres insupportables. Margaret, qu'heureusement on n'a le temps de ne voir que très peu, est une vraie langue de vipère et prend plaisir à blesser les autres. Apparemment l'autre soeur, qu'on ne voit pas, est encore pire. Ensuite vient le frère aîné, Robert, qui se permet des remarques très désagréables envers Emma, et son épouse Jane, qui est une véritable connasse. Il n'y a guère que le jeune frère, Samuel, qu'on ne voit pas non plus, qui a l'air d'être gentil, ainsi qu'Elizabeth, qui a le mérite de l'être également même si elle a l'air un peu simple par moments. le papa également est gentil, mais quand on sait que Jane Austen avait prévu de le faire mourir (alors qu'on a eu le temps de le connaître, pas comme avec Mr Dashwood !), tout de suite ça refroidit.

Dans le même temps, ça peut être très joyeux. Emma a un optimisme et une joie de vivre à toute épreuve et n'hésite pas à se défendre si on l'attaque ou à éviter sciemment les inopportuns. Elle profite à fond des bons moments. Ainsi, elle apprécié énormément le bal, de parler avec la gentille Elizabeth, de veiller sur son père et de discuter avec lui. Elle a très bon coeur et lorsque la jeune et riche Miss Osbourne pose un lapin au jeune Mr Blake (il est le neveu du pasteur de la famille), elle n'hésite pas à se proposer pour être sa cavalière et attire ainsi l'attention favorable de Mrs Blake et de son frère Mr Howard. Elle se retrouve rapidement avec un Lord Osbourne indésirable sur le dos, tout étonné de rencontrer une jeune fille différente des midinettes habituelles auxquelles il ne porte aucune attention.

L'écriture est très dynamique, avec beaucoup de dialogues, et la narration est souvent un peu hachée, ce qui donne du rythme aux paragraphes, mais la forme parvenue jusqu'à nous n'est certainement pas celle que le texte aurait eue terminé et publié.

Il y avait donc un potentiel énorme dans cette histoire, avec un large panel d'émotions qui n'auraient pas manqué de nous faire vibrer. Emma Watson avait l'étoffe d'une héroïne austenienne et il est vraiment dommage que les circonstances aient été telles que Jane Austen n'ait jamais achevé cette histoire, dont elle a tout de même livré la tendance principale à sa soeur et que l'on retrouve dans mon édition, mais je vous laisse la surprise !


Sanditon

J'ai lu récemment cette dernière oeuvre dans une version « terminée par une autre dame », c'était donc une relecture à très court terme qui me permettait cette fois de lire le texte dans sa langue originale et avec des notes (Margaret Drabbler me semble faire un très bon travail avec ces notes explicatives sur le vocabulaire ou sur les changements opérés par Jane Austen sur ses manuscrits).

Quelle ouverture, avec cette discussion très vivante entre Mr Heywood et Mr Parker dès le premier chapitre ! Jane Austen commence très fort et donne le ton de suite : essor des stations balnéaires et spéculations sur ces lieux de villégiature, hypocondrie à fond les ballons, opposition de la vie simple des Heywood avec celle bien plus policée des Parker, incompréhension entre ces deux univers, et cet humour ! J'ai bien l'impression que ç'aurait été l'oeuvre la plus optimiste de Jane Austen, ce qui est plus qu'admirable puisque l'auteure était alors proche de sa mort et souffrait beaucoup. Comme le dit l'introduction, c'est quand même fort de saisir l'occasion d'être soi-même réellement malade pour se moquer des malades imaginaires !

La description des caractères des uns et des autres dans les premiers chapitres est également extraordinaire. J'y ai prêté plus d'attention que lors de ma lecture en français et elle a vraiment un talent fou à ce niveau-là. Concernant Mr et Mrs Parker, elle parvient à se moquer gentiment d'eux tout en leur faisant justice pour leurs réelles qualités, et notamment leur bon coeur. Les Miss Parker et Mr Arthur Parker sont de drôles d'oiseaux, notamment Miss Diana qui a une propension à se mêler de tout, mais ils en sont plus comiques qu'autre chose. Quand elle décrit Lady Denham par la bouche de Mr Parker, tous ses compliments ne suffisent pas à masquer aux lecteurs la véritable nature de cette femme, jalouse de son influence et de son argent, qui en devient méchante et agit bassement. La suite confirme cela, et on ne peut s'empêcher d'être horrifié quand elle s'ouvre à Charlotte et montre l'étendue de son caractère hautain et mauvais. On en viendrait presque à plaindre les Denham, qui ne peuvent compter que sur elle pour récupérer un peu d'argent, sauf qu'ils sont si horribles tous les deux qu'on a plutôt envie de dire que si tous les trois se pourrissaient la vie mutuellement, ce ne serait pas plus mal ! Miss Denham a l'air affreusement aigri et condescendante, quant à Sir Edward il est tellement fat qu'il bat à plates coutures Mr Elton dans Emma. Je pense que c'est l'un des personnages les plus détestables que Jane Austen a créé. On n'a malheureusement pas le temps de creuser Miss Brereton et Miss Lamb, mais je pense que l'auteure avait des projets pour elles deux.

Mon plus grand regret, c'est qu'elle n'ait pas pu aller suffisamment loin pour nous présenter Mr Sidney Parker en personne. La description qui en est faite par son frère est plus qu'alléchante, et j'aurais adoré voir comment Charlotte le perçoit, comment les deux se seraient apprivoisés... L'héroïne est charmante, très agréable, elle n'est pas sotte du tout et n'est pas une très jeune fille, donc elle analyse plutôt bien la situation et ne s'en laisse pas conter par les Parker qui sont trop aimables avec tout le monde. Comme Lizzie, elle se targue d'être une bonne observatrice, et certainement aurait-elle fait quelques erreurs dont elle aurait appris. Elle me plaît beaucoup. J'aime aussi les indices déjà semés par l'auteure, dont on ne peut pas savoir avec certitude s'ils allaient mener à la confusion de l'héroïne ou la conforter dans certains de ses soupçons. Un peu de chaque j'imagine, mais j'aurais tellement aimé savoir ! le style est particulièrement délicieux, plus maîtrisé que dans The Watsons mais très vivace et plein de belles tournures. J'adore !

Attention spoil sur Sanditon terminé par une autre dame ! Maintenant que j'ai bien en tête juste ce que Jane Austen a écrit, je comprends mieux certains choix faits par « l'autre dame », mais à mon avis elle a mal interprété certaines phrases. Jane Austen s'est amusée à comparer Sir Edward et le Lovelace de Richardson, mais je pense que jamais elle n'aurait mis en scène un véritable kidnapping ! Elle s'attachait toujours à écrire des histoires réalistes, et ce n'en est pas une. Elle a également complètement zappé le côté mulâtre de Miss Lamb, qui présageait de choses très intéressantes, déjà esquissées par Jane Austen à travers la bouche de l'horrible Lady Denham. C'est dommage, car ajouté à son idée avec Arthur Parker, ç'aurait pu être vraiment bien.

Voilà voilà, un long article mais Jane méritait au moins ça ! En tout cas si vous n'avez pas encore lus ces trois oeuvres mineures, n'attendez plus, elles valent vraiment la peine !
Lien : http://sans-grand-interet.co..
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Mon avis:

Et bien d'emblée, j'ai eu peur!

Le style épistolaire n'est pas franchement un de mes préférés, du coup j'ai eu quelques sueurs froides en tournant les premières pages, je l'avoue.

Et puis, finalement ça coule tout seul, bon évidemment, il faut attaquer, selon moi, ce livre sans perturbation extérieure... puisque le style quelque peu "vieillot" de l'écriture m'a fait,tout de même, faire quelques efforts lors des premières lettres.

Adaptation, compréhension. Une fois cette étape passée, on entre dans les échanges et on y prend goût! du moins, c'est ce que j'ai ressentis. Je tournais les pages et Lady Susan, M. Vernon, M. de Courcy (...) me dévoilaient leurs secrets, leurs cachoteries, leurs médisances les uns envers les autres.

J'ai pris beaucoup de plaisir lors de cette lecture.

Lady Susan, la coquette, n'est en fait qu'une femme méchante, hypocrite et avide d'une réputation soignée, alors qu'elle entretient à droite et à gauche des relations pour le moins étonnantes avec des hommes soit mariés, soit trop jeune.



L'animosité malsaine qu'elle éprouve envers sa fille ne fait que confirmer le coté sombre de sa personne.

Lady Susan est détestable, mais malgré ça, j'ai aimé lire ses échanges, surtout ceux qu'elle entretient avec son amie Alicia Johnson. Ses plans, ses ébauches de manipulation, le tout analysé et porté en action.

L'histoire prend fin selon moi de façon un peu gauche, on aimerait connaitre un peu plus de la suite qu'une simple conclusion. Sans être péjorative, ça parait un peu baclée


Ma note: 8,5/10

Lady Susan la manipulatrice m'a séduite , je ne pensais pas! Et pourtant!

Quand on imagine que Jane Austen a rédigé ce texte alors qu'elle n'avait que 18 ou 19 ans, il apparait qu'elle devait en imaginer beaucoup sur les veuves coquettes et machiavélique du 18e siècle

Ce qui m'épate le plus c'est qu'au final, entre hier et aujourd'hui, les vilaines mégères, pas forcément vieilles hein ont toujours existé et donné du mal aux baves gens.

Je penserais certainement à Lady Susan de temps en temps, surtout, si sur ma route, je croise des personnes dénuées de morale...
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Ce roman, à la fois délectable, incisif et caustique est remarquablement bien écrit et très agréable à lire mais peut être un peu court. J'ai beaucoup apprécié le style épistolaire qui apporte vraiment beaucoup aux rebondissements, sans jamais alourdir le récit et permet de découvrir les liens entre les personnages. C'est une histoire assez moderne finalement dans la description de toutes ces tensions familiales et je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt. Je vous le recommande vivement. C'est un très bon moment de lecture.
Lien : http://pragmatisme.over-blog..
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Lorsque Lady Susan souhaite rendre visite à son beau-frère, M. Vernon, sa réputation la précède: cette jeune veuve, si elle est détestée de sa belle-soeur dont elle a tout fait pour empêcher le mariage, fascine et séduit les hommes sur son passage, à tel point que Reginald de Courcy, le frère de Mme Vernon, prétexte une visite à sa soeur afin de la rencontrer.
Critique complète sur le blog.
Je me suis régalée. Ce petit roman épistolaire nous fait multiplier les point de vue et les avis, les intrigues et les manigances, tout le monde crache sur tout le monde, c'est un plaisir. Cette Lady Susan est une manipulatrice délicieuse et intelligente qui papillonne pour son plaisir mais qui ne perd jamais le nord concernant les affaires.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
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Ayant lu « Dans les pas de Jane, Promenades dans l'Angleterre de Jane Austen« , j'ai eu envie de lire un roman de Jane Austen (j'avais déjà lu « Orgueil et préjugés » avant le blog. Je me dis d'ailleurs que je le relirai peut-être l'an prochain!) et « Raison et sentiments » alors j'ai décidé de découvrir ce titre en audio.

Quelle bonne surprise! Ce roman est un court texte épistolaire qui se marie très bien à la version audio puisque chaque lettre prend la voix de son auteur ce qui rend l'ensemble dynamique!

Je n'arrive pas à raconter l'histoire car elle prend de nombreuses bifurcations selon qui écrit et à qui et je ne veux pas trop en dire car le lecteur découvre petit à petit le vrai visage de Lady Susan au fil du roman où chaque lettre est comme une pièce d'un puzzle.

Lady Susan, veuve et désargentée, vient s'installer chez le frère de son mari après avoir quitté des amis dans des circonstances un peu troubles. Elle n'a jamais aimé Catherine, sa belle-soeur, mais doit faire bonne figure. Elle n'a pas la fibre maternelle envers sa fille de 16 ans qu'elle expédie à Londres soit disant pour qu'elle obtienne une éducation. La seule personne avec qui elle est franche est son amie Mme Johnson à qui elle écrit régulièrement.

Nous apprenons les autres aspects de l'histoire qui nous sont rapportés par les lettres de Catherine à sa mère et à son frère Reginald, qui va ensuite les rejoindre.

J'ai adoré ce roman avec des personnages très bien construits qui montrent tous les faux-semblants de la bonne société anglaise de la fin du 18e siècle. C'est à la fois plein de cynisme et de manipulation!

Ce que j'ai trouvé extraordinaire, c'est que Jane Austen ait écrit ce roman à 19 ans et pourtant il est d'une maturité sur la nature humaine et les tenants et aboutissants de la bienséance de la société de l'époque!

C'est assez jubilatoire et j'y ai retrouvé l'esprit de la série « Les chroniques des Bridgerton », je vous conseille vraiment cette lecture!


Lien : https://ennalit.wordpress.co..
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Je précise avoir écouté la version originale en livre audio.
Lady Susan, jeune et jolie veuve désargentée, cherche par tous les moyens à sécuriser son avenir. Elle se fait inviter chez les Vernon, son beau-frère et sa belle-soeur...
C'est un roman très court, une oeuvre de jeunesse qui n'était pas destinée à la publication, mais il est absolument délicieux. Déjà parce que j'aime beaucoup les romans épistolaires, qui placent le lecteur dans la situation d'un voyeur avide de lire la prochaine lettre pour que l'intrigue avance. Surtout, au-delà des intentions morales, c'est le formidable portrait d'une méchante qu'on adore détester : lady Susan est amorale, la sororité et l'amour maternel ne font pas partie de son vocabulaire et, tel un chat à 9 vies, elle retombe sans cesse sur ses pieds, car elle a bien compris que les hommes ne sont que des idiots quand une femme belle et spirituelle s'intéresse à eux. S'y ajoutent quelques tournures de phrases piquantes qui font tout le sel du style d'Austen. Cette autrice est intemporelle.
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