AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 448 notes
Si vous êtes comme moi, vous connaissez surtout Isabelle Autissier pour ses talents de navigatrice. Eh bien, figurez-vous qu'elle est également romancière ! Bon, pour ma part je le savais déjà, étant donné le succès qu'avait eu Soudains, seuls. Et justement, j'étais curieuse de découvrir la plume de cette femme qui, en tant que grande voyageuse, a beaucoup à nous apprendre sur notre planète.

La promesse de son dernier roman, Oublier Klara, m'a vite emballée : une histoire familiale qui a ses racines en Russie, à Mourmansk. J'avoue que ce territoire exerce une certaine fascination chez moi. Iouri qui a fui la Russie, ou plutôt un père violent, et une enfance qu'il veut oublier, est amené à rouvrir le livre de son passé, alors qu'il est appelé au chevet de son père qui se meurt. Lui-même s'interroge sur sa démarche. Va-t-il pardonner à ce père qui a meurtri son enfance ? Pourquoi, au juste, retourne-t-il dans ce pays où il sa véritable personnalité ne peut pas s'exprimer librement ? En retrouvant son père, Iouri va, contrairement à ce qu'il espérait, allonger la liste de ces questionnements. Son père lui parle de sa propre mère, Klara, dont il n'a que peu de souvenirs. A vrai dire, il se souvient surtout du jour où elle lui a été enlevée pour être déportée au Goulag, jour où son enfance heureuse s'est terminée. Il n'a jamais su pourquoi cette scientifique renommée avait été ainsi arrachée à sa famille, quel était réellement son crime. Alors, à l'article de la mort, il demande à son fils de mener l'enquête pour lui. A travers cette figure maternelle aimante, à travers l'investigation de ce passé, les deux hommes vont-ils enfin trouver un point d'entente ?

Dans ce roman, les destins, et les voix s'entrecroisent. Au fur et à mesure que Iouri se penche sur son passé, on plonge avec lui dans différentes pages de son histoire, jusqu'à éclairer les zones d'ombre qui peuvent subsister dans ce récit familial. Et au sein de cette famille, elles sont nombreuses. Il y a beaucoup à découvrir en allant gratter le vernis. Isabelle Autissier sait nous montrer les failles de ses personnages, leurs fragilités. Si l'écriture est sans concession envers les torts de chacun, elle nous montre tout de même que tout n'est pas noir ou blanc, et que la dureté d'un père peut trouver sa source dans une enfance trop vite terminée. Dans le même temps, la sensibilité apparemment exemplaire d'un fils recèle des erreurs de parcours insoupçonnées. C'est cette justesse des personnages qui est ici à souligner, et qui fait que cette histoire vaut la peine d'être lue. On ressent à travers ces pages la minutie dont l'autrice a dû faire preuve dans son travail de documentation. Rien n'est laissé au hasard, et pour autant, cette documentation ne vient pas alourdir le roman.

Cette lecture est également appréciable pour la beauté des paysages qu'elle nous donne à voir. Beauté cruelle, certes, pour cette Sibérie glaciale, mais il faut souligner le talent de l'autrice pour décrire les scènes en pleine nature. On ressent également tout son amour de la mer, au travers du personnage de Rubin, le père, marin-pêcheur. Il aimait son métier, aussi rude fût-il, et on ressent aisément son grand respect pour l'élément maritime et son écosystème malmené. Iouri, quant à lui, est davantage touché par les oiseaux que par les poissons. Là encore, son exploration du territoire se fait avec amour, et on voit à travers les pages son envie, autant que celle d'Isabelle Autissier, de transmettre ses connaissances. Cependant, c'est leur amour de ces différents éléments qui vont conduire les deux hommes à un profond désaccord, l'un aimant par-dessus tout être aux commandes de son navire en mer, alors que l'autre préfère largement rester au calme des arbres pour observer le ballet des oiseaux. Quoiqu'il en soit, on ressent derrière ce récit l'urgence écologique, un sujet important pour la romancière. Derrière une société avide de consommation et de rendement, elle nous fait voir l'importance qu'il y a à adopter un rapport contemplatif à la nature, pour mieux la respecter.

Ce roman a donc un message important à faire passer, et cette dimension écologique constitue le talent et la personnalité littéraire d'Isabelle Autissier. Cependant, j'ai trouvé ça presque un peu trop convenu par moments, notamment dans les rapports entre les personnages. En tous cas, il manque à mon sens à ce livre le petit quelque chose qui pourrait en faire une lecture inoubliable.
Lien : https://chroniqueetudiantele..
Commenter  J’apprécie          20
L'ancienne navigatrice nous embarque dans un périble entre terre et mer.
Klara est arrêtée par la police de Staline,elle était chercheuse,personne ne la reverra,nul ne sait ce qu'elle est devenue.
Son absence aura des retombées sur 3 générations: Rubin son fils se réfugie dans la violence,son petit-fils Iouri refusera de devenir pêcheur st s'exilera aux Etats-Unis.
Une immersion dans la Russie des années 50,qui fait froid au dos
Des paysages éblouissants pour un roman fort.

Commenter  J’apprécie          10
Un émigré russe rentre des Etats Unis pour voir son père mourant et ce dernier a le temps de lui demander d'enquêter sur la disparition de la grand mère arrêtée lors
de la période stalinienne et du Goulag. Tout au long du récit l'on suit la vie des 3 personnes : la grand mère le père et le
petit fils et c'est ce dernier qui découvrira la vérité .
Commenter  J’apprécie          20
Comment un événement familiale lié à un contexte politique dictatoriale peut influencer 3 générations d'hommes d'une même famille. Un enquête sur le passé pour comprendre ce qui peut construire des liens ou au contraire des absences de liens, la psychologie des uns et des autres.
C'est un coup de coeur de mes dernières lectures. J'avais lu quelques critiques sur les livres d'Isabelle Autissier et effectivement, elle a un vrai talent d'écrivain !
Et l'histoire est extrêmement bien bâtie, sur un sujet qui n'a pas fini de faire parler avec l'accès aux archives.
Commenter  J’apprécie          00
Je me suis inscrite il y a peu à un prix littéraire. 5 romans sont sélectionnés dont Oublier Klara. Je suis à la fois heureuse de participer et découvrir de nouvelles plumes (sur lesquelles je dois le reconnaitre, mon regard ne se serait pas attardé sans cette occasion) et à la fois anxieuse de ne pas avoir choisi mes lectures et d'en être déçue.
Je découvre ici les talents de romancière d'Isabelle Autissier. Un roman qui m'a laissée perplexe. Tout d'abord parce que malgré la fluidité de son écriture et le souffle romanesque, le récit d'Oublier Klara est très dur et nous plonge dans la Russie du début du XXème siècle, une population sous le joug de la dictature communiste, essayant de survivre plutôt que de vivre.
Ensuite, j'ai été quelque peu déçue par la place discontinue du personnage de Klara dans la construction du roman, on la perd de vue trop souvent à mon goût au cours du roman.
Malgré cet écueil et la gravité de son propos, je n'ai pas été insensible au style d'Isabelle Autissier. Mon regard s'attardera donc sur son nom la prochaine fois que je le croiserai en librairie ou bibliothèque.


Commenter  J’apprécie          20
C'est une histoire bouleversante est chaotique d'une famille russe sur trois générations, la quête improbable du petit-fils qui tente de retrouver les traces de l'histoire atypique de sa grand-mère disparue avant sa naissance . On remonte le temps à travers le destin des personnages qui se racontent à tour de rôle, l'auteur nous décrit avec finesse et précision le destin de cette famille russe qui a souffert sous le joug de Staline qui a connu  la faim ,la peur , les restrictions elle nous raconte le froid, la misère, la mer, les oiseaux nous emmène dans un voyage en terre inconnue c'est une merveilleuse promenade que nous offre  Isabelle Autissier je suis conquise  bravo
Commenter  J’apprécie          40
Si je devais résumer ma lecture de ce roman à un seul mot, je proposerais « tempête » pour illustrer à la fois ce que traverse la famille de Youri, protagoniste principal de l'histoire, ce que traverse la Russie au temps du goulag, ce que traverse le chalutier/congélateur que commande Ruben, père de Youri , capitaine craint et respecté.
Youri, qui a émigré aux Etat- Unis pour fuir un mal- être à la fois lié à sa famille et à ses orientations sexuelles, revient au bout de 23 ans sur demande de son père qui est en fin de vie.
Youri débarque à Mourmansk, retrouve sa ville grise et froide, avant de retrouver son père sur son lit d'hôpital, qui lui parle pour la première fois de sa grand-mère Klara, enlevée et vraisemblablement déportée par les sbires de Staline pour des raisons qui sont restées inconnues. Ruben confie à Youri la mission de découvrir ce qu'est devenue Klara.
Youri va enquêter. Cette trame narrative est prétexte à nous plonger dans le cours de la grande histoire : l'enfer de l'union soviétique au temps de la délation et des arrestations arbitraires avec la peur, la pénurie et la honte.
En parallèle, Isabelle Autissier, au travers de ses 3 personnages très incarnés, nous fait vivre avec talent ses propres passions : la mer, les oiseaux, la nature sauvage du grand nord.
J'ai pris plaisir à lire ce livre, j'ai vraiment apprécié son art de la description( Les observations des oiseaux, les parties de pêche). J'ai trouvé la construction intelligente et irriguée par une bien belle sensibilité.
Je me suis rendue compte de mon inculture au sujet de cette période contemporaine si sombre et cela m'a donné envie de lire d'autres livres sur le goulag.
Ce roman rempli tout à fait son rôle à la fois instructif et distrayant.
Commenter  J’apprécie          120
Ce roman est construit en 3 parties dans lesquelles on suit 3 générations d'une même famille : Klara, la grand-mère, Rubin, le père et Iouri. L'histoire se déroule en Russie. Klara a été arrêtée sous le régime de Staline pour trahison à son pays. Elle a été déportée et n'est jamais revenue. Rubin a grandi sans mère, il s'est endurci, est devenu marin puis capitaine de bateau. Iouri a grandi sous l'égide d'un père autoritaire et en a beaucoup souffert. Alors que Rubin va mourir, il demande à Iouri de découvrir ce qu'il est advenu de Klara.

C'est un roman historique très intéressant, documenté, sur une période noire de la Russie où l'on pouvait être arrêté sur de simples spéculations ou être trahi même par ses proches. le récit montre également les dégâts causés sur une famille et sur plusieurs générations, c'est aussi un roman sur les relations filiales. C'est très bien construit, l'écriture est fluide. Les personnages ne sont ni tout blancs, ni tout noirs, ils essaient juste de survivre, chacun à sa manière, à un régime, un système qui broie ses citoyens.
A découvrir.
Commenter  J’apprécie          30
L'horreur du goulag équivaut à celui du nazisme allemand. Les méthodes sont les mêmes pour casser les êtres. Plusieurs générations sont ravagées. Oui vraiment, c'est une histoire poignante, fort bien écrite et documentée, qu'on ne lâche pas.
Commenter  J’apprécie          00
Bonne pioche pour ma première lecture de l'année 2020.
Un roman très intéressant qui aborde un grand nombre de sujets de l'univers du goulag à celui de la pêche industrielle, en passant par l'alcoolisme, l'ornithologie et j'en passe.
La forme est aussi réussie, alternant les récits du fils du père et de la grand-mère, à l'époque actuelle et dans le passé, nous permettant de découvrir chacun des personnages au-delà des apparences. Tous se révèlent plus complexes que les premières pages ne pouvaient le laisser penser.
Quelques très belles pages sur la nature, et son exploitation abusive par l'homme, thèmes chers à l'auteure.
Je n'oublierai pas ce livre…
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (912) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}