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3,84

sur 448 notes
En écrivant ces quelques lignes, me vient à l'esprit le célèbre poème “Si” De Rudyard Kipling, qui se termine par "Tu seras un homme, mon fils".
Oui il est question dans ce roman d'être un homme, mais à quel prix ? Un lourd prix à payer, qui se rejoue de père en fils.
Trois hommes : Anton, Rubin, Iouri, trois générations et au coeur du drame une femme : Klara, la femme d'Anton.
Oublier Klara, un livre à remonter le temps et faire surgir les histoires sombres du passé, pour ne pas oublier ; une plongée dans la période peu reluisante de la Russie au sortir de la guerre.
Quand Iouri débarque à Mourmansk à la fin de l'hiver 2018, appelé au chevet de son père, c'est un passé sordide qui l'attend. Et quand Rubin, agonisant, demande de retrouver la trace de Klara sa mère, Iouri va plonger dans les eaux glaciales des secrets de famille et de ceux de l'Histoire.
Les secrets inavouables et inavoués se succèdent et s'entremêlent dans ces pages où l'écriture, tels des flots tumultueux, remue les abîmes des êtres. De ces abîmes, le père puis le fils émergeront. Ils ressortiront meurtris de la rude vie de marin où l'humiliation les aura poussés, chacun à leur tour, à commettre l'irréparable. Quant à Klara, sa vie aussi n'a pas été épargnée. Brillante chercheuse scientifique, elle fut arrêtée et condamnée au Goulag.
Retrouver la trace de Klara, aller jusqu'au bout de cette quête sera pour Iouri le prix à payer, une résilience nécessaire pour "renaître tout neuf". "Il en savait assez pour se représenter les personnages de sa légende familiale : une grand-mère énergique et sensible jusqu'à l'imprudence ; un grand-père aimant, mais faible et veule ; un père tenu de se battre dont la brutalité avait dévoré la vie ; une mère qui s'était dévolue aux objets, puisque les êtres la décevaient. Et au final, lui, Iouri, dont l'enfance avait été imprégnée de ces espoirs, de ces combats, de ces renoncements. Un destin identique à celui de millions de familles tourmentées par les soubresauts de l'Histoire, qui cachaient un cadavre dans le placard, croyant ainsi se faciliter la vie".
Si la mer est le domaine d'excellence de la navigatrice, l'écriture est devenue le nouvel univers d'Isabelle Autissier. Elle y navigue, en écrivain expérimenté avec passion et maîtrise.
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Je découvre l'auteure et vais sans aucun doute lire ses autres romans ! Oublier Klara est un texte fort qui nous fait vibrer et voyager dans le temps (époque de Staline, du Goulag) et l'espace (Etats-Unis mais surtout URSS).
Une quête pour un homme de 46 ans qui va découvrir tout un pan de son passé et mieux comprendre son père.
Un récit à trois voix (celles de Iouri, protagoniste, de son père, Rubin et de sa grand-mère, Klara) dans lequel la petite histoire rejoint la grande Histoire pour notre plus grand bonheur. Un texte très bien écrit, qui nous touche énormément de par les thématiques de la déportation et du Goulag mais aussi grâce à la façon dont cette histoire est racontée. Un roman que je recommande sans hésiter !
Merci à NetGalley et aux Editions Stock pour cette belle découverte ! #OublierKlara #NetGalleyFrance
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Iouri, ethnologue et professeur d'université, va recevoir un étrange message de cette Russie qu'il a fuie pour s'exiler aux USA. Commence alors une longue quête qui va le mener au chevet de Rubin, son père mourant et sur les traces de Klara, sa grand-mère paternelle qu'il n'a pas connue.
Isabelle Autissier embarque le lecteur dans un long périple sur terre et sur mer, une histoire de mémoire familiale sur trois générations. Mêlant présent et passé, le roman traverse l'histoire de l'Union Soviétique et de la Russie depuis les années 50 jusqu'à l'époque actuelle.
Au-delà du destin tragique de Klara, cette scientifique exilée au goulag, le lecteur suit avec intérêt le sort de Rubin son fils écorché vif qui se réfugie dans la violence et de Iouri, son petit-fils qui refuse de devenir pêcheur comme son père. L'empathie de l'auteure pour ses personnages est totale.
L'histoire est sombre, chargée de souffrance, dans un monde hostile et pourtant, Isabelle Autissier nous ouvre des fenêtres d'espérance comme la joie toute simple des Nenets, ces nomades qui élèvent des rennes. Il y a aussi la nature ,souvent hostile mais ô combien fascinante.
Le style est lyrique et, malgré la rudesse du propos, j'ai trouvé ce roman empreint de poésie et d'empathie. Un beau moment de lecture.

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Découverte d'Isabelle Autissier en romancière, et vraiement un talent de plus à son palmarès : écriture simple, mais vive, qui nous emmène dans ce nord sibérien et sa ville de Mourmansk, connue pour ses goulags.
Ouiri, enfant de Mourmansk, exilé en Amérique pour sa passion des oiseaux, et mais aussi fuir son enfance difficile, revient chez lui à la demande de son père Rubin.
Il est à l'hôpital, et veut avant de mourir que son fils cherche ce qu'est devenu sa mère Klara, chercheuse scientifique à l'époque de Staline, et arrêtée devant lui ; se pour lui une immense blessure.
Iouri enquêtera et découvrira une vérité… C'est une belle aventure humaine dans un cadre « noir » et une nature sauvage.
Partez dans cette aventure pas de déception en vue.

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De l'URSS de Staline à la Russie de Poutine, 3 générations : Klara – Robin – Iouri, d'une famille broyée par le système disciplinaire du parti communiste de l'union soviétique.

Cela commence au début des années 50... Klara, une chercheuse scientifique est arrêtée pour haute trahison, dénoncée par des proches mais aussi par son mari Anton. Son fils Robin, encore enfant, est témoin de cette arrestation. Il ne reverra jamais plus sa mère. Cet événement va faire de lui un être dur, impitoyable qui, plus tard, n'aura aucune manifestation affectueuse ni la moindre mansuétude pour son fils Iouri... - ou : comment un événement avilissant peut se répercuter dans le temps, entraînant une cascade de comportements meurtrissants jusqu'à commettre des crimes de sang qui, s'ils demeurent impunis, marquent à jamais leurs esprits tourmentés...

Klara est-elle oubliée comme l'indique, sous la forme suggestive, le titre du roman d'Isabelle Autissier ? Il semble bien que ce soit le contraire, elle ne quitte jamais la pensée de ses descendants, jusqu'à l'obsession.

Au cours de la lecture, on n'a qu'une envie : la retrouver, savoir quel fut son sort après son arrestation, découvrir les raisons de celle-ci... sa descendance va être marquée du sceau de l'infamie et, dans l'URSS stalinienne, c'est une existence âpre endurcie par les humiliations qui condamne le père et le fils à la mise à l'écart, à l'indignité, et à la honte... ce sont pourtant ces conditions punitives qui vont forger la personnalité de Robin qui deviendra patron de chalutier, un capitaine d'excellente renommée mais aussi redoutable meneur d'hommes à Moumansk...

L'auteure est une femme marin. Isabelle Autissier est la première femme qui a fait le tour du monde à la voile en solitaire... elle a en outre un don et beaucoup de talent pour l'écriture... quand elle nous entraîne dans l'océan Arctique, à bord du chalutier de Robin où son fils Iouri est mousse, les parties de pèche périlleuses, dans cet univers brumeux, glacé, gris, tempétueux, deviennent des scènes d'un réalisme si puissant qu'à notre tour, accroché au chalut nous tirons à nous en arracher les bras, tanguant jusqu'à en vomir, avec la peur de voler par dessus-bord...

Dans ce flot des pages, Klara, régulièrement, refait surface, c'est à petite dose que l'on découvre qui elle est et ce qu'elle devient loin des siens...

Iouri a une passion pour les oiseaux, lui aussi deviendra un éminent scientifique, leur vol magnifié dans ses yeux et dans son âme, tout au cours de son enfance et adolescence, lui fera découvrir ce qu'est la liberté. Sa vie il la réalisera sous son aile bienveillante. Il ira au bout de sa quête et, sans jamais la voir ni la revoir, il rencontrera Klara, connaîtra son mystère imprégné d'une immense force intérieure... une forteresse entièrement libre dans la forteresse qui emprisonne et qui broie...

Un immense moment de lecture !...
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Je ne connaissais pas Isabelle Autissier en tant que romancière, et je ne suis pas déçue d'avoir découvert cette facette de la navigatrice.
L'histoire est très intéressante, bien documentée, les personnages attachants.
La nature est omni présente, comme une peinture en toile de fond. le lecteur y retrouve l'attachement de l'auteure pour la mer.
Un bon moment de lecture.
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Isabelle Autissier est une femme accomplie.
Outre ses exploits de navigatrice, ses recherches, ses multiples activités, elle se révèle être un très bon écrivain.
Elle nous offre avec « Oublier Klara » une plongée dans l'enfer du stanilisme et du goulag.
Elle a l'art du récit bien mené, de la construction, de l'intrigue qui vous tient.
L'art de nous plonger dans un pan de l'histoire soviétique que l'on suit avec passion.
Ses recherches sont poussées, sont tout sauf rébarbatives, et mêlées à une histoire de famille captivante.
L'art aussi de nous emmener dans d'autres paysages.

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Très très beau roman qu'on ne peut pas lâcher, une écriture magnifique notamment quand il s'agit de dépeindre la mer, la nature, la rude existence des pêcheurs. Sans oublier l'histoire, la Russie de Staline et post Stalinienne.
A lire absolument.
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Pour moi, c'est la grande surprise de l'année 2019, je suis impressionnée ! C'est le qualificatif qui me convient ! Je ne suis pas très familière de la littérature actuelle. J'ignorais totalement qu'Isabelle Autissier écrivait. Je ne connaissais que ses talents de navigatrice. Mais quelle découverte que je dois à vos commentaires élogieux, notamment « michfred et viou ». Un grand merci ! Et puis, il y a la Russie et ses étendues qui vont rêver !

Elle maîtrise le style Isabelle Autissier, elle nous choisit un sujet déjà maintes fois décrit, l'Union Soviétique, tout en brossant avec finesse la psychologie de ses personnages : l'histoire bouleversée et bouleversante d'une famille sur trois générations du temps de l'Union soviétique jusqu'à la Perestroïka.

Mourmansk, après la 2ème guerre mondiale, un port sinistré, détruit par les bombardements, mais très animé où il y fait très froid, des marins, des femmes de marin, des enfants et des scientifiques. Il y manque de tout dans cette grisaille où le froid règne en maître, beaucoup de résignation, de personnes sans abri, il y a les bons de nourriture, les bons pour le charbon! La misère suinte de partout, dans cette brume du port de Mourmansk, les crépis des façades des immeubles sont délabrés, la moisissure s'invite en traînée sous les rebords des fenêtres et pour oublier, il y a l'alcool ; mais l'Union Soviétique veille au bien-être de ses citoyens.

Iouri 46 ans, exilé aux Etats Unis depuis 1994, revient vingt-trois ans plus tard pour une dernière visite à son père, Rubin, atteint d'un cancer du foie en phase terminale. Ce dernier ne lui a jamais parlé de sa mère, la grand-mère de Iouri, disparue du paysage hormis qu'elle était une scientifique mais sur son lit d'hôpital Rubin lui avoue « qu'il faudrait savoir » et il se met à lui raconter ses parents, Anton, son père et Klara, sa mère. Et comme « il faudrait savoir », Iouri va de son côté tenter de comprendre ce qu'est devenue Klara. Et de recherches en recherches, sa ténacité paiera.

Isabelle Autissier remonte le temps habilement à travers le destin d'Anton, de Rubin et de Iouri, elle nous emmène dans une des périodes les plus sombres de l'histoire de la Russie, elle évoque les hommes en noir qui débarquent en pleine nuit dans les appartements, la délation, la trahison des proches, la peur, le goulag, les tortures. Elle dépeint parfaitement l'organisation de la vie sous Staline jusqu'à l'arrestation en pleine nuit, sous les yeux de son fils Rubin, de Klara.

De cette supposée infamie, Isabelle Autissier nous dessine l'impact que celle-ci aura sur la vie de ces trois hommes et c'est une histoire chargée émotionnellement, faite de violences, de douleurs, d'incompréhensions et de fuites mais que c'est réaliste !

Enfin, il y a les bateaux, « le 305 », l'énorme chalutier congélateur de Rubin qui pêche aux abords de l'ile aux Ours, du Spitzberg et jusqu'en Terre de François Joseph, des archipels aux confins septentrionaux de l'URSS, là, la plume d'Isabelle Autissier donne toute sa puissance même si elle sait très bien illustrer la personnalité de ses protagonistes, la passionnée de la mer prend la barre ! Si vous voulez revêtir votre ciré jaune, c'est le moment mais il faut avoir le pied marin, c'est grandiose ! Vous recevrez même des vagues en pleine figure tout en remontant à la force des bras le chalut ! C'est magique lorsqu'elle parle, écrit, navigation Isabelle !

Et puis il y a les oiseaux, elle connait bien les oiseaux, Isabelle Autissier : ornithologue sera la profession de Iouri. Quelle sensation de liberté ils procurent à les regarder s'envoler!

En supplément : vous partirez en terre inconnue sans Frédéric Lopez mais en compagnie d'Isabelle Autissier pour cette belle découverte des « Nénets », une très belle promenade en terre sauvage suscitée par la plume imagée de l'auteure.

Un très beau voyage !





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Roman foisonnant de sujets de réflexion:écologie,histoire du bloc soviétique,violence familiale,alcool,et omniprésence de lamer ,de notre maltraitance à son égard comme souvent chez Autissier;fort bien écrit et une réussite malgré quelques longueurs maladroites dans le pathos;c'est très violent comme ce qu'on fait subir aux océans;une réussite.
Un homme exilé aus usa revient à Mourmansk sa ville natal à la demande de son père malade et part à la recherche du devenir de sa grand-mère disparue dans les goulags.
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