AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782490222094
124 pages
Macenta (02/04/2024)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Antonio Allegri da Correggio, dit Il Correggio (vers 1489 ou 1494-1534), en français Le Corrège ou plus simplement Corrège, contemporain de Léonard de Vinci, de Raphaël et de Michel-Ange, est considéré par les historiens de l’art comme l’un des plus grands maîtres de la Renaissance italienne.

Dans ce livre, comme dans tous les autres volumes de la collection « L’œil du copiste », Sigrid Avrillier utilise à la fois ses compétences de copiste et son esp... >Voir plus
Que lire après Corrège, ou l'espérance de l'âge d'orVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Normalienne, agrégée et docteur en physique, Sigrid Avrillier est aussi passionnée de peinture et copiste au musée du Louvre. Après Claude Lorrain, Rubens ou encore Pontormo, cette habituée de la collection « L'oeil du copiste » des éditions Macenta, spécialisées dans les livres d'art abondamment illustrés et accessibles à tous en format « Poche », nous propose cette fois la découverte de l'univers de Corrège, l'un des grands peintres de la Renaissance au sein de l'école de Parme, à partir de l'une de ses oeuvres maîtresses : « le Mariage mystique de sainte Catherine devant saint Sébastien ».


Exposé aux côtés de la Joconde au début du XXe siècle, quand cette dernière n'éclipsait pas encore le reste du musée, le tableau qualifié de « plus belle peinture de la Chrestienté » est toujours visible dans la Grande Galerie. Après des mois passés à s'en imprégner pendant son délicat travail de copie, Sigrid Avrillier s'est souciée d'en savoir plus sur ce peintre qui n'a laissé d'autres traces que son oeuvre : tableaux, retables et coupoles peintes à Parme, Modène et Corregio en Italie.


Son investigation, mêlée d'un certain suspense, nous emmène, à partir du tableau et de sa curieuse thématique du mariage mystique, dans une analyse aussi bien du contexte historique et culturel du début du XVIe siècle en Emilie-Romagne que des traits de personnalité de l'artiste, laissés à deviner au travers de son oeuvre et de son parcours. A l'issue du voyage, c'est avec un regard neuf que l'on considérera à nouveau le tableau du Louvre, averti que l'on sera de sa portée contestataire. Il est intéressant de noter que la clé de son message réside notamment dans le contraste entre la scène et son arrière-plan, un arrière-plan qui, jusqu'à sa restauration, avait fini par disparaître sous l'épaisseur des vernis successifs…


Aussi passionnant qu'accessible tant l'exposé fait preuve de clarté, ce petit livre abondamment pourvu d'illustrations de grande qualité est une excellente occasion de (re)découvrir un très grand peintre de la Renaissance italienne, injustement méconnu du grand public contemporain.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          884
*******

« Je savais cependant qu'au-delà des aspects techniques, il me faudrait essayer de retrouver cette magie qui fait toute la différence entre une copie, aussi fidèle soit-elle, et son original. Et c'est là que commença l'envie de savoir… »

Je retrouve une deuxième fois, après « Les Grâces de Rubens », la scientifique émérite Sigrid Avrillier, menant en parallèle une carrière de peintre, sculpteur sur pierre et copiste au Louvre. La qualité des livres des éditions Macenta est toujours un plaisir pour les yeux. L'importante iconographie qui accompagne les textes ne peut que réjouir les passionnés de peinture.

L'auteure, installée comme copiste dans la Grande Galerie du Louvre, sous l'oeil attentif des visiteurs, non loin de la salle où ceux-ci vont se presser pour voir La Joconde, a choisi de s'intéresser à un des plus importants peintres de la Renaissance italienne du 16e : Antiono Allegri da Corregio, dit en français tout simplement Corrège. Celui-ci côtoya ses grands contemporains, Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, dont il s'inspira.
Mazarin rêvait de faire de la toile du Corrège « le Mariage mystique de sainte Catherine, devant saint Sébastien », un des plus beaux joyaux de sa collection d'art. « Il ne faut en aucun cas laisser passer celui du Corrège quoi qu'il en coûte », écrit-il. Cela me rappelle quelque chose ? Grâce à lui, l'oeuvre entra dans les collections royales et est devenue un des fleurons du Musée du Louvre.

Sainte Catherine aurait subi le martyre à Alexandrie au début du 4e siècle pour avoir affronté l'empereur romain Maxence. L'église profita de la légende tardive de la sainte au 12e siècle pour, par ce motif poétique du mariage mystique et la dévotion à l'Enfant Jésus, donner dans sa lutte contre l'hérésie une consécration divine à la Vierge Marie que de nombreux tableaux vont montrer avant Corrège.

Un visiteur de passage dans la Grande Galerie pourrait certainement, comme moi-même, s'interroger sur le thème de cet étrange tableau de mariage mystique. Alors à l'apogée de sa carrière, Corrège le peignit pour un notable de Modène vers 1527. Il semblerait être le dernier tableau religieux du peintre avant sa mort en 1534. Quatre personnages occupent le premier plan : la vierge Marie porte sur ses genoux l'Enfant Jésus. Face à elle, sainte Catherine, agenouillée, tend la main à l'enfant qui va saisir son annulaire droit. Les trois mains réunies forment un élégant bouquet de doigts. Derrière sainte Catherine se penche saint Sébastien. Curieusement, au loin, un paysage étonnant de violence surplombe la scène.
Une impression de sérénité profonde se dégage des visages des deux femmes. En regardant la toile de Corrège, je repense à la merveilleuse « Vierge à l'Enfant avec Sainte-Anne », restaurée récemment au Louvre, une des trois toiles que Léonard de Vinci apporta avec lui en France en 1516. Les couleurs de la robe et du manteau de la Vierge sont semblables. Je retrouve le rendu vaporeux des corps en léger clair-obscur et le sourire bienheureux de la Vierge sur son enfant.

Corrège, que je connaissais mal, m'a séduit. L'apparence « tendre et suave » que l'on rencontre dans la plupart de ses toiles faisait les délices De Stendhal au 19e. Cette douceur toujours empreinte d'humanité devait être un trait du caractère de l'artiste.
À partir de 1519, il a 30 ans, le parcours de Corrège se fait essentiellement à Parme où il obtient ses commandes les plus importantes : grandes fresques de coupoles ouvrant sur la clarté du ciel, et magnifiques retables de Madones rappelant Raphaël.
« L'Adoration des bergers de nuit », plus doux que les nuits du Caravage, est splendide. Un deuxième « Mariage mystique de sainte Catherine » peint vers 1518 est, à mes yeux, un petit bijou : les trois personnages, éclairés d'un clair-obscur vacillant, évoquent un étonnant bonheur champêtre désacralisé dans lequel l'Enfant Jésus, plus âgé, s'apprête à passer en souriant l'anneau du mariage au doigt de la sainte et semble se préparer à engager une relation personnelle avec elle.

À la fin du livre, Sigrid Avrillier tente d'élucider la signification de ce mariage mystique de sainte Catherine avec l'Enfant Jésus à l'époque de Corrège. Celui-ci aurait-il laissé un message ? Sur la toile, l'image idyllique du mariage mystique de Corrège ne peut cacher le paysage en arrière-plan, un peu flou, montrant les martyres subis par sainte Catherine et saint Sébastien et des scènes de violences et de guerre.
Le commanditaire du tableau aurait, semble-t-il, désiré dévoiler ses convictions religieuses, en particulier son espoir en un retour de l'église romaine à l'âge d'or de l'église primitive. de ce fait, le peintre ne pouvait, las des comportements belliqueux de son temps, se contenter de l'image belle et rassurante des femmes vue de prime abord et aurait montré également la dure réalité des malheurs engendrés par les guerres.

Les lecteurs apprécieront en annexe l'analyse détaillée de la copiste sur son travail de plusieurs mois dans la Grande Galerie du Louvre.

***
Lien : http://www.httpsilartetaitco..
Commenter  J’apprécie          172

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On sait qu’il signait ses œuvres « Le joyeux » et qu’il était indéniablement un peintre de la joie. Sa peinture tourbillonnante d’anges et de femmes est une peinture de la joie de vivre, de respirer, de sentir et de toucher. Les innombrables putti farceurs et jeunes, terriblement jeunes, qui parcourent son œuvre, ne cessent de jouer, de se balancer et de pédaler dans le vide, les pieds en l’air, les joues rouges, les cheveux au vent, en aspirant l’air à pleins poumons de leurs fortes narines.
Commenter  J’apprécie          60
Le Corrège est peut-être le seul peintre qui sait donner aux yeux baissés une expression aussi pénétrante que s’ils étaient levés vers le ciel. Le voile qu’il jette sur les regards ne dérobe en rien le sentiment ni la pensée, mais leur donne un charme de plus, celui d’un mystère céleste.
Commenter  J’apprécie          370

autres livres classés : histoire de l'artVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Sigrid Avrillier (1) Voir plus

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

1 classique = 1 auteur (XVI° siècle)

Les Regrets

Pierre de Ronsard
Joachim du Bellay
Agrippa d'Aubigné

10 questions
85 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique , 16ème siècleCréer un quiz sur ce livre

{* *}