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Je suis assez étonné par ce roman, qui échappe à toutes les catégories dans lesquelles on pourrait le ranger. Pour autant, ce roman s'inscrit dans la lignée de ce qu'a écrit Marcel Aymé, explorant encore une fois des thèmes ruraux, paysans, moraux et fantastiques.

Ce qui m'étonne dans ce roman, c'est le mélange des genres qu'a fait Marcel Aymé. Entre le fantastique qui est assumé dès les premières pages avec ce personnage de la Vouivre, mais surtout la critique sociale qui est faite et les nombreux personnages qui vont aller de pairs avec. le fossoyeur alcoolique et ressassant une réalité qui ne fut jamais, le maire républicain mais profondément croyant et qui se sent tiraillé entre ces deux tendances, de façon déchirante. Mais également l'entourage d'Arsène, Belette et sa jeunesse qui demande quelque chose qu'on ne veut lui accorder, le vieil employé qui ne veut prendre sa retraite, et tout les autres. Autour d'un personnage principal ambiguë dans sa façon d'être (on se prend à le trouver arrogant ou aveugle à la réalité, en même temps que profondément humain et à l'écoute des autres) gravite un petit monde rural dont Marcel Aymé prend un malin plaisir à se jouer. C'est au travers des relations que va évoluer le livre, jusqu'à un final burlesque en même temps que tragique. Il y a de la comédie de moeurs là-dedans, et aussi de la satyre sociale en même temps qu'un esprit profondément champêtre. C'est le Jura qui nous est présenté, entre les beautés de ses lieux et les paradoxes de ses personnages.

Marcel Aymé est un auteur dont j'apprécie le ton humoristique mêlée de satyre sociale parfois bien ressenti. Il joue avec ses personnages pour mieux nous amener leurs contradictions, tout en nous présentant une société rurale sous toutes ses coutures. On ne peut qu'admirer son talent à présenter les choses de cette façon, et la lecture se finit sur une note tragi-comique bien sentie. C'est un final à la hauteur du livre, qui nous laisse un petit gout en bouche après la lecture, et ça ne me déplait pas du tout.
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Je pourrais débuter en disant simplement que j'ai kiffé ce livre. Il est simple et plaisant.

C'est le second livre de Marcel Aymé que je lis et j'ai aimé les deux. Cette touche fantastique dans un monde réaliste qui ne manque pas d'humour m'a séduit.

L'histoire est assez simple, elle tourne autour d'Arsène Muselier un paysan Comtois. L'homme est droit dans ses bottes, travailleurs et sérieux. Un jour, il tombe sur la Vouivre, une créature légendaire qui possède un rubis d'une valeur extraordinaire. le problème est que celui qui s'en empare se fait attaquer par toutes les vipères du coin.

Heureusement, Arsène est droit. Il ne s'empare pas de la pierre et sympathisé avec la créature jusqu'à devenir son amant.

Au-delà de l'histoire, nous sommes face à une interrogation sur le devoir, la vie, la responsabilité et la mort. Nous rencontrons des personnages qui possèdent toujours plusieurs facettes. Même le personnage morale révèle finalement ambivalent.

Bref, j'ai kiffé cette lecture.
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Dans La Vouivre, le monde agricole jurassien des années 1920, entre catholicisme et radicalisme politique, est confronté au mythe de la nature incarnée en femme. Tous veulent le rubis qu'elle porte sauf pour se baigner et ceux qui s'aventurent à tenter de lui voler sont dévorés par des vipères. Seul Arsène Muselier, plus pragmatique que les autres, ne se laisse pas éblouir par la fortune que représente le bijou, et s'attire, presque à son corps défendant, les bonnes grâces de la Vouivre. Comme toujours avec Marcel Aymé, une incroyable galerie de portraits est peinte avec brio, avec quelques phrases pour chacun qui suffisent à cerner le personnage. Hormis La Vouivre (et peut-être le maire et ses crises de foi), ces personnages sont simples et assez monolithiques, ce qui ne veux pas dire qu'ils font forcément ce qu'on attend d'eux. Ainsi la conduite amoureuse d'Arsène est-elle assez déroutante entre La Vouivre, son mystère et son éternité, Juliette, l'amour d'enfance, fille de la famille honnie, Rose, l'héritière dotée mais disgracieuse, et Belette, la jeune servante dévouée. L'écriture de Marcel Aymé captive et nous emmène insensiblement vers le terme du conte, qui paraît finalement unique et inéluctable.
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hcabanes 13 décembre 2017
L'un des plus beaux livres que j'ai lus. La poésie de Marcel Aymé qui sait rendre au quotidien visible et trivial, toute sa part de mystère, de magie et de spiritualité païenne. Nymphes, nature enchanteresse, tout un monde cruel mais beau, sensuel et magique qui enchante l'esprit, le coeur et l'âme.
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Cet été alors que je randonne dans le Livradois mais aussi en Corse et en Normandie , je guette sur les chemins si par hasard une vouivre passerait par là . S'il m'arrivait de la rencontrer je lui laisserais volontiers son bijou qui fait toute sa puissance . Malheureusement la plupart des garçons qui rencontrent celle du roman d'Aymé veulent s'en emparer un moment ou un autre .... que l'homme est avide alors que les paysages du Jura respirent au fil des pages et que le temps s'est arrêté pour cette belle issue des périodes matriarcales qui semblent nous faire défaut en nos âges sombres .
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Ce conte pour adulte a gardé toute sa fraîcheur. Parfois tendre, souvent cruel, il réactive un vieux mythe franc-comtois, celui d'une femme tentatrice, porteuse d'une mirifique escarboucle et gardée par une cohorte ophidienne.

Quand la Vouivre hante à nouveau les sous-bois de Vaux-le-Dévers, le prurit du lucre démange les hommes du village : l'énorme rubis que la peu chaste créature abandonne sur les lieux de ses baignades apporterait fortune et gloire à qui s'en emparerait... Mais le peuple vipérin veille sur sa maîtresse.

La présence de la Vouivre révèle à eux-mêmes les hommes qui sont "de l'étoffe dont sont faits" leurs rêves. Chacun lorgne le flamboyant bijou et la fortune assurée pour son propriétaire. Ainsi le cocasse pochard Requiem -fossoyeur shakespearien- projette de reconquérir sa princesse décatie, l'ignoble Robidet ; le calculateur Beuillat ambitionne une vie de marlou ; même le brave curé du village ne peut s'empêcher de songer à une nouvelle bicyclette...

Mais au-delà de la rencontre du merveilleux et du prosaïque, Marcel Aymé noue avec ce délicieux roman une intrigue amoureuse complexe et subtile. Arsène Muselier, son héros trop humain (quelques qualités et beaucoup de défauts) est écartelé entre quatre femmes : Louise, sa mère dévouée, Juliette (comme Capulet, est-ce un hasard ?), son amourette d'enfance, La Belette émouvante petite domestique idolâtre et la fameuse créature fantastique qui en vient à regretter son immortalité. le choix final d'Arsène résonnera comme une évidence.

Gorgé de paillardises roboratives et d'annotations drôlatiques, La Vouivre offre de pittoresques portraits : outre l'impayable Requiem, on ne peut qu'adorer la grande Mindeur, jument nymphomane ou se divertir des atermoiements de Voiturier, le maire pris entre République et calotte.

Aymé sans condition !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Mouais... je ne suis pas particulièrement convaincu par ce roman. Pour une part fantastique, puisque le personnage qui donne son titre à l'ouvrage est une femme sans âge, commandant aux serpents, gardiens d'un trésor très convoité... mais aussi plus "descriptif", dans le sens ou l'intrigue se déroule dans un Jura campagnard de l'entre-deux-guerres, rythmé par les travaux paysans, les mesquineries et grandeurs de l'être humain ainsi que la lutte contre la foi catholique.

Marcel Aymé croque avec simplicité les travers de l'humanité par le biais des émotions les plus simples. C'est là que réside la force de l'ouvrage, du moins pour moi. Malheureusement, je ne suis pas passé très loin de l'ennui et ce qui m'a fait y échapper est - je le crains - le fait que le roman soit assez court...

Pourtant, la galerie de personnages est admirablement travaillée, toute en finesse encore une fois. Malheureusement, c'est vraiment l'intrigue et la symbolique qui se dégage du texte que j'ai trouvé légèrement insipide. Dommage, donc. Néanmoins, cela reste un roman tout à fait correct, qui décevra peut-être celles et ceux qui en attendant un récit résolument tourné vers le fantastique.
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Roman publié en 1943 par Marcel Aymé, "La vouivre" joue sur deux tableaux: le réalisme et le fantastique. le réalisme, c'est la vie au village dans la campagne jurassienne (dont est originaire l'auteur). le fantastique, c'est le personnage fabuleux de la vouivre, monstre féminin auquel sont attachées de vieilles légendes.
Dans l'histoire, le héros s'appelle Arsène Muselier. Il rencontre la vouivre et, au lieu d'être obnubilé par son diadème magique, il cherche à nouer une relation avec elle. Mais il devra aussi gérer ses relations avec des femmes de son entourage et avec d'autres villageois. Comme souvent chez Aymé, les portraits de personnages - bien replacés dans leur contexte social - sont hauts en couleurs et souvent caustiques. C'est un roman intéressant, quoique peu connu. Il se lit bien.
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Mythologie, conte, rêves et envies.

Désirs d'inconnues et crainte de l'ailleurs que l'on ne connaît...

Sirène, vipère, bible et démons de toujours apparaissent puis disparaissent de nouveau.

Eau de vie, eau nourricière qui serpente de par nos campagnes, abreuvant nos sols fertiles de ce liquide, qui, soudain, devient objet de convoitises et de craintes.

Peurs d'insoumis ou d'incompris, les silhouettes prennent forment, les angoisses se font frayeurs.

Elle est là, parmi nous et nul part en même temps.

Qui est elle ? Cette forme, Cassandre de nos espérances et de nos amours défendus.

Aphrodite de nos forêts ou Chimères de ces rus chantants qui s'insinuent dans nos champs, nos terres et nos croyances.

De pages en pages les actes se chapitre puis s'achèvent en couverture d'ouvrage à découvrir avec intérêts et curiosités.
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Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Écrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Son roman La Vouivre est paru en 1943.
Pour écrire ce roman Marcel Aymé s'est inspiré d'une légende franc-comtoise, sa région natale, et il a fait de la Vouivre (plutôt dragon dans les légendes) une belle jeune fille immortelle qui court les campagnes et les bords de rivières, un diadème de rubis d'une valeur inestimable dans les cheveux, escortée et gardée par une meute de serpents.
Dans un petit village campagnard du Jura, deux familles voisinent se détestent depuis plusieurs générations, les Muselier et les Mindeur. Arsène Muselier, le héros du roman vit dans la ferme avec son frère aîné Victor, leur mère, Urbain le vieux garçon de ferme et Belette une jeune servante. Dans la famille Mindeur, outre la charmante Juliette on retiendra surtout le personnage de Germaine sa soeur, « réputée la plus grande putain du canton », surnommée « la dévorante » ! Bien entendu il y a l'instituteur assez effacé, le curé qui croyait « que de bonnes terres au soleil et une bécane nickelée à changement de vitesses auraient fait plus pour la cause de Dieu que le sermon le plus touchant et le mieux envolé », et le maire, un radical qui « se jurait de lutter contre Dieu pour la République laïque et démocratique ». Sans oublier le fossoyeur, un poivrot notoire, perdu dans ses rêves.
L'arrivée de la Vouivre va déclencher les passions dans le village. La belle semble s'être pris de tendresse pour Arsène qui lui cédera mais l'Arsène est un pragmatique qui construit son avenir : il n'insiste pas trop avec la Vouivre conscient de sa nature surnaturelle, il a des relations tendres et hygiéniques avec Belette, il n'est pas insensible aux charmes de Juliette mais c'est une Mindeur, alors il envisage d'épouser Rose, une fille laide qu'il n'aime pas, mais riche. le reste du village ne voit dans La Vouivre que son diadème, un trésor convoité mais inaccessible qui fera une première victime, mort à laquelle Arsène n'est pas moralement étranger, ce qui va lui peser.
De son côté le curé tentera de récupérer le désordre induit par la Vouivre pour relancer son commerce religieux en perte de vitesse, tandis que le maire confronté au trouble public, sera à deux doigts de se confesser ce qui encouragerait le cléricalisme. le roman s'achève sur un geste aussi beau que dramatique de la part d'Arsène, comme un rachat final.
Un texte délectable et jubilatoire. le lecteur se régale de ces portraits croustillants, des liens unissant les uns et les autres secrètement ou pas, des querelles de clocher dans des décors paysans comme nous les fantasmons souvent. Marcel Aymé mêle à sa prose, le parler paysan local, la truculence du propos quand le sexe n'est pas loin mais la tendresse aussi sous la rudesse apparente, sans négliger la satire politique. Mais le maître mot de ce roman est peut-être tout simplement l'Amour… ?

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