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EAN : 9782729120719
220 pages
Editions de La Différence (20/02/2014)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Au gré de monologues qui se répondent, se chevauchent et s'entrecroisent, des styles très différents les uns des autres visent à jeter un regard critique sur la gravité des temps. Cette chronique est un cri de révolte s'élevant contre toutes les formes de coercition et d'avilissement, où la violence le dispute à l'humour. Premier roman.

présentation presse:
Qu’il démonte les mécanismes sociaux, stigmatise les menées des groupes financiers et le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les sept cercles de l'enfer selon Baal
Critique de Alain Gailliard, le Vif-L'Express, 9 mai 2014

En sept chapitres fulgurants, Frédéric Baal nous livre sa version de l'enfer postmoderne. Chronique d'une catastrophe planétaire annoncée.

Frédéric Baal ressemble à ce qu'il écrit. La crinière rebelle, l'oeil curieux et scrutateur, celui qui fut le fondateur et l'animateur, avec son frère Frédéric Flamand, du Théâtre Laboratoire Vicinal, à Bruxelles, a conservé les gestes fougueux de l'homme de théâtre en pleine action. A 70 ans passés, il a gardé tout aussi intacte sa capacité d'enthousiasme, mais aussi d'indignation et de révolte face aux dérèglements et aux errements d'un monde pris de folie. La preuve ? Cette sombre et flamboyante "Chronique de l'ère mortifère" (1), un premier roman qui est le fruit d'une longue maturation.
« Ce livre, confie-t-il, j'ai mis quinze ans à l'écrire. Il comporte 22 versions successives et 5500 pages de brouillon. Tout a commencé par l'évocation, dans un premier jet d'une dizaine de lignes, d'un port dans la brume, à cinq heures du matin. J'ai songé ensuite à tout ce qui pourrait se passer dans ce port, de trafics divers à la contrebande d'armes et de drogue. C'est alors que je suis tombé sur un livre d'Eric Fottorino, consacré à la problématique des matières premières (2). Je suis allé le voir et il m'a permis d'approfondir mes recherches vers la lecture d'autres ouvrages, notamment ceux de Jean Ziegler. Je me suis ensuite documenté très sérieusement et j'ai rencontré des spécialistes de l'économie, du tiers-monde, du nucléaire. J'ai rapidement compris qu'il existait un lien étroit entre l'état économique du monde et la dégradation
généralisée de l'environnement. » Pourquoi dès lors, armé d'une telle documentation et de telles expériences, avoir privilégié la forme romanesque et non celle de l'essai ? La réponse de Frédéric Baal est éclairante et imparable : « Parce que la littérature possède un pouvoir que n'a pas la parole discursive de l'essai. La forme littéraire permet de suggérer davantage, elle possède un sens pluriel, surtout si elle s'oriente vers la poésie qui ne connaît pas d'interprétation univoque.»
A travers sept chapitres savamment gradués, Frédéric Baal nous convie à parcourir les sept cercles de ce véritable enfer postmoderne où un étrange et anonyme « président directeur général », que l'on devine à la tête de l'une de ces multinationales prédatrices dénoncées par Baal, fait office de meneur de jeu et de méphistophélique maître de cérémonie.
Long poème à la fois tragique et burlesque, cette Chronique de l'ère mortifère varie de façon virtuose les styles, passant sans complexe de la perfection classique d'un Saint-Simon revisité au slang, au verlan et à l'argot des banlieues. Chaque cercle de l'enfer « baalien » possède sa tonalité et sa musicalité propre. Et l'on se prend à percevoir une manière de bande-son fantôme dans ce livre, qui irait par exemple des Gymnopédies de Satie rythmant l'incipit « piétonnier » jusqu'à une jouissive improvisation de free jazz accompagnant la « love parade » frénétique du dernier chapitre.
Frédéric Baal cible également une certaine forme d'art contemporain, qu'il considère comme une imposture majeure du postmodernisme (d'ailleurs rebaptisé « postminusdermisme » par ses soins !) : « le pop art, assène-t-il, n'est qu'une redite commerciale de mouvements qui étaient violemment contestataires, comme le dadaïsme et le surréalisme. C'est devenu un pur objet de spéculation. Ce requin mort exposé dans du formol, que l'on pourrait croire issu
de mon imagination débridée, existe réellement ! Nous vivons à une époque où il est beaucoup plus lucratif d'exposer des tuyaux que d'être plombier... »
Alain Gailliard

(1) Chronique de l'ère mortifère, par Frédéric Baal, Editions de la Différence, 219 p.
(2) 1972-1987, les années folles des matières premières, par Eric Fottorino, Hattier, 191 p, (1988)
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Il s'agit d'une oeuvre qui ne se laisse pas enfermer dans une catégorie ! Rebelle par essence ! Qui déracine les idées reçues, déstabilise le lecteur et l'interpelle non seulement par les thèmes qu'il aborde mais aussi par sa construction et son style.
Il serait vain d'y chercher une « histoire », une « narration ». L'auteur préfère les évocations de lieux et les longs monologues dont les ruptures de ton (du langage précieux on passe brutalement à des tournures familières, voire vulgaires) trahissent la médiocrité et la bassesse des personnages sous leur vernis.

Je pense que si son style et sa construction peuvent dérouter le néophyte, il est ô combien savoureux quand on parvient à y entrer.
Le lecteur qui cherche simplement à se distraire en s'évadant dans une bonne histoire passera son chemin mais celui qui recherche autre chose trouvera ici de quoi satisfaire à la fois sa réflexion et sa soif de poésie, d'images fortes et de trouvailles langagières.
C'est un livre qui se déguste par petites touches tant il est dense. On y plonge et on y replonge encore avec délectation. Une deuxième, une troisième lecture, voire davantage encore, permet d'en savourer toutes les subtilités.

Les nombreux sujets abordés concernent le monde actuel, la mondialisation, les crises financières, les inégalités sociales, le racisme, les multinationales, un certain art contemporain, les banlieues, le tout abordé dans un style résolument nouveau et avec, la plupart du temps, malgré le titre du livre, beaucoup d'humour et d'ironie.
Frédéric Baal excelle aussi dans l'évocation poétique de lieux, souvent ravagés par le temps ou les épreuves du monde moderne (pollution, faillites...). Il nous embarque dans son univers et nous force à regarder autrement ce qui nous entoure.

Aussi brillante qu'efficace, cette mordante Chronique est un cri de rage et de détresse.

A lire assurément!
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Frédéric Baal a un grand talent. Il joue avec le langage de façon exceptionnelle. Y a des types comme Stéphane de Groodt ou Bruno Coppens qui sont nettement plus connus et payés et pourtant moins corrosifs, moins courageux, moins dénonciateurs, moins engagés. Ici, on peut sourire, rire, et pleurer aussi, parce que c'est grave, quand même, que ce monde, mortifère... Un petit hic, le livre a été écrit sur une longue période et certaines références sont ou seront oubliées et donc il deviendra difficile de tout bien comprendre. Ce livre ressemble effectivement plus à des chroniques qu'à un roman.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
25 février 2014
"Chronique de l’ère mortifère", premier roman - musclé - de Frédéric Baal. Une voix qui dénonce vertement imposteurs, exploiteurs, mystificateurs.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aux approches de l’hiver. Ne pouvoir trouver le sommeil. Se relever. S’habiller à la hâte et sortir discrètement de chez soi. S’aventurer dans ce quartier peu sûr, vers la fin de la nuit.
Bassin à fond de vase où aboutissent des allées jonchées de rameaux, de brindilles et de feuilles mortes. Le gravier crisse sous les pas. Poser le pied sur la planche jetée, en guise de passerelle, sur le ruisseau qui arrose un coin du parc. Relever le col de son imperméable. Traverser des broussailles et atteindre la lisière du bois où les grives ont abandonné des coquilles d’escargot. Suivre le sentier fangeux qui court le long de la clôture. Marcher prudemment sur les racines noueuses des tilleuls. Une troupe de sarcelles, dérangées dans leurs habitudes, bavardent avec abondance.
Lever le loquet du portillon et parvenir au sommet du monticule où se découvrent les cabanes coiffées d’un petit toit circonflexe semées sur le terrain qui s’incline jusqu’à la voie ferrée. Turlututu, chapeau pointu. Ce n’est pas le moment de faire de l’esprit. Les ronces et les orties ont envahi les jardins. Carrés de légumes retombés en friche. Bordures mangées de graminées. Que sont devenus les jardiniers qui sarclaient les chemins ? Clayonnages pourrissants. Parois des fossés mal défendues contre les eaux bourbeuses. Au fond de la tranchée du chemin de fer, se couler sous les érables poussés entre les pierres disjointes de la muraille. Gravir le raidillon et s’arrêter à mi-pente. Distinguer les signaux, le lacis des rails, le poste d’aiguillage et une locomotive oubliée par le trafic. Les portes à glissières d’un wagon à bestiaux béent sur la paille souillée de bouse qui en recouvre le plancher. Talus en déblai par où des renards entrent dans les faubourgs de la ville maritime. Repartir. L’intensité de la lumière augmente au-dessus du décor de maisons chétives et maussades planté à contre-jour. Tristes rues enténébrées. Immeubles gris de poussière. Portes cadenassées. Trottoirs que les pluies ont défoncés. Façade noircie du bureau de poste. Bruits lointains de tamponnements. Échos prolongés. Carcasses de voitures blanchies par les fientes d’étourneaux. Ils passaient encore la nuit sur les ramures en octobre.
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« Alecendres le Grand aux oubliettes !... jeté aux poubelles de l’histoire par les logiciels... surpassé en hécatacombes, pardon ! en hécatombes par les technécrologies de l’information !... quel usage sensationnel eût pourtant fait des ordinateurs cet ambitieux sanguinaire !... (...) la guerre propre et silencieuse... plus de marches forcées à travers monts et déserts, mais des milliards en circulation sur les marchés !... oriflammes et gonfanons relégués au magasin des accessoires !... le déploiement des étendards éclipsé par la bulle financière !... (...) les missionnaires des dérivés portent la bonne parole et réduisent les peuples en esclavage... l’activité fébrile des colonels convertie en activité véreuse des courtiers !... intermaître gouverne les tribus nomades de flux spéculatifs !... conquiert les plus-values !... les avances et les replis des hordes barbares !... la rage des envahisseurs relayée par les sautes d’humeur d’Attila Street !... (...) les raids de traders sur la Bourse de New Destruction !... grâce aux qualités guerrières des nouvelles oligarchies... le verdict du marché est celui de l’histoire !... la mort par radiations financières infinies... à la faveur de la nuit où nous plongent les longs couteaux virtuels... »
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... le frisson nocturne de New Rage City court le long des avenues fiévreuses de Manhattrane et vole à tire-d’aile jusqu’aux rues éblouies de Paribird... les sons éclatants du Cottonnerre Club et de l’Apollumineux Theater s’éparpillent dans l’air de Paris l’insoumise… de Marvelouise Michel à Rose Parks des Vents d’Orage... les jazzwomen affolantes de New Sound City descendent le fleuve à Paris Parker... les pompes funèbres de Funérailles Street n’y retrouveraient pas leurs neurhommes... Paris bleue de colère !... one love !... one love à toi !... je suis love de toi !... enfuriouse-moi jusqu’à l’aube !... Paris bleue de colère, je suis bleu de toi !...
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Il fut un temps où nos esclaves aimaient l'esclavage... ils risquaient, s'ils venaient à ne plus l'aimer, que nous ne les aimions plus... ils se seraient fait tuer plutôt que de ne pas se rendre à nos raisons... d'ailleurs, nous les tuions quand ils ne s'y rendaient pas !...
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