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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gobseck est encore l'un de ces magnifiques romans-portraits auxquels Honoré de Balzac nous a habitué.
Ici, il s'agit d'un vieillard et, si vous me permettez le calembour douteux, on peut dire que celui-ci, il gobe sec.
Peu importe et ce n'est pas pour nous déplaire car le tableau est particulièrement réussi et haut en couleur (ou plus exactement, bas en couleur pour être plus conforme au personnage).
L'auteur fait reprendre du service à l'avoué Derville (voir le Colonel Chabert) pour nous narrer le caractère, plus que l'histoire, de l'étrange Gobseck.
Celui-ci, hollandais de naissance usurier d'adoption, ne reconnais en effet que le pouvoir et les sortilèges de l'or. C'est le prêteur sur gage le plus rapace et le plus efficace de Paris.
L'on ne sait qu'une chose en entrant chez lui : on ressortira probablement avec de l'argent mais il va nous coûter cher !
Balzac le dépeint comme un cynique de la dernière espèce, tellement au fait des usages et des déviances des hommes qu'il en possède presque un don de divination.
Pourtant, et c'est là tout le génie de l'auteur, il arrive à faire poindre des nuances de hautes valeurs morales derrière cette façade inaltérable et impitoyable.
Le roman est court mais absolument truffé de phrases dignes de figurer dans nos pages roses de proverbes tellement elles semblent recéler une vérité générale.
Bref, un vrai petit chef-d'oeuvre très largement sous estimé et sous connu De Balzac, mais ceci, bien sûr n'est que mon avis, qu'on ne peut guère laisser en gage et qui donc, ne vaut pas grand chose.
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Balzac avec sa grande éloquence nous décrit le caractère de Gobseck,usurier de son état qui termine sa vie en avare,sans personne à qui confier ses deniers.
Histoire très courte mais qui nous révèle l'art De Balzac.La description claire,nette ,précise et complète du personnage.
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Dans cette nouvelle, Balzac nous brosse le portrait d'un usurier hors du commun d'origine hollandaise, Jean-Esther van Gobseck, dont l'histoire nous est racontée, dans l'intimité d'une fin de soirée mondaine, par un narrateur intra-diégétique, l'avoué Derville ; ce dernier a pris la parole pour donner à la jeune fille de la maison un avis circonstancié sur un jeune dandy ruiné dont elle s'est éprise, au grand dam de sa mère.

Dans la littérature en général, le personnage qui pratique l'usure est antipathique, malhonnête et sans scrupules et dans l'imaginaire collectif, c'est une figure particulièrement sombre alliée à la misère et à toutes les formes de pauvreté ; il apporte ruine et désespoir dans les familles qui ont recours à ses prêts à taux illicites et toujours exorbitants. de même l'avarice, l'attachement excessif aux biens matériels est un défaut, une véritable perversion souvent mise en scène en littérature. Balzac a dépeint plusieurs portraits d'usuriers ou d'avares dans sa Comédie Humaine : outre Gobseck, Nuncingen, Hochon ou le Père Grandet en milieu urbain, il a aussi créé Rigou en secteur rural dans Les Paysans, et sans doute d'autres qui ne me viennent pas à l'esprit où dont je n'ai pas encore découvert les portraits.
Personnellement, je trouve le personnage de Gobseck particulièrement fouillé et intéressant. C'est un personnage très ambivalent, qui concentre vices et qualités dans sa personnalité complexe. Malgré ses richesses, il vit frugalement et dans la plus grande discrétion. Son nom sonne comme un ultimatum, une sentence ou un couperet de guillotine ; mais son surnom de papa Gobseck, au contraire, l'adoucit et l'auréole d'un paternalisme rassurant. Ainsi, il a su se montrer bienveillant et amical pour son jeune voisin, Derville, qui a pu acheter sa charge grâce au prêt qu'il lui a consenti ; devenu pour le jeune homme un véritable mentor, il le guide et le conseille dans les dédales des transactions financières et juridiques et dans sa carrière d'avoué.
Gobseck semble avoir derrière lui une vie aventureuse de corsaire qui a connu Victor Hughes, mais toujours dominée par l'argent et les richesses ; il se dit capable de se battre à l'épée ou au pistolet. Il pratique le capitalisme et l'usure avec une certaine philosophie, voire une sorte de morale qui lui est propre ; chez lui, l'usure devient non seulement une forme de pouvoir, mais aussi un art véritable dans une profonde connaissance des mécanismes financiers et de la psychologie humaine, comme s'il avait un don de double-vue un peu surnaturel…
Je vois un parallèle possible avec le personnage de l'étrange antiquaire de la Peau de Chagrin ; l'engrenage de l'usure donne à Gobseck un pouvoir semblable à celui du rétrécissement inexorable de la peau magique. Il est même perçu comme un ogre de conte de fées par une de ses victimes.
L'intrigue d'usure en elle-même, telle que racontée par l'avoué Derville, paraît secondaire et reste une simple illustration du portrait principal ; à noter cependant la description du milieu et des moeurs des dandys ainsi que l'analyse des scènes de la vie conjugale dans ses excès, ses entorses et ses dérives et les inévitables conséquences pécuniaires et successorales qu'elles entrainent.

J'ai repris avec bonheur ma lecture in extenso de la Comédie Humaine et, encore une fois, voilà une nouvelle dont je n'avais jamais entendu parler qui fait figure de pépite dans ce parcours.
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De Balzac, qui est depuis mon enfance un de mes auteurs favoris, à part La peau de chagrin et le Colonel Chabert, je n'ai lu que les grands romans: Eugénie Grandet, le père Goriot, la Cousine Bette, le Cousin Pons, Splendeurs et Misères des Courtisanes, La recherche de l'Absolu, etc…en n'oubliant pas bien sûr, l'incontournable le Lys dans la vallée, qui m'a un peu troublé dans ma jeunesse.
J'avais laissé de côté les nouvelles, que beaucoup (dont mon cher Marcel Proust) considèrent comme mineures.

C'est en furetant sur Babelio que j'ai pu lire les commentaires enthousiastes de mes ami-e-s (ou pas ) Babeliotes.
C'est ce qui m'a décidé à franchir le pas, et j'ai débuté mes lectures par Gobseck (téléchargeable gratuitement sur internet!), et je ne l'ai pas regretté!

Gobseck, extraordinaire nouvelle, tant par le contenu, la profondeur psychologique que par la construction. Une merveille concentrée en un court récit.

On y retrouve l'avoué Maître Derville (présent dans de nombreux romans De Balzac dont le Colonel Chabert et Splendeurs et misères des courtisanes) qui intervient dans une conversation dans laquelle la vicomtesse de Grandlieu dit désapprouver l'amour de sa fille Camille avec Ernest de Restaud, car ce dernier est le fils d'Anastasie de Restaud née Goriot, qui dilapide l'argent du ménage dans une relation extra-conjugale avec le comte Maxime de Traille.
Derville raconte alors les péripéties tumultueuses de la relation entre la famille de Restaud et Gobseck, un usurier parmi les plus riches et les plus féroces de Paris, qu'il a fréquenté à son début de carrière, alors qu'il n'était que second clerc d'avoué.

Sans entrer dans les détails de l'intrigue racontée par Derville et qui se conclut par le fait que le jeune Ernest de Restaud va pouvoir hériter de la fortune de son père récemment décédé, le récit est remarquable d'abord parce qu'il dresse l'extraordinaire portrait d'un usurier, on pourrait dire de l'Usurier. Un homme doué d'une finesse d'analyse psychologique exceptionnelle, féroce mais un peu justicier puisqu'il est sans pitié pour les puissants par la noblesse ou par la richesse, et plutôt bienveillant à l'égard des modestes par le rang social ou la fortune. Mais aussi un homme qui progressivement sombre dans la folie d'amasser les richesses (et le reste), tout en ne dépensant rien.

Et puis, le récit nous dresse un tableau cruel du couple des de Restaud, un mari qui hait sa femme, un père qui veut déshériter les enfants du premier mariage de son épouse, une épouse haïssant son mari et qui se ruine dans une relation avec un bel homme sans scrupules, et une mère qui établit une emprise sur son fils.

Et enfin (nous sommes dans La Comédie Humaine), Balzac nous décrit de façon impitoyable la société de la Restauration, où les nobles revenus sur le devant de la scène sociale n'en sont pas moins obligés de composer, voire d'arranger des mariages, avec les riches bourgeois, l'argent prime sur tout le reste.

En lisant ce texte magnifique, j'ai repensé à l'excellente analyse de l'oeuvre De Balzac que fait Marcel Proust dans son Contre Sainte-Beuve.
D'abord son regard amusé sur le leitmotiv de l'argent dans les romans de ce cher Honoré. C'est vrai, il y a toujours une affaire de gros sous dans les romans ou nouvelles, on y brasse des millions, on vous explique comment on peut se faire ou se refaire une fortune, ou la dilapider.
Mais Proust a parfaitement compris à quel point Balzac a été capable de saisir les rouages et les dérives de cette société dévorée par l'argent, et plus généralement à savoir décrire, en quelques phrases, en quelques allusions, les travers et parfois les qualités des humains.
Eh bien! Je crois que tout cela est, en concentré, dans Gobseck.
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La jeune Camille de Grandlieu, de famille noble ancienne, s'est éprise du jeune comte Ernest de Restaud, ce qui n'est pas au goût de la vicomtesse de Grandlieu, sa mère, car Anastasie de Restaud, la mère d'Ernest (et fille du Père Goriot) n'est pas selon elle fréquentable : d'abord elle est d'origine bourgeoise, ensuite elle est connue pour avoir eu des moeurs quelque peu dissipées...
Afin de lui donner un éclairage plus juste sur la situation, et peut-être de favoriser un possible mariage entre les jeunes gens, Derville, avoué et fidèle à la famille de Grandlieu, qu'il a très efficacement aidée à retrouver ses biens en rentrant d'émigration sous la première Restauration, entreprend de raconter à la vicomtesse l'histoire du jeune comte de Restaud et des frasques de sa mère, via la présentation d'un personnage des plus saisissants : l'usurier Jean-Esther Gobseck.

Gobseck est un des dix hommes qui tiennent le "monde" parisien en sous-main, prêtant à usure aux fils de famille ou aux entreprises au bord de la faillite, pour les aider à éviter le scandale ou à se livrer à leurs vices - le jeu, souvent. Gobseck est un homme poli, froid et dur en affaires, à qui on ne connaît aucune famille, et qui vit chichement, bien que sa fortune puisse être estimée à un montant exorbitant. de par la vie aventureuse qu'il a menée dans sa jeunesse et le métier qu'il exerce, Gobseck, qui s'est pris d'une sorte d'amitié (autant qu'il en soit capable, donc assez distante) pour le jeune avoué, qu'il a aidé à acheter sa charge en empruntant à un taux "raisonnable" de 15%, est une mine d'histoires croustillantes sur les dessous des grandes familles. Il a des théories affirmées sur les hommes et leur rapport à l'argent, et regarde tout cela sans s'impliquer, afin d'économiser son énergie pour vivre le plus longtemps possible. C'est un pragmatique pour qui "le bonheur consiste dans l'exercice de nos facultés appliquées à des réalités".
En développant ce personnage impressionnant de Gobseck en "une image fantastique où se personnifiait le pouvoir de l'or", Balzac nous présente les privilèges de la bonne société et ses turpitudes, avec l'exemple d'une femme de la haute société qui se perd en payant les dettes de son amant, Maxime de Trailles, bon-à-rien qui court les salons et semble vivre aux crochets des dames qui l'adorent, pour pas moins de cent mille livres par an. C'est en suivant les démêlés conjugaux de la comtesse et du comte de Restaud, jalonnés des interventions intéressées de Gobseck et désintéressées de Derville, que nous saisirons l'état de la société sous la Restauration.

Une fois de plus, Balzac fait oeuvre de peintre de la société de son époque et des caractères, des types sociaux, mis en valeur par leurs relations et leur rapport à l'argent. Gobseck, "ce Hollandais digne du pinceau de Rembrandt", fait presque figure de statue du commandeur, alors même que Don Juan est convoqué, dans cette scène où il éconduit Monsieur Dimanche pour ne pas payer ses dettes - ruse, on s'en doute, qu'il vaut mieux éviter avec un tel homme. Non sans une certaine fascination de la part de Derville, qui prend en charge la narration dans cette nouvelle, l'usurier représente la figure de l'homme de l'ombre, qui tire les ficelles et exerce le vrai pouvoir, mais qui n'en est pas moins, surtout avec l'âge, une malheureuse figure d'une passion poussée à l'extrême - l'avarice.
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Ma critique est partiale, j'aborde Balzac est sachant toujours que je vais succomber. le personnage de Gobseck est un souvenir de collège, quand on découvrait la grande littérature et par la même occasion les questions d'argent, de pouvoir, la force de la description et la corruption des âmes. C'est tout cela que nous raconte Derville dans ce court roman. Un usurier usé mais rusé, qui tente tel un dieu terrestre de punir les malfaisants et qui se retrouve rattrapé par son avarice hors de contrôle. Un chef-d'oeuvre.
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Une plume découverte bien tardivement, celle d'Honoré. J'ai dû lire La Peau de Chagrin au collège ou au lycée mais je n'ai jamais pris la peine de faire connaissance avec l'auteur.

Le curé de village fut mon premier coup de coeur, puis La Recherche de l'absolu vint illuminer ma vie de lecteur. Il est et restera sans doute "mon préféré". La première nouvelle de ce grand écrivain qu'il m'a été donnée de lire fut Le Colonel Chabert. Il est bien sympathique ce soldat d'outre-tombe qui revient dans le monde des vivants pour réclamer son dû. On s'y attache un peu malgré nous.

Mais Gobseck est, parmi ceux que je connais, le personnage balzacien le plus fascinant. Il chérit l'or, l'argent pour ce qu'ils représentent, le pouvoir. On pourrait presque déceler dans cette nouvelle la description d'un personnage fantastique. L'écriture de Balzac n'y est sans doute pas étrangère.
Qui a l'or a le pouvoir.

Les autres nouvelles sont également intéressantes et méritent que l'on s'y attarde :
Maître Cornélius et Facino Cane tournent aussi autour de la fascination pour l'argent.
Adieu est un récit bien plus singulier qui mêle à l'amour la folie la plus mystérieuse.

La lecture de ces quatre nouvelles fut pour moi un florilège de moments singuliers, précieux car parfois insaisissables et toujours envoûtants.

Je ne peux que vous inciter à prendre quelques heures pour vous plonger dans ces courts récits !
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Court roman. Derville, dans les salon de la vicomtesse de Grandieu perçoit l'attirance de Camille pour le jeune comte de Restaud, petit-fils du père Goriot. Il explique à la vicomtesse comment Gobseck et lui ont sauvé la fortune du jeune comte. Derville dresse un portrait passionnant de l'usurier avare moraliste, très exigeant. Intelligence, modestie, qualités morales de Derville. Excellent.
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Avec Gobseck : on est en terrain de connaissance avec les amours d'un jeune couple, Camille de Grandlieu et le vicomte de Restaud, l'avoué Derville, une belle figure honnête de la Comedie humaine, au courant de bien des secrets.
Le faubourg Saint Germain et La Chaussée d'Antin sont présents comme les deux forces sociales de l'époque, l'une déclinante, l'autre montante, toutes deux concernées par des rapports avec l'usurier Gobseck, dont on sera curieux de voir les metamorphoses :
"Vers le soir l'homme-billet se changeait en un homme ordinaire, et ses métaux se métamorphosaient en coeur humain."
Etonnante puissance de celui qui, au courant des histoires d'argent, plonge dans les profondeurs du coeur humain, comme Balzac lui-même.
"Mon regard est comme celui de Dieu, je vois dans les coeurs. Rien ne m'est caché. On ne refuse rien à qui lie et délie les cordons du sac. Je suis assez riche pour acheter les consciences de ceux qui font mouvoir les ministres, depuis les garçons de bureau jusqu'à leurs maîtresses : n'est-ce pas le Pouvoir ? je puis avoir les plus belles femmes et leurs plus tendres caresses, n'est-ce pas le Plaisir ? le Pouvoir et le Plaisir (1) ne résument-ils pas tout votre ordre social ?"
(1) rappel de l'Or et Du Plaisir, ce beau couplet inaugural de la fille aux yeux d'or.
Balzac invite donc, par le témoignage de Derville, à découvrir la face cachée d'un personnage de premier plan ( comme dans la messe de l'athée), et par là ouvrir des portes dérobées de la Comédie humaine.
Drôle d'alliance entre Gobseck, l'usurier impitoyable, et Derville, l'avoué consciencieux et attaché à la morale.
Faute d'avoir une édition annotée, je reste un peu surpris par les termes de finance et d'embrouille (les deux allant de pair) comme [i]fidéicommis [/i]et [i]réméré[/i], sans parler des intrigues pour l'appropriation des biens entre époux.
Balzac puise dans son sens du théâtre pour les allées et venues successives des personnages, les scènes dramatiques avec l'agonisant pointant le doigt vers la coupable etc.
Son goût du système joue de la proximité de l'homme avec son habitat - Gobseck est comme "une huître attachée à son rocher", et même d'une hérédité psychologique : madame de Restaud, fille du père Goriot, prête à tout pour sa progéniture.
Quant à Gobseck, capable d'une magnanimité toute relative et bien ponctuelle, il demeure dans la Comédie humaine, un Dieu qui tient serrés les cordons de la Bourse et perce à jour les errements du coeur... et du corps.
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"Critiquer" ? Un Balzac de ce niveau ? T'as d'autres idées aussi farfelues ou bien ?
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