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sur 901 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'oeuvre De Balzac est hantée par des génies qui finissent par sombrer dans la folie. La quête de l'absolu, dans l'art, la chimie, ou quelque autre domaine n'a jamais lassé de fasciner Balzac.

Dans ma librairie préférée ce petit ouvrage De Balzac est placé au premier rang dans la section Art, et c'est peut-être sa juste place, car il ne s'agit pas d'une simple nouvelle, mais plutôt d'un traité sur l'art et ses limites par rapport à la nature.

Nous suivons le jeune Nicolas Poussin dans le Paris du début du 17ème siècle, qui rêve de pouvoir s'introduire dans l'atelier du peintre célèbre Porbus.

C'est grâce au peintre génial Frenhofer qui rend visite à Porbus, que le jeune Poussin s'introduit discrètement dans l'atelier de ce dernier. Il est alors témoin d'un discours exalté de Frenhofer qui, tout en critiquant la dernière oeuvre de Porbus, dévoile sa propre vision sur l'art et ses techniques pour faire de l'art la copie exacte de la nature, voire de la surpasser. Il aurait pu dire comme d'Arthez dans les Illusions perdues : 'Qu'est-ce que l'Art monsieur ? C'est de la nature concentrée.'

Après le discours de celui-ci, Poussin veut absolument voir la dernière peinture à laquelle Frenhofer travaille depuis de nombreuses années mais qu'il refuse de montrer à qui que ce soit.
Grâce à la maîtresse de Poussin, Gillette, d'une beauté idéale, Frenhofer veut bien l'admettre comme modèle et en échange Porbus et Poussin sont admis dans son atelier.

Mais ô surprise, cette peinture enveloppée dans tant de mystère et que Poussin a crû devoir être le parachèvement de l'art, il n'y voit qu'un amas de couleurs confuses duquel émerge un ravissant petit pied presque vivant.

Confronté à la déception de ses amis, tout s'effondre pour Frenhofer, sa vision, ses hautes idées sur l'art et sa façon de l'atteindre. Tout n'était-il donc illusion ? Était-il en avance sur son temps ?
Sa fin me fait penser à cette phrase de Cioran : 'Il n'est pas de position plus fausse que d'avoir compris et de rester en vie.'
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Lecture ô combien mystérieuse que ce Chef d'Oeuvre inconnu, riche à la fois de pistes multiples, évasif, qui laisse un goût d'inachevé.

Même le titre peut laisser libre cours à des interprétations multiples. Balzac situe l'intrigue en 1612, et nous plonge dans les secrets des ateliers de deux peintres de l'époque, un bien installé, Pourbus, le second en devenir, jeune et passionné, mais passablement désargenté, Nicolas Poussin. Entre les deux, un maître, dont les capacités semblent au-delà de ce qu'ils peuvent même concevoir en art, ce Frenhofer habité par son oeuvre, dont le délire semble être de lui donner vie. Nous effleurons le mythe de Pygmalion, et d'une certaine manière, je retrouve le Balzac féru d'alchimie et de sciences occultes, mais peut-être est-ce en cela que la piste tourne court, car ces vapeurs fantastiques sont vite dissipées, pour laisser entendre que Frenhofer est tout simplement devenu fou.

Depuis dix ans, la peinture à laquelle il travaille n'a jamais été vue, on devine donc qu'avec l'incroyable génie de peintre dont il a livré une ébauche, et les recherches patientes d'une vie d'artiste, il doit être parvenu à un degré de vérité, d'absolu, qui ne peut que déclencher la plus intense curiosité. du modèle, cette fameuse courtisane du nom de Catherine Lescault (un clin d'oeil à Manon Lescaut ?) on ne saura du reste rien, car elle ne pose plus depuis longtemps pour le peintre, qui semble ne faire que peaufiner seul sa peinture dans le secret de son atelier ; ce n'est pas le moindre mystère dans cette nouvelle étonnante.

Balzac, en grand touche-à-tout qu'il était, passait pour un critique d'art estimé : il n'est donc pas étonnant que pour sa Comédie Humaine il se soit penché sur les affres de l'art pictural. de son époque, Delacroix serait le peintre scandaleux le plus en vue - pourtant, à la façon dont il dépeint si minutieusement et si justement les touches de peinture, la façon idéale de modeler les volumes, et surtout de représenter les formes par une sculpture d'air et de lumière, il m'a furieusement évoqué les Impressionnistes - sinon que ceux-ci travaillaient de préférence dehors, et qu'au contraire, la Belle Noiseuse ne connaît que les murs de l'atelier du peintre. Serait-il visionnaire ?

Un bémol sur le personnage de Gillette, la fiancée de Poussin, qui campe une figure de "groupie" transie, inquiète de finir par être délaissée par son amant pour son art, mais prête à tout lui sacrifier ; elle n'a finalement que peu d'importance, ne posera pas pour Frenhofer comme annoncé, car elle ne sert que de sésame pour entrer dans l'atelier de ce dernier. Il est dommage que le potentiel du récit ne soit pas mené complètement à son terme, mais Balzac nous laisse en une rêverie trouble qui nous porte loin, et sans doute longtemps après la lecture.
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Honoré de Balzac a écrit plusieurs versions de ce court roman de la taille d'une nouvelle, le Chef-d'oeuvre inconnu, l'écrivain hésitant entre le conte fantastique et la parabole philosophique, ayant à coeur de le retoucher, le déplier, le remodeler, l'amener à une forme de perfection, remettant sans cesse l'ouvrage sur l'établi, de sorte que le projet de l'écrivain ressemble étrangement à une mise en abyme entre le travail de ce texte et son propos.
Mais que dit ce récit que j'ai beaucoup aimé ?
Balzac nous invite à une magnifique leçon de peinture, qui en dit beaucoup aussi sur l'art, la création, le génie, la folie... Plus qu'une leçon de peinture, n'est-ce pas une leçon sur la vie, tout simplement ?
Suivons Balzac et entrons dans l'atelier d'un peintre...
À la fin de 1612, un jeune peintre encore inconnu, mais qui se révèle être Nicolas Poussin, rend visite dans son atelier au peintre Porbus qu'il admire, celui-ci est célèbre notamment pour avoir réalisé le portrait d'Henri IV. Il est accompagné du vieux maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac et que j'ai cru tout droit sorti de la boutique maléfique de la peau de chagrin. Dans l'atelier, Nicolas Poussin est fasciné par un tableau commandé par Marie de Médicis, Marie L égyptienne, mais maître Frenhofer tout en faisant l'éloge du tableau, ne manque pas d'exprimer son opinion, teintée de reproches et de sarcasmes, le trouvant incomplet :
« Vous colorez ce linéament avec un ton de chair fait d'avance sur votre palette en ayant soin de tenir un côté plus sombre que l'autre, et parce que vous regardez de temps en temps une femme nue qui se tient debout sur une table, vous croyez avoir copié la nature, vous vous imaginez être des peintres et avoir dérobé le secret de Dieu !... Prrr ! Il ne suffit pas pour être un grand poète de savoir à fond la syntaxe et de ne pas faire de fautes de langue ! »
Nous sommes conviés à la première leçon de peinture de Nicolas Poussin.
Puis, ajoutant un peu plus loin comme une sentence irrévocable et humiliante, il s'empare des pinceaux de Porbus :
« La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer ! »
En quelques coups de pinceau, le vieux peintre insuffle la vie dans l'oeuvre qui se dresse devant lui, métamorphose le tableau de Porbus au point que Marie L Égyptienne semble renaître après son intervention. Toutefois, si Frenhofer domine parfaitement la technique, il lui manque, pour son propre ouvrage, La Belle Noiseuse, toile qui monopolise l'essentiel de son art depuis dix ans, mais sans atteindre à cette perfection absolue qui est son idéal artistique, travail qui doit montrer l'âme du modèle, tout en reflétant celle de l'artiste. Ce futur chef-d'oeuvre, que personne n'a encore jamais vu, serait le portrait d'une certaine Catherine Lescault.
Nicolas Poussin s'accorde alors avec le vieux maître dans une sorte de contrat digne d'un pacte faustien : faire poser la femme qu'il aime, la belle Gillette, dont il a toujours su cacher au monde la beauté, mais en échange elle entrera dans la célébrité d'une oeuvre et Nicolas Poussin en profitera pour parfaire son éducation de jeune peintre en prenant une leçon de peinture décisive ; voilà que les deux hommes s'entendent sans avoir pensé une seule fois demander le consentement à la principale intéressée. Mais la future Belle Noiseuse fait des noises, réagit, s'insurge, c'est pas que Gillette trouve ça rasoir car elle a déjà posé pour celui qu'elle appelle Nic, elle s'indigne tout simplement du procédé, elle a bien raison de comparer cela à une forme de prostitution, c'est d'ailleurs tout à l'honneur de Balzac de l'avoir suggéré ainsi et j'ai rendu grâce à l'écrivain de cette indignation. Gillette finira malgré tout par poser pour Frenhofer ...
La beauté de Gillette inspire Frenhofer à tel point qu'il termine La Belle Noiseuse très rapidement.
Plus tard, nous sommes conviés à voir le résultat. J'ai accompagné dans l'atelier de maître Frenhofer nos deux comparses, Nicolas Poussin et Porbus. J'ai déploré que la belle Gillette ne soit pas présente. Mon coeur a tremblé lorsque Frenhofer s'est avancé pour soulever la toile de serge, son oeil ressemblait à celui qui a fait un mauvais coup s'apprêtant à montrer à d'autres larrons son butin.
Puis, le drap de serge verte fut enfin levé devant nous...
Je vous laisse imaginer la chute finale, terrible !
Permettez-moi cependant de soulever peut-être ce même drap pour vous dévoiler à présent mon ressenti.
C'est un texte court qui porte l'essentiel de ce qu'il faut dire, entendre, deviner sur la beauté du monde et sur l'art qui va y poser son regard...
Ici, les protagonistes sont au service de de la seule question qui vaille peut-être : comment donner à l'art le mouvement de la vie ?
Et s'il fallait retenir qu'une seule idée : le rôle de l'art n'est pas d'imiter, bien entendu, mais d'exprimer. On est tous d'accord, enfin presque j'imagine... Mais cela suffit-il à exprimer l'art ?
Donner à l'oeuvre, à ce qu'on peint la saveur de l'existence, ne pas réduire la peinture à une tentative stérile d'imiter les choses, mais au contraire en faire le message d'une expression, le rôle de l'art n'est pas d'imiter mais d'exprimer la nature, c'est l'une des leçons de Frenhofer à Porbus et à celui dont il ignore encore qu'il s'agit déjà de Nicolas Poussin...
Le chef d'oeuvre inconnu, c'est l'histoire d'un échec sublime et dont survit malgré tout quelque chose après...
C'est le roman de l'imperfection et de l'inaboutissement, de l'inachèvement, de la difficulté dans laquelle se trouve le peintre quand il veut non pas représenter ce qu'il a sous les yeux mais exprimer ce qu'il a dans le coeur. Cette difficulté est vraiment dans le noeud du récit. Je l'ai senti ainsi.
On pourrait rapprocher le propos de l'analogie de l'écrivain qui veut se servir des mots pour représenter quelque chose ou plutôt pour donner à sentir et à voir quelque chose, ou plutôt à sentir plus qu'à voir quelque chose... Sentir plus que voir, sentir plus que comprendre...
Tout le chef d'oeuvre inconnu tourne autour de quelque chose d'ineffable, indicible.
Quelque chose qui dévore aussi.
À travers la démarche de Frenhofer, je me suis alors rappelé le personnages d'Elstir, le peintre d'À la Recherche du temps perdu, qui exprime la nature et la réalité en se donnant comme voie royale d'accéder à la sensation. Il faut passer par les effets et non pas par les causes, c'est le filtre de l'impression qui doit nous révéler la teneur de l'objet que nous avons sous les yeux, peut-être pas forcément sa réalité.
Du moins, j'ai compris cela...
Sentir avant de savoir.
Il y a ici une quête de l'absolu où Frenhofer va se perdre à vouloir créer une peinture plus vivante que nature, mais surtout accomplir à toutes forces la synthèse entre ce qui peut être vu et ce qui peut être senti.
Ce texte nous porte sur une crête, une frontière entre l'expression et la représentation, qui oblige la déprise de l'artiste au profit de l'oeuvre et son abandon. Qui oblige aussi à toujours hésiter.
C'est vrai, c'est comme je l'ai dit au début, mais aucun maître ne pourra enseigner à Nicolas Poussin ce qu'il doit sentir en lui-même, ce n'est pas la transmission d'un savoir ici, l'enseignement c'est l'éveil miraculeux de quelque chose d'autre qu'un savoir en un autre lieu que soi-même...
C'est le récit d'une fascination qui devient obsession.
J'ai trouvé qu'à le relire plusieurs fois, ce récit exerce sur moi un réel magnétisme.
Regarder, c'est sombrer. La compréhension de ce qui est vu, aimé, peut-être compris ou pas, posé sur une toile, une page d'écriture ou une partition musicale, ne relève plus de l'intelligence, c'est peut-être ça qui est beau et puissant, malgré toute l'attention qu'on peut porter au monde qui nous entoure.
Il y a sans doute un vertige pour un artiste à entrevoir l'infini et sentir brusquement toute l'impuissance de pouvoir l'atteindre. C'est comme une obsession de l'absolu qui devient une folie. Ce récit dit cela aussi.
C'est le roman d'une oeuvre qui dévore celui qui a voulu la conduire à la perfection.
Il y a plusieurs histoires qui se déplient ici, on pourrait découvrir et raconter plusieurs histoires à partir de ce récit, c'est sans doute aussi une autre de ses richesses.
Balzac nous dit l'altération du trait au profit de l'existence, de la vie, c'est comme une invitation à sortir de soi et pour moi c'est comme une invitation à aimer encore un peu plus Balzac, comprendre son intériorité.
Il y a le trait qui s'imprime dans la matière et le trait qui s'exprime dans le regard.
La question de tout créateur est la suivante : à quel moment l'artiste pose-t-il la touche finale, le coup de pinceau ultime, le dernier mot de la dernière phrase de la dernière page...
À quel moment Marcel Proust décide-t-il de poser le mot fin à sa Recherche, à quel moment Balzac cesse-t-il de recommencer son oeuvre... ? À quel moment certains pseudos écrivains auraient-ils dû conclure dès la première page ? Peut-être dès la première phrase ? Qu'en est-il d'un écrivain, d'un peintre, d'un musicien, celui qui meurt au milieu d'une oeuvre et qui n'avait pas encore tout dit ?
Le monde regardé est un monde pénétré par les désirs et les rêves du regardeur. Entre le peintre et le tableau, lequel regarde l'autre ?
Est-ce qu'un petit pan de pied nu, délicieux, bien vivant pourrait survivre malgré tout à un tsunami de couleurs ?
Derrière le chaos qui emporte la fin de l'histoire, se cache une incroyable sensualité.
Je me souviens d'un formidable professeur de dessin au collège, il avait un côté un peu fou, pantagruélique. Il s'appelait Heurtebise et ce n'était sans doute pas un hasard. En cours de dessin, un élève l'interpela : « Monsieur, j'ai fini mon dessin ! » Il se retourna et entra dans une vive colère à la fois sauvageonne et tendre : « Mais qu'est-ce que j'entends, malheureux ! Un dessin n'est jamais fini ! » Je m'en souviendrai à jamais. J'ai appris qu'il est mort il y a six ans, il peignait la mer d'Iroise, des rochers et des femmes aussi, ce qui n'est pas du tout contradictoire, continuait de peindre, sans doute sans jamais finir ses toiles...
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Publiée en 1831, cette nouvelle De Balzac figure dans les « Etudes philosophiques » de la « Comédie humaine », aux côtés entre autres, de « La Peau de chagrin », ou de « L'élixir de longue vie ». Chronologiquement, c'est donc un des premiers écrits de la « Comédie humaine », un des premiers jalons de cette somme inégalée, en dimension (près de quatre-vingts ouvrages étalés sur une vingtaine d'années) comme en portée, littéraire, culturelle et humaine.
Comme le titre peut le laisser supposer « le chef-d'oeuvre inconnu », est une réflexion sur l'art et la création artistique, et au-delà, sur la recherche de l'absolu.
Nous sommes en 1612, à Paris. Nicolas Poussin, qui n'est pas encore le grand peintre que l'on sait, un des phares du XVIIème siècle français dans ce domaine, vient rendre visite à son ami et confrère Frans Pourbus, un peintre brabançon qui eut son heure de gloire, auprès de pointures comme Rubens entre autres. Pourbus est en train de peindre « Marie l'Eyptienne » (tableau fictif), mais il semble qu'il manque quelque chose au tableau. Un troisième peintre, Frenhofer (fictif, lui aussi), trouve l'erreur et en quatre coups de pinceaux fait du tableau un chef-d'oeuvre. Frenhofer, compose de son côté « La belle Noiseuse », portrait de Catherine Lescaut (rien avoir avec Manon, encore moins avec Julie). Mais depuis dix ans qu'il travaille sur ce tableau, il n'avance pas. Nicolas Poussin propose son propre modèle, Gilette. Et miracle, la « Belle Noiseuse » renaît à la vie. Mais le jour de la présentation, il ne reste sur le tableau qu'un pied magnifique au milieu d'un barbouillage immonde. Frenhofer, de dépit, met le feu à ses toiles et meurt dans l'incendie de son atelier.
L'art est bien sûr le thème principal mais il est loin d'être le seul : plus exactement, il sert de pivot à tous les autres thèmes qui en découlent : comment l'art peut-il figurer l'être humain ? l'artiste est-il une sorte de fou ? Quelle doit-être la relation entre l'artiste et son modèle ? Toutes ces questions, évidemment appellent plusieurs réponses, parfois contradictoires. Il n'est donc pas étonnant que ce roman, qui tient du romanesque, du fantastique, de l'historique, soit également catalogué dans la série des « Etudes philosophiques ». On pourra comparer ce texte avec celui de « La recherche de l'absolu », où, cette fois, c'est un savant qui cherche à recréer la perfection de la matière, tout comme David Séchard qui, dans les « Illusions perdues » recherche la recette du papier idéal.
Les tourments de l'artiste inspireront aussi Emile Zola dans « L'oeuvre » (1886) : il y a beaucoup de points communs entre Frenhofer et Claude Lantier. Mais Zola actualise le roman De Balzac, d'abord en le plaçant à son époque (le XIXème siècle) et ensuite en lui donnant toutes les caractéristiques héréditaires et physiologiques qui forment une des composantes majeures du naturalisme.
Au cinéma on regardera avec plaisir l'adaptation qu'en a fait Jacques Rivette en 1991 « La Belle Noiseuse », avec Michel Piccoli, Jane Birkin et Emmanuelle Béart : il ne s'agit pas d'une adaptation à proprement parler (l'action se passe de nos jours, et les personnages sont différents) mais une relecture des thèmes présents dans le roman. Rivette ajoute sa propre vision en s'attachant aux rapports évidents entre le peintre, le modèle, et le tableau : ici, dans ce trio infernal, l'artiste n'est pas la seule victime, le modèle souffre d'être trop bien saisi dans sa nature profonde.
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Balzac nous transpose au XVIIe siècle dans le monde artistique des peintres. Un jeune homme alors inconnu, Nicolas Poussin, discute avec deux autres de ses pairs : Porbus et un personnage un brin mystérieux, haut en couleurs, maître Frenhofer. Porbus vient de peindre Marie L'Egyptienne mais aussi beau et intéressant que soit ce tableau, Frenhofer ne peut s'empêcher d'y mettre sa touche, au point que la toile est sublimée. Il leur explique qu'il est en train d'achever un tableau un peu particulier, La belle Noiseuse, un chef-d'oeuvre. Cependant, pour cela, il lui faudrait comme modèle une femme parfaite…

J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je préfère nettement Balzac dans ses nouvelles que dans ses romans. Et là encore, cela s'avère vrai. le lecteur plonge dans cet univers pictural, se régale avec ce peintre génial ou fou (c'est selon) qu'est Frenhofer. Celui-ci veut comprendre tous les rouages de la création et faire une peinture plus vivante que nature.

Entre moments sensuels et passages culturels et philosophiques, nous nous transformons, en l'espace de quelques pages, en un disciple du peintre… mais attention à la chute !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Encore un chef d'oeuvre balzacien, qui, en racontant l'histoire d'un peintre, nous propose cette fois-ci une réflexion sur l'art.
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Il faut aux meilleurs peu de pages pour atteindre au sublime.
Ce que le grand Balzac démontre, porté par son sujet : Ayant détecté son potentiel de talent, le vieux maître Frenhofer accepte de montrer au jeune Poussin, peintre en herbe, la toile sur laquelle il a jeté toute son âme et que depuis toujours il garde jalousement cachée des regards impurs.
Ce que Poussin y découvrira, je vous laisse le soin de le découvrir dans ce court texte somptueux et inspiré sur le sens de l'art, et qui défend une position d'une étonnante modernité.
Magnifique!
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Ah ! J'avoue, ça faisait des lustres que je n'avais pas lu De Balzac. Bien que j'en ai plutôt apprécié la lecture "obligatoire" de lycée, c'était "le père Goriot" je m'en souviens encore. Oui oui quand j'étais ado j'ai aimé Balzac !
Bon j'aimais Victor Hugo aussi. Sauf que j'ai continué à en lire, lui, car avec ses poésies il était un peu "abordable".

Mais ça c'était avant. Vive les liseuses, et vive les éditions de nouvelles "indépendantes".
ça permet de découvrir des pépites...

Celle-là, je l'ai adorée. Vous le savez (pour mes amis. Et ou pas pour les autres, lol), j'ai repris le dessin depuis 2 ans. (Après un arrêt total pendant toute ma vie d'adulte). Enfin en ce moment je "sèche" un peu, je ne fais que des esquisses et des croquis, je me cherche un brin, mais c'est une autre histoire...

Alors toutes ces questions sur l'art, sur le dessin, sur la beauté, ces réflexions, ça m'a beaucoup, beaucoup parlé. Car une de mes préoccupations principales, sur un dessin "définitif", c'est de savoir quand m'arrêter de retoucher, de reprendre, de perfectionner. Et que c'est difficile !

Je me suis retrouvée dans cette magnifique nouvelle, qui ne parlera peut-être pas autant à un "non-artiste". Mais je pense que poète, écrivain, dessinateur, enfin, quiconque essaie de créer de belles choses, y récoltera quelque "identification" évidente !

Pour ma part, c'est juste un magnifique moment de lecture ! (presque trop court, ah ben mince alors, j'aurais jamais cru dire ça de ce cher Balzac ! Mdrrrrr !)
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Un récit très court sur l'oeuvre et la recherche de perfection. Ou à force de chercher la perfection, l'artiste livre une oeuvre sans aucune signification. Une histoire forte et intense. Formidable
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Cette belle nouvelle sur la création artistique presque mystique n' a que peu de rapport avec le film qu' en a tiré Jacques Rivette.L' histoire se passe au 17è siècle et on y évoque Poussin.une réflexion sur l' art et les muses, la difficulté de créer.
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