AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 123 notes
5
9 avis
4
11 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un Balzac à la fois familier et surprenant, dans lequel, si l'on retrouve son habituel trait féroce pour croquer la bourgeoisie de province, il étonne son lecteur en introduisant une dimension surnaturelle à l'intrigue.

L'entrée en matière de ce court roman est du pur Balzac, et du pur plaisir : gros plan sur la silhouette rubiconde du maître de poste, premier de ces bourgeois matérialistes et bas de plafond dont Balzac va nous présenter tout un groupe, tous à l'affût comme une meute de chacals devant la maison du vieil oncle dont ils attendent la mort, et derrière bien sûr l'héritage.
Or cet oncle n'est pas fait du même bois : homme éclairé aux idées hautes et au coeur pur, il fuit la société de ces vautours et leur préfère celle du curé, un homme au coeur large, avec lequel il s'acharne à protéger sa pure et ravissante nièce Ursule Mirouet des griffes de ses prétendants héritiers.
A sa mort, la meute se déchaine dans des proportions inimaginables de vilenie et de bassesse, mais voilà que le divin s'en mêle...

Un vrai plaisir que ce court roman à l'intrigue finement troussée dans lequel le grand Balzac fait montre de toutes les facettes de son talent, du notaire de province comptant et escomptant les avoirs de chacun, au chroniqueur de cette société des années 1830 dans laquelle l'aristocratie ploie sous les coups bas d'une bourgeoisie avide, mais surtout de peintre des âmes humaines, des plus noires aux plus lumineuses.
Et ce style, ce style!
Commenter  J’apprécie          190
Habituellement, quand je lis un Balzac, surtout si c'est un gros format, j'alterne avec mes autres livres en cours. Eh bien, sachez que j'ai dévoré Ursule Mirouët d'une seule traite tant ce roman est captivant.

Balzac nous raconte une sordide histoire d'héritage : le vieux docteur Minoret, veuf, est venu finir ses jours à Nemours et ses héritiers potentiels, des neveux, passent leur temps à évaluer leur part d'héritage. Seulement voilà : Minoret a recueilli une orpheline, Ursule Mirouët, et l'a élevée comme sa propre fille… Les héritiers craignent d'être désavantagés à la mort du vieillard. Alors, ils manigancent, complotent, s'allient et se trahissent, vont jusqu'à voler les titres de rente au porteur destinés par le défunt à assurer l'avenir de la jeune fille et médire à son sujet…
C'est un roman où l'on compte beaucoup, où l'on parle de revenus à toutes les pages ; il est question de placements, de rentes, de titres, de ce fameux Grand Livre mais aussi de dettes, de traites, de prêts… J'ai beaucoup appris sur les règles en vigueur au XIXème siècle en matière d'héritage, notamment en ce qui concerne le mauvais sort fait aux enfants naturels et à leur descendance ; car, en ce qui concerne Ursule, c'est bien sa qualité de fille du fils naturel du beau-père du médecin qui pourrait rendre les dispositions testamentaires faites en sa faveur sujettes à contestation...
C'est aussi un livre où Balzac fait intervenir le surnaturel à la fois avec doigté et humour : « — Croyez-vous aux revenants ? dit Zélie au curé. — Croyez-vous aux revenus ? répondit le prêtre en souriant ». En effet, il faudra que le défunt revienne d'entre les morts pour aider sa pupille à faire valoir ses droits.

La première partie, dite d'exposition, intitulée « Les Héritiers alarmés » peint avec justesse la société bourgeoise de Nemours ; certains passages sont savoureux, satiriques et comiques parfois. L'antagonisme entre riche bourgeoisie et noblesse ruinée, les compromissions nécessaires donnent une certaine idée d'une époque charnière marquée par le retour à la royauté. Balzac démontre encore une fois ses grands idéaux sur la famille, la religion et la monarchie.
J'ai beaucoup apprécié le cocon protecteur organisé autour de la petite Ursule, que nous voyons grandir, entourée de son parrain, le docteur Minoret, et de ses meilleurs amis, un militaire, un juge de paix et un curé, formant un quatuor de belles âmes. Tous ces hommes âgés, marqués par la vie et l'expérience, sont profondément attachés à Ursule et recréent pour son bonheur une famille de coeur exemplaire : « cette famille d'esprits choisis eut dans Ursule une enfant adoptée par chacun d'eux selon ses goûts : le curé pensait à l'âme, le juge de paix se faisait le curateur, le militaire se promettait de devenir le précepteur ; et, quant à Minoret, il était à la fois le père, la mère et le médecin ».
La seconde partie, « La Succession Minoret », décrit les manoeuvres malhonnêtes des héritiers opposées à la grandeur d'âme d'Ursule devenue une belle jeune femme sensible et bonne. Sa piété est constante : elle est à la fois digne dans les épreuves, candide et lucide, capable de sacrifices et d'une grande humilité.
Tout le roman est construit sur un mode binaire opposant les personnages supérieurs et les matérialistes ; pour une fois, envers et contre toutes les adversités, cela finit bien pour l'héroïne…

Ursule Mirouët est une réussite sur tous les plans : un beau portrait de femme, une mise en lumière des valeurs balzaciennes, une description minutieuse des moeurs de la bourgeoisie de province, une histoire d'héritage mêlée à une belle histoire d'amour, une résolution à la fois logique et surnaturelle…
Un régal !

https://www.facebook.com/piratedespal/
Commenter  J’apprécie          160
« Ursule Mirouet » fait partie des « Scènes de la vie de province » aux côtés de quelques-uns des grands chefs-d'oeuvre De Balzac comme « le Lys dans la vallée », « Eugénie Grandet », « La Rabouilleuse » et bien sûr « Les Illusions perdues ».
C'est encore l'histoire d'une pauvre fille que des méchants veulent ruiner et plus encore. Balzac nous a habitué à ce scénario. Mais ne vous fiez pas à ce raccourci : « Ursule Mirouet » est un grand roman, très sous-estimé, mais très riche et très complet. En fait, c'est un modèle de roman « balzacien ». L'auteur nous distille une étude de moeurs à sa façon, à travers l'histoire d'une jeune fille bien sous tous rapports (sauf quelques irrégularités dans son ascendance, mais bon) qui doit hériter de son bon parrain et tuteur, mais que des parents envieux et disons le mot malintentionnés veulent gruger, spolier, même carrément euh exclure du cercle de famille.
Ursule est une jeune fille recueillie par le bon docteur Minoret. A la mort de ce dernier, son parrain et tuteur, elle hérite d'une petite fortune, succession aussitôt contestée par des parents indélicats (c'est un terme gentil pour dire que ce sont de sacrées ordures). Ils vont même jusqu'à lui voler des papiers pour la compromettre, et la pauvre fille dépérit, arrive même aux portes de la mort, mais fait demi-tour grâce à l'amour de son fiancé et de quelques amis du bon docteur. Et tout est bien qui finit bien.
Aussi âpre qu'« Eugénie Grandet », mais avec une fin plus optimiste, « Ursule Mirouet » donne un beau portrait d'une jeune fille honnête, droite et innocente, en butte aux manoeuvres et manigances sordides de vilains jaloux. Prétexte aussi à une description au scalpel de cette petite bourgeoisie de province où l'argent est le moteur principal de la vie, qu'elle soit publique ou privée (c'était déjà le cas avec Eugénie). On notera aussi quelques notes acides sur la noblesse et le clergé, ainsi que cette opposition (éternelle) entre le matérialisme des uns et la hauteur de sentiments des autres.
Une curiosité dans ce roman : l'intrusion d'éléments un peu irrationnels, comme l'occultisme, la transmission de pensée, le pouvoir des rêves. On sait que Balzac n'était pas tout à fait fermé à ces théories (on peut s'en assurer dans ses « Etudes philosophiques »)
Enfin il faut souligner le caractère hautement romantique du roman : Ursule est une jeune fille idéale (un peu trop, peut-être), jeune, jolie, agréable de tempérament, d'une innocence calculée, intelligente et raffinée, qui fait contraste avec l'ignorance, la goujaterie et la bassesse de ses adversaires.
Il est étrange que ce roman n'ait pas rencontré, auprès du public, un engouement comme celui qui a salué « Eugénie Grandet ». Car c'est un beau roman, vivant et attachant, à la fois réaliste et romantique (c'est tout Balzac, ça). Il se lit très bien, avec facilité, sans avoir à sauter des pages entières de descriptions, comme il arrive fréquemment chez notre auteur. Un roman à redécouvrir, sans aucun doute.
Il existe une version TV : une réalisation de Marcel Cravenne en 1982 avec Anne Consigny dans le rôle-titre, Fernand Ledoux (le docteur Minoret), Armand Meffre, André-François Pistorio, Lise Delamare, André Reybaz
Commenter  J’apprécie          121
Moins connu que Eugénie Grandet, ce roman porte lui aussi le nom de son héroïne. Jeune fille pure et dévote, Ursule subit les infâmes machinations des co-héritiers de son défunt parent. Ce roman relève du réalisme par la peinture sans concession des meurs provinciales qui le caractérise. Il procède aussi du fantastique, dimension trop souvent occultée lorsqu'il est question De Balzac. Les analyses psychologiques sont d'une incroyable justesse et brillamment servies par une plume ferme et précise.
Commenter  J’apprécie          50
Un roman qui me réconcilie avec Balzac, après une ou deux mauvaises expériences. Ursule Mirouët est loin d'être son roman le plus connu mais vaut très nettement le détour.
Un vieux médecin au grand coeur et très sûr de ce qu'il veut recueille la fille du bâtard de son beau-père et l'élève comme sa propre enfant. Seulement voilà, il a des neveux et nièces, prêts à tout, y compris le pire, pour que l'enfant devenue jeune femme n'hérite de rien, niet, pas la moindre piécette. Et sûrs de leur bon droit encore, d'une telle façon que le moindre geste d'Ursule est réinterprété, à la sauce de leurs propres avarice et paranoïa.
Et quand le médecin quitte ce monde, ayant bien moins intelligemment préparé la suite qu'il veut bien le croire, le ressort du drame est tendu!
Amoureux séparés,vieux parents bornés, spoliateurs de la veuve et de l'orphelin, vieil abbé plein de bonté et servante ronchonne et fidèle, toutes les ficelles classiques sont là, et si bien ordonnées que c'en est un plaisir.
A redécouvrir!
Commenter  J’apprécie          40
J'ai lu les "Splendeurs de la vie de province" adolescente et ne jurais à l'époque que par Balzac, qui savait allier une très belle prose, une description au scalpel des moeurs de l'époque, sans en rajouter une grande louche de moralisme comme d'autres auteurs que le système scolaire me faisait lire à l'époque.
Commenter  J’apprécie          40
C'est une histoire du bien, du mal ordinaire – celui qui n'a pas pris une ride depuis que Balzac écrivait ! – et de Dieu. Mélange détonnant qui montre, une fois de plus, le génie romanesque de l'auteur, lequel, à partir d'une poignée d'idées, échafaude une histoire exceptionnelle.

Le bien est ici incarné par une figure romantique idéale, Ursule, jeune orpheline raffinée, recueillie par un vieux docteur fortuné dont les héritiers légitimes tournent autour, tels des charognards jaloux et venimeux. Des héritiers d'une ignorance crasse, particulièrement illustrée lors d'une scène où Ursule interprète la symphonie N°7 de Beethoven et dont ils écorchent joliment le nom et l'oeuvre au passage :
« – Elle dit que c'est de Bethovan, qui passe cependant pour un grand musicien, dit le receveur, il a de la réputation.
– Ma foi, ce ne sera pas à Nemours, reprit madame Crémière, et il est bien nommé Bête à vent.
– Je crois que notre oncle l'a fait exprès pour que nous n'y revenions plus, dit Massin, car il a cligné des yeux en montrant le volume vert à sa petite mijaurée.
– Si c'est avec ce carillon-là qu'ils s'amusent, reprit le maître de poste, ils font bien de rester entre eux. »

Car, chez ces gens-là – comme chantait Jacques Brel –, seul le matérialisme compte. Il n'entre aucune spiritualité dans leur esprit, qu'elle vienne de Dieu ou des Arts. Et ce goût de la possession, cette obsession quand on songe à un personnage comme Minoret-Levrault, connaîtra la justice de l'au-delà comme rempart à cette bassesse bien humaine qui motive à commettre le pire pour de l'argent. Parce qu'Ursule Mirouët est aussi un récit fantastique. Ce qui tord le cou à cette affirmation restrictive qui veut que Balzac soi un écrivain réaliste.
Récit fantastique donc, où les vengeances se rencontrent et s'entrechoquent. À ce propos, Balzac brosse un personnage digne du Iago de Shakespeare (dans Othello) ; un certain Goupil : « Armé des prétentions que comportait sa laideur, il avait ce détestable esprit particulier à ceux qui se permettent tout, et l'employait à venger les mécomptes d'une jalousie permanente. »

Face à Goupil et aux héritiers, se dresse ainsi l'innocente Ursule, jeune femme amoureuse et vertueuse à l'excès. Je disais d'elle plus haut qu'elle était une figure romantique. En voici la preuve : « On avait mis Ursule sur la bergère de son tuteur, et tel était le caractère de sa beauté, que, dans son deuil et dans sa souffrance, elle parut plus belle qu'en aucun moment de sa vie heureuse. »

Mais par-dessus tout, Ursule Mirouët est un roman de la foi. Une foi qui s'exprime particulièrement dans la conversion du bienfaiteur d'Ursule : « L'édifice bâti chez cet homme par le matérialisme craquait de toutes parts, il ne fallait plus qu'une secousse ; et, quand son coeur fut mûr pour Dieu, il tomba dans la vigne céleste comme tombent les fruits. »

Enfin, comme dans tous ses romans, Balzac nous gratifie de ses aphorismes et dont voici deux exemples remarquables : « Une pensée vraie porte avec elle sa finesse » ; « Pour un homme passionné, toute femme vaut ce qu'elle lui coûte ».



Commenter  J’apprécie          20
Le docteur Minoret a recueilli Ursule toute petite. Elle est devenue une merveilleuse jeune fille et le docteur, sentant sa fin proche, voudrait la préparer  et lui léguer de quoi avoir une vie décente. Mais voilà, la loi française protège la famille et les enfants naturels n'ont aucun droit. La famille (ses cousins et neveux) veillent à ce qu'ils estiment être leur héritage et commencent à se méfier des réelles intentions de celle qu'ils croient être un danger.
L'appât du gain incite à toutes les bassesses. Ursule, cette jeune personne si droite, pourra-t-elle résister aux assauts de la vilénie ? Trouvera-t-elle le soutien dans ce jeune homme qui la courtise et dans les amis de son protecteur ?
Rien n'est moins sûr,  car l'auteur n'est pas vraiment l'écrivain qui privilégie les fins heureuses !Balzac cultive l'ambivalence de ses personnages dans la première partie de la comédie humaine,  hormis Félicité des Touches (et pour rappel elle ne joue pas de rôle rôle principal) aucun personnage n'est entièrement bon.
Avec Ursule MIROUET voilà enfin l'apparition d'une âme pure qui le restera de la première à la dernière page.
Ce texte m'a vraiment beaucoup plu, à part le décor je me suis vraiment senti dans un "Douglas Kennedy".
Les histoires De Balzac ont toujours une histoire, curieusement celle-ci est toute simple (comme Ursule). Elle parait dans le journal LE MESSAGER en 21 épisodes en aout et septembre 1841 puis est éditée un an plus tard. Une fois n'est pas coutume, ni remaniement ni re-publication.



LIEU DE L'INTRIGUE : NEVERS

PERSONNAGES

– Honoré BONGRAND : juge de paix, ami du Dr Minoret.

– Docteur BOUVARD : ami de jeunesse du Dr Minoret, adepte du magnétisme.

– Denis MINORET : médecin retiré à Nemours ; veuf.

– François MINORET-LEVRAULT : neveu du précédent. S'est d'abord appelé MASSIN (ms). Personnage reparaissant allusivement.

– Zélie MINORET-LEVRAULT : née Levrault-Crémière : épouse du précédent.

Ursule MIROUET : orpheline, fille de Joseph Mirouët, fils naturel de Valentin Mirouët ; ce dernier était le beau-père du Dr Minoret, qui fera d'Ursule sa pupille. Elle épousera Savinien de Portenduère.

– Antoinette PATRIS, dite la Bougival : gouvernante du Dr Minoret, nourrice et servante d'Ursule.

– Vicomte Savinien de PORTENDUERE : fils de la Vicomtesse de PORTENDUERE née de Kergarouët ; épousera Ursule. Personnage présent également dans Béatrix.

Beaucoup des personnages importants de ce roman n'ont pas d'autre emploi dans La Comédie humaine – Ursule et Savinien constituant une exception. En revanche, nombreuses sont les mentions marginales de personnages reparaissant bien connus : Hélène d'Aiglemont, Emile Blondet, Arabelle Dudley, Gobseck, Henri de Marsay, Eugène de Rastignac, Lucien de Rubempré, Schmucke et Maxime de Trailles

Commenter  J’apprécie          20
Ursule Mirouet se fait voler son heritage par de sombres escrocs mais la providence la sauvera en lui restituant son bien : voici la trame de cette histoire sur le revanhe du bien sur le mal et la vitoire des hinnetes gens: Presqu'une fable balzacienne !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (516) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1299 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}