De beaux lendemains

Le pitch est simple. Une petite bourgade du fond des Etats-Unis ; un accident de bus scolaire qui entraîne la mort de 14 enfants et d'autres seront blessés grièvement.
Comment se reconstruire quand on a été victime soi-même, parents d'enfant décédé ? Comment va maintenant cohabiter la Communauté ?
Russel Banks va suivre 4 personnages pour décrire ce bouleversement et la colère qui suit. Celle-ci peut-elle trouver l'apaisement dans la recherche d'un "coupable" ?
Il y aura des personnages dégueulasses, d'autres emplis d'une droiture qui les honore (quoique ...).
La fin donnera toutes les clefs, magistralement et certains personnages resteront gravés dans ma mémoire de façon indélébile.
Une leçon magistrale, qui hisse ce roman au plus haut de la littérature américaine pour son humanisme mais pas que .... loin de là

C'est le troisième roman de Russel Banks que je lis. Je le termine avec une seule envie : lire les autres.

Russel Banks a cette capacité de rendre ses personnages réellement humains. Cette capacité de, certes, les faire vivre au fil des pages, mais plus encore : des les faire penser. Rares sont ces auteurs qui parviennent aussi bien à développer la psychologie de leurs protagonistes, a fortiori lorsqu'ils sont si différents les uns des autres.

Ici, suite au tragique accident d'un bus scolaire tuant 14 enfants dans l'Etat de New York, nous suivons Dolorès, la conductrice rescapée du bus, Billy, le père de jumeaux ayant péri dans l'accident, Mitchell Stephens, un crack du barreau new-yorkais spécialisé dans la défense des parents de victimes et enfin Nicole, adolescente belle et intelligente à qui tous rêves étaient permis qui sort, paraplégique, de l'accident.

Quatre voix mises en tension rapportant l'accident de manières immédiates et différées. Quatre personnages, quatre foyers, quatre histoires, quatre terribles solitudes invisiblement unies par un évènement collectif.

De ce quatuor de voix endeuillées s'en détache une cinquième : celle de la communauté de Sam Dent (village de l'accident), qui devient in fine le dernier personnage du roman.

Si j'ai moins aimé la toute dernière partie du livre — laquelle a coûté à ma note sa dernière demie-étoile — j'ai beaucoup apprécié cette lecture poignante et dans laquelle on s'immerge dès les premières pages. Ma préférence se tourne vers les récits de l'avocat et de Nicole qui sont, à mon sens, les mieux développés de l'histoire.

Il est des livres dont vous savez qu'ils vous accrocheront, vous emmèneront et vous nourriront: C'est le cas de ces Beaux lendemains de Russel Banks.
J'avais vu l'adaptation cinématographique d'Atom Egoyan, inoubliable et inoubliée d 'Horusfonck... le livre, trouvé en fin d'année dernière, était donc une évidente priorité de lecture pour moi.
Comme j'ai gardé très peu d'images du film en mémoire, je me suis reconstruit le paysage du drame, complétement.
Que faire, et comment retrouver une vie, après le décès tragique de quatorze enfants de la ville de Sam Dent? Est-ce seulement possible?
Qui ou que va-t-il falloir sacrifier?
C'est par les récits de quatre personnages, que Russel Banks va offrir au lecteur une réponse intrigante et qui laissera dubitatif plus d'un lecteur !
L'auteur nous donne à voir les deuils impossibles et la colère qui ne sait qui attraper, qui rendre responsable.
Il visite les âmes droites et les consciences noires ou salies. Il creuse les caractères, les alibis et les culpabilités de chacun, leurs vies d'avant l'accident.
L'avocat de New-York, empli de sa colère-propre et fort de son expérience, parviendra-t-il à rassembler les parents des jeunes victimes pour faire payer les supposés responsables ?
Nicole, désormais clouée dans son fauteuil roulant, témoignera-t-elle ?
À la fin du livre, tout sera dit et l'on mesurera la profondeur et l'intelligence d'un roman d'exception.
Merci à vous, Russel Banks, pour cette magistrale visite.

Il s'agit du troisième ouvrage de Russel Banks que je lis, après Lointain souvenir de la peau et La relation de mon emprisonnement, qui m'avaient tous deux envoûtée et emportée dans une lecture sans halte. Banks transforme ici un troisième essai: je suis fan, c'est tranché.

Je cherche encore à comprendre pourquoi cet auteur me happe à ce point et j'y vois quelques éléments: un style sans fioriture, des narrations intimes.istes, de la chair, blessée, brimée. Des destins sordides, désespérants, auxquels Banks nous accroche pourtant en nous rappelant à la dimension humaine de ceux-ci.

Dans de beaux lendemains, c'est cette population retranchée dans un village de montagne de l'Amérique du Nord qui n'a finalement qu'elle-même pour identité et celle-ci se trouve "brisée" par le décès d'enfants dans un accident d'autocar conduit par une figure locale. Si la colère l'emporte, si une loi extérieure tente de s'immiscer dans cette histoire, ces gens vont définitivement "disparaître" en tant qu'entité et intuitivement, ils semblent le comprendre, Russel Banks le comprend. Pour continuer d'être, ils doivent régler cette histoire "ensemble".

Je reste accrochée au dernier chapitre, scène de stockcar éminemment symbolique, sur laquelle je reviendrai, mais que je dois encore "digérer"

Il faut lire Russel Banks ! Quel que soit le décor dans lequel se déroulent les faits, son écriture prodigieuse nous emmène à la lumière.

De Beaux Lendemains est un livre fort, qui sonne juste et qui nous rapproche tellement du genre humain, de ses rêves, de ses faiblesses, et de toute sa déroute quand la fragilité de nos vies s'impose.
Et Russel Banks ne fait aucun détour... c'est ce qui rend la lecture si unique et nous permet de savourer tout son savoir faire.

La culpabilité est une émotion parfois insidieuse, elle ne dit pas toujours ce qu'elle est : construire un roman pour en faire somme toute le procès et démontrer de la fatuité comme de l'incongruité de nos attitudes face aux réalités implacables, et nous redire tout simplement que la douleur anéantit.
Pourquoi on se sent si proche de ses personnages tout à coup ? Ils révèlent chacun leur part d'humanité, reflet de la nôtre, où qu'ils soient.

J'apprécie tout particulièrement le ralenti avec lequel Russel Banks compose, fonctionnant comme un travelling.
Il conforte alors cette idée qu'on n'accepte pas l'inacceptable, on peut changer la voilure, on peut faire tomber les masques, on se regarde traverser ! Et dans ce procès, il n'est jamais moralisateur.

Amoureux de littérature américaine, cela faisait longtemps que cet auteur et ce livre m'avait attiré. Son décès récent m'a poussé à lire ce roman traité par ailleurs sur les écrans (pas vu à ce jour). L'histoire d'un accident de bus scolaire un matin d'hiver dans la neige des Adirondacks.
« L'accident avait détruit bien des vies. Ou, pour être plus exact, il avait fait éclater les structures dont dépendaient ces vies-dont elles dépendaient, me semble-t-il, à un degré plus considérable que ce que nous avions cru au début. Un village a besoin de ses enfants pour beaucoup plus de raisons qu'on ne croit. »
Au travers de quatre analyses de cet accident par quatre protagonistes Russel Banks décortique la vie d'un village reculé des Etats Unis. Partagés entre colère, chagrin, résignation, les familles vont être tentées de réclamer des compensations financières. Un avocat new-yorkais va partager la population entre partisan et opposant à un procès recherchant les coupables. Les secrets de famille vont aussi intervenir dans les décisions. Ce n'est qu'au dénouement de l'histoire que nous comprenons le titre du roman « de beaux lendemains »
L'histoire est prenante, le récit est sensible et délicat. Un livre impressionnant et émouvant, une écriture qui vous entraîne, un grand moment de lecture...
De beaux lendemains , un livre qui restera dans ma mémoire et me donne très envie de lire « Américan darling » et » continents à la dérive » du même auteur.
A lire absolument.

Ce livre est mon préféré de Russell BANKS, et l'un des romans que je classe dans mon TOP 10.
J'ai du mal à expliquer pourquoi, mais cela tient du registre émotionnel. L'histoire m'a bouleversé, et la façon de la traiter est très originale, donnant la parole à quatre personnages,la conductrice du car, un père de deux enfants se trouvant dans le car, qui suivait le car, l'avocat qui essaie de fédérer les parents des victimes, et enfin, une jeune fille rescapée, mais handicapée en fauteuil roulant, pour quatre points de vue différents.
Ce roman a inspiré un très beau film d'Atom EGOYAN, qui a fait le choix de centrer son sujet sur l'avocat,n avec une scène "culte" dans un avion ( je n'en dis pas plus pour ceux qui voudraient visionner le film, ce que je conseille fortement, mais après avoir lu le roman).

Dans un état au nord de New York une petite communauté s'apprête à voir son quotidien chamboulé par un accident. le bus scolaire conduit depuis des années par une certaine Dolorès va avoir un accident aux conséquences dramatiques. Plusieurs enfants meurent et de nombreux parents perdent leur progéniture dans le drame. Russell Banks avec un ton que je découvre choisit de s'arrêter sur chaque personnage qui tourne autour de cet événement. À commencer par la conductrice du bus puis un avocat de passage dans la région qui souhaite comprendre les circonstances de l'accident. Ensuite on découvre le point de vue du père de deux jumeaux morts lors de l'accident et le point de vue d'une adolescente qui a survécu avec des handicaps. L'auteur a une façon bien à lui de restituer la psychologie de ses personnages et c'est une réussite dès le début. On est pris par l'histoire et par les vies qui basculent dans cette petite bourgade plutôt tranquille. L'alternance entre les points de vue fonctionne très bien et Russell Banks écrit un roman sombre et prenant dont on a du mal à s'extraire une fois la lecture commencée. L'auteur s'attarde sur des morceaux de vie un peu à la manière de Ron Rash ou de Daniel Woodrell. C'est sombre et vraiment bien écrit.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..

Superbe ! du roman américain pur et dur, aux relances narratives bien dosées et aux personnages grandioses. Ce ne sont d'ailleurs presque plus des personnages, des scans cérébraux en polyphonie, un concert d'âmes écorchées avec leurs histoires et leurs manières d'aborder la vie dans ce patelin de Sam Dent, où la mort rôde, et s'invite dans la sortie de route d'un bus scolaire. Mais c'est aussi une immersion dans les années 90, à une époque où on s'étonnait encore de l'envahissement des avocats, et une visite des États-Unis sur les pas de ses fantômes.
Sam Dent, État de New-York, 90's : « C'est un paysage qui vous domine, qui vous dit : Assis, bonhomme, ici c'est moi qui commande. » Pas totalement convaincu par contre que ce soit le paysage seul qui commande par ici.... Une petite projection dans cette formule Mr Banks ? En tout cas c'était ma deuxième avec cet auteur, et de beaux lendemains de lecteur, j'ai l'impression qu'il m'en reste.

(Merci Onee pour le conseil :-)

Un accident de car va provoquer la mort de nombreux enfants dans un village de l'état de New York. On va suivre les suites de ce drame avec quatre personnages alternativement. Il y a Driscoll la conductrice, choquée, Ansel père de deux des enfants décédés, Stephens avocat qui entrevoit les possibilités d'une action en dommages-intérêts et Burnell la jeune fille qui a perdu ses jambes dans l'accident. Russell s'attache à une analyse psychologique en profondeur de chacun de ces héros, démonte les mécanismes à l'oeuvre et compose un livre d'une grande force. Peut-être son meilleur roman