Absurde, insolent, méditatif, déconcertant. Voici quelques adjectifs qui pourraient caractériser ce récit de captivité imaginaire dans une prison de l'Amérique profonde dans un temps révolu. le prisonnier est fabricant de cercueils et fait partie d'une communauté qui pratique le culte des morts en méditant dans le cercueil qui sera sa dernière demeure.
Un jour, le métier de fabricant de cercueils -et la philosophie qui l'accompagne- est interdit et les artisans deviennent des hérétiques. Ne voulant pas abjurer sa foi, notre homme est emprisonné. le récit ne donne aucun paramètre spatial, temporel ou nominal. le lecteur suit ses réflexions, ses pulsions, ses délires voire sa folie, privé de cercueil en prison pour pratiquer sa foi.
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La relation de mon emprisonnement" est un écrit troublant sciemment rédigé dans un style révolu, lourd et inhabituel dans la littérature contemporaine, ce qui est fait toute sa richesse. Les phrases sont très longues et pleines d'incises. L'auteur aborde des thèmes liés à l'univers carcéral: les relations avec les geôliers et entre détenus, la notion de la perte de la notion du temps, de la réalité de la vie à l'extérieur de la prison.
Le récit est captivant même si j'ai éprouvé quelques difficultés à entrer dans le sujet.
Un mot également pour le traducteur. D'une manière générale, les traducteurs/trices sont trop souvent les oublié/es de la littérature. Leur sensibilité et l'excellente connaissance de la langue d'origine en font les messagers des auteurs. C'est aussi grâce à leur talent de restitution des intentions d'un auteur qui n'écrit pas dans notre langue, que nous pouvons apprécier un texte.