J'ai lu ce roman il y a quelques temps déjà mais je n'en avais alors pas fait de critique. Ou celle-ci se cache quelque part dans les tréfonds de mon blog. Quoi qu'il en soit, j'ai voulu le relire compte tenu du bon souvenir que j'en avais gardé et ne pas oublier cette fois-ci d'en faire le compte rendu.
Mais je dois bien reconnaitre que, contrairement à d'habitude, je ne trouvais pas quoi en dire immédiatement après en avoir terminé la lecture. J'imaginais même déjà un dialogue virtuel entre vous et moi :
- J'ai beaucoup aimé.
- Pourquoi ?
- Parce que.
Mais je sentais confusément que c'était un peu léger.
Et pourquoi me révélai-je donc incapable d'en dire plus, au moins dans un premier temps ? La faute peut-être à un synopsis qui tiendrait aisément en une phrase : c'est l'histoire d'un joueur qui joue à un jeu (et placer trois mots ayant la même racine c'est magnifique... ou abominable, au choix). Parce que c'est ça l'histoire. Il y a peu d'autre action en dehors du jeu. Sauf que.
Sauf que ce premier roman de la série consacrée à la Culture (même si Wikipedia en fait le deuxième) est une occasion de nous présenter ce qu'est cette société. le jeu dans lequel est embarqué Gurgeh n'est qu'un prétexte. D'ailleurs, l'auteur ne rentre jamais dans le détail lorsqu'il décrit les différentes parties qui ponctuent la compétition. Personnellement, je n'ai rien compris aux règles et je serais bien en peine de dire à quoi peut bien ressembler le jeu (un wargame ?)
Non, ce qui compte c'est moins le jeu lui-même que ses conséquences. Songez donc ! le vainqueur devient, de fait, l'empereur d'Azad, monde où se situe l'action. Et au-delà même de cette conséquence, ce qui intéresse l'auteur, c'est l'affrontement de deux mondes, de deux conceptions de la société.
D'un côté Azad, société féodale, violente, barbare, sexiste. Et, petite parenthèse, en matière de sexisme, Banks renouvelle un peu le sujet en introduisant un troisième sexe, les apicaux, socialement et hiérarchiquement supérieur aux deux autres.
De l'autre côté, la Culture (oui, avec un grand C). C'est une société libertaire, voire anarchiste, sans loi et sans hiérarchie. L'argent n'existe plus, pas plus que la propriété. Cette utopie n'est possible que parce que l'avancée technologique est telle que les besoins de chacun sont comblés et que plus personne n'a de nécessité de travailler.
Mais cette société idéale est loin d'être aussi innocente qu'elle veut bien le faire croire et la fin du roman est, en l'occurrence, très éclairante sur la capacité de celle-ci à la manipulation.
Enfin, je ne résiste pas au plaisir de vous citer quelques uns des noms propres qui émaillent le récit, parce qu'à mon avis, ils valent vraiment le détour.
Chez les humains nous avons : Jernau Morat Gurgeh (le héros), Yay Méristinoux (son amie et amante, qui changera de sexe lors du voyage de Gurgeh), Shohobohaum Za.
Chez les drones (sortes de petits robots intelligents) : Chamlis Amalk-ney, Flère-Imsaho, Mawhrin-Skel.
Chez les azadiens : Lo Péquil Monénine senior, Lo Prinest Bermoiya, Yomonul Lu Rahsp.
Quant aux vaisseaux spatiaux, ils ne sont pas en reste, avec des noms comme : Culte du Cargo, Jeune Voyou, Attitude Souple, Regrettables Témoignages Contradictoires, Parle à mon cul (si,si, je vous jure),Tant pis pour la subtilité.
L'homme des jeux est un excellent roman, qui se lit facilement et avec grand plaisir. Je n'ai pas encore poursuivi mon aventure dans le monde de la Culture, mais cela devrait être réparé dans un avenir proche.