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sur 359 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a 40 ans, à Kaboul, On pouvait voir des femmes se promener en jean's ou mini-jupes, s'asseoir sur les bancs de l'université ou travailler pendant que leurs filles allaient à l'école en rêvant du métier qu'elles pourraient faire plus tard.

Ces femmes n'étaient pas légion, mais encourageaient, celles qui étaient toujours sous le joug des traditions, à y croire... "Les lendemains des Afghanes chanteront, au siècle prochain !", croyait-on du haut de nos tours d'ivoire occidentales. Elles ont à vrai dire, toutes ces femmes, rapidement déchanté. Et la situation de 2016 est bien loin derrière ce passé. Même si l'on voit dans les rues de Kaboul de plus en plus de hidjabs, les burqas sont toujours là. Et sur le papier, me direz-vous, les choses avancent ? Non. Mais les mères et les filles continuent de se battre pour obtenir le premier de tous les droits (la reconnaissance de leur humanité), et d'espérer. Elles ne sont pas les seules.

"Dans le classement mondial Win-Gallup de l'optimisme, les Afghans arrivaient en 2015 dans les tout premiers, avec soixante et onze pour cent de ses habitants qui se déclaraient confiants en l'avenir."

C'est surprenant, n'est-ce pas, pour nous qui nous plaignons tout le temps et voyons toujours tout en noir ? - D'ailleurs à ce propos, nous sommes l'un des pays les plus pessimistes au monde, à en croire le même sondage - Peut-être est-ce le sentiment d'avoir touché le fond et que, quoiqu'il arrive, les Afghans pensent ne pouvoir que "remonter" ? Est-ce la ferveur religieuse ou une fierté à toute épreuve, même celle des faits ?

Enfin, me direz-vous quel rapport les droits des femmes afghanes avec BAAD de Cédric Bannel, si ce n'est cette tradition pachtoune qui porte son nom et permet de régler conflits, dettes d'argent ou d'honneur, par le "don" de jeunes femmes de 4 à 14 ans, mariées de force comme 60 à 80 % des femmes de ce pays, pour servir d'esclaves et de souffre-douleurs et, accessoirement, assurer ainsi la paix au sein des clans et des familles ? Depuis 1976 en Afghanistan, le Baad est une infraction pénale... Réjouissons-nous ! Quand il concerne une femme de plus de 18 ans... Pleurs et grincements de dents !

Je vous l'accorde, c'est une bien longue introduction. Mais elle est loin d'être hors sujet, tant ce livre nous plonge dans un Afghanistan réaliste, aussi beau que violent, miné par la corruption, la drogue, l'intégrisme religieux... et nous fait approcher avec beaucoup de justesse et de lucidité mais aussi de respect pour ce peuple, à tout ce qui le gangrène et finira bien un jour par avoir sa peau, nonobstant l'espoir, l'accueil extraordinaire de ces âmes guerrières et la beauté de ses territoires à couper le souffle. BAAD, sur fond de thriller et d'enquête policière, c'est tout cela réunit. Et c'est ce qui fait que je l'ai adoré, malgré le thème (ces petites filles de 10 ans violées, torturées et jetées mortes sur le bord des routes par un serial killer, (encore un !) poursuivi, de France à Kaboul, par une ex-flic d'élite, Nicole Laguna, prête à tout pour sauver sa famille, et le qomaandaan Kandar, mojahid ayant lutté au côté de Massoud... qui a les talibans et tous les extrémistes en horreur, autant que les tueurs d'enfants.

Cédric Bannel nous offre de très beaux personnages, qui donnent vraiment cette impression d'être au plus près des hommes et femmes qui vivent là-bas.

Les pires, comme les meilleurs, mais également les "petites gens" dont le seul but est d'arriver à gagner quelques afghanis pour pouvoir simplement se nourrir et nourrir leur famille. Kandar est le personnage central de ce récit, homme fort et attachant, on le quitte à regret. L'auteur mêle la petite et la grande histoire et esquisse les liens entre tous les protagonistes de son roman, pour certains, les mêmes que dans la vraie vie : les chefs de clan, les talibans, les religieux modérés et extrémistes, l'ombre de DAESH qui plane et s'immisce dans les montagnes afghanes... Et cela, sans donner de leçons. (Ce que je craignais un peu à la lecture du curriculum vitae de l'auteur, sorti de l'ENA avec une carrière déjà longue comme mon bras à pas 40 ans, mais non... Il est bien en retrait, à tenir fermement les rênes de son récit pour nous mener où il veut, sans nous faire accroire).

Inch'Allah, pourrait être sa conclusion...
La mienne sera pour remercier Babelio de m'avoir permis de découvrir et le livre et l'auteur, ainsi que les éditions Robert Laffont pour ce partenariat Masse Critique qui, à en croire les premiers retours, n'a pas ravi que moi !
Lien : http://page39.eklablog.com/b..
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C'est du très bon polar comme on en lit que trop rarement. Cédric Bannel tient toutes ses promesses dans ce deuxième opus de sa trilogie afghane. Dépaysement, intrigue, action et suspense sont largement bien représentés dans cette histoire haletante où l'ennui n'a pas sa place.
Dans un Kaboul où règnent la corruption et le fanatisme religieux, le Qomaandaan Oussama Kandar mène ses investigations pour retrouver l'horrible pédophile qui assassine des gamines d'à peine treize ans après les avoir violées.
A Paris, la commissaire Nicole Laguna est enlevée par la mafia italienne et doit retrouver un chimiste français qui a découvert la formule d'une nouvelle drogue plus puissante que l'héroïne et bien moins addictive. Cette drogue risque de bouleverser l'échiquier des filières bien établies. La famille de la policière est prise en otage par l'organisation criminelle. La policière n'a d'autre choix que de réussir sa mission.
Deux lieux, deux histoires qui vont n'en faire qu'une...
Prix 2017 du meilleur polar des lecteurs de POINTS.
Editions Robert Laffont, 483 pages.
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A Kaboul, la police vient de découvrir le corps d'une troisième petite fille, violée et tuée, dans un bidonville de la ville. Pour le qomaandaan Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle, le doute n'est plus possible : il s'agit d'un tueur en série qui sévit tous les dix jours. le policier sait qu'il doit faire vite s'il veut éviter un nouveau meurtre. Mais en Afghanistan, rien n'est simple. Pour l'ancien sniper de Massoud, soldat décoré et respecté, l'heure tourne et les obstacles sont nombreux
A Paris, Nicole Laguna, une ancienne de la DGSE spécialisée dans la traque de grands criminels, est elle aussi confrontée au pire. le chef suprême de toutes les mafias italiennes séquestre sa famille qui ne sera libérée que si elle retrouve le chimiste qui a mis au point une nouvelle drogue et s'apprête à inonder l'Europe de cette substance qui ne rendrait pas dépendant. Hors de question pour les italiens de perdre le monopole du trafic de drogue. Ou Nicole leur livre l'homme, ou son mari et ses enfants meurent.
Deux villes, deux flics, la drogue...A l'heure de la mondialisation et alors que l'Afghanistan est le premier pays producteur de pavot, leurs chemins devaient se rencontrer...

Effroyable constat de ce qu'est devenu l'Afghanistan où tout ce qui n'a pas été détruit par la guerre l'est dorénavant par la violence, la drogue, la corruption, les rivalités tribales et l'intégrisme religieux. Pauvre pays qui a lutté contre les russes puis les talibans et pauvre population qui n'en finit pas de plier sous la loi du plus fort, du plus riche, du plus pourri. Dans une société qui a perdu ses valeurs, l'homme n'est rien, sa vie ne compte pas et que dire des femmes ? Mariées contre leur gré, reniées pour une broutille, battues à mort au moindre faux pas, réel ou supposé, violées, molestées, dissimulées sous la burqa imposée par des religieux dévoyés, les femmes gardent-elle en mémoire le souvenir d'une époque où elles déambulaient dans Kaboul en mini-jupes en rêvant d'amour et de liberté ? Dans la province de Hazarajat que visite le qomaandaan Kandar, les grands Bouddhas de Bâmiyân ont été dynamités et avec eux le respect de la vie humaine, le droit des femmes et des enfants.
Indigné, révolté par tant de violence, d'injustice et d'hypocrisie, on se plaît à croire que tout cela n'est que fiction, un roman où l'auteur force le trait pour effrayer, scandaliser, vendre son livre, mais on sait qu'il n'en est rien... L'Afghanistan, un pays parmi tant d'autres, où ils sont peu nombreux ceux qui rêvent à la paix et oeuvrent pour l'obtenir.
Fort de sa connaissance de cette région du monde, Cédric Bannel réussit à combiner une solide enquête policière avec une description réaliste de l'Afghanistan, sans juger ou donner des leçons, mais en nous offrant, au milieu de toute cette noirceur, un aperçu de la beauté d'un pays aux paysages somptueux. Une lecture difficile mais passionnante qui doit beaucoup à son héros, le qomaandaan Oussama Kandar, un homme bon, juste et intègre, très épris et respectueux de sa femme, pieux sans être bigot, une espèce rare.
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Pourtant habitué à la lecture de polars, je viens de prendre une claque. Bon, une de plus me direz-vous, dans un milieu qui en distribue beaucoup. Mais là, j'avoue que celle-ci m'a marqué, genre, comme si il y avait un poing américain... Bref, j'ai adoré ce bouquin.
Parce que Baad, c'est pas tout à fait un polar comme les autres.
L'histoire ?
Classique, des fillettes sont retrouvées violées et mutilées. La police enquête. Oui, mais voilà, le Qomaandaan Kandar n'est pas un flic comme les autres.
Parce que tout ça se passe en Afghanistan.
Parce que Oussama Kandar est un ancien sniper du Commandant Massoud.
Parce que Baad, c'est la violence faite homme.
Parce que dans ce pays aux coutumes ancestrales, la femme, reléguée au rang de faire-valoir, doit se cacher sous la burka.
Parce qu'on vit pauvrement dans un pays entre islamistes radicaux et modérés.
Parce que les talibans.
Parce que la Charia.
Parce que la paix n'est que factice.
Parce que la drogue, qui fait des ravages, fait l'économie d'un pays résigné et corrompu. Kandar doit retrouver un terrible sérial killer, mais il doit aussi protéger ses proches et se protéger soi-même. Les traîtres sont partout, même aux plus hauts sommets de l'Etat.
Bannel maitrise totalement son sujet, plus qu'un roman, une photo d'une partie de notre monde contemporain.
Il nous fait pénétrer dans le quotidien de la population afghane, nous montre la misère, la souffrance et la résignation parfois, nous qui avons le bonheur (mais en sommes-nous conscients ) de ne pas avoir à choisir un camp, nous qui ne vivons pas avec la peur permanente, nous qui connaissons (pour la plupart) le confort.
Merci Cédric Bannel, de nous ouvrir les yeux.
LE polar dépaysant et efficace que vous devez lire.
Quant à moi, je vais me précipiter sur la suite des aventures de ce policier incorruptible.
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« Quand l'heure a sonné, il n'est plus ni de beauté ni de dignité. Il ne reste que le tranchant de la mort dans son obscène crudité. » Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, examine le cadavre dénudé d'une fillette. C'est la troisième petite victime découverte ces derniers jours. Kandar découvre qu'il existe un intervalle de dix jours entre chaque meurtre. Il ne lui reste donc que dix jours pour identifier le tueur sans quoi la série macabre continuera.

Mais en Afghanistan rien n'est simple, la police judiciaire a peu de moyens, la médecine légale est balbutiante, le pouvoir et la justice sont largement corrompus et la population est soumise aux traditions tribales et aux préceptes religieux.

Kandar est surnommé 'qomaandaan' du fait de ses faits d'armes glorieux. Son passé de mojahid au côté de Massoud lui vaut beaucoup de respect mais aussi de nombreux ennemis. L'enquête s'annonce compliquée mais ce combattant vertueux est prêt à faire front avec son équipe. le décompte est lancé. Dix jours…

Au même moment, à Paris, Nicole Laguna est kidnappée. Ancien cadre du bureau action de la DGSE, elle s'est spécialisée dans la traque et la capture des grands criminels. Elle découvre qu'elle est entre les mains de la Cupola, une organisation qui chapeaute les mafias italiennes.

Ses ravisseurs lui apprennent que son mari et ses deux enfants ont également été enlevés. le chef suprême de la mafia, Alfredo Vipere, lui ordonne de retrouver Franck X, un chimiste qui a mis au point une nouvelle drogue, « la neige », qui ne rend pas dépendant. « La neige devrait rapidement inonder les rues occidentales et la mafia risque de perdre le monopole mondial de la drogue. L'homme est introuvable. Nicole, qui est une pointure en matière de recherche de grands criminels, doit absolument retrouver ce chimiste sans quoi, sa famille sera massacrée…

Le Baad, c'est le mal, la part noire de l'âme faite de cruauté et de violence. le Baad est également une coutume afghane qui fait froid dans le dos : elle consiste à sceller la réconciliation de deux clans par l'offrande, de la part de l'offenseur à l'un des hommes de l'autre clan d'une petite ou jeune fille de sa famille. L'esclave devient alors objet de « punitions » pouvant entraîner sa mort ou des mutilations, sans que son ou ses tortionnaires soient inquiétés.

J'étais assez sceptique en débutant cette lecture. J'avais en tête l'excellent « Pukhtu : Primo » de DOA, la marche était donc assez haute. Je craignais également de retrouver les stéréotypes du thriller simplement exportés dans un contexte exotique. Mais ces réticences se sont vite dissipées. le récit est entraînant, je n'ai ressenti aucune lassitude. le roman mérite d'être qualifié de « page-turner ».

Et en plus d'être un thriller efficace, « Baad » permet de parcourir l'Afghanistan, d'une capitale, Kaboul, écartelée entre la modernité et le poids des traditions, aux zones montagneuses isolées où règnent des djihadistes et des narcotrafiquants. L'auteur rend hommage à la richesse multiculturelle du pays. Il parvient également à dépeindre les sublimes paysages.

Allez, vous aussi, rendez vous dans l'Afghanistan de Cédric Bannel, vous n'en reviendrez pas.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture.
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Mais finalement que sais-je de l'Afghanistan ? Voila la première question que soulève ce livre, avant même de l'avoir ouvert. Et la réponse se résume malheureusement à « presque rien », bien que j'entende parler de ce pays depuis toujours, entre l'intervention soviétique, la guerre civile, la prise du pouvoir par les talibans, l'intervention de l'OTAN…

Le premier mérite de ce livre est donc de nous faire découvrir cette société, sorte de patchwork d'ethnies : pachtounes, hazaras, tadjiks, ouzbeks (groupes les plus nombreux) mais également aimaks, baloutches, turkmènes, pashayis, kirghizes, nouristanis… Oussama Kandar, dans sa pratique, ne peut pas négliger le fait que l'appartenance à telle ou telle ethnie, tel ou tel clan, peut avoir des conséquences.

Le deuxième mérite de ce livre, c'est de nous faire toucher du doigt ce qu'est la condition féminine en Afghanistan, et, plus largement, la situation sociale de ce pays. On sait que c'est terrible, mais certaines des indications qui nous sont données ici sont tellement inimaginables pour nous qui vivons dans notre petit monde de Bisounours… le viol, la soumission, les mariages forcés, les mollahs qui abusent de leur position pour obtenir des faveurs sexuelles, tout cela est affreux. L'idée que, lorsque son mari meurt, une femme doit épouser l'un des frères du défunt me paraissait déjà éminemment médiévale ; mais, chez les pachtounes, la vengeance est inscrite dans les traditions, et que le nouveau mari dont mener cette vengeance sous peine d'exposer toute la famille à une profonde honte sociale. La question de la drogue est également très frappante : l'auteur nous décrit une société dans laquelle le désespoir a entraîné de très nombreux adultes vers les opium houses, avec toutes problématiques que cela soulève – déchéance, prostitution pour se procurer l'argent nécessaire…

Bref, la description de ce pays est brutale. Et pourtant, on sent que Cédric Bannel est en quelque sorte sous le charme de ce pays – un point que nous essaierons d'approfondir prochainement avec lui -. Il semble y avoir un contraste de majesté et de bassesse. À la fois dans les paysages et les lieux, et chez les hommes, certains abusant de leur pouvoir sans états d'âme, alors que d'autres se battent pour conserver leur humanité, et sont d'autant plus admirables pour cela.

Oussama Kandar est, évidemment, la grande figure de ce livre. Cet homme, profondément croyant, est touchant dans son amour profond et sincère pour sa femme, Malalai, médecin et féministe, dans un pays qui n'est tendre ni avec les uns, ni avec les autres ; il est beau dans son irréductible volonté de ne pas plier face au mal ; il est émouvant dans sa façon d'essayer de survivre malgré les vies qu'il a du prendre ; il est impressionnant dans ses capacités de combattant… Bref, il est multi-facette, et cela le rend d'autant plus humain.

Ce livre, je l'ai littéralement dévoré. Pratiquement 500 pages en deux jours. Et je vais le recommander à tous ceux qui aiment les romans noirs – parce qu'il est noir ! -, les thrillers, et tous ceux qui aiment voyager – quand je dis voyager, j'entends par là découvrir des pays, des personnes différentes, pas aller s'enfermer dans un club pour se reposer, ce qui est également très honorable, mais dans un style différent !
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et sa Masse Critique spéciale et les Éditions Robert Laffont avec sa collection La bête noire, sans qui je serais peut-être passée à côté de la découverte de cet auteur!

Le qomaandaan Kandar, chef de la police criminelle, est chargé d'élucider le viol, la torture et le meurtre de petites filles d'une dizaine d'années retrouvées dans une étrange tenue d'apparat dans des bidonvilles de Kaboul…
Kandar a beau être un ancien soldat, tireur d'élite aguerri, pour lui, ces assassinats sont insoutenables et intolérables… on ne touche pas aux enfants… surtout lorsqu'un schéma se détache rapidement de ces morts et qu'il sait que dans dix jours exactement, il y aura une autre petite victime…

Si nous, lecteurs, connaissons dès le départ le nom de cette petite fille, Badria, Kandar ne le sait pas encore…

Et Kandar, aussi animé de droiture et de justice qu'il soit, n'a pas que des alliés autour de lui et ses ennemis n'attendent qu'une maladresse ou une inattention de sa part pour saboter son enquête, sa carrière et surtout sa vie…

A Paris, Nicole Laguna, ancien cadre de la DGSE, est enlevée, ainsi que Martin, son mari, Christopher et Garance, ses enfants. le chef suprême de la mafia, Alfredo Vipere, lui ordonne de retrouver LE chimiste qui offrira les clefs du monopole mondial de la drogue. Il sait que Nicole est une pointure en matière de recherche de grands criminels. Sa retraite n'y change rien, elle doit mettre la main sur ce Franck X, un fantôme. Sinon, sa famille disparaîtra…

Mais qu'est-ce qui relie ses deux affaires éloignées géographiquement? Quel rapport entre le monopole de la drogue et un assassinat d'enfants?

Le roman est rythmé par des chapitres égrenant le funeste compte à rebours qui doit marquer la mort de Badria, alimentant l'angoisse et le suspens de l'issue de cette enquête qui va entraîner Kandar bien au-delà du drame humain et du simple petit pervers solitaire qui en est responsable. Il va devoir démêler les enjeux des luttes de pouvoirs financiers, ethniques, religieux, politiques et diplomatiques d'un pays dévasté et du monopole d'un trafic de drogue à l'échelle mondiale…

L'Islam et son cortège de terrorisme, de pays en guerre, d'a priori, d'intolérance et de racisme se retrouve bien trop souvent à la une des médias pour que ce soit un thème que j'affectionne… et pourtant…

J'ai grandement apprécié cette incursion dans ce pays islamique, l'Afghanistan, si souvent stigmatisé.
L'auteur n'a pas versé dans le voyeurisme, dans le pathos ou le discours partisan. Au contraire, il nous plonge dans une situation qui semble inextricable mais où l'espoir n'est pas mort, il émaille les détails historiques réels et actuels d'une touche de cynisme et d'ironie, d'une pointe d'humour, parfois, qui allège la chape qui pourrait nous écraser, tant ce lieu ressemble à un noeud de vipères et concentre tous les combats. C'est un tour d'horizon d'une société gangrenée, un portrait pudique et véritable d'un pays blessé et fragile, un portrait très bien documenté, loin des clichés médiatiques et politiciens.

De la géo-politique, un narco-état, des guerres intestines, des interventions internationales, de la corruption, de la religion, de la violence, des trafics, de la fragilité de la condition féminine… et des combats, toujours des combats… Et malgré tout, de l'espoir et de la beauté…

Le qomaandaan Oussama Kandar n'a pas perdu espoir, il a été de toutes les guerres, il combat le crime en se soumettant à certaines entorses incontournables, en se jouant du système autant que faire se peut, en priant son Dieu et en aimant sa femme… Un homme simple qui s'entoure d'une équipe soudée, une bulle d'oxygène dans ce brouillard d'hypocrisie, de violence et de manigances politiques et de corruption.
C'est un personnage droit dans ses bottes, discret, volontaire, tenace, attentif et qui ne se laisse pas troubler par les menaces qu'il attire. Un personnage attachant et lucide que j'ai eu plaisir à suivre. Un personnage récurrent qui m'a d'ailleurs donné envie de découvrir les autres romans de Cédric Bannel.

L'auteur laisse la part belle aux éléments secondaires qui sont loin d'être passifs, nous faisons connaissance avec les adjoints de Kandar, leurs vie, passé et tempérament. Ils sont partie intégrante de l'enquête et pas seulement les faire-valoir de leur chef.
Entre Gulbudin, l'ancien mojahid auprès de Massoud, et Babour, le geek, le mélange des générations, des ethnies et des genres au sein même d'une équipe illustre finement le tissu social de ce que l'Afghanistan offre aujourd'hui.

Malalai, l'épouse de Kandar, est une militante des droits de la femme qui permet d'aborder la condition féminine, entre traditions ancestrales, excès sectaires, radicalisation religieuse et modernité à l'occidentale.
« Baad »: se dit d'un homme mauvais, violent, cruel envers les femmes (dixit les Éditions R. Laffont).
Il est bien évident que mettre les pieds en Afghanistan ne prédispose pas la gente féminine à entrer dans un pur paradis… Nous sommes prévenus d'emblée…

Le Mollah Bakir synthétise à lui seul toutes les contradictions des différents courants religieux, des plus modérés ou plus radicaux, toutes les alliances opportunistes entre anciens ennemis et nouveaux concurrents, toutes les magouilles et pressions politiques et politiciennes. Il a des contacts partout, des espions partout et nage très bien au milieu des requins avec une complaisance élastique lui conférant une autorité incontournable.

Même les ennemis de Kandar occupent une place importante dans l'intrigue, pour ce qu'ils sont, entre désirs et actions, pour leur rôle qui ne se limite pas à Kaboul ou une banale vengeance personnelle.

Nahid, jeune afghane, est touchante dans sa fragilité d'épouse rejetée et de mère. Obligée de survivre dans un état islamique qui ne lui laisse que peu de libertés et de champs d'action, elle refuse toutefois son sort et celui qui attend une de ses filles, Badria. Elle va se battre pour son enfant… Nicole aussi va se battre, elle est mère aussi et forte. En pure occidentale, avec toutes ses armes, beaucoup plus solides que celles auxquelles Nahid peut prétendre.
Tout sépare ces deux mères et pourtant elles sont unies pour la force animale et viscérale de défendre leurs petits. La confrontation des deux cultures et des deux expériences de ces femmes est subtile, les comparaisons n'apparaissent pas, elles sont suggérées… Qu'importe la couleur, la culture et la religion, les bonnes mères sont toutes animées par la même force: leurs enfants. Et elles ne reculent devant rien pour les protéger…

L'environnement humain et social est donc riche, entre héritage russe, interventionnisme des français et des américains, conflits entre les seigneurs de guerre et chef de clans, entre les mouvements religieux, talibans, djihadistes, entre hommes et femmes…

Mais si l'essentiel de l'action se situe en Afghanistan, l'enquête en parallèle de Nicole Laguna, française, ancien agent des Services Secrets, spécialisée dans la poursuite des fugitifs, va nous entraîner dans la mafia italienne qui n'est pas de tout repos également!

Le trafic de drogue est une hydre aux multiples ramifications internationales et on ressort de cette lecture avec un éclairage plus lumineux sur les diverses mafias du monde, de leurs affrontements dans la conquête d'un monopole véreux. de la Cupola italienne chapeautant la Cammora, la Casa nostra et j'en passe… aux champs de pavots afghans, il n'y a qu'un pas que Nicole va franchir pour rejoindre Kandar dans son enquête…

Ce roman est un grand coup de coeur pour moi car j'ai trouvé une plume talentueuse qui jongle habilement avec la connaissance précise et documentée d'un pays et d'un contexte complexes et une intrigue policière trépidante. J'ai appris et je me suis divertie… un régal. C'est un roman riche de divers thèmes habilement dosés autour de l'émotion, de la violence, de la beauté, de la réflexion… Une aventure sur les chapeaux de roue, tout en rebondissements, suspens et angoisse qui ne vous laissera aucun répit! Un page-turner magistral!

Et si vous tentiez vous aussi un petit voyage en Afghanistan?
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Jusqu'où une mère peut elle aller pour sauver un enfant ?

Pour préserver Badria d'un tueur pédophile, Nadid, une maman afghane plongée dans les bas fonds de Kaboul, affronte les tueurs islamiques et aide Oussama Kandar, « l'homme de Kaboul » dans une enquête haletante dont chaque chapitre s'inscrit dans un compte à rebours dont le tic tac infernal interdit de lacher le livre avant la fin.

Pour sauver son mari et ses enfants des griffes de la maffia, Nicole Laguna, ancienne de la DGSE, karcherise Paris de quelques racailles et suit la piste d'un chimiste génial et pervers reconverti dans le traffic de stupéfiants.

La rencontre improbable de ses deux mères et d'Oussama, offre à Cédric Bannel, romancier aussi imaginatif que bien documenté, l'occasion de nous peindre l'Afghanistan, ses clans, sa corruption, ses soutiens étrangers et de nous livrer une conclusion brutale et jubilatoire.

Magnifique épopée, ce roman policier est doublé d'une analyse géopolitique sur Daesh et la maffia et d'une réflexion philosophique sur l'ordre, la justice et la violence où l'emblématique Nicole est obligée, en légitime défense, de passer de l'état de policier à l'état de justicier.

Merci à Babelio et à l'éditeur de m'avoir offert cette intrigue très dure (drogue, pédophilie) mais intelligemment construite et fort bien écrite.

Bravo à l'auteur de nous révéler la diversité de la société afghane et de son élite. Un pays qui a la chance de pouvoir compter sur des citoyens de la trempe du qomaandaan survivra à Daesh.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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J'avais lu une très bonne critique sur Babelio qui m'a donné envie de lire le livre.
Je l'ai acheté et conservé quelques temps avant de me décider: l'arrière de couverture m'avait un peu refroidie: j'aime beaucoup les policiers mais n'en lis presque plus car j'évite de m'exposer (fut-ce fictionnellement) à la violence et dans les policiers moderne on est souvent dans des thrillers répugnants qui semblent concourir à qui sera le plus sale, choquant etc. Ce qui m'intéresse c'est la réflexion, la quête, l'enquête (comme dans les Sherlock Holmes ou les Hercule Poirot qui restent très soft). En devinant qu'il allait être question de fillettes assassinées (et son pendant quasiment automatique dans la littérature: leur viol), j'ai eu moins envie de le lire.

En fait le livre est très bien fait: il y a toute une structure complexe sous-jacente, les personnages sont variés, bien construits, cohérents, attachants à leur manière. Concernant la violence, il y en a, mais l'auteur ne s'appesantit pas dessus, ce que j'ai grandement apprécié, et ne tombe pas dans une multitude de détails sordides. En fait il nous dit qu'il se passe ses choses, mais c'est rapide et fait avec assez de distance.
Le suspense est très bien entretenu, savamment dosé. Les descriptions (personnages, paysages et culture!) sont impeccables.

Je n'ai rien à reprocher à ce thriller, ce policier passionnant.
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Kandar doit enquêter sur un tueur en série qui s'en prend à des fillettes à Kaboul. Cela le mène sur un vaste trafic de drogue. En parallèle, Nicole, en France, est contactée par la mafia italienne. Son mari et ses enfants ayant été enlevés, elle est obligée de répondre à leur demande : retrouver un certain Franck, scientifique qui a mis au point une drogue pure. Celle-ci pourrait mettre en danger le commerce de la mafia italienne... Mais quel est le point commun entre ses deux enquêtes ? On va devoir attendre un certain temps avant de le savoir.
Une enquête passionnante qui nous permet de découvrir l'Afghanistan, ses habitants, sa corruption, l'emprise de la drogue sur le pays et la folie de certains sous couvert de la religion.
Merci Babelio !
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