Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Ibtisam n'a que 3 ans pendant la Guerre des Six Jours, lorsque les soldats israéliens bombardent sa maison et que sa famille fuit Ramallah pour se réfugier en Jordanie. De cet épisode très douloureux de sa petite enfance, Ibtisam a gardé en elle un profond traumatisme après s'être perdue dans la panique du départ. En 1981, âgée alors de 17 ans, la jeune fille est arrêtée au check-point par les soldats israéliens. Elle se souvient : l'exil, l'éclatement de la famille, le placement de ses frères en orphelinat, une enfance particulièrement éprouvante... Et pourtant sa mémoire garde intacte l'évocation d'une famille chaleureuse, et les menus détails du quotidien - le figuier, la chèvre aimée qu'il faudra bien se résoudre à sacrifier, et aussi la joie d'aller à l'école, la soif d'apprendre symbolisée par la possession d'une craie. À l'adolescence, Ibtisam se rebelle contre la pression de l'armée israélienne, mais aussi contre l'autorité maternelle : « Les mères et les soldats sont des ennemis de la liberté ».
Ce récit autobiographique se lit avec passion, au fil d'une écriture simple et poétique destinée à tout âge. Loin d'exhorter à la haine et la vengeance, l'auteur aspire à la paix et au retour sur sa terre natale. Malgré une belle illustration de François Roca en couverture, on regrette que celle-ci suggère que le livre soit destiné à un jeune public. La collection, réservée jusque-là à des romans historiques, pourrait aussi faire oublier l'actualité brûlante de ce témoignage. Cécile Robin-Lapeyre
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