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sur 780 notes
Anaïs Barbeau-Lavalette a un grand-père célèbre et une grand-mSe sauver de quoi? Après la lecture du roman, j'ai le goût de répondre d'elle-même, mais cela s'est traduit d'abord par le départ définitif du nid familial (seule sa jeune soeur semble avoir conservé un minimum de contacts), de son mari, des ses enfants, de ses amis et de ses amants. Elle ne se posait jamais et avait du mal à créer des liens, à entrer en relation. D'ailleurs, l'auteure l'illustre bien lorsqu'elle parle des valises que sa grand-mère ne défaisait jamais.

C'est un travail de moine que Barbeau-Lavalette a entrepris pour retracer la vie de cette femme fantôme. Afin de saisir sa personnalité et repasser sur ses pas, elle a dû convaincre sa famille du bien fondé de son projet, engager une détective privée et rencontrer les observateurs de cette vie complexe.

Pour rendre son récit, l'auteure a choisi le monologue. Un long monologue qui s'adresse à cette femme inaccessible. Un monologue poignant où l'amour et la colère valsent avec l'incompréhension. Les chapitres très courts aident à saisir toute l'émotivité de la démarche et lorsqu'on sent un ton accusateur, on ne peut que compatir et comprendre l'origine de ce sentiment. Sa prose est imagée et rend la lecture encore plus intense.

La femme qui fuit est un livre qui fait mal à lire. J'ai d'ailleurs dû le déposer à quelques reprises afin de pouvoir prendre mon souffle. Mon coeur de mère ne pouvait que s'insurger et l'envie de hurler m'a prise à quelques reprises. Mais par moments, je me surprenais à voir percer une pointe d'empathie pour cette vie dure et aride.

Il s'agit là d'une lecture à faire absolument. Un livre qui risque d'être étudié fort longtemps.
Lien : http://letempsdlire.blogspot..
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Pourquoi ce livre? J'avais beaucoup entendu parler de la réception critique de ce livre dans les médias, je savais donc qu'il s'agissait d'un ouvrage de qualité. J'étais surtout intriguée par le personnage principal, une femme qui choisit l'aventure, l'indépendance et la création, laissant sa famille derrière elle. de plus, le contexte historique dans lequel se déroule le récit, cette période révolutionnaire et artistiquement foisonnante de l'histoire du Québec, m'a toujours fascinée et j'étais pressée d'en apprendre plus.

Un premier aspect qui m'a plu : J'ai particulièrement apprécié de me retrouver plongée dans le contexte historique dans lequel se situe l'ouvrage. Ayant étudié en histoire de l'art, j'ai toujours été fascinée par cette période de création et de rébellion entourant la publication du Refus Global qui allait marquer à jamais l'histoire du Québec. L'auteur réussit à nous entrainer dans cet univers particulier, et il est très intéressant de croiser tous ces artistes ayant marqué l'histoire, Borduas et compagnie, dans un contexte intime à travers les yeux du personnage principal.

Un second aspect qui m'a plu : L'histoire de cette femme est à la fois fascinante et bouleversante, et on s'attache très rapidement au personnage. L'écriture de l'auteure renforce ce sentiment d'attachement puisque le récit est écrit à la deuxième personne du singulier, au « tu », comme si l'auteure s'adressait directement au personnage principal, lui racontant sa propre histoire. Cela donne au récit une saveur très intime qui nous fait vivre toute sorte d'émotion. Ce style de narration inhabituel nous fait vivre une expérience de lecture très intéressante et déstabilisante.

Un aspect qui m'a moins plu : Je dois admettre qu'il m'est très difficile de trouver un aspect négatif à ce livre. Autant le récit que l'écriture de l'auteure m'ont beaucoup plu, et il s'agit sans doute d'un des meilleurs livres que j'ai lus dans les dernières années. Cependant, il est vrai qu'au début de ma lecture j'ai eu quelques difficultés à m'adapter au style de l'auteure, très poétique, auquel j'avais du mal à adhérer. Sa plume singulière pourrait rabrouer certains lecteurs plus intéressés au côté narratif d'un récit qu'au style de l'écriture.
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Cette auteure a frappé au coeur. Celui de sa grand-mère, le mien et certainement celui de beaucoup d'autres. Le plus beau livre que j'aie lu en 2016. Des phrases courtes, de petits chapitres et pourtant elle nous ficelle et nous tient à sa merci jusqu'à la dernière ligne et même après. Ce livre a continué à m'habiter parce que c'est tout simplement, un grand livre.
Prix des libraires 2016 catégorie roman Québec.
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Comment peut on vivre comme Suzanne Meloche?
Ce livre écrit brillamment par sd petite fille ne laisse transparaître aucune colère face au choix de vie de sa grand-mère artiste quebecoise reconnue sur le tard. C'est une vie écartelé et bouillonnante qui nous est écrite de manière posée et poétique.
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Ce livre est une pépite . La plume est poétique tout en étant incisive .

L'histoire de la grand-mère de la narratrice est pleine de rebondissements . La narration faite par sa petite fille est juste parfaite pour rendre ce récit fluide .

Les chapitres sont courts , on les enchaîne rapidement . Il se lit tout seul .

Cette femme nous montre l'évolution et la liberté de la gente féminine. de par sa prise de position et ses actions . Mais aussi ses peurs , ses regrets et la découverte de sa sexualité dans une société où la femme n'a pas encore eu son émancipation .

Elle va traverser des époques dure comme la seconde guerre mondiale , mais aussi les révolutions sociales et de mentalité .

J'ai.beaucoup aimé son histoire , ses choix sont dures mais montre qu'à cette époque une femme n'avait pas de choix elle avait une condition.

J'ai aimé cette dualité entre sa mater ite et sa liberté de jouir de sa vie de femme .

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Ecriture écorchée pour une famille écorchée par la vie. Une mère abandonne ses deux enfants. Sa petite fille écrit ce livre qui retrace la vie de cette femme différente, à la liberté chevillée au corps et qui ne peut pas vivre une vie linéiare. On suit son parcours dans les milieux artistiques surréalistes américains, dans son combat contre le racisme du Ku Klux Klan. On vit à ses côtés ses errements, ses déchirures. Et celles de sa famille.
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"La femme qui fuit" est un roman fracassant où l'auteur part sur les traces de sa grand-mère. Dans un récit en "tu", elle dessine plus qu'elle ne raconte cette femme éprise de liberté, écartelée entre sont besoin de révéler l'artiste qu'elle est et l'amour de ses enfants qu'elle finira par abandonner. Au fil de cette succession de courts chapitres qu'on avale jusqu'à l'étouffement, on épouse la hargne et le feu de Suzanne Méloche jusqu'à la douleur. C'est aussi la découverte du mouvement automatiste québécois, du Refus global, d'une révolte artistique. C'est explosif !
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Tous les hommes et toutes les femmes ne sont pas aptes à avoir des enfants, surtout quand ils sont autant "habités" par une puissante envie de création artistique, des idéaux politiques, une soif de vie si intense. Malheureusement Suzanne a été mère deux fois dans un contexte où la contraception était inexistante par la faute de l'omniprésence de la religion principalement. Elle a été malheureuse de son incapacité à élever ses enfants mais en même temps elle a pu créer des poésies, des peintures, militer. Avec ce livre, l'auteure a pu "redonner" une place à sa grand-mère Suzanne et essayer de consoler sa mère de l'énorme manque d'amour maternel même si ses tantes qui l'ont élevée étaient bienveillantes.
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Une étrange biographie que voici. Celle de Suzanne Meloche, artiste automatiste québécoise, écrite par sa petite fille. Au delà de l'histoire surprenante de cette femme, c'est la forme qui étonne. Des phrases lapidaires, des chapitres courts et surtout une adresse directe de l'autrice à sa grand mère avec une utilisation du « tu » qui peut agacer au départ.


Le livre se présente comme une boucle : tout commence à la mort de Suzanne, lorsqu'Anaïs vide son appartement et découvre la vie insoupçonnée de son aïeule. On plonge alors dans son passé, depuis sa naissance jusqu'à sa mort.


Une enfance rude en pleine crise de 29, entre une mère malheureuse et un père aimant mais asservi par les conditions économique.

En filigrane, c'est l'histoire du Canada qui se dessine, avec ses guerres linguistiques et la toute puissance de l'Eglise.

Un concours d'éloquence va bouleverser la vie de cette fille de la campagne et la mener à Montréal où elle rencontre un groupe de jeunes intellectuels qui se promettent de changer le monde.

Après quelques aller retours, Suzanne s'installe au Québec où elle fréquente les automatistes sous la houlette de Borduas qui rédige un manifeste, celui du Refus Global.

Elle écrit des poèmes, se marie à Marcel Barbeau et donne naissance à deux enfants, Mousse et François.

Mais cette petite vie de famille étouffe la jeune femme qui décide de tout plaquer pour vivre de façon libre et indépendante. L'abandon de ses enfants reste comme une plaie purulente tout au long de son existence même si elle connait de nouveaux amours et de nouveaux combat, tel celui des droits civiques aux Etats-Unis. On admire et on abhorre en même temps cette femme qui vit pour elle avant tout, qui ouvre son coeur à l'inconnu mais le ferme à sa progéniture.

Un livre émouvant, bouleversant, captivant par la diversité de ses approches - historiques, artistiques, personnelles -, qui nous interroge sur la place de la femme dans la société et le monde de l'art, sur les rapports de domination de tout genre. Une autre façon aussi de découvrir l'histoire du Canada au XXe siècle.

Avec même un peu de Charlebois dedans… 🎶
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Appréciation : Quel plaisir! Belle écriture qui au départ m'a causé une certaine difficulté, en fait un certain agacement : l'utilisation du « tu »; une narratrice qui s'adresse à sa grand-mère toujours en la tutoyant. Mais par la suite je m'y suis habituée tant l'écriture est poétique et le sujet passionnant. On ressent tout le pouvoir qu'a eu à cette époque le discours des libres penseurs, artistes, peintres, écrivains, gens de théâtre, (il ne manquait que les musiciens) sur la société québécoise des années 40. le fameux texte « le Refus Globlal » écrit par le peintre Paul-Émile Borduas et publié en 1948 en 400 exemplaires fait foi de toute cette époque dite de la grande noirceur qui avait besoin de s'affirmer en s'opposant au clergé, encore à l'époque omniprésent dans chaque sphère de l'état. Prémices à la Révolution tranquille des années 68 où le Québec s'est affirmé et libéré.
Histoire passionnante, très intimiste, parfois trop comme si on lisait de trop près la vie de Suzanne Melanchon, épouse de Marcel Barbeau, peintre né en 1925 et qui vient à peine de nous quitter en janvier 2016. C'est toute une époque de libération qui prend forme.
Quand on fait des recherches sur ce que sont devenus les enfants du refus global, on est impressionné par les conséquences de leur parcours très marginal. Quelque part, ils ont été les victimes de ce démembrement des valeurs québécoises de l'époque. On leur a enseigné la liberté avec la même ferveur que ces artistes épousaient envers et contre tous le besoin de pousser leur liberté jusqu'à l'abandon de leur famille, et de leurs propres enfants, au détriment d'une quête intérieure sans limites. Mais ces enfants, et ils le diront, n'étaient pas en mesure de vivre ce qu'on leur demandait.
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