Appréciation : Quel plaisir! Belle écriture qui au départ m'a causé une certaine difficulté, en fait un certain agacement : l'utilisation du « tu »; une narratrice qui s'adresse à sa grand-mère toujours en la tutoyant. Mais par la suite je m'y suis habituée tant l'écriture est poétique et le sujet passionnant. On ressent tout le pouvoir qu'a eu à cette époque le discours des libres penseurs, artistes, peintres, écrivains, gens de théâtre, (il ne manquait que les musiciens) sur la société québécoise des années 40. le fameux texte « le Refus Globlal » écrit par le peintre
Paul-Émile Borduas et publié en 1948 en 400 exemplaires fait foi de toute cette époque dite de la grande noirceur qui avait besoin de s'affirmer en s'opposant au clergé, encore à l'époque omniprésent dans chaque sphère de l'état. Prémices à la Révolution tranquille des années 68 où le Québec s'est affirmé et libéré.
Histoire passionnante, très intimiste, parfois trop comme si on lisait de trop près la vie de Suzanne Melanchon, épouse de Marcel Barbeau, peintre né en 1925 et qui vient à peine de nous quitter en janvier 2016. C'est toute une époque de libération qui prend forme.
Quand on fait des recherches sur ce que sont devenus les enfants du refus global, on est impressionné par les conséquences de leur parcours très marginal. Quelque part, ils ont été les victimes de ce démembrement des valeurs québécoises de l'époque. On leur a enseigné la liberté avec la même ferveur que ces artistes épousaient envers et contre tous le besoin de pousser leur liberté jusqu'à l'abandon de leur famille, et de leurs propres enfants, au détriment d'une quête intérieure sans limites. Mais ces enfants, et ils le diront, n'étaient pas en mesure de vivre ce qu'on leur demandait.