Ce roman nous présente un délicat portrait de femme : celui de Madeleine, tante de la narratrice entre Nantes, ville dont elle est originaire et Douala, capitale économique du Cameroun où elle va vivre quelques années aux côtés de son mari.
La narratrice n'a que peu de souvenirs de la soeur aînée de sa mère. le point de départ de son récit est une photo d'elle prise à Douala en 1958, en compagnie de sa cousine Sophie, encore toute petite. Sur cette photographie à bords dentelés, sa tante incarne l'élégance même. Derrière ce beau visage de papier glacé - on disait que Madeleine ressemblait à
Michèle Morgan - couvait peut-être le feu d'une passion silencieuse…
A 26 ans, Madeleine a épousé Guy, tombé immédiatement sous son charme, sans doute pour ne pas rester “vieille fille”. Tous deux vont aller vivre au Cameroun où Guy a trouvé du travail alors que le pays débute un processus de décolonisation qui allait mener à l'indépendance. Peut-être est-ce ce contexte qui explique que Madeleine ne se sentira jamais bien à Douala ? Elle n'était, en tout cas, pas faite pour vivre une vie oisive avec un boy à son service et elle reste extérieure à l'entre-soi des expatriés. Tout cela la met mal à l'aise.
Un soir, lors d'un bal à la Délégation française, elle rencontre
Yves Prigent, un administrateur assez influent qui, lui, est tout à fait dans son élément dans ce Cameroun colonial. C'est un séducteur et contre toute attente, il semble attiré par cette jeune femme aussi élégante que timide. Que s'est-il passé entre eux ? On ne le saura jamais vraiment. Madeleine ne s'épanche pas sur ses sentiments comme beaucoup de femmes de sa génération et s'ils se rencontrent à plusieurs reprises, leur relation semble être restée platonique. C'est malgré tout…
une façon d'aimer.
J'ai découvert l'autrice avec ce récit que j'ai trouvé très pudique. Son écriture est tout en finesse. Elle décrit parfaitement les lieux, qu'elle évoque Nantes ou bien Douala, mais aussi l'atmosphère de l'époque. de nombreuses chansons citées nous replongent dans les années 1950-1960. Les personnages de l'histoire prennent rapidement vie. Madeleine reste cette beauté blonde, un peu froide, assez mystérieuse mais c'est cette part de mystère qui, justement, séduit aussi bien
Yves Prigent que Guy
Morand qui va la chérir toute sa vie durant. Elle m'a fait penser à l'une de mes propres tantes et j'ai passé un bon moment de lecture.