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sur 465 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un portrait jauni sous-titré « Douala, allée des Cocotiers, 1958 » et une allusion sibylline échappée il y a bien longtemps à sa grand-mère - « Parles-en donc à ta tante, de ce genre de bêtise. Elle a failli en faire une, et une grosse. Tu gardes ça pour toi, bien sûr. » - ont longtemps intrigué la narratrice sans que rien ne lui permette jamais de cerner le secret de Madeleine, cette tante toujours si discrète et élégante dont on disait qu'elle ressemblait à Michèle Morgan et que son mari en était fou, au point de mourir de chagrin lorsqu'elle s'éteignit, il y a seulement quelques années. Désormais « passée de l'autre côté du temps », Madeleine a néanmoins laissé quelques vieilles lettres et photographies. Ce sont elles qui permettent aujourd'hui à sa nièce et à sa fille de retracer son histoire oubliée, une histoire où ne serait arrivé qu'un « presque rien » qui a pourtant tout changé, une histoire qui, « d'une certaine manière » a fait d'elle « l'héroïne d'un roman que personne n'écrira. »


Madeleine a vingt-sept ans lorsqu'en 1958, elle se laisse épouser par Guy pour le suivre depuis Nantes jusqu'au Cameroun, où il est négociant en bois. Transplantée de son modeste et paisible milieu provincial dans un pays d'Afrique en pleine effervescence indépendantiste, la jeune femme bientôt maman d'une petite fille découvre le huis clos de la microsociété formée à Douala par les colons français. Alors que dans la touffeur tropicale fermentent doucement inquiétude et incertitude face à l'avenir, instaurant un climat de tension de plus en plus palpable, l'on y trompe angoisse et ennui dans l'apparente insouciance des mêmes sempiternelles soirées, où, entre danse et alcool, se nouent des liaisons faussement secrètes alimentant les conversations de cet entre-soi à qui rien n'échappe. « Avec sa beauté raide, un grand fond de timidité, et cet air provincial décourageant, à la fois sévère et désemparé, avec lequel elle cherchait à donner le change », la discrète et sage Madeleine se retrouve ouvertement courtisée par un certain Yves Prigent, un administrateur dont la réputation d'aventurier parachève la séduction. Que se passe-t-il alors exactement ? Quatre ans après l'installation du couple à Douala, on retrouve Madeleine et Guy De retour à Nantes, silencieux sur leur épisode africain.


Sur la pointe des mots, une infinie mélancolie se mêlant à l'exquise délicatesse de son écriture, Dominique Barbéris explore patiemment l'histoire de la tante Madeleine, et « peut-être, à travers elle, celle de beaucoup de femmes de sa génération, la génération de la guerre : une histoire sage, une vie retirée et discrète traversée d'un bref coup de folie, une romance secrète. Difficile de savoir ce qui arrive à une femme. » « Avec son élégance datée, discrète et raisonnable », « un peu comme si elle portait le fantôme de ce qu'elle était autrefois », Madeleine aura poursuivi en silence sa vie d'épouse irréprochable, laissant à jamais ses désirs, non pas seulement au rayon des souvenirs, mais à celui des possibles perdus. A observer ce couple âgé qu'ils ont fini par devenir, elle résignée sans le dire, lui lui pardonnant, toujours sans mot non plus, parce que l'aimant sans mesure, l'on s'émeut des non-dits et des abysses secrètes cachés par tant de ces vies apparemment sans histoires…


Après une très vraisemblable Bovary contemporaine dans Un dimanche à Ville-d'Avray, Dominique Barbéris nous propose cette fois une subtile Princesse de Clèves, en tous les cas un nouveau personnage de femme tiraillée entre réalité conjugale et désirs sacrifiés, pour un texte délicatement empreint de la nostalgie du temps passé et des possibles évanouis. Très grand coup de coeur pour cette fiction où « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite », à ceci près que l'auteur est née au Cameroun en 1958 dans une famille d'origine nantaise.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La narratrice de Une façon d'aimer plonge dans ses souvenirs d'enfance à partir d'une photo de sa tante Madeleine, la soeur aînée de sa mère. La photo représente Madeleine, jeune, en Afrique, où elle a suivi Guy, son mari, muté là-bas : « Douala, allée des Cocotiers, 1958 ». Elle sert de prétexte à la reconstitution d'un univers disparu, épisodiquement celui de la vie à Nantes, dans cette famille où, après la mort du père, il ne reste que des femmes, mais surtout, elle sert de déclencheur à la reconstitution d'un monde que la narratrice ne connaît pas du tout, cette Afrique du temps de la colonisation, je devrais dire de la fin de la colonisation. La narratrice s'appuiera sur les souvenirs de sa mère, Olivia, de sa grand-mère, Régine, et de sa cousine, Sophie, la fille de Madeleine, pour rebâtir une histoire dont elle ne sait pas grand-chose. Sa grand-mère lui a confié que Madeleine avait bien failli faire une bêtise, là-bas, aux colonies…
***
Je n'avais encore rien lu de Dominique Barbéris, et je sors enchantée de ce roman délicat et sensible. Dès la brève première partie, sorte de mise en situation, les réflexions sur le travail de la mémoire, sa fragilité, sur la rémanence et l'interprétation des souvenirs, occupent une place importante, comme d'ailleurs les remarques sur les livres, les écrivains, le cinéma et la culture en général. La deuxième partie nous propose de suivre Madeleine, jeune fille puis jeune femme, la rencontre avec Guy, les fiançailles, le mariage et le départ à Douala. L'autrice excelle à rendre l'ambiance de l'époque, la vie en province, le milieu social. Elle restitue avec précision le climat de l'époque, les non-dits, les tabous, la sorte de pudeur d'alors qui finissait par brimer les relations affectives. La troisième partie se déroule à Douala, au Cameroun, à la toute fin des années 50. La vie s'est ralentie, presque arrêtée : on attend l'inévitable indépendance et on cultive quelques craintes, mais le microcosme de la société constituée par les colons garde ses habitudes. Les soirées à la Délégation réunissent tout ce qui compte à Douala. Madeleine y rencontrera Yves Prigent, un séducteur impénitent, attiré par cette jeune femme timide qui ressemble à Michèle Morgan. J'ai beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Dominique Barbéris évoque la perception de l'Afrique par les nouveaux arrivants : la chaleur, les insectes, l'omniprésence des lézards, le bruit assourdissant des oiseaux au crépuscule. Ce sentiment de décalage social qu'éprouve Madeleine s'illustre avec cruauté dans la réprobation pas toujours muette de Charlie, le boy de la maison, qui ne se prive pas de la comparer aux autres « Madames » qu'il a servies. La jeune femme timide, provinciale et d'un « petit milieu » n'en sort pas gagnante. Vous l'avez deviné, je ne vous révèlerai pas si Madeleine a ou non fait cette bêtise dont parlait la grand-mère. Vous devrez lire ce roman pour le savoir. Une certaine mélancolie en ressort, forcément plus encore si on a connu cette époque, les chansons alors à la mode, les relations parents-enfants à mille lieues de celles d'aujourd'hui, le poids du regard des autres, le silence sur les sentiments, les phrases leitmotivs de la grand-mère… Je me suis plongée avec délices dans ce roman subtil et délicat.

[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]
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Comment raconter une non-histoire ? Il faut énormément de talent ; cela paraît simple mais D.Barbéris réussit avec délicatesse à décrire un climat secret, sans bruit.
C'était au temps des colonies ; Dans les années 50 , Guy très amoureux de Madeleine, nantaise, l'épouse ; pour elle, c'est plutôt un mariage de raison. Quelques temps plus tard, elle le rejoint au Cameroun où il travaille dans le bois.
La découverte de ce nouveau pays bruyant, coloré déconcerte Madeleine, elle est guindée et à du mal à s'adapter à la vie et aux intrigues des « expat ».Elle s'accroche à sa petite fille Sophie comme pour se protéger d'une attirance soigneusement rejetée pour un homme rencontré lors d'une soirée.
Madame Bovary, c'est un peu ça, la Princesse de Clèves aussi, raconté par l'auteure en s'appuyant sur des photos ,des lettres que possède une cousine. Elle imagine avec élégance le carcan dans lequel a vécu Madeleine, les regrets, les désirs qui accompagnent un amour platonique.
D.Barbéris rappelle également la fin du mandat français entamé par De Gaulle et les nombreux troubles qui suivirent.
Un très beau roman couronné par le grand prix de l'Académie française.
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Un livre bâti sur ce qui peut sembler un rien.
Et c'est là que Dominique Barbéris réussit un coup de maître.

Ce rien n'est qu'apparence.
Derrière celle-ci se dissimulent des vies comme tant de vies se déroulent dans un anonymat quotidien.

Il y a Madeleine, la tante qui échappe, murée dans ce qui semble un silence, enfouie dans des rêves non-dits, absente et présente, reflet d'une époque avec ses robes « parachute » vichy ou à petit pois, la mère qui promène une petite fille esquissée devenue « prétexte ».
Vivre dans l'ombre d'un mari aimant, installée dans un Cameroun qui bouge, inquiète, fréquentant cette communauté de blancs coloniaux, des frémissements la parcourent, quasi inexprimés.

Communauté fermée sur elle-même, s'épiant, s'offrant des dîners, buvant sous la chaleur qui étouffe et dans le bruit infernal des oiseaux qui rend fou, les regards vont de l'un à l'autre et jugent.

Il y a le séducteur, celui qui soudain semble sincère, se meut près de Madeleine, tisse sa toile, offre ses regards et son amour à celle qui vit en retrait.
Douceur des mots, attente, rien ne se passe, tout est dans le mirage de ce qui pourrait advenir.
Le titre du livre s'illumine.

Les années d'après-guerre, l'ambiance coloniale, l'indépendance du Cameroun, l'inquiétude, la peur, la fuite éteignent les chansons des années cinquante tour à tour suaves, mélancoliques, fantaisistes et Dominique Barbéris s'y entend pour nous y plonger délicatement en recréant l'atmosphère d'une époque évanouie.

Puis il y a la fin de l'histoire avec tout ce qu'elle contient de tristesse, de regrets, de non-dits, d'effacements sauf les mots de l'auteure qui lui donnent vie.
Roman est-il dit, peut-être mais ce « rien » se met à exister avec des sons, des odeurs, des états d'âme, des vies qui furent avec leurs doutes, leurs regrets, leurs mystères que d'autres (dont la narratrice) tentent de pénétrer.

Un livre d'atmosphères et de perceptions, un livre délicat.
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"Coup de coeur" pour ce roman qui a obtenu le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2023.
Reconstituer le puzzle de la vie d'une parente avec le peu d'éléments concrets que sont de rares rencontres, des propos lapidaires échangés ici et là, que sont les maigres indices que constituent des photos, des lettres, des papiers divers, des coupures de journaux, ou encore une valise contenant une robe froissée en vogue dans les années 50, c'est l'exercice délicat, et très réussi, auquel se livre la narratrice de l'histoire de Madeleine, sa tante.
C'est l'histoire assez banale d'une jeune fille âgée de 16 ans à la fin de la 2ème guerre mondiale, "corsetée" par une éducation stricte qui dictait "ce qui se faisait" et "ce qui ne se faisait pas ".
C'est l'histoire plus originale d'une jeune femme qui, en 1955, suit son mari en Afrique équatoriale où il vient d'obtenir un travail à la Société des Bois du Cameroun, et qui, tout au long des quatre années passées là-bas, se sent inadaptée à l'environnement politique et social qui précède l'indépendance de ce pays, une atmosphère lourde à laquelle elle peut difficilement échapper.
C'est l'histoire d'une attirance pour un homme, son parfait opposé, rencontré à Douala lors d'une soirée donnée par la Délégation française, et qui demeure voilée de silence et de secrets gardés , "une façon d'aimer" peut-être.
Le récit est alerte, cadencé au rythme de phrases courtes non dénuées de poésie et délicatement construites sur des incertitudes et des interprétations, laissant dès lors une large place à l'imagination du lecteur.
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J'entre dans l'univers romanesque de Dominique Barbéris avec ce récit qui figure parmi mes meilleures lectures de cette rentrée littéraire. Je reste marquée par la force de l'écriture qui réussit à créer un univers visuel et poétique dans le contexte très précis de la décolonisation en marche au Cameroun, à la fin des années 50. le personnage de Madeleine lui aussi, se hisse au niveau des personnages romanesques marquants de la littérature. Elle porte le récit tout entier par l'indéniable relief d'une personnalité mise en scène avec une réelle profondeur. Madeleine n'est pas une flamboyante, le miracle de l'écriture est bien là qui réussit à donner à la vie de ce personnage un éclat qui va bien au-delà de la réalité décrite à travers son quotidien, en province à Nantes puis à Douala pour revenir à Nantes. Dans sa timidité, sa raideur, cette femme campée dans son attachement aux conventions sociales révèle un autre visage: une sensualité refoulée mais bien présente, l'esprit d'aventure bridé mais capable toutefois de surprendre. L'auteure raconte ainsi dans ce roman « Une autre façon d'aimer » sans pathos ni panache, elle brosse tout autour, un arrière plan social vivant et crédible qui met en scène le milieu tranquille et désuet des colons , dans un contexte qui explose. Elle fait de Madeleine une Bovary inversée dans un portrait d'une grande finesse et d'une grande sensibilité qui parvient à la rendre proche et attachante.
Un excellent roman.
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" Peut-être que le silence est une façon d'aimer."

Madeleine, beauté discrète et mélancolique des années 50, quitte Nantes où elle a grandi dans un milieu modeste pour suivre son mari qui est muté au Cameroun. La jeune femme se retrouve transplantée dans un monde étranger, violent et magnifique aux antipodes de sa province française. A Douala, lors d'un bal de la Délégation, elle rencontre Yves Prigent, administrateur civil à Yaoundé, un brin aventurier avec qui elle accepte de longues promenades dans les rues de la ville. Mais la décolonisation est en marche...

Après la mort de Madeleine, sa nièce cherche à reconstituer son histoire à partir d'une photographie des années 50 de sa tante dans les rues de Douala avec sa petite fille Sophie née quelques mois après leur arrivée au Cameroun.

Dominique Barberis nous transporte en Afrique et en restitue à merveille l'atmosphère, les bruits, les singes, les oiseaux... l'ambiance qui y régnait, la peur diffuse à la veille de l'indépendance fixée au 1er janvier 1960. Un climat tendu seulement égayé par les fêtes à la Délégation où était invité tout ce qui comptait à Douala.
Portrait d'une époque, celle des années 50, de la province bourgeoise française de l'après-guerre et de l'Afrique coloniale où la communauté d'Européens vivait en micro-société en ayant pleinement conscience de leur sursis dans ce pays. "une microsociété où les gens tournent en rond et s'observent." Madeleine s'ennuie au milieu de ces expatriés qui vivent les uns sur les autres, elle s'ennuie dans ce lieu aux multiples intrigues. "On se fréquentait, on dînait les uns chez les autres, on s'épiait."
Magnifique portrait d'une femme "à l'air provincial décourageant, à la fois sévère et désemparé", une femme d'une beauté raide, un peu triste, discrète, timide et sans expérience, "grave et raide comme une poupée". Une femme mystérieuse qui ressemblait à Michèle Morgan.
Une ambiance, une femme, une époque... Des petites touches, le boy Charlie qui a du mal à accepter l'autorité de Madeleine, la girafe que mâchonne Sophie, la chanson de Brel "Ce soir j'attends Madeleine", des petits riens qui constituent un roman plein de grâce. Sensible, délicat, doux et touchant ce texte est empreint d'une douce mélancolie. Un vrai bonheur de lecture.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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J'ai eu du mal à entrer dans ce roman, l'auteure parlant d'un sujet puis d'un autre. le début m'a paru brouillon.

Et puis le récit prend son envol lorsque Madeleine, sa petite fille et son mari partent au Cameroun où il a trouvé du travail.

Nous suivons Madeleine dans sa phobie des microbes dont le boy Charlie se moque ; son ennuie dans cette ville de colonie (nous sommes dans les années 50) où tout le monde se connaît.

J'ai aimé que Madeleine reste mystérieuse : pourquoi est-elle tombée amoureuse d'un autre homme au Cameroun ? Quels étaient ses rapports avec son mari ?

J'ai adoré les leitmotivs du récit : les robes que Madeleine coud elle-même ; le chapeau pointu que sa fille porte pour sortir, et que tout le monde appelle La petite chinoise ; la girafe que Sophie mâchonne sans cesse ; les pluies du soir qui durent la nuit ; la chanson Ce soir j'attends Madeleine dont quelques strophes reviennent ponctuer le récit.

J'ai aimé cette femme qui, si elle n'était pas jolie dixit sa propre mère, a su développer une prestance et un maintient digne des stars hollywoodiennes de l'époque.

J'ai refermé ce roman en regrettant de ne pas avoir connu Madeleine.

L'image que je retiendrai :

Celle des soirées de la femme du Délégué qui réunit tout le microcosme français expatrié.
Lien : https://alexmotamots.fr/une-..
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Un livre doux- amer,sur ce qui aurait pu être,et ne sera jamais,sur ce qui fut et n'est plus.
Une petite mélodie, celle du vague à l'âme,de la nostalgie et si le récit est marqué d'une certaine mélancolie il est aussi marqué par la recherche de toute une vie, recherche du bonheur,en couple,un couple qui a fait face,glissant sur les évènements qui l'avaient mis en danger,pour mieux, l'âge avançant,chanter la douceur paisible et réconfortante des habitudes.
Il y a plein de façons d'aimer, n'est ce pas....
On regarde beaucoup les vieilles photos dans ce roman,on remue le passé,au rythme des musiques d'alors.
C'est joliment écrit.
Ça m'a fait penser à ces vieux films avec des femmes fragiles en jolies robes et capelines,aux officiers sirotant un autre gin,encore un,en les reluquant,dans une atmosphère tamisée et presque intime, comme ralentie.
Hors du temps commun.
Ces films où rien n'est dit.
Où finalement il ne s'est rien passé.
Et moi aussi je ressors de ma lecture mélancolique , nostalgique de ce Nantes où débute l'histoire,ce quartier où j'aurais pu guider l'auteur.
C'est beau la mélancolie.

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Et si nos vies se jouaient sur un rendez-vous manqué ? Une conversation interrompue ? Un départ précipité ?
Et si toutes les façons d'aimer étaient enfin légitimées ? Même les plus invisibles, même les plus sottes.
Et si les amours impossibles étaient les seules qui méritaient d'être racontées ? Les mains qui se frôlent. Les yeux disent. Et plus rien ne s'efface.

Dominique Barbéris, avec élégance, nous parle de Madeleine, qui ressemble à Michèle Morgan. Madeleine, mariée à Guy, sans qu'on sache tout à fait s'il s'agit de sentiments ou de raison. Madeleine, qui à Douala, traîne son allure de provinciale et sa timidité. Elle a peur. Peur de vivre. C'est le lot des introvertis qui ne bravent pas le monde. Elle s'inquiète de tout, sûrement pas très heureuse. Mais c'est le jeu avec les introvertis. On n'en sait jamais rien, au fond.

Quelques photos en noir et blanc un peu jaunies. Des robes new look qui disparaissent. Un monde qui n'est plus. Celui d'une colonie africaine dans les années 50 avec ses codes, qui sont toujours ceux des expats, des petits mondes où tous se connaissent et où il se passe si peu de choses que tout fait événements. Dominique Barbéris glisse ça et là des expressions désuètes, qui ne font que renforcer cet espace-temps qui s'éloignent ("je ne suis pas ton boy" était aussi une des expressions préférées de mon grand-père.) Il y a quelque chose de Modiano, mais une autre sensibilité résonne, plus féminine. Des filles qui finalement ne connaissent pas si bien leurs mères, des femmes comme les autres. Qui aiment et qui doutent. Qui toutes leurs vies durant, marcheront en silence en souvenir d'un amour inachevé.

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