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3,55

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alessandro Barrico est un auteur italien de renom, dont j'apprécie particulièrement l'originalité de la plume et le style poétique très particulier des histoires contées. Sans surprise, Cette histoire-là sort aussi du lot. C'est une histoire d'automobiles, de guerre et d'amour. C'est l'histoire d'Ultimo Parri, un petit garçon italien de cinq qui voit pour la première fois de sa vie une voiture. Emerveillé, embarqué par son père dans des courses folles, il rêve alors de bâtir son propre circuit automobile. Malheureusement, il est vite rattrapé par la première guerre mondiale. Enrôlé de force pour combattre lors de la bataille de Caporetto en 1917, il risque de perdre la vie plus d'une fois. Sorti sain et sauf, il quitte son Italie natale pour émigrer aux États-Unis, où il fait la rencontre d'Elizaveta, une russe, professeure de pianos, dont il tombe éperdument amoureux. Hélas, cette histoire d'amour n'étant pas réciproque, Ultimo disparaît, pour ne plus jamais donner signe de vie.

Cette histoire-là est bâtie en trois parties distinctes, qui racontent chacune une période de la vie d'Ultimo : l'enfance et sa passion naissante pour les voitures, son arrivée dans la vie adulte propulsé dans la guerre, puis son passage dans la vie d'adulte émigré dans un autre pays, loin de ses repères. La narration est originale, avec plusieurs narrateurs qui se succèdent pour raconter un bout d'histoire, parfois sans vraiment bien que l'on comprenne qui se trouve aux manettes. le style est également particulier, ponctué de phrases incomplètes, de blancs, de paragraphes manquants… mais le tout reste gracieux et poétique : du Barrico tout craché !

Il n'y a aucun message particulier à discerner derrière ces mots. Ce n'est qu'un chemin de vie qui se dessine sous nos yeux, un garçon qui devient adolescent puis homme, avant de disparaître. C'est un roman que j'ai trouvé assez complexe, non pas dans la compréhension même du texte, mais plutôt dans l'analyse des personnages, dans l'absorption des émotions.

Ultimo, notre héros, tout comme Elizaveta, qui apparaît longuement dans la dernière partie, sont assez énigmatiques : ils ne laissent rien transparaître de leurs émotions ou de leurs pensées. On ne ressent pas d'attachement particulier envers ces deux personnages, sans doute parce qu'ils nous paraissent distants, un peu froids. On a du mal à comprendre leurs agissements, à clairement voir ce qu'ils ressentent et où ils veulent aller. Cela n'empêche en rien d'apprécier l'histoire et cet aura si particulier qui entoure nos héros.

Un roman poétique qui met en scène deux personnages complexes, qui évoluent et grandissent au début du XXème siècle, entre la naissance de l'automobile et la première Guerre Mondiale. Des chemins de vie que l'on suit avec volupté et passion. J'étais déjà une adepte d'Alessandro Barrico et je confirme son talent de conteur : j'ai beaucoup aimé.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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"Ce n'est pas un circuit c'est une vie".
C'est cette quête, cette obsession, cette passion, l' abstraction de l'esprit qui consiste à réaliser un circuit parfait car "c'est la route qui dompte les automobiles et non l'inverse", l'axiome inscrit dans le "cerveau-enfant" d'Ultimo Barri qui va conditionner sa vie future que nous offre Alessandro Baricco dans Cette histoire là.
Portrait-puzzle, comme écrit à plusieurs mains, d'Ultimo qui a "l'ombre d'or", la force car il est mort deux, trois fois et a survécu.
Rêve ébloui d'un enfant dont le père, passionné, hypothèque sa ferme pour implanter un garage au milieu d'un nulle part boueux, dont la première voiture qu'il voit négocie une courbe parfaite,qui reçoit en cadeau sa première motocyclette d'un comte et les lunettes de la Fontaine, le plus grand.
Espoirs de fraternité lors de la défaite de Caporetto.
Amour des femmes.De la mère aux "deux coeurs" qui aime son mari "à la française" et son amant le comte d'Ambrosio dont elle aura post-mortem un enfant débile. D'Elizaveta, l'émigrée russe professeur de pianos, qui écrit un journal autodestructeur mi vrai-mi faux qu'il prendra au pied de la lettre.
"Négocier une courbe", changement parfait et controlé de direction, est-ce celà qu'il va réaliser lui même en disparaissant ne laissant à Elizaveta qu'un simple dessin de circuit pour le retrouver?
L'amour est-il toujours un rendez vous manqué pour un passionné à la passion par trop dévorante?
Avec le monde de l'automobile,des courses,des circuits et du XX° siècle en toile de fond et la rencontre avec Fangio qui est entré dans la légende,
Cette histoire là a fait partie de la première sélection du Fémina étranger.
Différent du poétique et dépaysant Soie, du déstabilisant Sans Sang, du philosophique Océan mer et des réflexions philosophiques et de musicologie de Constellations, Alessandro Baricco (qui a obtenu le prix Médicis étranger 1995 pour Les chateaux de la colère) nous livre ici ses talents de conteur en relate l'histoire d'un personnage hors normes un peu à la manière de Novocento le pianiste.
Et toujours cette prose poétique aux images fortes qui donne à l'auteur une pâte inimitable!
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«Quelqu'un qui peut t'attendre, il t'aime.» Il me semble que c'est là toute l'essence de ce roman.

Ce roman c'est l'histoire touchante d'Ultimo Parri dont le but dans la vie est de construire sa piste de course, pas pour les automobiles! Une piste dont chaque courbe serait un instant, une émotion de sa propre vie : une histoire de guerre, de voyages, de routes qui s'entremêlent et de destins croisés.

Il arrive que l'on s'impatiente un peu devant des descriptions qui s'éternisent. Il arrive aussi que l'on se perd! Quel est le lien entre la course automobile du début, la passion de Ultimo pour la géographie et les routes. Et encore, quel est le lien avec le champ de bataille pendant la Seconde Guerre mondiale? Pourquoi se retrouve-t-on aux États-Unis avec une professeure de piano d'origine russe?

À la fin tout sera lié avec beaucoup de nostalgie et d'émotion.

Sans être forcément facile à lire, ce roman est quand même d'une agréable lecture, d'une grande sensibilité, c'est aussi un moment littéraire original. On en ressort avec des images plein la tête!
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Épopée d'un homme ordinaire dans un XXème siècle peu ordinaire.Cette histoire-là est formidablement racontée par Alessandro Baricco.
Ultimo naît en 1898. Son père et sa mère sont fermiers, durs à la tâche dans une région d'Italie plutôt pauvre. Fragile, il manque mourir plusieurs fois avant ses 5 ans. Un jour, son père l'emmène voir une course fabuleuse, une des toutes premières courses automobiles, des bolides leur passent sous le nez dans d'un fracas et à un train inimaginable. Tous deux en sont émerveillés pour leur vie entière. Cela changera la vie du père, qui vend ses 26 vaches pour monter un garage dans un coin perdu où il ne passe aucune voiture : nous sommes en 1903…
Un certain comte D'Ambrosio s'arrêtera avec son automobile de 931 kilos et là aussi la vie sera changée.

Ultimo grandit et bascule dans l'âge adulte à 15 ans.
Dans la deuxième partie, plus opaque, on retrouve le soldat Ultimo Parri sur le front à Caporetto, lors de la première guerre mondiale.
Le narrateur change et nous apporte une autre vision d'Ultimo avec en toile de fonds le carnage humain que furent ces 4 années.

La troisième partie est celle du journal d'une émigrée russe aux USA . Là aussi, Elisaveta nous décrit un autre Ultimo, 25 ans cette fois, silencieux et secret.
Et cela continue ainsi avec une partie où le narrateur est le frère d'Ultimo en 1947… Puis Elisaveta revient et rencontre le père d'Ultimo…..dans les années 50….
Au final, Alessandro Baricco nous emmène dans une longue balade avec de nombreux mensonges, rebondissements, fausses pistes, virages finement négociés, freinages brusques, sorties de route et belles voitures…..
J'ai beaucoup aimé la complexité du personnage d'Elisaveta, tour à tour amoureuse, méchante, cruelle, tenace, attachante, fragile et ….
Du grand art avec une fin à laquelle je ne m'attendais pas …
Tout au long du livre, une écriture fluide en lignes, courbes, virages et dos d'âne qui donnent envie de crier comme son héros : ULTIMO PARRI…
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Un beau livre, comme l'auteur sait nous en écrire. Son style si poétique, onirique ?, nous transporte.
Cet histoire est une sorte d'Alchimiste en plus pur, on se laisse porté sur les vagues venant effleurer le rivage. L'alchimiste est M.Barrico, changeant le plomb typographique en or virevoltant.
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BARRICO Alessandro : « Cette histoire là »

Extraordinaire, sublime, je n'ai pu m'arrêter sans l'avoir terminé. Et après je me suis sentie transportée ailleurs, j'étais complètement détachée du monde de tous les jours. Il a un style, une magnificence dans la narration, dans l'interprétation qui est absolument divine.

Pourtant quoi de plus simple que de raconter la naissance de l'automobile, même si elle est automobile de course. La description, de la première course, sans circuit délimité qui passe dans la vie des gens, et peut au passage en faucher quelques uns… Et de là, la vie d'un paysan qui troque ces vaches contre le matériel pour monter un garage. Un petit garçon Ultimo est là au milieu il devient le « neveu » du comte.
Ultimo grandit, et nous assistons à la bataille mémorable de Caporetto en Italie, où les prussions et les allemands ont décimé l'armée italienne, par un subtil enfermement. La vie de ces militaires qui ont fuit croyant que la guerre était finie. Violent pillent… Ultimo part en Amérique et fait la connaissance d'Elizaveta une russe émigrée dont le principal objectif est d'être riche… Liaison entre les deux. Message laconique, un dessin une piste de course sur un terrain d'aviation qu'il transmet avant de mourir à Elizaveta, Devenue riche elle le fera construire, ne serait ce que pour communier avec celui qui le lui a demandé et peut être aussi pour se retrouver… Sitôt construite ; sitôt détruite, mission accomplie elle peut partir et mourir…
Formidable vivacité de l'écriture de Alessandro Baricco, une de ses plus belles réussites.
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L'histoire d'Alessandro Baricco démarre en trombe, à 140 km/h précisément, la vitesse atteinte par les bolides qui firent la course Versailles-Madrid en mai 1903 : une vitesse que, à l'époque, on pensait au-delà de la résistance des choses et des hommes.
C'était d'ailleurs presque le cas, puisque les autorités durent arrêter la course après plusieurs accidents mortels où périrent des pilotes (comme l'un des frères Renault) et des "spectateurs" inconscients du danger qui n'imaginaient pas des bolides débouler aussi vite ... L'ancêtre du Paris-Dakar peut-être !
Cette histoire-là c'est celle d'Ultimo (quel prénom !) né au moment où l'automobile prenait tout juste possession des routes et des esprits.
Ultimo est un enfant étrange et un peu particulier.
Pendant que son père s'inventait garagiste un peu trop tôt et attendait les automobiles encore trop rares sur les routes, Ultimo ne rêvait que de routes aux courbes magiques.
Mais il grandissait dans un début de siècle agité et il se retrouva bientôt dans les tranchées du front italien face aux autrichiens : on découvre dans un long passage pas bien gai ce que fut l'effroyable bataille de Caporetto, le Verdun italien, un véritable désastre qui se termina par une déroute titanesque.
Mais cette histoire-là est racontée par Baricco et c'est ce qui fait réellement la magie du bouquin, celle qu'on avait découverte avec le mémorable Soie : la plume de l'italien est dense, riche, soignée, ciselée, nourrie des arts et des sciences, réellement jubilatoire, elle nous emmène quelque part entre prose et poésie.
Le livre alterne de grands chapitres comme autant de points de vue sur le parcours d'Ultimo. Tout cela s'emboîte avec plus ou moins de bonheur mais laissera à chacun le loisir de piocher ici ou là. On regrette tout de même un peu que le bouquin ne soit pas plus concentré sur les courses automobiles et le mystérieux Ultimo que l'on ne découvre qu'en contrepoint finalement.
Pour celles et ceux qui aiment les autos.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Et me voici une fois de plus embarqué dans une histoire de Baricco.
je m'attends un peu à être déçu...et pourtant NON, je retrouve une fois encore la magie de l'écriture, la douceur de l'histoire, la poésie des personnages et des destins...

Nous suivrons cette fois-ci l'histoire touchante d'Ultimo Parri dont le but dans la vie est de construire sa piste de course...
Mais pas une piste de course pour faire courir les automobiles ! une piste dont chaque courbe serait un instant, une émotion de sa propre vie...

Je vous laisse découvrir par vous-même !

Mais une fois encore une très agréable lecture...
Dont on ressort des images plein la tête !
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Il fallait oser, Mr Baricco, trouver ce titre à votre roman, cette histoire là... et quelle histoire, ou plutôt quelles histoires. Ce sont les histoires d'une vie, mais aussi, intriquées celles d'autres vies. Et là est tout le talent d'A. Baricco, de nous faire traverser, à partir de la vie du personnage central qu'est Ultimo Parri, sorte d'axe de direction du roman, celle de mutliples personnages tous aussi attachants que riches et complexes. Son père, sa mère, un aristocrate italien, un soldat, des officiers, une enfant émigrée russe, puis la même devenue jeune femme, puis enfin encore la même devenue femme mariée, riche et capricieuse, des héros, des traitres, des lâches, des entrepreneurs, des voyous, des vicieux, des simples, brefs des hommes et des femmes éternels.
Au delà de ces vies imbriquées, des histoires , parfois vraies, comme le drame italien que fût la bataille de Caporetto. L'histoire de la révolution russe, des débuts de l'automobile et des courses automobiles, de la guerre, des Etats-unis de la grande dépression, de l'Europe des trente glorieuses. Mais si tout ceci n'était que prétexte.
Prétexte, car comme toujours, Baricco ajoute beaucoup de technique, de mécanique (ici automobile, piano, armes..) à son univers, comme si toutes ces machineries, ces "progrès", n'étaient en fait qu'une grande métaphore de notre capacité à accepter la fatalité de nos existences et de leur caractère vain, mécanique qui se décline en fait en mécanique romanesque pour aussi constituer le moteur, l'"axe de direction" (comme dans les Chateaux de la colère). Prétexte encore, car comme toujours chez Baricco, l'amour est tragique, loupé, manqué, inexprimé, impossible, raté, un peu à la façon d'un Schiller pour qui "celui là seul connaît l'amour qui aime sans espoir". Prétexte enfin, car il s'agit comme toujours, de l'odyssée de personnages en leur temps, en des lieux tellement éloignés les uns des autres, que tous repères sont absurdes.

Ce roman est donc une jubilation à l'état pur, du vrai Baricco, brillant, étincelant, une mécanique romanesque aussi invisible qu'efficace, un style flamboyant, de grandioses pages au coeur des sentiments humains, et une finale fataliste, désabusée, mais accomplie.
Les plus: un superbe exercice romanesque au montage complexe et subtil, des personnages hauts en couleurs, des histoires dans "cette histoire là", des dialogues - monologues- (le journal d'Elisaveta est un pur joyau), des sentiments forts et vrais, des leçons de vie, si, si....
Les moins : l'effet de surprise n'est plus celui rencontré à la lecture de Soie ou de City, mais on l'aime tant ce style Baricco.......
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ATTENTION: révélation de certains pans de l'intrigue. Ultimo a un papa qui rêve des voitures. Un comte se pointe un jour chez eux et entraîne le père comme mécanicien dans les premières courses d'automobile jusqu'au jour de l'accident qui le laisse invalide. Ultimo va à la guerre. Je suis fatigué de lire Baricco. On dirait une formule remâchée. J'ai adoré ses premiers livres et je garde de Soie un souvenir fascinant mais cette Histoire-là ne me touche plus, ne vient pas me chercher. le leitmotiv du livre: les gens viennent sur terre pour accomplir une action qui leur est propre. Une fois cette action accomplie, ils sont en attente, ou dorment simplement dans l'existence. Par contre, ceux qui ont l'ombre d'or se font remarquer par tous lors de leur passage, ils sont spéciaux.
L'auteur pose des questions dans une histoire: pourquoi ont-ils fusillés mon fils?; et y répond, dans une autre: dans les faits, le fils s'est évanoui dans le tumulte de la fin de la guerre, sans être fusillé. Des années plus tard, Ultimo a semble-t-il donné rendez-vous à son ami disparu de la guerre dans une auberge un soir de course, mais il ne fait que se remémorer des épisodes de sa vie avec la tenancière, pendant que dehors, une voiture, la 111 vient faire le plein de gaz avec à son bord Elizaveta, mais Ultimo ne la verra pas, rendez-vous doublement manqué. Elizaveta retrouve la piste qu'a construite Ultimo, la fait reconstruire et tente de comprendre ce que fut sa vie en repassant dans les courbes du circuit. Et puis finalement, c'est l'histoire de deux coeurs simples qui se sont rencontrés trop jeune et qui auraient pu s'aimer, deux destins qui se sont simplement croisés sans rien fonder. La fin de l'histoire rachète l'ensemble de la lecture à mes yeux à cause de l'indéniable sentiment nostalgie qui imprègne les dernières pages.
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