Soie

Compte tenu du nombre de lecteurs concernant ce livre, je devais être la seule de la "Babeliosphère" à ne pas encore avoir succombé à la magie de l'envoutante histoire d'Hervé Joncour comptée par Alessandro Baricco!
Le style est doux, intimiste et poétique. Certaines phrases volontairement très courtes se prennent pour des haïkus et nous emmènent ainsi au confins du Japon encore isolé du monde.
L'auteur raconte l'hypnotique amour d'Hervé Joncour pour ce pays lointain qui débute suite à une mission d'achat d'oeufs sains de vers à soie pour permettre de faire face à une épidémie en France. Il y aura 4 expéditions, chacune plus mystérieuse que l'autre. Mais au delà de cet aspect "aventure", c'est l'histoire d'une vie et d'un amour hors du commun qu'il met en lumière.
Alors à ceux qui ne l'ont pas encore lu (s'il y en a encore...) faites un excellent voyage!

Ce texte, subtil et arachnéen comme la soie, il faut, je crois, le lire. Ne pas l'éprouver à travers les mots des autres, mais le lire, se laisser porter par sa langue, son rythme. Par l'amour, l'espoir, et le désespoir, parfois, qui l'habitent.
Un très beau, très émouvant, très tendre texte.

Quel joli livre... Celui qui permet de découvrir le monde au bout du monde. Celui qui permet à l'homme - au personnage, au lecteur - de réver une vie inaccessible en apparence. Celui qui révèle un secret que le coeur battant du lecteur attendait sans doute. Celui qui d'un coup, d'une existence paisible, devient une grande force érotique. Celui qui conduit au-delà des mers tout en gardant un pied là, tout près. Celui qui par quelques gestes, peut ébranler un monde.

Je l'ai lu dans sa langue, j'ai été envoûtée,littéralement envoûtée et ne l'ai quitté qu'au dernier point. Deux relectures suivantes, le charme opérait toujours.

Lavilledieu, dans les années 1960.

Hervé Joncour se prépare à une belle carrière militaire. Lors d'une permission durant laquelle il rejoint la maison familiale, il croise la route d'un homme qui va changer son destin. Cet homme s'appelle Baldabiou. Il a une entreprise d'élevage de vers à soie. Les affaires tournent bien, il envisage même la construction prochaine d'autres filatures. Lavilledieu va devenir l'un des principaux centres européens de sériculture et de filage à soie.

Lorsque les deux hommes se rencontrent, l'entrepreneur propose un travail au jeune militaire. Il ne lui faudra pas beaucoup de temps pour accepter. Solitaire, Hervé est un homme qui a besoin d'évasion et d'exotisme. Et c'est comme cela qu'il se retrouve à parcourir le monde à la recherche des meilleurs oeufs à soie pour les plus belles créations.

Lorsque des épidémies commencent à se répandre et à détruire les élevages, Hervé doit voyager encore plus loin et aller là où personne encore ne s'est aventuré : le Japon. Un pays au bout du monde, qui a vécu tout ce temps isolé du reste de la planète, refusant tout contact et interdisant l'accès aux étrangers jusqu'au début des années 1850.

Baldabiou sait pourtant qu'on y trouve la plus belle soie au monde. Mais, les japonais, s'ils exportent leurs produits, ne vendent pas leurs oeufs et préfèrent les garder tout en les préservant. Alors, la seule solution est de se rendre directement sur place et d'en ramener. Hervé se lance dans l'aventure et part seul.

Le voyage dure plusieurs mois. Il faut traverser la France, l'Europe, puis l'Ouest, les montagnes russes, et la Sibérie en longeant la frontière chinoise avant d'embarquer sur un bateau jusqu'au Japon. La destination ultime est Shirakawa. Là-bas, il découvre un nouveau monde, une nouvelle culture, un pays historiquement riche, un peuple et, aussi, une femme.

"Soie" parle des routes de la soie, empruntées par un homme solitaire exerçant une profession rare. C'est aussi le roman sur l'amour et la sensualité.

Alessandro Barrico est un artiste italien exerçant les métiers de musicologue, d'interprète au théâtre et d'écrivain. Sa plume est douce, légère et poétique. le texte est court mais riche, il suffit juste de se laisser guider. Une vraie petite pépite !
Lien : http://labibliothequedemarjo..

C'est le seul livre que j'ai lu trois fois (il faut dire qu'il est assez court), sans que jamais le charme disparaisse. L'histoire de cette homme qui parcourt le monde pour de minuscules vers à soie, dont on ne sait jamais s'ils vont éclore, est passionnante. La relation qu'il a avec son épouse est particulièrement émouvante. le style de l'auteur est en harmonie avec la narration, en particulier ces fameuses répétitions, qui n'en sont jamais véritablement, comme d'infinies variations sur une même mélodie romantique. Cocteau avait coutume de qualifier ses publications de "poésie de théâtre" ou de "poésie de roman" : c'est une expression qui convient parfaitement à ce livre.

Dans les années 1860, un homme nommé Hervé Joncour voyage une fois par an pour aller acheter des oeufs de vers à soie. Lorsqu'il devient impossible de passer par le fournisseur habituel en raison d'une épidémie, il est envoyé au Japon par les sériciculteurs de Lavilledieu pour rapporter des oeufs sains. Ces voyages à l'autre bout du monde vont changer sa vie.

Il est vraiment difficile de faire une chronique d'un livre si court et si bon. Je ne savais pas à quoi m'attendre en commençant ce roman, et j'ai été très agréablement surprise. L'écriture et le héros semblent liés : ils se laissent aller, coulent leurs jours sans y prêter attention. Comme le dit l'auteur, Hervé Joncour est un homme qui ne vit pas sa vie mais qui y assiste, en tout cas au début. Baldabiou lui demande d'aller chercher des oeufs, il va chercher des oeufs. Il ne se pose pas de question, il n'est pas prise de tête. Il a une femme, Hélène, alors il l'aime.

Seulement, le Japon ce n'est pas n'importe quel pays. À cette époque, il commençait seulement à s'ouvrir au monde extérieur, et ce avec mille précautions. Les différences culturelles étaient encore plus énormes qu'aujourd'hui. Alessandro Baricco fait passer cela très finement, sans en faire des tonnes et sans dire de bêtises. Quelque part, il reste assez prudent. Je pense aussi que s'il n'a pas creusé davantage (il aurait pu décrire dans le détail les vêtements, les lieux, la nourriture…), c'est pour garder ce côté évanescent du roman qui participe grandement de sa poésie et de sa pureté, qui en fait un livre inoubliable. Je pense vraiment m'en souvenir pendant longtemps et je le relirai avec plaisir.

Et voir cela, rencontrer Hara Kei et sa concubine, change Hervé Joncour. le désir, la passion s'immiscent en lui, malgré son autre vie, loin de l'autre côté du globe. Il se perd un peu, se reprend aussi, puis retombe. L'auteur nous mène avec sa plume, nous fait voyager et instaure une sorte de complicité avec le lecteur par des répétitions qui font penser à un doux conte (la citation reproduite au bas de l'article revient chaque fois que Hervé Joncour fait le voyage jusqu'au Japon, avec une légère variante). Cette douceur côtoie la violence du désir, sexuel mais pas que, mais si je poursuis cette analyse je vais vous raconter la fin, que j'ai trouvée poignante, magnifique, inattendue en plus, car elle change notre regard sur les personnages. le passage de la lettre est véritablement sublime.

Je ne peux que vous encourager à lire ce roman, il prendra peu de votre temps tout en vous procurant une magnifique expérience de lecture. Pour ma part, il m'a vraiment marquée.
Lien : http://sans-grand-interet.co..

Paru en France en 1997, Soie est un conte sur le sens de la vie, l'amour, le désir.
Merveilleusement bien écrit, dans une langue épurée et mélodieuse, il nous confie l'histoire d'Hervé. Nous sommes en 1861 et le Japon vit encore replié sur lui-même. N'y entre pas qui veut. Hervé Joncour se prêtera de bonne grâce aux traditions et convenances nipponnes afin d'obtenir de Hara Kei, le précieux trésor qu'il doit ramener en France, pour sauver les industriels de son village. Il rencontrera également une énigmatique jeune femme qui le hantera longtemps.

Comme dans de nombreux contes, nous retrouvons des formules répétitives qui rythment les voyages d'Hervé entre Occident et Orient. Comme dans les contes orientaux, les sentiments et les actes sont suggérés plutôt que décrits. Poésie et musicalité s'immiscent dans le texte apportant une touche délicate et mélancolique. Les chapitres courts permettent des pauses comme autant de silences dans une partition musicale. L'histoire se dévide en finesse jusqu'à la note finale.

Il ne faut pas trop en dire, je pense, sur ce roman. Il faut, comme moi, se glisser entre ses lignes et goûter à la découverte.

J'ai refermé Soie, nostalgique. Cette lecture brève est légère et sensuelle comme la soie et dense comme la vie. J'y reviendrai souvent goûter à la relecture des passages cochés.

Plus que le mortel ennui d'une vie répétitive, c'est une indifférence, une absence de résistance à la vie que Baricco suggère en ouvrant son roman par quelques phrases laconiques, purement énonciatives. Au début, Hervé Joncour fait penser à un spectateur repu qui se refuserait à intervenir dans la pièce qui se joue, et qui pourtant parle de lui.Voyageur en quête d'oeufs de vers à soie, il se voit contraint, pour sauver les industriels de son village, d'effectuer une expédition "jusqu'au bout du monde". Or, en 1861, la fin du monde, c'est un Japon qui sort à peine de son isolationnisme, et, qui plus est, de mauvaise grâce. Et c'est au Japon que la vie du héros prend un tour nouveau en croisant celle d'une femme mystérieuse.À la fin du roman, plusieurs années se sont écoulées, qui ont paru un battement de cils raconté en douceur par une voix neutre qui a fait défiler sous nos yeux, tels des panneaux de papier de riz, les séquences successives de cette vie impalpable traversée par des personnages d'ombre subtile.

Un livre qui se lit en une heure se doit d'être dense en émotion..Et c'est ce qui se passe pour moi avec ce petit bijou de légèreté. Bien sûr, cela n'a rien à voir avec la littérature contemporaine riche en descriptions et intrigues de toutes sortes et dans laquelle le langage se veut clair et précis.
Mais quel bonheur de se laisser bercer par la beauté de phrases simples et presqu'aériennes, quelle jouissance de pouvoir laisser libre cours à son imagination.
Un essai, une nouvelle, plus qu'un roman.
Une parenthèse soyeuse dans une vie mouvementée.
Une fleur bleue envoyée au lecteur qui lui donne le parfum qu'il souhaite.
Pas de la grande littérature, juste un conte..