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sur 1615 notes
Après avoir lu ravages, j'avais décidé de continuer dans ma lancée. Certes le roman est haletant et le style bien particulier de Barjavel pousse à la curiosité. On retrouve l'univers macabre et glauque que l'on trouvait dans le roman précédemment nommé. le fil rouge de l'intrigue est un peu confus.
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Pierre Saint Menoux est mathématicien mais par ce froid hiver, il est juste soldat, quelque part en France. Dans la nuit glaciale, il rencontre Noël Essaillon et sa fille Annette. Ces derniers lui promettent qu'ils se reverront plus tard, quand la guerre sera finie, parce que ce moment, ils l'ont déjà vécu... Deux ans plus tard, Pierre apprendra que Noël a créé la Noëlite, substance inconnue, qui rend les voyages dans le temps possible. Saint-Menoux deviendra le disciple d'Essaillon et à deux, ils ont bien l'intention de changer le monde !

Le roman de Barjavel se découpe en trois parties distinctes et nous fait voyager jusqu'au millième siècle, en passant par 2052, à l'époque de Ravage, son précédent roman. Ecrit pendant la seconde guerre mondiale, le Voyageur Imprudent est bien évidemment un roman d'anticipation. Et bien entendu, on peut être le meilleur, on peut avoir beaucoup d'imagination, on ne peut créer qu'à partir de ce qu'on connait. de ce fait, l'imaginaire de l'auteur a vieilli car point d'ordinateur, point d'intelligence artificielle, mais a quand même bien vieilli !

En marge de ce côté "science-fiction", Barjavel pose la question du conditionnement du futur par le passé, de la fatalité ou de la possibilité pour l'homme d'agir pour changer les choses. Avec le Voyageur Imprudent, il s'attaquera aussi au Paradoxe temporel de manière assez intéressante.

Un roman assez court donc, que les amateurs de SF trouveront sans doute trop jauni mais qui ravira les fans de Barjavel.
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Lire le voyageur imprudent c'est lire une histoire de voyage temporel mais surtout, pour nous lecteur, une façon de voyager dans le temps!

J'aime beaucoup la vielle SF des années 40 et 50 pour cette raison qu'elle nous permet de comparer la réalité de notre monde avec ses versions imaginées des décennies plus tôt.

Alors René Barjavel n'aimait pas que l'on qualifie ses oeuvres de sciences fiction, et il a raison dans un sens. Il se moque en effet pas mal des avancées éventuelles de la science et ne s'encombre pas beaucoup d'argument scientifiques pour étayer ses théories/entorses à la réalité. Comme il le disait lui-même, le terme de romans extraordinaires convient bien mieux. Ce roman n'y fait pas défaut. Comme toujours quelque soit l'histoire, il y a en trame de fond un homme un peu torturé, une histoire d'amour impossible ou rendue impossible et une certaine mélancolie.

Une touche d'humour (toujours bien senti) et une écriture très poétique rendent ce "roman extraordinaire" très attachant. Ce Voyageur Imprudent ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable et ne m'a pas renversé comme a pu le faire Ravage ou Une rose au paradis, mais j'ai quand même passé un bon moment en sa compagnie.
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On retrouve ici un des thèmes classiques de la littérature de science-fiction, le voyage dans le temps. Ecrit en 1942, ce roman a joliment vieilli. Et si on met de côté l'intrigue sentimentale – cela reste un roman avant tout -, les scènes de batailles et de guerre et les réflexions misogynes, on y trouve quelques réflexions très intéressantes sur l'humanité et son évolution.

On trouve ici un auteur inquiet face aux dictateurs de son temps qui veulent à tout prix le bonheur de leurs semblables, quitte à sacrifier la vie de plusieurs milliers d'entre eux, dans une espèce de « meilleur des mondes ». Ce monde, qu'il décrit comme un endroit où les hommes – et la nature au sens large- seraient réduits à une (et une seule) fonctionnalité, purement et simplement, dans le but de contribuer au bonheur collectif, et faisant fi de toute potentialité, de toute sensibilité, de toute liberté individuelle, sonne étrangement dans notre actualité de rentabilité et d'efficacité …

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Barjavel est une sorte de précurseur dans la SF française. Avec Ravage, il explore une société détruite après la disparition de l'électricité. Ici avec le Voyageur imprudent, il s'attaque au voyage dans le temps. Il n'y a aucune base scientifique pour justifier la possibilité d'un voyage dans le temps. Au contraire j'ai eu l'impression que Barjavel nous servait un galimatias physico-ésotérique plutôt indigeste.

Les voyages dans l'avenir permettent à Saint-Menoux de découvrir une humanité modifiée à l'extrême. Chaque être humain possède une fonction et le corps s'est modifié pour exercer cette fonction. de plus il ne semble plus y avoir d'individualité. Les êtres humains ne fonctionnent que pour assurer la survie de l'humanité. Donc les humains n'ont pas un avenir franchement enthousiasmant. Avec ses voyages dans le passé, Saint-Menoux va avoir tendance à le modifier, ce qui aura des conséquences plus ou moins importantes dans le présent jusqu'à ce que l'on arrive au paradoxe temporel.

Les personnages de Barjavel m'ont moyennement emballé. Sain-Menoux et Essaillon sont des scientifiques qui ne voient le monde qu'à travers des expérimentations. Et par leur attitude ils ne font pas mentir « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme« . le seul personnage féminin, Annette, fille d'Essaillon, est une potiche qui a le droit d'aller dans le passé chercher des victuailles car la pénurie sévit. Elle n'a qu'un bref moment de gloire quand elle va chercher Saint-Menoux bloqué dans le passé.

Barjavel, avec le voyageur imprudent, offre un roman assez inégal. Il y a des idées qui peuvent amener à une réflexion mais il est tellement commun quand il décrit la société du futur, société qui a de lourds accents communistes.
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On dit souvent de Barjavel qu'il est moralisateur, mysogine et un peu "rude" aux entournures... mais il reste un formidable conteur, conscient des travers de son époque, et ce que l'on pourrait qualifier de "naïveté" est pour moi plutôt une forme de simplicité. Il est donc question ici de voyage dans le temps, dans un récit haletant, bien ficelé, qui fait que pour moi, Barjavel est et restera un auteur de qualité. On ne s'ennuie jamais. Son inventivité étonne ainsi que sa conscience écologique avant l'heure.
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Drôle de lecture ! Toute la première partie m'a déplu, je n'ai pas du tout accroché à la construction du voyage dans le temps, j'ai trouvé que tout allait trop vite, l'auteur se précipitait, l'esthétique ne me plaisait pas du tout, trop brut, trop scientifique, ça manquait cruellement de la belle poésie que j'avais lue dans La Nuit des Temps ou dans Ravage. le nouveau monde de l'an 100 000 est trop éloigné de nous pour accrocher l'intérêt. Pour moi la SF doit garder des notions de l'ère actuelle pour faire réfléchir son lecteur. Ici nous étions dans la fantaisie la plus totale, proche presque des Voyages de Gulliver ! J'ai failli lâcher le roman. Et puis la seconde partie a pris le relais. Enfin le voyage dans le temps prend une tournure dramatique, vraiment romancé avec des vrais enjeux pour le lecteur, l'aventure est là ! J'ai adoré la fin, shakespearienne à souhait. Un roman déséquilibré donc mais que je recommande tout de même.
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Alors qu'il est mobilisé par la seconde guerre mondiale, Pierre Saint Menoux, mathématicien rencontre Noël Essaillon scientifique qui a mis au point la Noelite qui permet de voyager dans le temps.
J'ai bien aimé la première et la dernière partie mais je n'ai pas du tout accroché au voyage en l'an 100000 même si l'idée de l'évolution de l'Homme où chacun a une mission bien précise est intéressante.
Les voyages du Diable Vert et ses conséquences dans le futur sont sympathiques ans être novatrices.
En revanche, ce qui est impressionnant est que tout cela a été écrit en 1944, cela devait donc être un sacré chef d'oeuvre à l'époque ...
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Deuxième livre de Barjavel après Ravage, le voyageur imprudent sort en 1944, après avoir été, comme son prédécesseur, publié en feuilleton dans le journal antisémite de triste mémoire Je suis partout. Barjavel sera à la Libération blanchi des accusations collaborationnistes qui pesaient sur lui, mais Ravage reste aujourd'hui encore empreint d'une odeur de soufre liée à cette première parution du fait de ses engagements réactionnaires.
En dehors de cette question politique, lorsqu'il publie ses deux premiers romans fantastiques coup sur coup, Barjavel fait figure de précurseur. La science-fiction française n'existe pas et l'américaine n'a pas encore franchi l'Atlantique. Personne ne connaît Isaac Asimov, A. E. van Vogt ou H. P. Lovecraft. Barjavel se présente aux yeux des lecteurs français comme le créateur d'un nouveau genre totalement inédit.
Pourtant, le voyageur imprudent est loin d'être aussi novateur qu'il n'y paraissait à l'époque. Il est très influencé par La machine à remonter le temps de HG Wells, réutilisant le principe maintenant usé jusqu'à la corde du voyage temporel. Néanmoins, Barjavel apportera sa pierre à l'édifice du genre en y introduisant la question du paradoxe temporel (les actions commises dans le passé modèlent un nouveau futur). Paradoxe avec lequel la pop culture de Retour vers le futur à Terminator jusqu'aux super-héros Marvel n'a cessé de jouer depuis.

Pierre Saint-Menoux – agrégé de mathématiques et enseignant - est mobilisé en 1939 pour combattre. Au cours d'une de ses missions, par une nuit d'errance glaciale, il rencontre Noël Essaillon, un célèbre physicien obèse et amputé des deux jambes. Ce dernier lui fait part de son invention révolutionnaire : la « noëlite », une substance qui permet de voyager à travers le temps. L'inventeur compte mettre cette découverte au service de l'humanité, afin de trouver le secret de la paix et du bonheur collectif. Mais on ne traverse pas les temps impunément… Les explorateurs temporels vont organiser des voyages à trois époques différentes. En 2052, puis en l'an 100 000. Enfin la dernière partie du livre s'organise autour de sauts dans le passé.

le voyage dans le temps a beau être un sujet éculé, il reste extrêmement ludique même si le procédé inventé pour le réaliser a toujours un côté naïf. Néanmoins, les gadgets qui l'accompagnent dans le livre de Barjavel (le scaphandre et le brouilleur) sont malins et permettent des jeux narratifs très réussis.

L'an 2052 – période où se situe Ravage – est l'occasion pour l'auteur d'organiser une forme d'autocitation qui pour celui qui a lu son précédent ouvrage s'avère très amusante. Ce procédé permet d'une certaine façon de faire du voyageur imprudent une suite ou une variation du roman précédent. Dommage que cette partie soit si courte !
J'ai eu plus de mal avec la vision d'un futur de l'an 100 000, qui m'a semblé la partie la moins intéressante et pourtant la plus développée de l'ouvrage. L'auteur y présente un nouvel homme ainsi qu'une nouvelle société inspirés d'une organisation telle que celle des abeilles ou des fourmis, où l'individualité a disparu.
La dernière partie constituée de voyages dans le passé est à mon sens la plus prenante et intéressante, car jouant avec le paradoxe temporel. La chute du livre constitue un éclair de génie qui servira de fondement à nombre d'oeuvres par la suite. Barjavellui consacrera d'ailleurs une postface quelques années plus tard tant elle aura marqué l'histoire de la science-fiction.

Loin des thèmes controversés de Ravage, le voyageur imprudent est avant tout un récit d'aventures. Même s'il est moins noir que son premier roman, Barjavel ne se départit pas d'un regard sombre sur la société humaine car quelle que soit l'époque visitée par ses héros, aucune ne répond à l'idée de paix et de justice qu'ils cherchaient à trouver. L'époque où a été rédigé ce roman n'y est sûrement pas pour rien.

Tom la Patate

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"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"
Nous avions quitté René Barjavel à la fin de Ravage : le monde de 2052, privé d'électricité, s'est transformé en société patriarcale moyenâgeuse, où le progrès technique est prohibé.
Dans sa suite indirecte, le Voyageur Imprudent, retour à la 2e Guerre Mondiale. Pierre Saint-Menoux, jeune mathématicien enrôlé comme soldat, rencontre le scientifique Noël Essaillon et sa fille Annette. Essaillon s'est appuyé sur les travaux publiés quelques années plus tôt par Saint-Menoux dans une revue scientifique pour développer une nouvelle substance, la noëlite, qui permet à son utilisateur de voyager dans le temps.

Ensemble, ils vont décider de collaborer et d'expérimenter les voyages temporels, espérant y trouver des enseignements à même d'apporter le bonheur à leurs contemporains en cette époque troublée. Essaillon, infirme, dirigera les recherches depuis son laboratoire tandis que Saint-Menoux explorera les époques tout en tombant peu à peu sous le charme de la délicieuse Annette.

Après une première tentative de voyage d'une demi-journée dans le futur, aussi surprenante pour Saint-Menoux que couronnée de succès, ils décident d'aller plus loin et d'envoyer le mathématicien en 2052, juste après la chute de la société idéale décrite dans Ravage. Très vite, ils cherchent à savoir combien de temps l'humanité mettra à se remettre de cette chute et à s'adapter à ce monde sans électricité, amenant Saint-Menoux à visiter le millième siècle et à découvrir une humanité qui a évolué dans une direction aussi inattendue que perturbante...

Ce qu'il y a de pratique, avec ce roman, c'est qu'on ne s'encombre pas d'une liste de personnages à rallonge : il y en a trois, et c'est suffisant pour conter une histoire satisfaisante.
Pierre Saint-Menoux, mathématicien, soldat, jeune, curieux, amoureux des sciences (mais pas que...) est le voyageur imprudent du titre. Noël Essaillon, scientifique dont les travaux ont abouti à la création de la substance permettant le voyage dans le temps, est un homme bon, profondément attaché à la quête du bonheur pour l'humanité, tout en étant capable de faire preuve d'une distance scientifique pouvant parfois faire froid dans le dos. Il vit avec sa fille, Annette, archétype de la femme barjavélienne, parfaitement belle, adorablement douce, précieusement simple... et délicieusement inutile. le traitement du personnage d'Annette est, comme souvent chez Barjavel quand il est question des femmes, pour moi le gros bémol du roman : elle semble se résumer à une jolie fille bonne à marier au caractère totalement insipide mais dont le héros du roman va tomber éperdument amoureux par la grâce de ses courbes parfaites.

"Toute invention peut être utilisée plus facilement au malheur des hommes qu'à leur bonheur"
Si dans son premier roman, Ravage, Barjavel semble alerter sur les dangers, voire les méfaits de la science, conduisant à l'affaiblissement et à l'asservissement de l'Homme, sa suite spirituelle nuance le propos en allant plus loin dans ses interrogations : et si, plus que la science, c'est l'usage qu'en font les hommes qui est dangereux ? Peut-on délibérément s'appuyer sur une science, ou des concepts qu'on ne maîtrise pas pleinement ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Peut-on impunément jouer avec nos inventions, quitte à décider de changer L Histoire ?

Passionné par La Machine à explorer le temps, de H.G. Wells, Barjavel en sublime ici le concept et crée - ou du moins, modernise - toute l'imagerie des aventures de voyages temporels : confrontation du héros avec son lui futur, voyages dans des futurs de plus en plus éloignés, intrusion dans le passé, création de paradoxes temporels... le roman, bien qu'assez court, coche toutes les cases avec un plaisir non négligeable.

On suit avec délectation les aventures à travers le temps de Saint-Menoux, de ses expérimentations de voyageur débutant à sa prise de confiance inéluctable, dans le style habituel de Barjavel, accessible, efficace, au souffle souvent épique, à l'imagination foisonnante, capable tout à la fois de tutoyer le gênant - ce millième siècle ô combien bizarroïde avec son humanité devenue une entité collective aux éléments spécialisés - et le sublime - cette conclusion, aussi géniale que la fin de Ravage était dérangeante, c'est dire !

Encore une fois avec l'auteur, un très grand moment de lecture qui, s'il n'est pas exempt de défauts, est parvenu à poser les codes de l'un des sous-genres les plus populaires de la SF moderne.

En bref...
Le Voyageur Imprudent est pour toi si... tu veux savoir comment vont se débrouiller tes petits-petits-petits-fillots dans la vie et taper un high-five avec Papy quand il avait ton âge... et si tu aimes les classiques, aussi.

J'ai aimé :
Toutes les cases de l'aventure temporelle sont cochées
La fin, absolument parfaite (et parfaitement complétée a posteriori par l'auteur dans un post-scriptum plutôt sympa)
L'écriture de Barjavel, quasiment indémodable

J'ai moins aimé :
Le traitement du personnage d'Annette, comme souvent chez l'auteur
Le monde de l'an 100000, un peu extrême dans sa bizarrerie
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