Lorsque l'on m'a proposé la lecture de ce roman de
Barjavel dans le cadre d'une lecture commune, j'ai d'abord été intriguée : un roman de
Barjavel dont je n'avais jamais entendu parler, ça pouvait être intéressant. Et puis, à la lecture du quatrième de couverture, j'ai ressenti une bouffée d'angoisse incontrôlable : « un magnifique roman d'amour inspiré d'une histoire vraie », écrit par le génie qu'est
Barjavel, en collaboration avec une astrologue totalement inconnue (entendez par là : qui n'est même pas référencée sur Wikipedia pour en apprendre un peu sur elle). Oh non, franchement !? Quand, en plus, ma bibliothécaire a dû le faire exhumer de la réserve d'une autre bibliothèque où il prenait la poussière, je me suis dit « aïe, aïe, aïe… ça va pas le faire ! »
Je me suis tout de même plongée dedans. Et j'en suis arrivée à cette conclusion : il est réellement réducteur de cantonner «
Les dames à la licorne » dans la seule case « roman d'amour » comme le laisse présager le résumé. C'est la destinée des cinq filles de John Greene que l'on suit : Alice, Kitty, Griselda, Helen et Jane, qui portent en elles le sang de la licorne. Leurs cinq destinées prendront des chemins totalement différents mais toutes sont liées à la maison construite par leur grand-père sur l'île de Saint-Albans, où elles ont passé leur enfance, anglaises en terre d'Irlande. Ce roman tient à la fois du conte, de la légende, du roman historique et du roman d'amour. C'est une oeuvre hybride, totalement incongrue dans le reste de la production de
Barjavel et tout le talent de l'auteur, sa plume vive, visuelle et simple rendent la lecture de ce roman totalement addictive. On découvre la réalité historique de l'Irlande de la fin du 19e siècle, la misère, la famine, la répression anglaise, les luttes des « rebelles » irlandais mais aussi leur humour et leur bonté, avec en face la « bonne société anglaise » des landlords. A cette dure réalité, viennent se surposer les légendes anciennes, de la période celte et du moyen âge, et la beauté des paysages irlandais, faisant de l'île une terre de mystère. Pour moi, la belle histoire d'amour entre Griselda et Shawn Arran (allez, il faut le reconnaître) est un peu passée au second plan tant le volet historique et légendaire m'ont intéressée.
Je serai très probablement passée à côté de ce roman de
Barjavel si je n'avais pas été « obligée » de lire et, finalement, ça aurait été dommage…