Agincourt

Nous n'allons pas ici refaire le film de la bataille d'Azincourt, livrée le 25 octobre 1415, et qui, côté anglais, relevait de la mission tout à fait impossible, tant les forces françaises avaient sur leurs ennemis une supériorité numérique écrasante, et qui, pourtant, donna le résultat que l'on sait : réédition des victoires anglaises précédentes, grâce au rôle prééminent de l'archerie équipée du Longbow - l'arc long - et chevalerie détruite sous les pluies de flèches et les coups de dague dans les interstices des armures, avec, cette fois, une variante, l'ordre donné par le roi Henry V de Lancastre, trompé par une diversion française qu'il prit pour une dangereuse attaque à revers contre son armée, de ne faire que rarement quartier aux nobles guerriers français (il y eut pourtant quantité d'exceptions, puisque, par exemple, le duc d'Orléans, Charles, fait prisonnier, conserva la vie, mais fut envoyé en Angleterre pour une longue captivité).
De tous ces épisodes fort connus de la bataille qui s'était déroulée entre les bois de Tramecourt et d'Azincourt, au nord de la Somme et au sud de Calais, et qui vit combattre une chevalerie française plus ou moins démontée et une armée anglaise moins orgueilleuse mais nettement plus professionnelle et efficace sur le terrain même rendu humide par les pluies de la nuit qui avait précédé cette rencontre, Juliet Barker fait un récit très détaillé et fort bien enlevé dans cet Agincourt (dans la prononciation anglaise du nom d'Azincourt, parce que le château le plus proche du champ de bataille portait ce nom).
Mais l'intérêt de son livre, à mon sens, réside ailleurs. Il tient surtout en un chapitre où, scrutant la liste des victimes françaises, l'auteure pointe la fréquence et la répétition du même patronyme avec des prénoms différents et fait le constat, outre de l'hécatombe que l'on sait, que plusieurs familles seigneuriales se trouvèrent décimées sur plusieurs générations et que certaines lignées, durement frappées, s'éteignirent là dans les champs bourbeux d'Azincourt. Juliet Barker cite plusieurs exemples intéressants qui soulignent son propos.
C'est le mérite des historiens français et anglais, qui s'intéressent à cette période, de se rejoindre aujourd'hui sur l'importance qu'eut cette bataille, qui ne pouvait évidemment pas à elle seule décider du sort du royaume de France, mais qui permit aux Anglais de revenir en force et de reconquérir peu après la Normandie. Avec le traité de Troyes, en 1420, le sort de ce royaume semblait scellé et tout semblait aller dans le sens de la récupération par le seul Henry V, vainqueur de la journée, des couronnes d'Angleterre et de France.
Mais voilà, il y eut un grain de sable avec l'arrivée devant Orléans, ville assiégée et verrou de la Loire vers le résidu de royaume qui restait au futur Charles VII, d'une jeune femme nommée Jeanne la Pucelle.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)