Que je suis déçue !
J'avais encore des étoiles plein les yeux en pensant à
Peter Pan avec ses faux airs de Thierry La Fronde et dont j'étais une peu amoureuse quand je n'étais encore qu'une enfant. Avec une histoire qui commence comme ça «Tous les enfants grandissent. Tous, sauf un. » on ne peut être qu'ébloui.
Le côté rebelle de
Peter Pan, le ridicule du capitaine Crochet poursuivi par le crocodile qui lui a mangé la main et qui a avalé un réveil, l'espoir des enfants perdus, le dévouement des petites fées, tout cela m'avait permis de m'envoler au pays imaginaire « un lieu où le temps n'a plus d'importance et où le matin se lève à chaque instant ».
Et puis voilà que ça me prend de lire le texte d'origine et là je tombe de l'armoire.
J'avais complètement oublié le rôle des filles dans cette histoire écrite par
James Matthew Barrie, parue en 1911 au Royaume-Unis.
Je sais bien que c'est une histoire de garçons, avec des pirates et des indiens, mais les filles aussi aiment bien l'aventure. Alors quand j'ai lu à quels rôles les filles étaient cantonnées, je n'ai pas vraiment apprécié : il y a Clochette, lé petite fée jalouse et un peu simplette, la mère dans son foyer londonien et surtout Wendy que Peter vient chercher parce qu'il a besoin d'une maman. Il lui dit : « Si tu voulais venir avec moi, tu pourrais devenir leur maman, pour raconter des histoires, repriser les chaussettes et faire la cuisine. En plus, je t'apprendrai à voler. ».
Heureusement encore qu'il va lui apprendre à voler avec tout ce qu'elle va faire pour les garçons : « Wendy dans ses nouvelles attributions, n'a plus une seconde à elle. Il faut faire la cuisine, coudre, raccommoder et raconter des histoires aux enfants en sorte que les semaines passent et qu'elle trouve à peine le temps de remonter prendre l'air ou alors seulement accompagnée de son ouvrage ».
James Matthew Barrie écrit aussi : « Aux yeux des garçons, le titre de pirate pouvait garder quelque prestige, mais tout ce qu'elle voyait, elle, c'est que le bateau n'avait pas été nettoyé depuis des siècles. Pas un seul hublot sur lequel on ne pût écrire « Cochons ! » avec son doigt ! Et Wendy ne s'était pas gênée pour le faire. ».
Comme si les filles ne pouvaient pas voir autre chose que la poussière. Arrrhhhh, je m'étouffe !
Bon, et puis Wendy et ses frères vont rentrer à la maison mais la petite fille aimerait bien rester avec Peter et comme sa propre maman ne veut pas qu'elle retourne au pays imaginaire, ils se mettent d'accord : « Wendy irait le voir une fois par an, pour faire le nettoyage de printemps. ».
Il a vraiment besoin d'une femme de ménage ce jeune garçon !
Et puis, Wendy va grandir et il va y avoir transmission de son rôle à Jane, sa fille et Margaret, sa petite fille : « Il s'éleva dans l'air et l'impudente petite Jane en fit autant. Déjà, elle volait mieux qu'elle ne marchait. Wendy se rua à la fenêtre. – Non ! non ! cria-t-elle. – C'est seulement pour le nettoyage de printemps, dit Jane. Il tient à ce que ce soit moi qui le fasse toujours. » et encore « Quand Margaret grandira, elle aura une fille, destinée à être à son tour la mère de Peter ; et les choses continueront ainsi, aussi longtemps que les enfants seront joyeux, innocents et sans-coeur. »… et que les filles seront des mamans qui font le ménage !!! On s'étonne après du conditionnement des enfants.
Bon, je ne suis pas complètement fâchée avec
Peter Pan mais ce n'est plus l'histoire culte que j'avais hissée sur le podium de mes contes préférés.