Dans les jours de la fin septembre, on peut voir, sur les terres en pente, le valet borgne qui tenait la charrue, et la jeune métayère, qui touchait les bœufs avec l’aiguillon. Elle ne chantait pas, sans doute, comme un vrai bouvier, mais elle se tenait à droite de l’attelage, disait les mots qu’il faut dire, d’une voix petite, qui passait cependant par-dessus les haies et s’en allait émouvoir les âmes tout autour de la colline : "Rougeaud ! Caillard ! Nollet ! Tè, tè, les valets".
Elle et lui, depuis plusieurs heures, dans le grenier de la ferme, ils vannaient l’avoine. C’est elle qui, des deux mains, agitait et faisait tanguer et rouler, comme un petit navire sur les lames, le van d’un mètre, pendu par une corde à une poutre de la charpente, et que l’homme emplissait de grain, à pelletées régulières. La poussière tombait en partie sur le carreau et, en partie, prise par le courant d’air qui traversait le grenier, entraînée, emmêlée, sortant en gerbes de fumée par la fenêtre.
Marie Palaret en avait sur les mains, sur les bras nus, sur la peau du visage et sur les cils qui paraissaient tout blonds, bien qu’elle fût châtaine plutôt avec des reflets roux, et pour tout dire alezane des cils et des cheveux ».