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EAN : 9782235000086
224 pages
Tallandier (30/11/-1)
3.32/5   14 notes
Résumé :
Ce jeune homme pauvre est un aristocrate: Maxime Odiot, marquis de Champcey d'Hauterive. Pour vivre, il accepte, sous un nom d'emprunt, la place d'intendant auprès de la riche famille des Laroque d'Arx.
Sa distinction innée, sa noblesse d'âme lui conquièrent tous les coeurs, surtout celui de Marguerite, unique héritière des Laroque. Mais des insinuations malveillantes la font douter de Maxime. Désespérée, elle accepte de se marier avec un voisin, le riche et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Né en 1821, Octave Feuillet fut un des romanciers les plus en vogue à Paris sous le Second Empire. Aujourd'hui méconnu, cet auteur -dont les succès sont quasi-introuvables en librairie- fait partie de la liste des noms que l'éditeur Taillandier a tenté de faire revivre dans sa collection Nostalgie. « Le roman d'un jeune homme pauvre », paru fin 1976 dans cette collection, s'inscrit dans la démarche de cet éditeur : faire redécouvrir le vivant témoignage d'une époque fascinante et à jamais révolue, ainsi que l'ambiance d'une société marquée par des passions éternelles pouvant déchirer les personnages mis en scène.

L'histoire ? Un jeune marquis, Maxime Odiot, doit -pour vivre (son père, récemment décédé, s'était terriblement endetté suite à de très mauvais placements en Bourse)- accepter, sous un nom d'emprunt, la place d'intendant auprès d'une riche famille bretonne, les Laroque d'Arz. Sa distinction innée et sa noblesse d'âme lui conquièrent tous les coeurs, surtout celui de Marguerite, unique héritière des Laroque. Mais des insinuations malveillantes la feront douter de Maxime et elle acceptera de se marier avec un voisin, le riche et grossier Monsieur de Bevallan, pourtant connu pour n'être qu'un coureur de jupons. Dommage : elle ignorait qu'il existait un lien (et quel lien !) entre la famille du marquis (les Champcey d'Hauterive) et celle des Laroque d'Arz ...

L'époque n'a en fait rien de fascinant et cette société vous semblera bien surannée. Surannée par ses aspects extérieurs : la femme (financièrement dépendante de son mari) doit respect, admiration et obéissance à son époux ; à la ville comme à la campagne les habitations sont dépourvues de ce que nous appellerions aujourd'hui un confort des plus sommaire ; les individus se déplacent à pied (en Bretagne, c'est en sabots) ou en diligence ; la monnaie est le liard (une pièce rouge, ornée de fleurs de lys) ; on met un costume de bain pour aller se baigner (mais peu de gens savent nager) ; on joue au whist ou au piquet ; etc.
Surannée aussi par ses passions et sa psychologie : la femme est dépeinte comme indéfinissable, insaisissable, perfide, volatile et fantaisiste ; l'homme doit se choisir une femme agréable et pourvue de qualités estimables (!) ; les êtres résistent difficilement à la tentation ; les jeunes ont la fougue de l'âge ; le coeur ne raisonne point et ne calcule point, ce qui en fait sa gloire (!) ; les hommes sont ballotés par l'existence mais restent maitres de leur destin (le fameux libre-arbitre ?) ; le travail est une loi sacrée qui rend l'homme content et serein puisqu'il lui procure la juste rémunération de son travail ; etc. Les Champcey d'Hauterive disposent d'un château situé à une demi-lieue de Grenoble (avec cour, domestiques, écuries monumentales et chevaux de prix) mais aussi d'un hôtel particulier à Paris, boulevard des Capucines ; ils vivent correctement (table délicate et raffinée, chasse et vie mondaine) et respectent les traditions. La famille est noble et fortunée. Maxime -qui a l'éducation d'un homme destiné à la richesse et à l'oisiveté- s'ennuie jusqu'au jour où il découvre Marguerite : la passion commencera alors à le dévorer. Mais, il faut garder la maitrise de ses passions et des élans de son coeur, et conserver une assurance tranquille qui donne l'apparence d'une domination et d'une certaine supériorité …

Les passions humaines sont certes dépeintes avec réalisme mais que de postures, de principes et de préjugés ! La langue est sure et empreinte de rigueur mais le langage est formaliste, ampoulé, affecté et ridicule, raide, maniéré, bourré de lieux communs et de clichés. de la fierté mais aussi de la suffisance, et à toutes les pages, avec -en prime- le paravent de l'honneur et de la probité qui cache en fait les incidents de parcours -parfois sordides- d'hommes et de femmes "ordinaires" vivant à cette époque. Une recherche d'idéalisme et une intention moralisatrice ? Une entreprise d'un autre âge et un ouvrage qu'on se dépêchera de terminer malgré de belles descriptions des paysages de la Bretagne (cf. ma citation). Allez, je me force et je mets trois étoiles à ce petit livre (222 pages), conçu comme le journal intime du fils du dernier des gentilshommes.
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En plus d'être un jeune homme pauvre, Maxime est surtout issu d'une famille noble et son éducation lui vaut un attachement infaillible à son honneur qui doit rester intact en toute circonstance.
Il passe d'une des plus grandes fortunes parmi les familles nobles, à un surendetté quand ses parents décèdent. Ah quel déshonneur ce serait que d'accepter lâchement la succession à concurrence de l'actif net ! Non, ce genre d'option n'est pas du goût de Maxime, seul héritier majeur, à seulement 24 ans, sans fortune, lui qui doit assurer avec si peu la vie de pensionnat de sa petite soeur Hélène, encore enfant et qui ne peut compter que sur lui. Bon… Chanceux après coup, il restait finalement quelques centimes dans la succession… Mais c'est vous dire tout de même cet honneur qu'il pousse à l'extrême.

Il n'est nullement question également de s'abaisser à un mariage de complaisance avec une riche boutiquière qui ne désire que son nom, son titre.
Nullement question également de concéder son nom à une société dont le nom sera le prospectus en contrepartie de rentes oisives.
Le jeune homme pauvre repousse ces propositions d'un mot froid et envisage son infortune en face.
Cette fierté bien qu'admirable est quasi-maladive et l'auteur ironise sur la misère du personnage. Lorsque le jeune noble découvre la sensation de faim, il est rapidement pris de vertiges et attire la pitié autour de lui si bien que la portière de l'immeuble lui offre un bon plat tout chaud. Cet acte bienveillant est d'abord vécu comme une agression qui réveille l'orgueil du petit noble, mais qui finalement accepte très vite le plat et fond en larmes. Il y a d'autres petites anecdotes touchantes.

La chance s'offre à lui quand le notaire de famille le présente à une famille aristocratique bretonne qui a besoin d'un intendant, une sorte de gestionnaire de rentes immobilières (gérer les baux, les terres agricoles…) Maxime accepte et il est traité avec considération mais se met en avant seulement comme un jeune avocat inexpérimenté, personne ne sait qu'il a des origines nobles.

Bien des mystères planent autour de Maxime, la famille voit vite d'un oeil intrigué qu'il n'a pas l'air d'un simple intendant, lui qui peut parler aisément de théâtre parisien avec Madame Laroque. Marguerite, la fille et unique héritière, convoitée par tous les hommes chics des bals et salons pour sa beauté et sa fortune immense, se méfiera de Maxime tout en étant secrètement charmée de son attitude romanesque et discrète.

Marguerite intrigue également Maxime qui ne peut expliquer cette froideur, ce coeur sec d'apparence, cet air hautain et mauvaisement sarcastique qui cache des souffrances inavouées. Si sa belle âme peut bien surgir lors de promenades pastorales et intimes, elle redevient de marbre dans les salons. Ce malaise lui provient de sa fortune car elle ne sait plus où se situe la sincérité dans ses relations. Même Maxime, dont l'attitude est en tous points irréprochables, est suspecté de vouloir sa main pour sa seule fortune. On assiste alors à cette situation ubuesque du point de vue du lecteur, où l'on voit Marguerite se replier dans sa richesse, comme Maxime dans sa pauvreté, tous deux restant l'un en face de l'autre, ombrageux, souffrants et s'aimant éperdument sans le dire.

Son principal prétendant officiel, Monsieur de Bevallan, à un comportement caricatural de faux-noble de salon, exubérant, démonstratif, sans réelle valeur, ce choix n'enthousiasme évidement pas Marguerite… Cependant, son âge avancé la pousse à la précipitation notamment par sa mère ; elle panique, hésite à accepter mais heureusement pour elle, son destin sera boulversé au bon moment quand sera dévoilé les cartes de tous.

Octave feuillet n'a pas eu de postérité sauf une petite pour ce roman. Emile Zola l'avait démoli à l'époque car il n'a vu dans ses romans que des « poupées mécaniques ». Zola n'a sans doute pas lu avec patience le roman, ou peut-être pensait-il à d'autres. Il y a une part de vérité bien sûr mais le génie de l'auteur est de peindre des coeurs sensibles dans une enveloppe froide, ce qui n'empêche pas ces volcans en sommeil d'entrer en éruption de temps en temps. du moins, cela est vrai pour Marguerite et Maxime. Les autres sont de véritables poupées mécaniques à part Madame Laroque, tout simplement car il décrit la réalité superficielle des salons, et non sans une certaine ironie et un certain mépris d'ailleurs. Cette oeuvre est loin d'être niaise, ce n'est pas seulement une description élégante de la vie aristocratique, il y a des critiques bien piquantes si l'on y prête attention.
Pour le reste, le style est élégant mais chargé. On sent que l'auteur veut exprimer des sentiments complexes. Parfois cela tombe remarquablement juste, parfois cela reste un peu nébuleux mais l'ensemble est agréable à lire.
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« le Roman d'un Jeune Homme Pauvre » est un très bon roman, même s'il ne vaut pas le succès colossal qu'il a pu avoir en son temps. Sur une trame somme toute très académique, très convenue, qui n'est pas sans évoquer Charles Dickens, Octave Feuillet crée des personnages réalistes, tout à fait émouvants, à la fois complexes et typiquement de leur époque. En dépit de son côté huis-clos à ciel ouvert, « le Roman d'un Jeune Homme Pauvre » est un témoignage fidèle et tangible de la pensée du XIXème siècle. Il condense d'ailleurs avec bonheur les différents styles en vogue à ce moment-là : roman de moeurs, satire sociale, roman d'amour, et un peu de l'astuce scénaristique outrancière du roman-feuilleton. La maîtrise absolue de l'auteur pour la réalisation de ce difficile patchwork, dans un décor quasiment unique, avec un nombre assez réduit de personnages, est assurément une prouesse littéraire.
Reste que si le roman a de nombreux moments de grâce poétique, et une profondeur émotionnelle permanente, qui reste aujourd'hui encore très touchante pour peu qu'on ait l'âme un peu fleur bleue, il est tout de même un peu court de vues, et les dernières pages, délirantes et trop grossièrement arrangeantes, laissent au lecteur le goût amer d'avoir été un peu floué en lisant un roman à l'eau de rose amélioré.
Toujours est-il que « le Roman d'un Jeune Homme Pauvre » demeure une oeuvre plaisante à lire, immersive, émouvante, pleine de bons sentiments sans – presque – jamais sombrer dans la niaiserie. C'est un vrai morceau de XIXème siècle à recommander aux amateurs, et si ce n'est pas un classique immortel de la littérature française, c'est un bel objet d'artisanat littéraire, sans aucune prétention et qui s'en tire plutôt bien pour son âge avancé.
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
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Quelques extraits de mon analyse sur mon blog :
"L'histoire du jeune homme pauvre est fondée sur quelques présupposés assez exotiques :
- Dieu existe et il est l'oméga de toute vie humaine ;
- le cerveau de l'homme est doté de plusieurs compartiments étanches, où habitent des petits personnages vindicatifs, notamment Honneur, Volonté et Sensibilité ; ces derniers sortent parfois de leurs compartiments et se foutent des peignées mémorables ;
- l'homme est libre d'être vertueux ;
- l'intelligence d'une femme n'est pas un thème intéressant
- les héros ne font pas caca [...]

Publié en 1858, ce Roman a eu le succès d'une grosse série américaine. Succès auprès des femmes en particulier, pour son caractère romantique. Pourtant, les femmes du roman n'ont pas tellement plus de présence que des vaches fantasques et versatiles [...]

Le style de Feuillet est loin d'être insupportable. Certes, on trouve des phrases du genre : "déjà l'ange de l'éternel repos étendait visiblement son aile sur ce front apaisé." Mais l'ensemble du livre n'est pas complètement pavé d'ampoules... J'aime bien l'atmosphère bretonne, dont les Club des Cinq sont héritiers en droite ligne."

Le reste à l'adresse ci-dessous, si le coeur t'en dit !

Lien : http://brikbrakbrok.blogspot..
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Du romantisme à souhait,un style désuet mais très littéraire,on se laisse porter par tout celà gentiment.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
page 149 [...] - C'est là, me dit ma jeune conductrice en accélérant le pas.
Derrière l'église était un cimetière enclos de murs. Elle en ouvrit la porte et se dirigea péniblement, à travers les hautes herbes et les ronces trainantes qui encombraient le champ de repos, vers une espèce de perron en forme d'hémicycle qui en occupe l'extrémité. Deux ou trois degrés, disjoints par le temps et ornés assez singulièrement de sphères massives, conduisent sur une étroite plate-forme élevée au niveau du mur ; une croix en granit se dresse au centre de l'hémicycle.
Mademoiselle Marguerite n'eut pas plutôt atteint la plate-forme et jeté un regard dans l'espace qui s'ouvrait alors devant elle, que je la vis placer obliquement sa main au-dessus de ses yeux, comme si elle éprouvait un subit éblouissement. Je me hâtai de la rejoindre. Ce beau jour, approchant de sa fin, éclairait de ses dernières splendeurs une scène vaste, bizarre et sublime, que je n'oublierai jamais. En face de nous, et à une immense profondeur au-dessous du plateau, s'étendait à perte de vue une sorte de marécage parsemé de plaques lumineuses, et qui offrait l'aspect d'une terre à peine abandonnée par le reflux d'un déluge. Cette large baie s'avançait jusque sous nos pieds au sein de montagnes échancrées. Sur les bancs de sable et de vase, qui séparaient les lagunes intermittentes, une végétation confuse de roseaux et d'herbes marines se teignait de mille nuances, également sombres et pourtant distinctes, qui contrastaient avec la surface éclatante des eaux. A chacun de ses pas rapides vers l'horizon, le soleil illuminait ou plongeait dans l'ombre quelques-uns des nombreux lacs qui marquetaient le golfe à demi- desséché : il semblait puiser tour à tour dans son écrin céleste les plus précieuses matières, l'argent, l'or, le rubis, le diamant, pour les faire étinceler sur chaque point de cette plaine magnifique. Quand l'astre toucha le terme de sa carrière, une bande vaporeuse et ondée qui bordait au loin la limite extrême des marécages s'empourpra soudain d'une lueur d'incendie et garda un moment la transparence irradiée d'un nuage que sillonne la foudre. [...]
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Car la beauté de Melle Laroque est de celles qui appellent la pure contemplation de l'artiste plutôt qu'un sentiment d'une nature plus humaine et plus tendre.
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