La littérature n'a pas fini de nous livrer ses secrets et c'est sous une forme somme toute inhabituelle, celle de l'aphorisme, que j'ai eu le plaisir de la découvrir ces derniers jours.
Une technique qui s'apparente indéniablement à celle de la citation mais avec cette particularité qu'elle ne prétend pas nous livrer sur un plateau La solution, ni une vérité, un précepte universel.
Une sorte de sentence littéraire qui n'appelle aucune solution raisonnable.
Avec Un Merle sur le Tilleul
Stéphane BEAU n'en est pas à ses premiers pas en écriture et tel le marionnettiste des genres, romans, nouvelles et essais ont déjà goutté le joug de sa plume.
Fondateur de feu la revue le Grognard, cet amoureux des livres (pour reprendre l'expression de
Luc VIDAL) un brin secret, collabore à de nombreux travaux littéraires et étudie depuis une dizaine d'années la vie et l'oeuvre du philosophe
Georges Palante dont il a réédité plusieurs ouvrages.
Un Voyage Insoupçonné
Chacune des phrases semble me desservir vers des instants oubliés, un véritable voyage intime permit par le choix de la figure de style, à la fois impersonnelle et pleine de réalité. A la manière d'un tableau on y projette à souhait, calque notre vérité, gomme les petits bévues et contrariétés.
On se plait à se confronter à nouveau, à se découvrir différents visages, différents costumes. Attention cependant à prendre le train en marche et à savoir en sortir à temps, inutile de se précipiter et d'engloutir d'une traite cet ouvrage au risque de ne pas tenir la secousse.
Chaque mot résonne en notre for intérieur et fini par éclater telle une bulle de savon, nous laissant là, sur le bas côté, songeur et prêt ou non à un petit travail introspectif.
L'arborescence du livre, sa structure participe à notre libération, au gré des humeurs, des états d'âmes, on reste maître d'aller piocher çà et là quelques lignes percutantes. Un message délivré très intelligemment et qui ne sera que d'autant plus entendu, le lecteur ayant le temps de le prendre justement, et de s'en détacher suffisamment pour mieux le pénétrer.
La deuxième partie de l'oeuvre, intitulée Presse Purée ou encore Chronique de l'inactualité, a quant à elle plutôt pour fonction de nous dérider après ce trop plein d'émotions, une séance de stretching neurologique sans doute et d'échauffement des zygomatiques.
Le concept est pour le moins original et nous incite à réapprendre à nous amuser d'un rien comme à la belle époque où le claquement d'un bouchon métallique de bouteille de jus nous ravissait bien plus que la tablette dernier cri. Mais ne nous dissipons pas et revenons en à nos …tubercules ?
Le principe est simple et l'exercice subtil : Dans un carnet vierge, incorporez un titre d'article de journal, préalablement découpé (peu importe le sujet, d'ailleurs, plus celui-ci vous paraîtra futile plus facilement la fibre humoristique viendra à vous) puis lui accoler une phrase de votre cru (parfois sous forme de réponse, souvent sarcastique), mélangez le tout puis laisser reposer afin d'y apporter les dernières retouches.
Une conscience qui s'émancipe
Si cette lecture a l'avantage de vous procurer une dose de bien être et de lâcher prise, sa prouesse, selon moi, réside ailleurs, en ce qu'elle m'a permis avec tantôt une dérision désabusée et arrogante, tantôt avec une légèreté presque primitive, de partir à la quête de mon identité à l'instant l'De mon parcours, de me découvrir, de dresser un bilan égocentrique, en quelque sorte, et parfois de le déposer !
Pour les plus sceptiques, parce que contrairement à l'auteur je compte bien m'acharner à les convertir, tout du moins à les amener là où ils ne voient pas, je vous dépose quelques en-cas.
Dix euros la thérapie, très chers lecteurs, et envolés tous vos soucis… cela sonne comme un slogan plein de promesses un peu Place des Halles je vous l'accorde, mais vous ne serez pas déçus du détour et surtout pensez à voyager léger !
Et si malgré tout vous persistez à vous réfugier dans un stoïcisme désarmant, c'est qu'il faut vous faire une déraison.
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