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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plein de chemins mènent au FN - je parle bien du FN de JM le Pen, et pas des nouveaux partis d'extrême droite issus des idées et conquêtes du "patriarche".

On le voit à travers les parcours respectifs d'Omar et Greg, tous deux issus de milieux modestes, ayant grandi dans des quartiers mixtes, l'un surtout beur, l'autre plutôt blanc (malgré des origines tunisiennes, côté paternel).
Guère motivés par l'école, ils se sont formés plus tard, en autodidactes, et ont suivi des trajectoires politiques différentes pour finalement se retrouver proches de 'Jean-Marie' (sic), et devenir amis.

L'ouvrage est aussi agréable à lire que les autres recueils de témoignages de François Beaune. Ce sont des vies de "gens du peuple", comme moi, donc je peux m'identifier (notamment parce que nous sommes de la même génération, celle de 'Touche pas à mon pote').
Riche d'anecdotes et de réflexions pertinentes, ce texte me semble avoir néanmoins deux défauts : trop hachuré, en raison d'une alternance trop fréquente entre les deux voix, et une fin confuse - peut-être parce que j'adhérais moins aux idées des deux narrateurs ?

Ce genre de témoignage est sain, il me renvoie à mes propres ambivalences politiques, tout comme certains personnages de Virginie Despentes (notamment dans sa trilogie 'Vernon Subutex').
Cela me rappelle aussi cet échange marquant entre Marco et un vieux pote qui bosse aux Chantiers navals dans 'Le Combat ordinaire, tome 2', de Manu Larcenet :
« Moi j'ai pas peur. Et, vu les dernières élections, je suis pas le seul !
- ?!! C'est [JM] le Pen qui est arrivé en tête, ici, non ?
- Si. Et largement, en plus. Alors tu vois, rien n'est perdu.
- Mais... Qu'est-ce que tu racontes ?! Me dis pas que t'as viré facho ?!! Me dis pas que tu crois à leur baratin !
- J'ai pas viré facho... Je veux juste que ça change...
(...)
- Et tu crois quoi ?!! Qu'ils vont sauver le chantier en virant les étrangers SAUF tes potes ?! C'est n'importe quoi !!!
- TA GUEULE ! ME SORS PAS TON DISCOURS DE PARISIEN ! TU SAIS PLUS COMMENT ÇA SE PASSE ICI ! TU SAIS PLUS COMMENT ON VIT ! VIENS PAS ME DONNER DES LEÇONS CHEZ MOI !! (...) Tu veux pas parler, Marco. Tu veux juste me prouver que j'ai tort. Et le pire, c'est que t'as peut-être bien raison. Mais je m'en fous. »

Ces lectures m'aident à moins juger, à être plus tolérante. J'ai moins d'indulgence (voire zéro), en revanche, pour les nantis qui se tournent vers l'extrême-droite. Peut-être qu'un bon livre m'aiderait à comprendre ce qu'ils en attendent, de quoi ils ont peur...

J'ai poursuivi ma découverte de François Beaune avec 'Dans ma Zup'. Même esprit, mais plus léger, plus anecdotique.
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Extrait de la 4ème de couverture : « histoire vraie de deux citoyens engagés et enragés qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français ».
L'auteur donnent la parole à deux hommes que tout semble opposer sauf peut-être leur adolescence délinquante, appartenant chacun à un groupe luttant contre l'autre.
Il est difficile d'entrer dans les détails sans faire de politique mais il faut savoir que l'entretien porte sur les engagements politiques et que ces deux hommes, à des moments différents de leur vie et pour des raisons diamétralement opposées, ce sont rapprochés du FN.
Par des juxtapositions de l'histoire de chacun, l'auteur apporte un éclairage sur leurs motivations, met en exergue les circonstances de leur prise de conscience politique.
Loin de toute idéologie, ces deux hommes défendent des valeurs semblables qui par leur évidence, leur simplicité et sans doute par leur nature optimiste voire utopique, ne trouvent aucun écho dans les structures existantes, ce que l'on appellera « le système ».
C'est très intéressant car l'expérience et l'engagement de ces hommes mettent à mal beaucoup de clichés qui alimentent la polémique identitaire.
A lire
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Reçu dans le cadre de la dernière masse critique, un grand merci à Babelio et à Nouvel Attila, j'ai eu la chance de lire Omar et Greg.
Ce récit contemporain est très marquant. Pourquoi? Car il nous montre "la vraie vie", et non celle conté par les politiques ou les journalistes.
En alternant les histoires chapitre après chapitre, François Beaune nous fait toucher du doigt le quotidien de ces deux citoyens immigrés (Algérien pour l'un, Tunisien poiur l'autre). Enfance en ZUP, déménagement en banlieue en fonction des événements, ils se retrouvent à Marseille.
C'est un roman engagé, réel, dont les mots frappent. La critique est souvent dure.
La politique est partie prenante du roman, tout comme la violence.
J'ai pris plaisir à voir l'évolution des personnages... Peu étonné finalement qu'ils se retrouvent les deux au Front National.
C'est surtout un roman qui ouvre de nombreuses pistes de questionnement . C'est très intelligemment fait. Belle leçon de vie, de démocratie et quelque part d'histoire car Omar et Greg ont "bataillé" pour s'intégrer...
Je le conseille même si je sais qu'il ne plaira pas à tout le monde.
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Quand on reçoit cet ouvrage par la grande générosité de la Masse Critique de Babelio et les éditions le Nouvel Attila, on ne s'attend pas forcement à une telle qualité.
Cet ouvrage qui se dit un "récit" est pour moi, un très grand ouvrage de sociologie. L'auteur reste parfaitement neutre/objectif puisqu'il partage avec nous les discours de ces petites gens qui sont et font la France d'aujourd'hui, et de demain ; il donne la parole aux silencieux !
L'auteur, tel un sociologue, nous relate les trajectoires socio-politiques de ces deux "héros", tout en nous dépeignant la France dite des "quartiers" : le racisme, la violence, la montée du FN, etc.
En somme, un EXCELLENT livre, qui offre à voir la France des quartiers sous deux angles qui finalement n'en feront plus qu'un... Un seul conseil : lisez cet ouvrage.
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Points de vues intéressants sur la vie en ZUP. Deux témoignages croisés qui donnent à comprendre que souvent on défend les mêmes valeurs tout en étant dans deux camps "opposés".
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Le récit fantastique et réel d'une convergence inattendue et dérangeante, loin des clichés comme des récupérations.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/10/06/note-de-lecture-omar-et-greg-francois-beaune/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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J'ai relativement de la chance en ce moment avec mes lectures en service de presse. Toujours grâce à NetGalley.fr qui m'avait permis récemment de découvrir l'excellent roman Un gentleman à Moscou, j'ai eu l'occasion cette fois de lire en avant-première cet ouvrage de François Beaune : Omar et Greg, qui sortira le 14 septembre prochain dans toutes les bonnes librairies (et sans doute également dans les mauvaises).

François Beaune est un journaliste et écrivain que je ne connaissais pas, même si j'ai découvert pendant ma lecture qu'il était l'auteur d'un roman intitulé Un homme louche que j'avais lu il y a plusieurs années et qui ne m'avait pas particulièrement plu. Comme quoi, il ne faut jamais se contenter de la première impression avec un écrivain !

Ici, François Beaune nous propose une rencontre avec deux hommes au parcours à la fois typique et atypique de beaucoup de concitoyens français :

« On ne pense pas de la même façon le ventre vide et le ventre plein ».

Omar et Greg sont deux enfants d'ouvriers. Deux jeunes nés et grandis dans des ZUP. le petit fils d'Algérien engagé dans l'armée française, chasseur de skins à l'adolescence, est travailleur social ; l'Italo-Tunisien, cheminot homo formé à la lecture de Jaurès et de Che Guevara, est devenu militant de carrière. Après mille expériences entre Reims et Vaulx- en-Velin, Bordeaux et Marseille, tous deux se retrouvent un jour à proposer au Front national un projet politique aberrant : faire entrer la communauté musulmane au FN.

L'itinéraire de ces deux citoyens engagés et enragés témoigne de la manière dont la France accueille et forme (ou pas) ses enfants de l'immigration : quartiers, racisme, religion, éducation, sexualité, engagement, rapport à l'autre … Omar et Greg cherchent leur place avec une interrogation obsédante sur ce que c'est qu'être français.

L'écrivain François Beaune, connu pour ses Entresorts et ses Histoires vraies, a connu Omar et Greg dans le quartier de la porte d'Aix, à Marseille. Il les a rencontrés, écoutés, enregistrés, et en a tiré cette fresque sociale, récit d'une amitié hors norme et portrait croisé de deux citoyens qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français.

Le livre commence doucement, je n'ai pas tout de suite accroché, peut-être parce que je n'avais pas de sympathie particulière pour les deux protagonistes. le récit de leur jeunesse respective à Reims et dans le Rhône n'est pas passionnant, même s'il est symptomatique de la société française et de son évolution, entre montée des tensions sociales et « ethniques » et déclassement des classes moyennes et populaires.

La suite m'a plus emballé, avec le récit de leur engagement militant : d'abord dans deux camps opposés, l'un à gauche au Parti Socialiste et à SOS Racisme, l'autre au Front National ; puis ensemble, à la tête d'une initiative un peu folle de créer un pôle « patriotique social » au FN, avec en toile de fond une tentative de réconciliation du Front National avec les musulmans de France.

Je ne partage évidemment pas toutes les opinions d'Omar et Greg, mais j'ai aimé le récit de leurs combats politiques et la part d'honnêteté intellectuelle que je dois leur reconnaître en lisant leurs propos tels que François Beaune les relate. Même sans me reconnaître dans leurs idées, je dois saluer la cohérence de leur parcours et une certaine noblesse dans leurs combats.

Au-delà de la personnalité et du parcours des deux protagonistes qui donnent leur nom au livre, c'est le portrait d'une France blessée, divisée, contrastée, en souffrance, un panorama de cette France dite périphérique, déclassée, délaissée dont on nous parle en permanence dans les médias en feignant de s'y intéresser mais sans s'attaquer aux causes du phénomène. C'est en cela que ce livre est passionnant, par son interrogation sur ce qu'est la France, sur ce que c'est d'être français. Omar et Greg sont deux exemples de ce peut être la citoyenneté française, avec des parcours différents, des croyances différentes, mais un même sentiment d'appartenance à une même communauté, une même nation.

J'ai relevé de nombreuses citations en lisant ce livre, et je vous propose d'en découvrir quelques unes, pour mieux comprendre le propos de ce livre assez particulier mais passionnant :

Sur l'immigration :

L'immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d'une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l'autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c'est naturel. Maintenant quand ces vagues sont créées dans les intérêts de Bouygues, Bolloré, Vinci, Total, qui ne payent pas leurs impôts en France, et qu'on envoie nos soldats se faire crever pour leurs projets à l'étranger, on doit réagir. Il faut arrêter toutes ces guerres coloniales. le devoir universel de la France, c'est de tout faire pour instaurer la paix. Alors que là c'est nous qui déclarons la guerre.


Sur le système qui divise :

Je crois que le système diviseur joue sur les cordes sensibles, un coup sur la religion, un coup sur les ethnies, un autre sur les classes sociales. Un anarchiste, un skinhead, un Maghrébin, tous ceux-là se tapent dessus, alors que le système est en train de s'engraisser et tire tous les marrons du feu.


Sur les politiques culturelles dans les banlieues :

C'est un drame de faire des gens acculturés, qui n'ont aucun sentiment d'appartenance à ce pays. L'éducation nationale est dévoyée, parce que la pensée dominante, majoritaire, est de gauche, et eux visent à virer tout ce qui est patriotique, à faire de nos gosses des citoyens déstructurés, sans appartenance charnelle avec la France. Exactement ce qu'on a vécu dans les centres sociaux. Toutes les MJC où j'ai été, où j'ai grandi, on ne t'apprend pas la culture française, au contraire, on te maintient dans ta culture d'origine, djembé, rap, raï, on accentue l'appartenance ethnique, on fait la promotion des cultures communautaires. Les animateurs sont pas payés pour faire de toi un bon Français, mais pour te tenir au calme.


Sur la jeunesse :

Quand on renie l'Histoire, quand tu as pour référent Cyril Hanouna ou Nabila, le mépris des politiques et la misère dans des centaines de ghettos, quand il y a pas d'avenir, pas de vision globale, à un moment tu fais quoi ? La jeunesse, elle cherche un idéal, trouver une place dans la société, accomplir quelque chose et s'accomplir. le jeune, il est responsable de ses actes, mais il est pas coupable. Les coupables c'est ceux qui ont créé cette situation, qui alimentent la division, qui laissent partir ces jeunes en les montrant du doigt avec leurs pseudo-lois ridicules de déchéance de nationalité, comme si ça allait empêcher un type de se faire sauter. Les coupables c'est les Valls, les Hollande, les Sarkozy, les Macron.
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