Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas d'un livre qu'il s'agit ici, mais d'un article.
Cet article est ajouté en postface au 416ème numéro de "
La Petite Illustration", paru le 12 juin 1937, qui contenait par ailleurs le texte intégral de la pièce "Fric-Frac" du grand et talentueux auteur dramatique Edouard Bourdet.
Edouard Bourdet devint administrateur général de la
Comédie-Française le jour même de la répétition générale de cette pièce, écrite en argot, et représentée au théâtre de la Michodière.
Pour s'en expliquer, à ceux qui s'en scandalisaient, Edourd Bourdet évoque le témoignage de
Victor Hugo, qui a écrit :
"Qu'on y consente ou non, l'argot a sa syntaxe et sa poésie. C'est une langue..."
L'origine du mot lui-même est floue. L'explication la plus plausible passe par le mot "jargon" utilisé au XIIIème siècle pour désigner le langage des bas-fonds.
François Villon écrivait ses
ballades en "jargon et jobelin", autre terme désignant l'argot des charlatans, des gueux et des étudiants.
De nombreux écrivains y ont puisé.
Rabelais, entre autres.
En 1837, le fameux Vidocq, tour à tour escroc, forçat et chef de la sûreté publiait un "Vocabulaire" dont
Balzac,
Victor Hugo et
Eugène Sue se sont largement inspirés....
Cet article signé
Robert de Beauplan est une curiosité.
C'est un plaidoyer brillant et passionnant d'une page - mais quelle page ! - de ce vocabulaire nouveau et secret, sans cesse en transformation, dont les termes singuliers arrivent à la connaissance des "honnêtes gens" par le canal du "bas langage parisien".
Une fois de plus, "
La Petite Illustration" fait la preuve de son talent.