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3,77

sur 1098 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'amour avec un petit a, celui qui ne fait pas de bruit et porte à peine son nom mais vous rend compagnons de toute une vie : moins de cent pages suffisent à François Bégaudeau pour toucher son lecteur aux larmes avec les cinquante ans de vie commune de Jacques et Jeanne Moreau, un couple on ne peut plus ordinaire de la classe moyenne.


Ils avaient vingt ans lorsqu'ils se sont trouvés au début des années soixante-dix. Pas de coup de foudre ni de passion brûlante, mais une calme évidence apparue au détour d'une promenade autour de leur petit bourg de l'ouest de la France : il fallait bien sortir le chien. S'ensuivent un mariage, un enfant, et un demi-siècle de vie commune. D'extraction ouvrière, elle est devenue secrétaire, lui jardinier municipal. En dehors du travail et du patient tricotage de leur vie matérielle, elle ne rate rien de ce qui concerne Richard Cocciante pendant que lui collectionne les maquettes de fusées. Leur cocker s'appelle Boule, leur fils Daniel comme Balavoine, ils partent en vacances au bord de la mer, et le temps passe, dans une routine qui figent leurs manies et leurs agacements mutuels : « Jacques énerve Jeanne à mettre des cornichons avec tout, à manger la peau du saucisson sec, à remettre un tee-shirt sale... » « Jeanne énerve Jacques à répéter qu'il n'en fout pas une alors que dès qu'il aide elle l'engueule, à nager la tête hors de l'eau pour garder les cheveux secs, à sortir l'aspirateur pour une miette... » Mais rien, ni dispute ni accident – une inconnue débarque un jour, qui vient avouer une ancienne liaison avec Jacques – ne vient jamais remettre en cause la paire que ces deux-là forment. La vieillesse est déjà là, le fils est parti travailler en Corée, ils risquent de ne plus voir beaucoup les petits-enfants. Et puis, c'est la fin, qui les sépare, quoique…


Est-ce seulement l'amour qui les unit, un amour qui jamais d'ailleurs ne se met en mots mais prend la forme muette des gestes du quotidien, ou plutôt la force d'une alliance, affective et matérielle, en quelque sorte un plus ou moins conscient calcul sécuritaire, pour mieux traverser la vie ? En tous les cas, ces deux-là sont tout à fait représentatifs de leur génération, qui ne divorçait pas beaucoup, souvent parce que de toute façon la sécurité matérielle interdisait la séparation. Entre hasard et nécessité, ils se sont reconnus et, sans éclats ni grands sentiments, ont décidé une fois pour toute de leur cheminement côte à côte. Par petites touches rapides et autant de détails datés qui nous font reconnaître aussi vrais que nature nos parents ou nos grands-parents, l'auteur en trace avec tendresse un portrait quasi sociologique, en même temps qu'il nous émeut du mélancolique passage du temps, imperturbable métronome de notre fugitive et généralement anonyme condition humaine.


François Bégaudeau dit avoir pensé à Un coeur simple de Gustave Flaubert. Il réussit un livre universel, court et d'un seul trait comme la vie : une sorte de film en Super 8, sans discours ni analyse mais vaste de ses ellipses, qui condense dans son sautillement accéléré le reflet de notre fragile humanité et l'infinie mélancolie du temps qui fuit. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman court, net, efficace, 96 pages lus en en une heure.
L'auteur capte ses lecteurs du début jusqu'au twist final, totalement bouleversant.
La plume est sensible subtile fluide , saupoudré d'un brin d'humour ,entrainant une lecture captivante, addictive .Le genre de roman où le mot fin est frustrant.
Au début , on aurait pu penser que l'histoire était basique, un sujet lu et relu, la vie de deux personnages.
Nous sommes loin de la vérité, ce roman est époustouflant, je viens de prendre un uppercut, une histoire qui m'a scotchée et qui va perdurer dans ma mémoire, pendant en certain temps.
L'histoire de Jeanne et Jacques, un rencontre fortuite , un mariage sans passion, nous sommes dans les années 70.
Un couple qui vont apprendre à mieux se connaitre, une sorte de vie en harmonie, une relation forte, sans vraiment en prendre conscient. Ils s'habituent , avec grande facilité , aux nouvelles technologies. Un couple discret , sans histoire, qui tisse au fur et à mesure de la lecture, une passion intense. Ils sont reliés , inséparables, impossible de vivre sans l'un auprès de l'autre.
La vie continue, la vieillesse arrive rapidement, la maladie, la mort. Comment pourront-ils surmonter ses aléas de la vie?
Une nouvelle étape surmonter, une empathie intense se dégage des ces deux personnages.
Le final est bouleversant, les larmes coulaient toutes seules. La vie de deux être pendant 50, une vie où le mot Amour, prend toute sa valeur.
Lisez ce roman, ne passez pas à coté de le vie de Jacques et Jeanne.
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Sobriété du titre, sobriété du texte, sobriété des personnages, ce roman est bouleversant par ce qu'il suscite d'émotions à partir d'un propos simple. le déroulement d'une vie d'amour ordinaire, avec ses temps forts et l'installation d'une routine, tout au long de quelques décennies dont les repères sont très bien posés, anciens tubes, objets du quotidien ou modèle de voiture. Ce roman me fait penser à la chanson de Benabar, Quatre murs et un toit, où l'on assiste en accéléré, à travers la vie d'une maison à un défilé des générations.

Il faut finalement très peu de pages pour faire le tour du sujet, et pourtant tout y est, des amours adolescentes à la fracture numérique, jusqu'aux douleurs liées au temps qui passe sans état d'âme.

Difficile de retenir ses larmes dans les dernières pages…


96 pages Gallimard 17 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Jeanne est jeune et fantasme sur un beau basketteur. Jacques est jeune et tient la chandelle à son copain Frédéric. Jusqu'à ce que Jeanne croise Jacques.

88 pages qui racontent une vie. Une vie simple , où les mots de Bégaudau écoulent le temps sans pitié , sans voyeurisme mais avec un réalisme qui nous renvoie à nos propres vies.
La brièveté du texte agît comme un accélérateur de nos vies, la séduction , le cul et l'insouciance, le mariage, les enfants, la routine, le départ des enfants, les premiers signes de la mort à venir.
Entre temps , les visites d'amis se sont espacées, le sexe a disparu et les dialogues tournent aux joutes éculées dont chaque époux connait le texte par coeur.
Pour certains, la banalité de la vie qui est décrite peut rebuter. "Surtout pas moi". Non, sans doute pas grand monde à 18 ans , mais avec l'âge; les jugements s'affinent.
Bravo et merci à l'auteur pour toutes ces émotions à travers ce texte magnifique dont la force n'a d'égal que la simplicité de ce qui y est raconté.
Merci aussi de m'avoir fait traversé les époques , Giscard, les 2CV, les touches sur le téléphone , l'avènement du portable..
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AMOUR DES GENS ORDINAIRES

L'Amour de François Bégaudeau n'est pas l'amour torride. Il n'est pas l'amour passion, il ne l'est plus. Ce n'est pas l'amour qui se déchire. C'est l'amour qui dure, l'amour au long cours.

Jeanne, au début du roman, est réceptionniste. Elle rêve devant les muscles de Pietro, l'amant d'une autre. Elle rencontre Jacques. Jacques c'est le gars normal. Ils vont se promener avec le chien, il l'embrasse.
C'est le début d'une relation d'une vie.
D'abord la passion, les corps qui s'emmêlent, on se nourrit de la peau de l'autre. Puis vient le premier emménagement ensemble. La vie de bohème des jeunes couples. Vient l'enfant, que l'on éduque, que l'on regarde grandir.
Viennent parfois les bas aussi, parce qu'une vie de couple ce n'est pas que regarder dans la même direction. Il y a des tentations, des écarts de conduites. Il y a le pardon implicite aussi.
L'amour c'est aussi accepter les petits défauts de l'autre, toutes ces choses qui agacent. L'autre accepte aussi les nôtres. C'est la balance.
L'amour ce sont les petites attentions
L'amour c'est ensemble et au quotidien
L'amour c'est vieillir ensemble sur le même chemin.

Tout au long de ces trop courtes 93 pages, nous suivons la vie de Jeanne et Jacques, leur amour indéfectible. Un amour ordinaire jusqu'à la mort. Celui que beaucoup de gens vivent... Un peu celui que je vis depuis 30 ans avec mon compagnon.

C'est à la fois beau, touchant, émouvant
Un grand roman.
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Je croyais avoir tout lu sur le sujet.
Je n'avais jamais lu François Bégaudeau
J'ai été fauché par ce texte magnifique, qui, comme une fleur de pissenlit, envoie ses akènes à tous les vents.
Jeanne et Jacques se rencontrent jeunes, dans les années soixante, complètement par hasard. Issus d'un prolétariat joyeux, ils vont connaitre ensemble toutes les évolutions sociétales de ces cinquante dernières années.
Ils se sont choisis sans se choisir, une chose en entrainant une autre.
Ils sont resté ensemble parce que c'est ça l'amour au fond.
Ils ne se sont jamais promis de rester fidèles, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et la maladie, de s'aimer tous les jours de leur vie.
Ils l'ont juste fait.
Il y a bien eu quelques coups de canif dans le contrat mais ils ont su faire avec.

On rentre dans le quotidien des Moreau comme on rentre dans quelque chose de familier, qui sent la chicorée, la tarte au pomme, l'intérieur d'une supercinq, d'une 206, d'une 306, d'une Nissan…
Qui évoque le quotidien des gens du peuple qui appartiennent désormais à la classe moyenne. Cinquante ans de la France du Milieu.
On les suit avec passion et étonnement. Car au tournant des ellipses, le quotidien n'est plus si quotidien.
Et le texte qui était un fil narratif sobre et cristallin gagne doucement en émotions pudiques, se charge de sentiments discrets et profonds, s'étoffe de pure tendresse.
Le final est sobrement éblouissant.
Ma compagne, Mon compagnon.
Mon amour.
L'amour

Merci François Bégaudeau, merci de m'avoir arracher une larme.
Trop beau ce livre…
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Jeanne et Jacques se marient et on suit leur vie ensemble sur les cinq dernières décennies. On comprend très vite que chaque mot, chaque phrase de ce roman (court), n'est pas un hasard alors qu'au contraire, le hasard des évènements remplis ces vies. Mais quel travail magique d'écrivains que de nous inonder de nos souvenirs. Ce n'est pas l'amour idyllique, dévastateur ou exceptionnel - encore qu'il va finalement durer toute leur vie à ces deux-là. Notre auteur a voulu parler de l'amour plus communément rencontré, la vie de couple simple qui fait qu'on est, et qu'on reste, ensemble. Les faits qui remplissent le quotidien puis les années, souvent sans grand intérêt. Un fait en emmenant un autre puis un autre. de fil en aiguille, le temps passant, de presque rien. Que retenir de 50 ans de vie commune : les métiers, les enfants, les déménagements, les amis, les manies, les achats, les voitures, des chansons ? Une vie ensemble, jusqu'au bout. Et cette fin, ces dernieres phrases qui foudroient. Voilà pourquoi je lis, comme un besoin d'être déboussolé, déséquilibré renversé, chahuté. Un des plus beaux livres que j'ai pu lire. le refermant les yeux mouillés, et de nombreuses heures pour s'en déshabiller. Autant s'adresser directement à son auteur : mille merci pour ces lignes M. Begaudeau, gravées, vous venez de nous parler du temps qui passe avec la même puissance que S. Reggiani nous parlait du temps qui reste. Inoubliable : c'est énormissime ce que vous avez écrit.
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L'amour la plupart du temps ne prend pas de majuscule, ne se fait pas remarquer au point qu'on n'en parle même pas. Pourtant il est là, en pointillés à peine perceptibles, il est là qui relie deux êtres par de minuscules choses du quotidien, quelques instants fragiles qui mis bout à bout constituent le plus solide des socles. C'est ce que parvient à matérialiser François Bégaudeau avec ce texte aussi court que puissant dans lequel, par une subtile alchimie il tend à sublimer le banal. le miracle se produit sans qu'on s'en aperçoive, le sentiment grandit au fil d'une narration pourtant attachée aux multiples détails qui constituent cinquante ans de la vie commune de Jeanne et Jacques. Leur histoire c'est l'anti passion amoureuse dont on fait les romans depuis l'antiquité, c'est la simplicité même. Depuis une rencontre fortuite dans les années 70 alors que les yeux de Jeanne surveillaient un certain Pietro, mais à quoi ça tient une vie, jusqu'à la fin inévitable pour tout être humain. Tout est contenu dans quatre-vingt pages d'un texte virtuose, épuré, d'une précision diabolique. Ce couple Moreau nous l'avons tous croisé, avons souri à ses petites manies, aux piques incessantes qui jalonnent ses conversations, mais nous n'avons pas forcément saisi l'invisible, les particules de matière qui soudent les Jeanne et les Jacques et qui sont faites des matins ronchons, des heures passées à soigner l'enfant, des bougies d'anniversaires, des petits écarts avoués et pardonnés, des changements auxquels on s'adapte ensemble, des petits bobos, de quelques concessions, de l'enfant devenu grand qui prend son envol, des maquettes de l'un et des chansons de l'autre. le compagnonnage d'une vie. Sous la plume de l'auteur, Jeanne et Jacques gagnent en substance au rythme des années et la magie opère, l'émotion surgit, étreint peu à peu le lecteur percuté par un écho invisible. A ce niveau, l'écriture est vraiment un art.

Ce texte est beau à pleurer. Et j'ai pleuré.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Jeanne a des vues sur le grand et beau Pietro mais elle vise trop haut. Il y a Jacques, le fils du maçon. le père" se demande comment ses gènes ont pu donner un pareil crétin ". Mais Jacques est là, il vient et revient pour voir Jeanne. Il l'emmène en balade sur sa mobylette. Il l'embrasse. Jeanne n'est pas contre. Elle lui ouvre une chambre de l'hôtel où elle travaille. "Ça" se passe là, vite fait, sans bruit. Vient le mariage, puis Daniel, qui n'était pas forcément prévu, mais c'est bien.Tiens Pompidou est mort!... La vie s'écoule, lui, fait ses maquettes d'avions, elle, ses mots croisés. Il y a le travail, la maison, la nouvelle voiture et le gamin qui grandit. Si au début c'est un peu lent, le rythme s'accélère, année après année. On ne fait pas souvent la fête chez les Moreau, mais la vie s'écoule sans heurt. La vie passe plus vite quand on vieillit... Sarko vient d'être élu!... Avec le temps ils se chamaillent un peu plus mais c'est jamais méchant. Il y a bien eu une petite incartade, vite pardonnée, bien regrettée.
J'ai la gorge qui se serre et à la fin je suis triste.
On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire, si, ils en ont une, une qui ne fait pas de bruit. Ont ne voit pas les sentiments parce qu'ils sont discrets et profonds.
La vie de Jeanne et Jacques passe à pas feutrés et c'est vraiment très beau.
Le style est fluide, il va au rythme de la vie.
Pas folichon me direz vous ? Erreur, j'ai lu ce petit livre cette nuit et j'étais bien chamboulée.
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J'ai lu tant d'avis divergents sur ce livre avec parfois de telles attaques que je l'ai commencé avec un fort a priori. Décrit ennuyeux, condescendant, méprisant et sans style, il risquait de ne pas me plaire voire de m'agacer. Il faut ajouter que 90 pages pour 14.50 euros, cela fait tout de même réfléchir à son acquisition.

Disons-le, les premières lignes m'ont étonnée : phrases courtes, syntaxe des plus basiques « Quand c'est le jour de nettoyer les gradins, la mère embarque la fille, on n'aura pas trop de quatre bras. »  J'ai hésité, fallait-il poursuivre ? Heureusement, j'ai persisté et alors je peux répondre : OUI. Mille fois OUI !

Simple comme l'amour peut l'être, sans vague, sans tempête, une vie à deux où chacun se côtoie aussi soudés que deux ombres mélangées. le texte trace la vie d'une génération où l'on réparait, où l'on consolidait plutôt que de tout balancer. Je n'y ai vu aucune condescendance mais la force d'un lien profond ancré dans une réalité vraie. Jeanne, Jacques, c'est un peu de nos grands-parents, un peu de nos parents, un peu de tous ceux que l'on oublie quand on vit à la ville. La grande ville. J'ai partagé, en quelques pages, l'intensité d'une vie qui semble creuse sans l'être, touchant du doigt les sentiments nourris à une routine apaisante. Doit-on forcément aimer dans le tumulte ? Faut-il du trash, de la rupture, de la passion qui chamboule les neurones et crispe les boyaux ?

90 pages, 14,50 euros et un plaisir fort à lire la vie simple où l'autre est essentiel.le. Choucroute, camping-car, loto du week-end, et alors ? L'ennui, je ne l'ai pas ressenti. Peut-être parce qu'il importe de trouver son ancrage, peut-être parce que l'indispensable est dans la base, et que nous le (re)dire colle une bonne baffe. Bref: « L'amour »  est bel et bien un roman sur l'amour, n'en déplaise à certain.e.s ! Et, lisez-le !

Cette lecture : un kiff !
Lien : https://aufildeslivresbloget..
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