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3,77

sur 1098 notes
Je n'avais jamais lu Bégaudeau romancier et par conséquent aucun a priori positif ou négatif.
Mais voilà, j'ai vu passer une critique des Inrocks titrant “le livre le plus condescendant de l'année” blabli blabla, me divulgachant au passage quelques éléments de l'histoire… J'y ai vu la revanche de celles et ceux que Bégaudeau a épinglé il y a quelques années, à savoir une certaine bourgeoisie de centre-gauche macro-compatible, qui feint de s'ignorer comme telle.

Les classes moyennes se glissent depuis des lustres dans la peau de papier d'aristocrates en proie aux affres de la passion, sentiment universel certes, mais drames qui ont toujours l'élégance de se passer dans des palaces, sous le regard interdit de domestiques anonymes.
Mais qu'une critique puisse parler de “sociologie de bas étage” dès lors que les personnages principaux sont peu ou prou autour du SMIC, les ramenant bassement à un objet d'étude sociologique, c'est quand même vraiment malaisant… une critique qui prend pour des “clichés” la vie, la vraie, de millions de français, à la fin qui est “condescendant” ?
Et la lire s'étouffer à la seule mention du mot “camping car”, validant, bien malgré elle, à nouveau et de façon flagrante, grossière, le portrait que faisait d'elle l'écrivain dans Histoire de ta Bêtise je dois avouer que ça a furieusement attisé ma curiosité.

“Dans le même genre, Jacques ne comprendra jamais qu'elle préfère entamer le pain frais plutôt que de finir le pain d'hier. Et pas la peine de venir nous raconter qu'elle en fera du pain perdu, elle n'en fait jamais. Ce que Jeanne peut éventuellement reconnaître, mais pour aussitôt observer qu'à ce compte-là ils ne mangeront jamais de pain frais. Si on mange le pain du jour le lendemain du jour, on mange toujours du pain d'hier. Ce à quoi Jacques objecte que ben voyons.”

Je tiens à présenter en avant-propos mes excuses à l'auteur qui ne goute guère les petits billets littéraires si j'en juge par cet extrait d'interview “Je mets en évidence la vacuité de certains discours sur la littérature, qu'ils soient tenus par les critiques, les profs, les écrivains eux-mêmes… Et les lecteurs !”, l'écrivain nous enjoignant à “l'analyse de détail” pour renouveler la critique littéraire. Et de détails, l'ouvrage n'en manque pas, c'est souvent aussi comme ça qu'on se rappelle les choses, sur les parkings des centres commerciaux, devant tel jeu télévisé, à tel point que je me demande si c'est un livre aisément traduisible tant les références sont souvent hexagonales.

"Et sans s'immoler chaque jour. On ne conserve point l'union fruitive. Que donne le parfait amour." Écrivit Corneille, bon on est pas tout à fait dans ce schéma-là. D'abord, jamais le mot “amour” n'est prononcé, si ce n'est lors d'un discours de mariage citant Saint-Paul. C'est évidemment une trace de l'ambition de l'écrivain pour ce livre : pas de passion, pas de pathos, pas de mélo, pas de noces de sang.

C'est que Bégaudeau le matérialiste, n'est jamais loin. Pour l'auteur on ne peut s'extraire des conditions matérielles de l'existence. Aussi, il remarque que ce sont souvent les histoires d'amour de la bourgeoisie qui ne font jamais état des questions d'argent, les personnages étant en quelque sorte en lévitation au-dessus d'une réalité matérielle très peu évoquée, libres de se consacrer aux caprices du coeur.

Ce n'est pas seulement dans l'intrigue que Bégaudeau colle à la situation sociale de ses personnages, mais c'est dans la narration toute entière, le style fait classe moyenne, un très beau style d'ailleurs.

Bon mais alors, à quoi est-ce qu'on assiste ? Eh bien à une vie de couple, sur moins d'une centaine de pages, avec ses rugosités, son intimité, son existence sociale (comme parents, comme amis etc) et ses conditions de vie, qui s'écoule non sans anicroches, mais dans une fluidité temporelle complète et qui dessine quelque chose de vertigineusement authentique, d'ailleurs, citant Saint-Paul, Bégaudeau l'écrit : l'amour “trouve sa joie dans ce qui est vrai.”

Quand on prend un peu de recul sur le tourbillon de la vie quotidienne que constitue ce bref roman on a presque l'impression de quelque chose de cinématographique, un peu comme ces scènes de flashback de toute une existence qui défilent à la fin du film avant que les personnages ne ferment définitivement les yeux. C'est intéressant de voir les souvenirs qui restent et ceux qui n'ont pas résisté au temps qui coule, étrange tri de la mémoire et de ce que le narrateur veut figer ou au contraire laisser libre au lecteur d'imaginer.

J'ai beaucoup aimé le début du livre, Bégaudeau touche immédiatement juste sur ces coups de coeur unilatéraux qu'on garde en soi, et qui se nourrissent vainement de notre imaginaire et de pensées magiques pour venir, comme une vague contre une digue, s'écraser et se retirer platement face au réel. On reconnait bien les vains calculs, les mesquins plans qu'échafaudent les adolescent(e)s pour se faire remarquer, si je passe par ici demain à telle heure, il ou elle me verra passer, et si je ris un peu fort là il va se retourner, si je me fais ami avec bidule je me rapprocherai de lui ou d'elle etc…

Je me demande si François Bégaudeau ne rend pas hommage quelque part à ses parents et, à travers eux, à ces millions de parents de la “classe moyenne” qui se sont mis ensemble dans ces années soixante-dix et qu'on a vu faire famille et rester ensemble (par amour, entre autre…) dans les décennies suivantes. La maturité sentimentale de l'auteur étant postérieure d'une génération au moins par rapport aux personnages du livre, toutes ses observations, ses inspirations n'ont pu être que celles du regard d'un enfant sur les couples que formaient les adultes de son l'époque, voyez.

C'est un livre qui, parce qu'il évite l'amour-passion, qu'il montre l'amour-patience, est extrêmement sensible et mélancolique dans sa pudeur, son quotidien, son “être auprès” comme le soulignait le philosophe François Jullien, et sa banalité (la vérité de n'être “que” ça c'est aussi quelque chose de puissant). Efficacement émouvant. En tout cas, moi, j'ai pleuré.

Qu'en pensez-vous ?
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J'avais envie de lire un roman pas trop long et je suis tombé sur ce roman dont le titre voit par contre très grand. Une contradiction qui m'a intrigué et qui m'a poussé à l'ouvrir, à le lire, à m'étonner du style tellement expéditif qu'il semblait vouloir m'empêcher de rentrer dedans… un comble alors qu'il ne fait que 90 pages. Mais finalement, je me suis laissé prendre au jeu, me laissant bercer par le quotidien presque soporifique de Jeanne et Jacques et tombant amoureux de leur longue complicité, tendre et finalement assez belle…

C'est en effet de l'amour avec un petit « a » que François Bégaudeau nous parle, celui qui ne se déclare pas et ne déchaîne pas les passions. Celui des Moreau, qui se rencontrent au début des années 1970, presque par hasard et sans véritable idylle, mais qui passeront une cinquantaine d'années côte à côte. Des années qui défilent, faites de routine, événements majoritairement anodins, de petites attentions, rares, mais sincères, de disputes et de compromis, jusqu'au bout, quoiqu'il arrive…

À l'image de cet liaison banale dépourvue de vagues, l'auteur déroule un style sans artifices, sans trop de ponctuations, accompagnant à merveille le vide et l'ennui de ce quotidien dénué d'effervescence. Et pourtant, au milieu de cet amour sans « je t'aime », mais rempli de « je suis là », sans trop de mots, mais avec beaucoup de présence, la magie finit par opérer. de cette banalité émerge finalement quelque chose de beau, mélange de fidélité et de tendresse… de l'amour, certes sans majuscule, mais tout de même émouvant…
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L'amour de François Bégaudeau est un petit roman de 90 pages seulement dans lequel l'auteur raconte les cinquante années qu'ont vécu ensemble Jeanne et Jacques Moreau tous deux issus d'un milieu modeste, depuis leur rencontre au début des années 1970.
Au fil des pages, on peut voir peu à peu comment, avec le temps qui passe, se tisse et se façonne entre Jeanne et Jacques un lien plus serré qu'au départ et se construit une véritable histoire d'amour sans pour autant que cet amour ne soit jamais nommé.
C'est au travers de leurs goûts, leurs habitudes des manies forgées au fil du temps, de la routine qui s'installe, de leur connivence mais aussi de leurs petites disputes que l'on ressent ce sentiment qui les unit.
Cet amour est une sorte de long fleuve tranquille. Même si à un moment il est quelque peu chahuté, la sérénité est vite de retour.
Le récit m'aurait sans doute assez vite ennuyé s'il n'avait été jalonné de références aux périodes évoquées et rythmé par des chansons pas toujours appréciées par Jacques mais que Jeanne a la délicatesse d'écouter sur son casque branché sur son radiocassette et plus tard sur son discman.
Quel délice pour moi qui suis quasiment une contemporaine de Jeanne, de retrouver ces références, que ce soient avec les voitures, la 3 CV au début du roman, avec les hommes politiques et les allusions au couple Giscard qui s'invitait chez les Français, avec le téléphone et le passage aux smartphones, sans oublier le passage à l'an 2000 et l'évocation du fameux bug tant redouté, et beaucoup d'autres évocations encore que je ne voudrais pas divulgâcher…
Nostalgie et mélancolie ont accompagné ma lecture.
C'est avec une écriture simple dénuée de fioritures mais non d'humour, que François Bégaudeau met en scène cette vie banale, relativement monotone mais allant crescendo, dans laquelle sous des paroles parfois un peu acides entre les deux époux se niche beaucoup de complicité, de sensibilité et de tendresse.
Une fin bouleversante et poétique met un terme à cet amour que vivent sans doute beaucoup de gens comme le pense l'auteur.
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L'amour avec un petit a, celui qui ne fait pas de bruit et porte à peine son nom mais vous rend compagnons de toute une vie : moins de cent pages suffisent à François Bégaudeau pour toucher son lecteur aux larmes avec les cinquante ans de vie commune de Jacques et Jeanne Moreau, un couple on ne peut plus ordinaire de la classe moyenne.


Ils avaient vingt ans lorsqu'ils se sont trouvés au début des années soixante-dix. Pas de coup de foudre ni de passion brûlante, mais une calme évidence apparue au détour d'une promenade autour de leur petit bourg de l'ouest de la France : il fallait bien sortir le chien. S'ensuivent un mariage, un enfant, et un demi-siècle de vie commune. D'extraction ouvrière, elle est devenue secrétaire, lui jardinier municipal. En dehors du travail et du patient tricotage de leur vie matérielle, elle ne rate rien de ce qui concerne Richard Cocciante pendant que lui collectionne les maquettes de fusées. Leur cocker s'appelle Boule, leur fils Daniel comme Balavoine, ils partent en vacances au bord de la mer, et le temps passe, dans une routine qui figent leurs manies et leurs agacements mutuels : « Jacques énerve Jeanne à mettre des cornichons avec tout, à manger la peau du saucisson sec, à remettre un tee-shirt sale... » « Jeanne énerve Jacques à répéter qu'il n'en fout pas une alors que dès qu'il aide elle l'engueule, à nager la tête hors de l'eau pour garder les cheveux secs, à sortir l'aspirateur pour une miette... » Mais rien, ni dispute ni accident – une inconnue débarque un jour, qui vient avouer une ancienne liaison avec Jacques – ne vient jamais remettre en cause la paire que ces deux-là forment. La vieillesse est déjà là, le fils est parti travailler en Corée, ils risquent de ne plus voir beaucoup les petits-enfants. Et puis, c'est la fin, qui les sépare, quoique…


Est-ce seulement l'amour qui les unit, un amour qui jamais d'ailleurs ne se met en mots mais prend la forme muette des gestes du quotidien, ou plutôt la force d'une alliance, affective et matérielle, en quelque sorte un plus ou moins conscient calcul sécuritaire, pour mieux traverser la vie ? En tous les cas, ces deux-là sont tout à fait représentatifs de leur génération, qui ne divorçait pas beaucoup, souvent parce que de toute façon la sécurité matérielle interdisait la séparation. Entre hasard et nécessité, ils se sont reconnus et, sans éclats ni grands sentiments, ont décidé une fois pour toute de leur cheminement côte à côte. Par petites touches rapides et autant de détails datés qui nous font reconnaître aussi vrais que nature nos parents ou nos grands-parents, l'auteur en trace avec tendresse un portrait quasi sociologique, en même temps qu'il nous émeut du mélancolique passage du temps, imperturbable métronome de notre fugitive et généralement anonyme condition humaine.


François Bégaudeau dit avoir pensé à Un coeur simple de Gustave Flaubert. Il réussit un livre universel, court et d'un seul trait comme la vie : une sorte de film en Super 8, sans discours ni analyse mais vaste de ses ellipses, qui condense dans son sautillement accéléré le reflet de notre fragile humanité et l'infinie mélancolie du temps qui fuit. Coup de coeur.

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Rrrrroooonnn piiiicchhhh, rrrooooonn piiiiich …
Bicheeeette, il faut te réveiller, il est l'heure de publier ton billet sur babelio !!!
Heeeiiin ??? déjà !!! mais il est quelle heure ? Haaan, j'ai dormi tout ce temps-là ??
Qu'est-ce qui m'est arrivé ??? Ah mais oui, j'étais en train de lire L'amour de Bégaudeau !
L'amour n'a pas mis tout le monde d'accord sur Babelio, certains sont fans, d'autres crient à l'imposture…
Ma curiosité a été piquée, et j'ai ouvert ce petit livre de seulement 90 pages, lu en moins de deux heures (et encore je ne suis pas rapide, et puis vous l'avez compris je me suis endormie en plein milieu). J'en ressors avec une impression en plein milieu elle aussi, mi-figue mi-raisin à l'image de la note (on ne pourra pas m'accuser de ne pas être raccord).
Le début m'a fait ricaner, et je me suis dit que j'étais partie pour être dans l'équipe qui crie « c'est nul », « c'est n'importe quoi » ou « non mais, franchement quel intérêt ? ».
Dans les premières pages, le livre s'avère plus efficace que n'importe quel somnifère, en plus, même s'il n'est pas remboursé par la sécu, il a l'avantage indéniable d'être 100% naturel et sans effet indésirable (à part l'éventuel agacement que pourraient susciter vos ronflements sur votre voisin, mais bon, l'avantage, c'est que normalement, ils n'empêchent pas le ronfleur lui-même de dormir -sinon je vous conseille de consulter très rapidement).
Oui, oui je digresse, mais en même temps, comme je n'ai pas grand-chose à vous dire sur ce livre, je meuble comme je peux… Qu'est-ce que je vais bien pouvoir vous raconter ? L'amour, c'est l'histoire de Jacques et Jeanne Moreau (oui vous connaissez forcément quelqu'un qui s'appelle Moreau, c'est fait exprès). Jacques et Jeanne (oui aussi vous en connaissez un, même un de chaque pour ma part, et puis de toute façon qui ne connait pas Jeanne Moreau) ce sont M. et Mme Toutlemonde, un peu gris, un peu transparents, un peu vides, un peu beaufs, un peu ploucs, un peu de bedaine, pas méchants, mais pas toujours très malins non plus, … Jacques et Jeanne font leur petit bonhomme de chemin dans la vie, sans faire de vagues, sans éclat, un fils unique, un cocker qui s'appelle Boule (par erreur parce que Jacques avait pas pigé que dans la BD c'est le petit garçon qui s'appelle Boule hu hu), un camping car… autrement appelée La France d'en bas.
Après mon petit somme, au fil des pages, j'ai commencé à bien connaître Jacques et Jeanne, qui en vieillissant m'ont un peu moins énervée. Avec le choix de ces prénoms intemporels, l'auteur, malin, nous permet d'y projeter nos parents, grands-parents, oncle, tante et toutes les personnes d'un certain âge de notre connaissance, voire nous-mêmes dans certaines situations (oui, j'avoue). D'ailleurs que celui qui ne s'y est pas reconnu ou au moins quelqu'un de son entourage me jette la première pierre …
Grâce à son oeil acéré sur notre quotidien, François Bégaudeau sait mettre le doigt sur la réplique qui douche l'interlocuteur dont les couples ont le secret dans leurs petites bagarres du quotidien et les joutes verbales entre Jacques et Jeanne m'ont régalée. Alors, petit à petit, je me suis laissée prendre dans les mailles du filet, et, sur les toutes dernières pages, je me suis surprise à n'être plus très loin de verser ma petite larme.
Si je regrette le style très parlé employé par l'auteur au début de ma lecture qui m'a prodigieusement agacé avec des tournures du style « sa mère l'attend à manger » (p.29), je lui concède un grand talent d'observateur de notre quotidien le plus banal et inintéressant, des petits riens qui font la vie.
« le lendemain au déjeuner elle servira un clafoutis dans les assiettes à dessert. Ce sera comme ça et pas autrement. Pour la faire changer d'avis il faut se lever de bonne heure. Ce n'est qu'après deux ans de déni qu'elle se résout à prendre un rendez-vous chez l'ophtalmo, et après deux autres à égarer ses lunettes partout qu'elle consent à se les accrocher au cou. Tout ça parce que madame trouve que les lunettes à chaîne, ça fait vieille. Alors que ça fait juste son âge.
-T'es vraiment qu'un gros con.
-Il est grand temps que tu t'en rendes compte. » (p.64)

Heureusement que l'humour grinçant et désabusé du couple m'a permis de maintenir les paupières ouvertes. Cependant, il est évident que cet ouvrage ne me laissera pas vraiment de souvenir marquant d'ici 3 semaines et que dans un an, je ne me rappellerai probablement plus l'avoir lu (heureusement que Babelio sera là pour le rappeler à mon souvenir). Un bilan extrêmement mitigé d'autant que les dernières pages montrent de façon flagrante que l'auteur sait provoquer l'émotion et nous faire entrer en empathie avec ses personnages.
C'est pas tout ça, je suis crevée après avoir écrit ce billet, mais ne me réveillez pas cette fois …
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Un roman court, net, efficace, 96 pages lus en en une heure.
L'auteur capte ses lecteurs du début jusqu'au twist final, totalement bouleversant.
La plume est sensible subtile fluide , saupoudré d'un brin d'humour ,entrainant une lecture captivante, addictive .Le genre de roman où le mot fin est frustrant.
Au début , on aurait pu penser que l'histoire était basique, un sujet lu et relu, la vie de deux personnages.
Nous sommes loin de la vérité, ce roman est époustouflant, je viens de prendre un uppercut, une histoire qui m'a scotchée et qui va perdurer dans ma mémoire, pendant en certain temps.
L'histoire de Jeanne et Jacques, un rencontre fortuite , un mariage sans passion, nous sommes dans les années 70.
Un couple qui vont apprendre à mieux se connaitre, une sorte de vie en harmonie, une relation forte, sans vraiment en prendre conscient. Ils s'habituent , avec grande facilité , aux nouvelles technologies. Un couple discret , sans histoire, qui tisse au fur et à mesure de la lecture, une passion intense. Ils sont reliés , inséparables, impossible de vivre sans l'un auprès de l'autre.
La vie continue, la vieillesse arrive rapidement, la maladie, la mort. Comment pourront-ils surmonter ses aléas de la vie?
Une nouvelle étape surmonter, une empathie intense se dégage des ces deux personnages.
Le final est bouleversant, les larmes coulaient toutes seules. La vie de deux être pendant 50, une vie où le mot Amour, prend toute sa valeur.
Lisez ce roman, ne passez pas à coté de le vie de Jacques et Jeanne.
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Je craignais de m'ennuyer en lisant ce bref roman sur la vie « moyenne » d'un couple ordinaire au long cours, celui de Jeanne et Jacques, ce ne fut pas le cas. le texte est beau, juste, pudique, touchant et habilement construit.

Pourtant pas d'effervescence, d'amour fiévreux, de relations tumultueuses, d'ascenseur émotionnel, c'est d'un amour sans flamme plutôt flegmatique dont nous parle François Bégaudeau mais au final d'un amour solide.
Oh il y a bien quelques disputes, déceptions ou encore vengeance (soft).Mais l'amour ici est surtout silencieux et pérenne, fait de compromis, de petites manies, de routine, d'organisation et aussi d'une affection infinie. Un amour à bas bruit qui se ressent plus qu'il n'est décrit. le sel de cette relation est la stabilité, l'enracinement des sentiments.
Il y a une mélancolie sous-jacente, une tendresse qui affleure à chaque page. Avec justesse, dans un style elliptique, l'auteur nous livre la trajectoire commune de ce couple depuis leur rencontre jusqu'à leurs vieux jours.

Dans le récit de cette vie à deux sur près de cinquante ans le passage du temps s'effectue moins à travers les dates qu'à travers les objets : catalogue La redoute des seventies, voiture Simca 1000, premiers portables de marques Nokia et BlackBerry … jusqu'au produits d'aujourd'hui. Pour qui est né dans les années 70 comme moi, ces références bien choisies sont vraiment marquantes et lient de manière astucieuse l'évolution technique à la temporalité narrative.

C'est un texte fluide qui se dévore d'une traite, dont la fin poignante vous saisira, construit sans rupture, sans chapitre pour que cette histoire universelle s'écoule un peu avec la même continuité que le temps. le récit d'une vie banale mais que Begaudeau avec concision et finesse parvient à rendre touchant.

L'amour, le vrai, n'est-il pas dans ces sentiments enracinés plutôt que dans l'exaltation des premiers moments ?
Au fond, peu importe que l'on considère que cet amour « ordinaire » soit digne ou pas de porter un grand A, il n'en reste pas moins que Jeanne et Jacques sont émouvants, leur relation empreinte d'authenticité et que ce roman subtil vaut le voyage.
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Encore un peu de temps avant le début de la LC. Vite je pioche dans ma liste spéciale, et pourquoi pas ce titre qui suscite des retours très variés sur Babelio.
Ce ne sera pas un coup de coeur, mais je ne me suis pas endormie, Bichette. Je l'ai même lu très vite, de plus en plus vite, et je les ai aimés de plus en plus, ces deux compagnons.

Ils ont partagé le pain, les balades en foret, la première voiture, l'enfant, et puis le temps qui passe, la vieillesse qui arrive, les maux qui souvent l'accompagnent. Il est beau ce mot, compagnon, compagne, celui , celle avec qui l'on partage. et si c'était l'amour tout simplement.

Ils se sont mariés presque par hasard, ils ont vécu la vie de madame et monsieur tout le monde, pas d'événements notoires, des moments heureux, d'autres un peu moins, les jours qui s'enchainent et puis les années qui passent.

Et l'on sent peu à peu la force du sentiment qui les unit, même si pour m'exprimer ils préfèrent aux Je t'aime de cinéma, se chamailler, se dire les petites remarques qui se voudraient assassines, mais qui ne sont que l'expression de leur complicité. J'ai souvent souri en les entendant, je me suis souvenu d'autres couples que ces échanges unissaient beaucoup plus que des paroles d'amour.

François Begaudeau a réussi son pari, nous parler d'amour sans le dire.
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L'amour entre les lignes

Jeanne et Jacques, 50 années de vie commune concentrées dans un roman de 100 pages à peine.
Jeanne et Jacques sont des coeurs simples. Les tourments passionnés du "docteur Jivago", les contes de fées et autres histoires à paillettes restent en marge de leur histoire.
Leur amour, c'est un amour obscur et sans exaltation. Une histoire banale débitée sans fioritures, presque énumérée, pour éviter le relief et sublimer la monotonie.
Une foule de détails pour survoler des décennies de sentiments rarement avoués voire parfois désavoués.
Des sentiments qui resistent tant bien que mal à l'usure du temps mais qui donnent à ce couple toute sa raison de vivre.
Avec Jeanne et Jacques, on sourit, on s'attendrit, on s'apitoie parfois, on s'attriste aussi.

"L'amour" est un roman naturellement austère, un album aux photos un peu défraîchies exhalant une douce odeur de nostalgie et de mélancolie. Et l'amour, lui, discret, qui ne saute pas aux yeux et pourtant tellement présent.
Avec François Bégaudeaul'amour qui carbure à l'ordinaire sait se faire émouvant.
Malheureusement, je le trouve un peu trop déprimant pour lui rester fidèle et lui préférer des aventures plus grisantes.
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Sobriété du titre, sobriété du texte, sobriété des personnages, ce roman est bouleversant par ce qu'il suscite d'émotions à partir d'un propos simple. le déroulement d'une vie d'amour ordinaire, avec ses temps forts et l'installation d'une routine, tout au long de quelques décennies dont les repères sont très bien posés, anciens tubes, objets du quotidien ou modèle de voiture. Ce roman me fait penser à la chanson de Benabar, Quatre murs et un toit, où l'on assiste en accéléré, à travers la vie d'une maison à un défilé des générations.

Il faut finalement très peu de pages pour faire le tour du sujet, et pourtant tout y est, des amours adolescentes à la fracture numérique, jusqu'aux douleurs liées au temps qui passe sans état d'âme.

Difficile de retenir ses larmes dans les dernières pages…


96 pages Gallimard 17 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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