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Le soleil sous le tamis" donne des renseignements vivants sur l'enfance en Algérie, la société, ses permissions, habitudes, et tabous.
Ainsi les jeux, différents chez les garçons et les filles.
Citation :
« Certains de nos jeux étaient d'une brutalité inouïe ; par exemple la hambaria, un jeu de bergers où l'on bourrait de coups de poing et et d e pied le principal acteur contraint d'évoluer à quatre pattes, mais autorisé à envoyer à ses tourmenteurs de terribles ruades. Humm Addabad ( brouillard noir) était par contre un jeu paisible et plein de fantaisie…. »
Pauvres filles ! elles en bavent !
Citation :
« Nous nous excitions sur les filles, les harcelant de demandes de fornication à peine voilées, les poursuivant en vociférant pour leur faire peur et les importunant… »
ce que disait aussi
Leila Sebbar dans "
je ne parle pas la langue de mon père" (Julliard) et sans doute dans "
une enfance algérienne", paru chez Folio, d'autant plus qu'elle subissait les heurts des deux communautés.
Rabah Belamri illustre bien les explosions de joie de l'Aïd et l'hypocrisie du "baiser de pardon et de réconciliation"
Citation : "que le prophète, sage par nature, mais habile rassembleur d'hommes par calcul politique avait institué."
Rabah Belamri évoque aussi sa mère, et derrière elle, toutes les femmes de sa génération qui ont été maltraitées dans leur jeunesse par des mariages arrangés.
ici, la future belle-mère vient juger la promise, encore une enfant.
Citation :
« Elle est un peu maigrichonne, a dit la future belle-mère en lui tâtant les avant-bras et les mollets mais dîtes-moi, sait-elle traire les biques; baratter le lait et tirer le beurre pétrit la galette et rouler le coucous ? le travail de la laine le possède-t-elle ? Et est-ce qu'elle a la langue bien pendue ? Et est-ce qu'elle est gourmande ? Je la veux travailleuse et exempte de vices. Si elle a des tendances malsaines je les lui ferai passer. Vous permettez ! »
Tout est fait au détriment de la jeune fille, et ce passage émouvant annonce les belles pages de
Rabah Belamri.
Citation :
« Je t'imagine le jour de ton mariage, fille impubère, fruit vert que des dents carnassières s'apprêtent à déchirer au son du tam-tam creux et du baroud à blanc […]
On te badigeonna de henné le pieds et les mains ; on te souligna les sourcils de hourguis; on te passa les yeux à l'antimoine pour leur donner plus d'éclat ; on te mit un doute de carmin sur chaque joue, un doigt de rouge sur les lèvres ; on te tressa dans le dos de longues nattes nouées avec des rubans couleur de feu ; on te passa aux oreilles et aux poignets quelques bijoux de pacotille… »