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4,08

sur 954 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes au 19ème siècle en Algérie, et nous allons suivre deux groupes de personnes : une famille de colons qui a décidé de quitter la France pour le paradis d'une colonie agricole promise par la République, et des soldats Français.

Les chapitres des colons s'intitulent "rude besogne", ceux des soldats "bain de sang".

Portée par une écriture poétique, ce n'est que douleurs, massacres, viols, fureurs, pleurs, désenchantements et destructions.

Car les colons vont vite déchanter dans leurs baraquements, face à aux maladies, aux animaux sauvages, aux perturbations de la météo ou aux attaques des Arabes "ces monstres sanguinaires, soi-disant poussés par leur Dieu qui n'admettait pas qu'un roumi souille ses terres"

Et les soldats, dirigés par un capitaine ivre de sang, n'ont que la dévastation comme horizon.

C'est dur et j'avoue que j'avais du mal à me replonger dans le récit de toutes ces horreurs. Mais le rythme de la langue, ces longs textes sans ponctuation qui traduisent les pensées des protagonistes, et la beauté du texte, m'ont aidé à affronter cet effroi. L'auteur sait parfaitement nous faire ressentir la folie de cette colonisation dans des conditions extrêmes.

Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Le titre de ce roman annonce par avance l'absurde de l'action, qu'elle soit projet ou ordre à exécuter. En effet, deux narrateurs prennent en charge le récit en alternance : d'une part, Séraphine qui avec son époux Henri, leurs deux garçons et leur fille Caroline, mais aussi avec Rosette, la soeur de Séraphine et son époux, Louis, quittent leur banlieue parisienne pour un eldorado, une terre promise, en Algérie. D'autre part, un soldat dont on ignore tout sauf que, comme ses camarades, il n'est "pas un ange" comme le leur rappelle leur capitaine dont le comportement n'a rien à envier à ceux que plus tard, on nommera "Nazies"

À travers ces deux narrateurs qui ne se croisent jamais, l'auteur nous fait découvrir une période rarement évoquée, celle de la colonisation de l'Algérie au XIXe siècle, vers 1845.

Séraphine raconte le dur apprentissage de la vie de colons : trois mois dans un campement sous tentes militaires : pluie, boue, odeurs pestilentielles, "comme si chacun de nous, pauvres et naïfs apprentis colons à peine débarqués, était en train de pourrir et de se décomposer". Ensuite, la vie se poursuit sous un soleil de plomb dans des cabanes de bois entourées de palissades  où le choléra fait rage et décime la famille de Séraphine, enfin les attaques de rebelles et le massacre de Rosette et de son nouveau mari. "Sainte et sainte mère de Dieu" tel est le refrain qui rythme le récit de Séraphine, longue descente aux enfers aux paragraphes non ponctués et sans majuscules.

Le récit du soldat, lui, est rythmé par le lancinant refrain, " nous ne sommes pas des anges", réponse sollicitée par le capitaine pour justifier les pires exactions.

On songe à travers cette lecture à la terrible épopée des Raisins de la colère de J STEINBECK mais aussi à La Peste d'Albert Camus. Ici aussi tel le docteur Rieux, un médecin militaire tente tout ce qu'il peut pour sauver les colons
Lien : http://www.lirelire.net/2023..
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Prix du livre Inter mérité.
Une autre face de la colonisation en Algérie. Pas la plus belle...
Et loin également de la référence à Albert Camus, même si l'absurde n'est jamais loin, à côté de la violence, cette fois-ci c'est du côté des illusions perdues des colons que l'auteur nous place.
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l'arrivée des colons en Algérie. dans ce livre on arrive avec les premiers militaires français et leurs famille dans les campagnes algériennes. on y est les images, les odeurs, les bruits. mais aussi les descriptions violentes et horribles des exactions. personne n'est épargné. on voit les scènes en détail, c'est d'une violence sanguinaire, verbale, l'humiliation, la haine, la rage. je suis moi même peu sensible mais la franchement âmes sensibles s'abstenir. Mais bon il ne faut pas se voiler la face et ce livre est excellent.
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Difficile au 21ème siècle de se projeter dans le contexte de la vie au milieu du 19ème. Une vie sans confort, précaire (les enfants mouraient nombreux en bas-âge, les épidémies raflaient périodiquement des vies), où les déplacements étaient lents et périlleux, on ne voyageait pas pour le plaisir. Difficile aussi de comprendre la logique de la colonisation maintenant que l'Algérie est indépendante depuis 60 ans. C'est pourtant ce que réussit dans ce roman "Mathieu Belezi" (c'est un pseudonyme), et de façon magistrale.
Quand l'Etat français, gonflé de sa supériorité européenne de conquérant de l'Algérie promet à des petites gens le bonheur dans un pays de cocagne, il en est qui y croient et se lancent dans une aventure dont ils n'imaginent pas le dixième. Nous suivons ainsi deux familles de colons qui font le voyage et subissent dès leur arrivée le désenchantement. le village promis n'existe pas, on dort sous la tente pendant que les hommes doivent le bâtir. Et cette terre n'est pas vierge, les Algériens n'acceptent pas d'être spoliés et se rebellent. L'armée est donc aux avant-postes pour protéger les citoyens français, avec une sauvagerie proportionnelle à la vision raciste de l'époque : la vie de ces Arabes musulmans n'a aucune valeur, et de toute façon ils ne comprennent que le langage de la force.
Le propos est dur, presque insoutenable par moment, mais il est sans jugement, et la magie du verbe poétique et épuré de l'auteur l'adoucit et le rend captivant. Je n'ai lâché le livre qu'à la dernière ligne. Impressionnant !
Tout est dit de l'ambition et de la folie coloniale, qui à l'époque était vue comme le point le plus avancé (géographiquement) de la Civilisation et du Progrès. Elle durera plus d'un siècle, fera d'innombrables victimes dans tous les camps et finira comme elle a débuté, dans le sang.
Un seul regret : seules les voix alternées des colons et des soldats structurent ce récit. J'aurais aimé en entendre une troisième : celle des Algériens qui ont vu cette colonie s'installer sur leurs terres. La voix des sans-voix.
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Roman aux multiples Prix et distinctions dont le prestigieux Prix du Livre Inter 2023, un titre qui en promet, une couverture à l'abstraction attractive et un bouche à oreille très favorable me pousse vers Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi.

Pour le coup, le titre n'est pas une métaphore fumeuse et abusive car ce roman, c'est totalement ça. Une lutte permanente contre les éléments. Mathieu Belezi aurait même pu ajouter Attaquer la terre, le soleil et les hommes. Ce récit de la colonisation algérienne a quelque chose d'insensée sitôt qu'on en expose les bases. Cela en est presque pas croyable. La folie des politiques, leur entêtement dans un projet colonial archaïque, inadapté, un chemin de croix vendu comme un nouvel éden pour ceux qui sont censé le mener à bien, les victimes déracinées.

Le roman est dur. le roman est âpre. Il est tragique. Et pourtant, il m'a presque laissé de marbre et je pense que la cause en est un manque d'incarnation. À trop dire, à trop vouloir être exhaustif dans les douleurs ressenties, à trop décrire l'horreur, la dureté, on perd un peu l'intérêt romanesque pour aller vers un intérêt documentaire. On a plus d'effet choc. Ce n'est pas ce que je recherche avec un roman et avec Attaquer la terre et le soleil, je n'ai pas eu cette empathie avec les personnages, cette immersion qui nous plonge à côté d'eux. je n'ai eu que la curiosité sur ce fait historique que j'ignorais.


Lien : http://livrepoche.fr/attaque..
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Pendant que le soleil brille sur l'Algerie, la Terre absorbe les déflagrations des coeurs et des corps. Nous sommes au dix neuvième siècle, colonisation de l'Algerie en cours, l'enfer est en marche.

D'un côté les français promis à faire quelque chose de grand dans leur rôle de colons, colonisateurs pour être meilleurs, soit disant. Mensonge. C'est ce qu'on a imprégné dans leur esprit avant qu'ils n'empruntent le bateau d'une vie pour traverser la Méditerranée.
Ces colons portés par la voix d'une femme, Séraphine, qui racontera avec effroi le choléra qui dévaste les familles insidieusement, le froid qui brûle, la pluie incessante qui cache les pleurs de désespoir. La solidarité demeurera, comme un phare dans cette obscurité sans fin. {Rude besogne.}

D'un autre côté les soldats qui suivent leur commandant sans pitié, sans foi ni loi. Ils brandissent les armes pour tirer à tout rompre. le sang coule et ne semble pas amenuiser l'ardeur du commandant. La voix du soldat se fait un entendre pour nous raconter leur quotidien peupler d'infâmes illogismes. {Bain de sang}

La langue est brut, brutale, épurée. L'auteur ne s'encombre ni de majuscule ni de point. A quoi bon dans ce torrent de noirceur. Alors on pourrait se dire que ce livre est d'une cruauté sans nom et c'est vrai et pourtant l'écriture est majestueuse à nous couper le souffle, elle nous embarque dans les abîmes de l'homme tout en signalant la beauté des mots. Mathieu Belezi a reçu le prix le Monde grâce à ce roman.



« Traverser la Méditerranée pour aller coloniser des terres qui devaient, le gouvernement de la France en était sûr, les enrichir bien au-delà de leurs espérances. »
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Mathieu Belezi dans ce court roman (153 pages) donne la parole alternativement à une mère de famille et à un soldat.

Le point commun entre les deux narrateurs est la colonisation de l'Algérie au XIXème siècle. Les titres des chapitres sont édifiants : « Rude besogne » pour les colons et » Bain de sang » pour les soldats.

Les colons sont venus en Algérie pour fuir la misère en France et exploiter le terrain donné par l'état français. Tous ont le rêve de vivre une vie meilleure. Mais les terres sont arides, le soleil ardent, les tribus alentour belliqueuse et le choléra prospèrera en raison des conditions de vie extrêmement dures.

Les soldats sont là pour protéger les colons et accroître la possession des terres. Mais comme leur assène le capitaine à longueur de journée, ils ne sont pas des anges. Les exactions sont nombreuses. Une violence à laquelle répond celle des algériens qui défendent leurs biens.

Certes la violence est présente dans ce roman. Cela a d'ailleurs créé un débat passionné dans le club de lecture que j'anime. Mais j'ai trouvé l'écriture de Mathieu Belezi remarquable.

« Attaquer la terre et le soleil » est une peinture réaliste de la situation dès 1830.
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Récit, sous la forme de souvenirs, à deux voix, celle d'une mère de famille et celle d'un soldat, qui partent pour l'Algérie au XIXe siècle, s'y installer et faire flotter le drapeau français . Et pour cela, il faut souffrir, tuer, violer, razzier. Et souffrir encore. Et s'adresser à Dieu et la sainte Vierge qui soutiennent… et laissent les choses arriver.
Beaucoup de violence et de désespérance, c'est extrêmement bien écrit, sans majuscule au début des paragraphes, sauf pour les dialogues., ce qui donne une fluidité intéressante.
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Glaçant ce récit d'une époque sur l'on se plaît à croire révolue mais qui ne peut s'empêcher de résonner avec notre contemporalité.
J'en ai même du mal à noter, ai-je "aimé", n'ai-je pas ? C'est assez déstabilisant cet alignement d'horreurs, ce que j'ai trouvé fort est le côté détaché de ces colons. Glacant disais-je, est-ce que en contexte d'auto-légitimité perçue, la raison s'absente à ce point que toute humanité se perd ?
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