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4,19

sur 85 notes
La vie d'Emma Picard en Algérie est bien loin des clichés coloniaux et de l'opulence.
La colonisation forcenée du sol algérien s'est faite aussi par la duperie de l'administration française.
Elle a sciemment sacrifiée des familles pauvres pour occuper la terre algérienne.
L'intérêt du roman repose sur cette duperie, vécue par des colons modestes qui en ont payé un lourd tribut.
J'ai aimé le parti pris narratif de Mathieu Belezi. Les paragraphes en italique et l'absence de point et de majuscule donnent à entendre le monologue d'Emma Picard. Déconcertant les premières pages, rapidement j'ai intégré le principe rédactionnel.
J'ai moins aimé le choix d'introduire le récit par un avant-propos dans lequel Mathieu Belezi explique son Emma Picard.
J'ai regretté de connaître l'issue fatale dès le début du roman.
Néanmoins, l'histoire de la famille Picard reste sidérante.
J'ai sombré avec Emma dans son récit bouleversant.
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Une histoire dure, qui relate fort bien la désillusion.
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Je n'aime pas du tout le style qui ne permet pas de lire de manière fluide : ponctuation rare (point, virgule), pas de paragraphe, ni chapitre, retrait différent suivant les lignes, police de caractères différents. D'autant plus que le sujet est très dur et n'apporte aucun espoir. Tous les malheurs du monde s'abattent sur cette femme et ses fils. J'ai appris cette histoire d'attribution de terres en Algérie pour lancer la colonisation. Colonisation de peuplement
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Une force incroyable se dégage de ce roman. Ecrit à la première personne, il fait l'économie des signes de ponctuation, surtout des points en fin de phrase, et c'est assez déroutant, surtout au début de la lecture.
En fait on s'habitue assez vite au rythme que cela donne : c'est comme un souffle, une urgence à dire, à raconter cette vie qui fut celle d'Emma Picard, une veuve qui s'installe en Algérie avec ses quatre fils dans une ferme, au 19e siècle. C'est Emma qui raconte. Elle s'adresse à son plus jeune fils, Léon, dont on comprend très vite qu'il est le seul survivant de ses quatre enfants. Et pour combien de temps ? On l'ignore, mais Emma semble lui raconter d'une traite leur histoire, parce que c'est important qu'il comprenne comment tout est arrivé, parce qu'il faut dire vite avant que lui ne meure aussi (pourquoi ? comment ? on le comprendra dans les toutes dernières lignes). Cette urgence, cet impératif accroche le lecteur au livre.
Emma Picard est arrivée en Algérie avec peu d'argent, mais beaucoup de volonté : non pas de réussir, ce serait trop ambitieux, mais de s'en sortir, de permettre à ses fils de vivre, et pas seulement de survivre. Mais rien n'ira comme prévu. La terre est trop aride, l'eau manque, ce n'est pas une bonne ferme qu'on lui a cédée. le faux-pas d'Emma Picard aura été d'accepter cette terre, sans la connaître, sans comprendre véritablement les enjeux. le lecteur voit bien, lui, que l'Etat français cherche à envoyer des colons à tout prix, pour occuper l'espace, l'exploiter, s'imposer face aux populations autochtones. Les colons sont pauvres, mais plus pauvres encore sont les Arabes, frappés plus tôt, plus fort par les catastrophes naturelles qui s'enchaînent : sauterelles, maladies, sécheresses, séisme... Emma est dépassée par les coups durs, et malgré toute sa force, son courage et ceux des siens, ne peut pas relever la tête.
J'ai pris conscience lors de cette lecture, que la colonisation de l'Algérie n'a pas été seulement une immense injustice pour les Algériens (ce qui est également dénoncé dans ce roman), mais qu'elle a souvent représenté un sacrifice indépassable pour de nombreux colons, à qui on a promis monts et merveilles et qui n'ont jamais eu qu'une existence misérable. Seuls s'en sortant ceux qui avaient déjà un capital de départ...
Le texte lui-même est magnifique, Mathieu Belezi restitue à la perfection le discours décousu et pourtant déterminé de cette femme qui perd peu à peu la tête, dans un rythme proche de la transe. Avec une chute à couper le souffle.
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Livre très sombre où l héroine va de désillusion en désillusion, labeur, maladies, sécheresse, sauterelles, vent, et pour finir tremblement de terre

mais si bien écrit que l 'on est "obligé d'aller au bout le plus
vite possible" !!
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Le mérite de ce roman est de donner la parole à une femme, une colonisatrice en Algérie, mais un peu comme dans "Un barrage contre le Pacifique" de Marguerite Duras, une femme de faible condition, pauvre, qui espère en cette nouvelle terre donner une chance à ses fils.
La narratrice parle à son dernier fils Léon.
Elle se presse de raconter ce qui l'a conduite à accepter 20 hectares de terres dans l'Algérie tout juste colonisée que lui confie un fonctionnaire indifférent.
Veuve, elle se retrouve dans le plus grand dénuement à affronter cette terre ingrate et dure avec ses 4 garçons.
"Crève la faim" au même titre que les indigènes, c'est une lutte sans merci qui s'engage.
Son courage, son obstination, son acharnement à se battre, son refus d'abdiquer se perçoit à travers une narration syncopée, rythmée des interpellations à son fils, comme des prières, comme des lamentations.
Le titre nous le laisse entendre. Elle échouera. La voix de cette femme brisée est entêtante.
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Emouvant et juste hommage aux premiers défricheurs de cette belle et cruelle terre algérienne.

Ce roman est magnifiquement rythmé de façon originale par sa ponctuation limitée et par le chevauchement des dialogues et du monologue intime d'Emma Picard.

C'est une tragédie antique funèbre assommée de soleil que l'auteur met en scène.
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L'héroïne, Emma Picard, est un personnage très intéressant et remarquablement décrit. Le roman met en valeur l'humanité de cette femme, à la fois forte et fragile, confrontée à des situations très difficiles. L'action se passe vers 1860, peu après la "pacification" de l'Algérie. Le gouvernement a "offert" à cette veuve encore jeune, pourvue de quatre enfants, une grande parcelle dans l'Ouest du pays. Elle arrive avec beaucoup de courage pour faire fructifier cette terre pauvre et aride, avec l'aide de ses fils aînés, sans se douter des difficultés qu'elle va rencontrer: le froid rigoureux en hiver, la chaleur extrême en été, le tarissement des puits pendant la sècheresse, les fièvres, les nuées de sauterelles qui ne laissent rien après leur passage, etc… Rien ne lui est épargné, même pas un tremblement de terre !

Ce roman est plus qu'un beau portrait de femme. Mathieu Belezi évoque ici l'époque du début de la colonisation française, qui est très méconnue. Combien de Français de métropole sont alors venus en Algérie, pauvres mais ambitieux, convaincus de mettre en valeur les terres qui leur étaient allouées ? Et combien ont échoué et ne sont jamais devenus des "gros colons" (ceux qu'on a dénoncés, parfois injustement, au XXème siècle) ?

Mais il y a aussi le style inimitable de Mathieu Belezi, que j'ai découvert il y a quelques années, avec un livre très remarquable, intitulé "C'était notre terre". Dans le présent roman, le style me semble un peu moins lyrique et incantatoire. Mais la narration - par Emma elle-même - est très particulière: elle avance assez lentement, avec des incises, avec des répétitions lancinantes, des redondances volontaires, comme pourrait parler un paysan. La langue est parfois poétique, parfois prosaïque. A ce récit un peu décousu, se juxtaposent des interpellations fréquentes et répétitives de la mère à son plus jeune fils (Léon), dont on connaitra la vraie signification à la fin du roman.

Un roman très particulier, magnifique, solaire et pourtant sombre, écrit par un auteur qui, curieusement, n'a aucune racine familiale en Algérie.
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J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai trouvé poignant et bouleversant. Nous sommes à la fin des années 1860. Emma Picard, veuve et mère de 4 enfants, part en Algérie exploiter une terre de 20 hectares offerte par l'administration française. Cette dernière l'a convaincue en lui vantant les richesses potentielles de cette propriété.
La désillusion est grande une fois sur place car la terre est inhospitalière, soumise aux pires sécheresses l'été et à des températures glaciales l'hiver. Malgré ces conditions terriblement hostiles, Emma s'échine du matin au soir à cultiver sa terre qu'elle ne veut à aucun prix quitter. Les catastrophes successives ont pourtant raison de son courage. On suit cette lente descente aux enfers racontée sous la forme d'une mélopée aux accents poétiques et tragiques.
Au travers de cette malheureuse histoire, c'est la vie de milliers de colons qui est mise en lumière, de pauvres gens bernés par une administration sans scrupules, soucieuse avant tout de peupler et exploiter un territoire immense et vierge. Comment ne pas faire un parallèle avec le très beau livre de Marguerite Duras "Un barrage contre le Pacifique" ?
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Amateurs de contes de fées passez votre chemin ici on parle de tragédie, et quelle tragédie ! L'histoire coloniale algérienne n'a pas produit que des colons riches et puissants, nombreux ont été ceux qui ont payé cher la quête de l'eldorado promis. C'est son histoire, sa lutte, son désespoir, son accablement et sa culpabilité qu'Emma nous raconte, en bout de course, une nuit de veille de Léon, le seul de ses quatres fils qui est encore près d'elle. Elle ne connaît rien de ce pays d'Afrique et de ses caprices et pour elle, son plus grand adversaire va se révéler être cette terre même qu'elle ne veut lâcher pour rien au monde, son climat et ses catastrophes. Cette terre qui ne veut pas d'elle, et que dire de ce Dieu des chrétiens qui semble l'avoir abandonnée. Quel entêtement, quel aveuglement !

Livre étonnant où l'auteur laisse le personnage prendre le pouvoir et s'abstient de toute intervention. On se demande même si on en est le lecteur ? Ne serait-ce pas la voix d'Emma que l'on entend ? Un long monologue, sans un point sauf le final qui signe une vraie fin.
Un roman poignant qui ne manquera pas de susciter la compassion mais aussi la révolte.
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