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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« À nous deux, Paris ! » : Alexandre Belgrand, pas plus que le héros De Balzac, ne pousse ce cri du provincial bien décidé à conquérir la capitale, mais l'ambition est bien la même. Sinon que Belgrand ne vient pas d'Angoulême, lui, mais des Hauts-de-Seine. le rapport névrotique à la capitale n'est plus le fait des provinciaux, il est devenu celui des banlieusards.
Les déménagements successifs du narrateur signalent ses succès puis son retour à l'anonymat : il passera de l'ouest à l'est, après avoir connu l'ivresse du pouvoir dans le Triangle d'Or parisien. Mais ce déplacement géographique n'est pas simplement le symbole des déboires du héros ; Bellanger ambitionne lui aussi d'écrire un roman total et les transformations de Paris constituent le sujet principal de ce livre. Belgrand découvre les ors ministériels parce qu'il a pu souffler à Nicolas Sarkozy le projet du grand Paris qui doit conjurer la muséification de la capitale en la rattachant à une banlieue qu'elle méprise mais qui est seule susceptible de la dynamiser.
Décidé d'en haut et réduit à une réorganisation des transports urbains, ce projet sera incapable de construire un commun à partir des territoires hétéroclites qu'il est censé fédérer.
Sans doute l'hétérogénéité du roman de Bellanger qui convoque histoire, politique, philosophie, religion et urbanisme est-il à mettre au crédit de son auteur dont les diverses thématiques ne prennent pas davantage, selon moi, que les différentes zones qui composent l'Île-de-France, mais restent à l'état de grumeaux dans la pâte romanesque.
À moins que mon peu de goût pour ce met plus roboratif que digeste vienne moins de sa technicité que de l'omniprésence de Sarko dont le portrait impitoyable ne m'a tiré aucun sourire. Notre ancien président me paraît si dénué d'épaisseur romanesque que l'insignifiance que je lui prête (à tort, sans doute, hein) a contaminé tout le roman que j'ai lu avec application et sans y trouver d'intérêt – ce dont j'ai honte, mais avouez que j'ai des excuses (enfin, au moins une).
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Voici une lecture qui n'a pas été facile, tant le propos est dense et frôle parfois l'indigestion. Mais je voulais lire Aurélien Bellanger, alors je l'ai lu jusqu'au bout. Je n'ai pas détesté, j'ai même ressenti un certain intérêt à l'ensemble mais j'aurais préféré 200 pages de moins, une narration plus resserrée et un objectif plus clair. Car on finit par perdre un peu le fil entre cours d'urbanisme, analyse politique et données historiques, tout ceci assaisonné de principes sur les religions. Je ne suis pas contre une littérature foisonnante et ardue mais à condition que l'objectif vaille le coup (voir : Illska). J'avoue que je n'ai pas eu l'impression d'être récompensée de mes efforts en arrivant au bout.

"Il existe, malgré les fulgurances transdisciplinaires du Corbusier, designer, architecte et urbaniste, une hierarchie évidente qui place l'architecte d'intérieur au-dessous de l'architecte et qui subordonne celui-ci à l'urbaniste. le niveau supérieur serait alors occupé par ce que les philosophes nomment de façon grandiloquente le politique : la ville envisagée en tant que cité, en tant que lieu d'exercice d'une citoyenneté exemplaire et glaciale."

L'auteur nous délivre une vaste leçon d'urbanisme dans le sens éminemment politique du terme et c'est certainement le volet le plus intéressant du livre. Il s'appuie pour cela sur un jeune héros issu d'une lignée d'architectes dont les parcours se confondent avec L Histoire. le grand-père d'Alexandre Belgrand a oeuvré en Algérie avant de disparaitre mystérieusement, ses parents ont pris part à l'élaboration des grands parcs de loisirs de le région parisienne. Alexandre reprend le flambeau familial et se trouve propulsé, grâce à son mentor de prof de fac aux nombreuses relations politiques dans l'entourage du" Prince", en pleine campagne électorale de 2007 (vous voyez de qui il s'agit). le candidat devenu Président de la République décide de faire du Grand Paris le dossier du quinquennat et charge Alexandre d'en définir le concept et les modalités.

"Le Président voulait à ses côtés un philosophe, pas un technicien, quelqu'un d'audacieux et de libre, pas un juriste ou un technocrate. Il voulait que je l'aide à dessiner quelque chose qui porterait son empreinte et qui marquerait l'histoire de France."

Et là, on a droit à des passages assez savoureux et érudits qui décortiquent la façon dont le politique utilise le territoire comme une arme de destruction ou de construction massive, avec au coeur, l'opposition entre les Hauts de Seine et la Seine Saint-Denis, respectivement les départements le plus riche et le plus pauvre de France. Moi qui habite une ville qui bénéficiera dans quelques années d'une gare du Grand Paris Express, j'avoue que je n'avais pas vu les choses tout à fait comme cela. Car au-dessus de nous, simples habitants de quartiers ou de villes, il y a ceux qui pensent à grande échelle, envisagent de redonner à Paris sa grandeur perdue face à Londres ou à Berlin. Pour cela il faut désenclaver, casser les oppositions entre centre et périphéries de plus en plus éloignées... L'auteur nous offre une plongée historique et philosophique passionnante mais qui part un peu trop dans tous les sens pour captiver jusqu'au bout.

On suit avec un intérêt mitigé les aventures du jeune Alexandre dans l'entourage du "Prince", tout simplement parce que cet aspect a déjà été souvent traité et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil (notamment bien plus convaincant dans L'insouciance de Karine Tuil). Désillusions, prise de pouvoir des conseillers, grâces et disgrâces... La routine. Et j'avoue que le retournement final qui vient mêler la religion à tout ça m'a passablement agacée.

Aurélien Bellanger est sans conteste un écrivain érudit qui tient à insuffler à ses livres une bonne dose de réflexion. D'ailleurs, j'ai appris un certain nombre de choses et je n'ai pas l'impression d'avoir perdu mon temps. Mais je suis loin d'être convaincue par un livre peut-être un peu trop conceptuel à mon goût, et pas certaine de retenter le coup.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Lecture un peu ardue que ce Grand Paris de Bellanger.

Des qualités, le livre en possède beaucoup : le style travaillé, le niveau d'écriture, un thème intéressant et actuel.

Par contre, il a aussi à mes yeux de gros défauts : une lourdeur dans de nombreux passages, l'auteur qui part dans toutes les directions à la fois, une impression qu'il y étale sa science comme de la confiture.

Une note en demi teinte donc mais un livre intéressant par moments notamment sur les aspects de politique, d'urbanisme et d'histoire. Il aurait gagné en qualité en étant plus court et plus recentré.

Une petite déception pour moi quand même.
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Livre érudit qui a tendance quelque fois à se perdre dans des considérations oiseuses. Beaucoup de passages intéressants , d'autres incompréhensibles (pour moi pauvre béotien sans doute mal dégrossi) , certains ennuyeux. L'écrivain est talentueux sans aucun doute mais je l'aborderais sous d'autres ouvrages. (LA THÉORIE DE L'INFORMATION semble faire l'unanimité) pour en avoir une meilleure opinion.
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L'auteur nous livre ici un véritable pamphlet sur la vie politique française et ses travers sous le mandat du "prince". Tout le monde aura reconnu Nicolas Sarkozy ! Un livre au vitriol, sans concession !! Un bémol à mon goût : la fin est un peu longue.
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Ce roman est un mélange avec des personnages politiques connus notamment Nicolas Sarkozy et la partie romancée, fictive avec le personnage principal du livre. le sujet du livre est Paris comme son titre l'indique et on y trouve effectivement beaucoup de descriptions.
Je n'ai pas été conquise par ce livre, mais j'ai trouvé malgré tout beaucoup des passages intéressants et même parfois très drôles (les descriptions et dialogues du Prince sont tellement proches de la réalité jusqu'aux mimiques qui sont vraiment risibles).
Je pense que ce qui m'a gênée, c'est que l'on s'y perd un peu parfois notamment au début et aussi vers la fin du roman...
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Roman somme, roman érudit, roman documentaire, roman éminemment français, roman prétentieux aussi, "Le Grand Paris" ne se donne pas mais s'appréhende chapitre par chapitre comme on visite une capitale quartier par quartier pour en assembler ensuite les morceaux en une carte mentale plus cohérente.

J'ai aimé "Le Grand Paris" mais en même temps l'ai détesté. le ton sentencieux de son narrateur, condescendant et arriviste durant neuf dixièmes du texte, rend l'empathie quasi impossible. C'est le cas aussi avec tous les personnages secondaires, des ordures, des réacs, des politicards bien à droite dont aucun n'est à sauver. C'est volontaire bien entendu dans le chef d'Aurélien Bellanger mais ça ne facilite pas cette lecture par ailleurs ardue tant elle ratisse dans le corpus des sciences humaines. Avec il faut bien le dire pas mal de frime.

Je retiens tout de même quelques passages qui m'ont beaucoup plu. le premier surtout, qui retrace l'histoire bien piteuse de ce grand parc d'attractions français, Mirapolis. le surf dans Google Image durant la lecture n'a que plus alimenté ma fascination pour cet échec retentissant mais tellement prévisible, au Gargantua géant aujourd'hui dynamité, qui démontre à quel point la France décrite ici, sa culture, son passé, ne peut se penser qu'au centre du monde. Mais d'un monde finissant. Autre passage de choix: l'excursion dans la ville nouvelle de Noisy-le-Grand et ses espaces d'Abraxas, décor de SF tout en démesure, dû à l'architecte Ricardo Bofill. Jouissif. Je cite aussi la comparaison entre Paris et Londres, durant laquelle la capitale française se fait tailler un costard. Et note enfin la virée cycliste aux confins de l'Île de France jusqu'à la médiévale Provins, là aussi témoin d'une France muséifiée, aimantée vers ce passé glorieux mais fossilisé dont jamais elle ne pourra s'arracher. Ce malgré les gesticulations du héros (hérault?) et de sa cour.

Bien sûr, l'auteur choisit d'écrire sur un camp. Mais on en ressort essoré par tant de cynisme, de néo-conservatisme et d'ultra-libéralisme. Vivement lire Zola après ça.
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